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Paul en spectacle, un imbroglio multicolore
Paul1 est รขgรฉ de huit ans. Il est suivi en psychomotricitรฉ depuis quatre ans et demi en raison de sa dyspraxie. D’aprรจs Magnat, Xavier, Zammouri et Cohen (2015), la dyspraxie se dรฉfinit par l’existence de troubles de la planification et de l’automatisation des gestes volontaires.
Initialement, les sรฉances de psychomotricitรฉ avaient lieu deux fois par semaine en raison des grandes difficultรฉs de Paul, auprรจs de deux professionnels diffรฉrents. Dรฉsormais, la frรฉquence est rรฉduite ร un suivi hebdomadaire depuis un an, en cabinet libรฉral.
Paul prรฉsente d’importants troubles de la rรฉgulation tonique. Si je les avais dรฉjร constatรฉs dรจs notre rencontre en septembre 2020, j’ai pu les observer de maniรจre trรจs nette au cours d’une sรฉance en particulier. Je lui avais proposรฉ de se glisser dans la peau d’une marionnette, dont je contrรดlais les mouvements par des fils imaginaires. Ce moment m’a plus tard inspirรฉ la rรฉdaction de ce poรจme.
Lorsque je tirais un fil, la partie du corps concernรฉe se dรฉplaรงait dans une direction souvent inappropriรฉe, avec une hypertonie excessive. L’hypertonie est une augmentation du tonus musculaire, qui se caractรฉrise par une rรฉsistance accrue du muscle ร son allongement passif.
J’ai รฉgalement pu relever chez Paul des syncinรฉsies ร diffusion tonique. Les syncinรฉsies sont des mouvements involontaires, qui accompagnent de faรงon non nรฉcessaire et inconsciente la rรฉalisation d’un mouvement volontaire. Elles sont dites ร diffusion tonique lorsqu’on relรจve une รฉlรฉvation globale du tonus, des crispations au cours du mouvement. Mรฉtaphoriquement, elle se traduisaient avec Paul de la maniรจre suivante : je tirais un fil, et le mouvement induit s’accompagnait d’une รฉlรฉvation tonique dans une autre partie du corps, comme si une seconde ficelle s’actionnait elle-mรชme, involontairement.
Parfois, Paul gardait un membre relevรฉ et fortement contractรฉ, mรชme quand j’avais lรขchรฉ la ficelle depuis un moment, et ce malgrรฉ les remarques verbales de ma part lui indiquant qu’il pouvait revenir ร la position de repos. Il s’agit de paratonies, dรฉfinies comme l’impossibilitรฉ de relรขchement musculaire volontaire aprรจs la contraction. La partie du corps concernรฉe reste temporairement figรฉe en contraction.
Paul manifestait des difficultรฉs ร coordonner ses mouvements dans son rรดle de marionnette. Si mes mains actionnaient simultanรฉment deux ficelles reliรฉes ร deux membres diffรฉrents, Paul ne pouvait suivre ces indications en mรชme temps. Il se focalisait sur le mouvement d’un membre. Les dysharmonies toniques dรฉcrites prรฉcรฉdemment entravaient l’association appropriรฉe des contractions des diffรฉrents muscles requises pour la rรฉalisation du mouvement attendu. Son tonus d’action s’ajustait difficilement lors des dรฉplacements des diffรฉrents segments corporels.
Paul peinait ร maintenir un tonus postural adรฉquat et se voyait souvent dรฉsรฉquilibrรฉ. L’รฉquilibre statique unipodal รฉtait prรฉcaire, tout comme l’รฉquilibre dynamique au cours des changements de posture.
Malgrรฉ les encouragements, il paraissait se sentir en รฉchec. Ainsi, ses รฉmotions ont probablement majorรฉ les diverses manifestations toniques. Inversement, les รฉlรฉvations brusques du tonus suscitaient peut-รชtre des รฉmotions nรฉgatives, dans le lien rรฉciproque entre tonus et รฉmotions.
Au cours de ce spectacle, la mรฉlodie du mouvement de la marionnette รฉtait ponctuรฉe de fausses notes. Ses fils s’emmรชlaient en des nลuds inextricables. Leurs couleurs clignotaient, comme affolรฉes par la complexitรฉ de la situation. La masse de ce tas de fils enchevรชtrรฉs dรฉsรฉquilibrait la marionnette, comme un lourd boulet menaรงant de la faire tomber au fond du prรฉcipice du silence…
Analyse du poรจme
Ce poรจme fait รฉcho ร la thรฉorie de l’รฉtayage psychomoteur dรฉveloppรฉe par Robert-Ouvray (1993 / 2010). Elle dรฉcrit quatre niveaux qui s’รฉtayent les uns sur les autres : tonique, sensoriel, affectif et reprรฉsentatif. Chacun est sous-tendu par deux pรดles opposรฉs.
Le premier niveau est celui du tonus, dont les deux pรดles extrรชmes sont l’hypertonie et l’hypotonie. Le poรจme dรฉbute par une illustration du versant hypertonique, รฉvoquant la ยซ tension ยป gรฉnรฉrรฉe sur les ยซ parois ยป, qui rappelle l’hypertonie pรฉriphรฉrique du bรฉbรฉ, c’est-ร -dire au niveau des membres. Le pรดle opposรฉ est retrouvรฉ au vers 6, oรน le ยซ flot ยป qui coule suggรจre une absence de tension, une hypotonie, ร la maniรจre du bรฉbรฉ qui se ยซ coule ยป dans les ยซ bras ยป de sa mรจre. L’utilisation polysรฉmique du terme ยซ bras ยป suggรจre ainsi cette prรฉsence humaine, qui รฉtait absente lors de l’รฉvocation du pรดle de l’hypertonie au premier vers. De plus, la linรฉaritรฉ de la riviรจre vient รฉvoquer l’hypotonie axiale, qui concerne la tรชte, le cou et le buste du bรฉbรฉ.
Ce niveau tonique comporte donc deux couples entremรชlรฉs : d’une part l’hypertonie pรฉriphรฉrique et l’hypotonie axiale, d’autre part l’hypertonie d’absence de la mรจre et l’hypotonie de prรฉsence de celle-ci. L’alternance des pรดles toniques permet ainsi ร l’enfant d’intรฉgrer le rythme relationnel. Le deuxiรจme niveau dรฉcrit par Robert-Ouvray (1993 / 2010) est le niveau sensoriel. Les pรดles sont constituรฉs par deux grandes familles sensorielles : celle du dur, du dรฉsagrรฉable, et celle du mou, de l’agrรฉable. Elles sont respectivement dรฉcrites aux vers 2 et 7, qui contiennent trois couples sensoriels : le terme ยซ calcinant ยป (vers 2) suggรจre la noirceur en opposition ร l’adjectif ยซ translucide ยป (vers 7), ยซ rigides ยป (vers 2) contraste avec ยซ fluide ยป (vers 7), et ยซ rugueuses ยป (vers 2) avec ยซ douceur ยป (vers 7). Ces familles sensorielles reposent sur la tension et la dรฉtente tonique : l’hypertonie s’associe au dรฉsagrรฉable, au dur, tandis que l’hypotonie est liรฉe ร l’agrรฉable, au mou. Le niveau tonique vient ainsi รฉtayer le niveau sensoriel.
Le troisiรจme niveau est le niveau affectif. Il repose sur le couple satisfaction / insatisfaction, accompagnรฉ de plaisir ou dรฉplaisir. Les vers 3 et 8 mentionnent des affects opposรฉs : ยซ colรจre ยป et ยซ tranquil[itรฉ] ยป. La mรจre s’appuie sur ses propres ressentis pour nommer l’รฉtat affectif de son enfant, et l’introduire dans l’espace de la communication.ยซ Pour que les deux premiers paliers tonique et sensoriel puissent รฉtayer le pallier de l’affect, la prรฉsence d’autrui est impรฉrative ยป (Robert-Ouvray, 2010, p.82). Pour illustrer cela, j’ai imaginรฉ que la mรจre est celle qui raconte le dรฉbut du poรจme (jusqu’au vers 9), tandis qu’elle observe son bรฉbรฉ, en attribuant par exemple le terme de ยซ colรจre ยป (vers 3) ร l’รฉtat affectif de celui-ci.
Sur ce niveau affectif s’รฉtaye le niveau reprรฉsentatif, qui oppose les pรดles du bon et du mauvais. Certaines reprรฉsentations sont agrรฉables, comme l’illustre le vers 9 qui รฉvoque ยซ le souvenir d’un havre de paix ยป. D’autres reprรฉsentations sont dรฉsagrรฉables, comme suggรฉrรฉ au vers 9 : ยซ un terrifiant volcan, image d’effroi ยป. En psychanalyse, Klein a dรฉcrit le clivage de l’objet maternel en deux, le bon et le mauvais, lors des trois ร quatre premiers mois de la vie (Klein, et al., 2013). Le mauvais sein correspond ร cette mรจre qui est source de frustration, tandis que le bon sein renvoie ร la mรจre aimante, gratifiante. Dans le poรจme, la reprรฉsentation du volcan illustre รฉgalement la haine du bรฉbรฉ envers le mauvais sein qui le frustre, tandis que la riviรจre apaisante renvoie ร l’amour envers le bon sein. Robert-Ouvray (1993 / 2010) propose une origine corporelle au clivage psychique kleinien, ร partir de la bipolaritรฉ tonique, sur laquelle s’รฉtayent les autres niveaux pour aboutir ร celui des reprรฉsentations.
Les quatre niveaux du TSAR (tonus, sensation, affect, reprรฉsentation) sont ainsi respectivement mentionnรฉs dans les quatre vers de la premiรจre strophe, qui prรฉsente un des pรดles de chacun d’entre eux (hypertonie, dur, insatisfaction, mauvais). Le vers 5, ยซ Voyage sans escale entre deux paysages ยป, vient symboliser le passage chez le bรฉbรฉ aux pรดles opposรฉs, dรฉcrits dans les quatre vers de la strophe suivante (hypotonie, mou, satisfaction, bon). L’intรฉgration des pรดles extrรชmes, qui permettra par la suite l’accรจs ร l’ambivalence, est dรฉpendante de la relation avec autrui. Les vers 10 ร 14 introduisent plus explicitement que dans les vers prรฉcรฉdents la relation avec le personnage de la mรจre, qui enlace et berce son enfant. Est ici illustrรฉe la notion de holding dรฉcrite par Winnicott (1997), traduite par le terme portage, ou encore maintien. Ce portage est tout ร la fois physique et psychique.
J’ai souhaitรฉ faire transparaรฎtre la notion de holding dans la forme mรชme du poรจme, par l’emploi de rimes embrassรฉes. Deux rimes distinctes, A et B, sont rรฉparties, dans une strophe de quatre vers, suivant le modรจle ABBA. La premiรจre rime A, embrasse donc la seconde B, faisant รฉcho aux bras de la mรจre qui porte, embrasse son bรฉbรฉ. Il s’agit d’un schรฉma qui revient tout au long du poรจme, dont le rythme vient mรฉtaphoriquement porter le lecteur, en rรฉfรฉrence au holding psychique. Ce retour en continu fait รฉcho au ยซ sentiment continu d’exister ยป dรฉcrit par Winnicott, assurรฉ par un holding rรฉgulier et suffisant, qui facilite le processus de maturation.
La relation entre la mรจre et son enfant prรฉsentรฉe dans les vers 10 ร 14 est sous-tendue par la notion de dialogue tonique, dรฉfinie par Ajuriaguerra (1962), reprenant les travaux de Wallon. Les modulations toniques des deux partenaires crรฉent un รฉchange non-verbal, caractรฉrisรฉ par sa rรฉciprocitรฉ. Chacun vit dans son corps la parole tonique apportรฉe par l’autre dans ce dialogue. Il est le support de la communication affective : ยซ Le ย ยปdialogue toniqueย ยป, comme nous l’avons appelรฉ, est et reste le langage principal de l’affectivitรฉ et, pour cette raison, il joue un rรดle de dรฉterminant dans l’acquisition de la notion de corps vรฉcu ยป (Ajuriaguerra, 1971, p. 203). Le terme de dialogue tonico-รฉmotionnel vient signifier la place des รฉmotions dans cet รฉchange. Dans le poรจme, la mรจre est ยซ attristรฉe par les pleurs ยป (vers 13) de son bรฉbรฉ, ressentant ce qu’il vit par l’intermรฉdiaire du dialogue tonico-รฉmotionnel lorsqu’elle l’enlace et le berce. Par la suite, le bรฉbรฉ arbore un ยซ sourire apaisรฉ ยป (vers 14), aprรจs avoir ressenti la douce hypotonie de sa mรจre qui le berce… L’รฉchange est donc rรฉciproque.
Cette dimension relationnelle, comme mentionnรฉ prรฉcรฉdemment, conditionne l’accรจs ร des positions intermรฉdiaires entre les diffรฉrents pรดles dรฉcrits par Robert-Ouvray (1993 / 2010). La dialectique entre les deux pรดles permettra leur intรฉgration, et l’รฉmergence de l’ambivalence. Robert-Ouvray souligne que ยซ l’รฉlรฉment essentiel de cette intรฉgration est la relation avec autrui afin que naisse le dรฉsir qui identifie le sujet ยป (2007, p.86). L’enfant trouve un intermรฉdiaire qui lui est propre entre les extrรชmes des quatre niveaux, et se constitue en tant que sujet. Ce processus est relatรฉ dans la derniรจre strophe du poรจme, qui prรฉsente la position intermรฉdiaire entre les pรดles, aprรจs l’intervention de la mรจre : ยซ Arrivรฉ quelque part, entre ici et lร -bas ยป (vers 15). L’ambivalence est plus explicitement mentionnรฉe au vers 17.
Suivant la thรฉorie de l’รฉtayage psychomoteur, les deux paliers corporels (tonique et sensoriel), รฉtayent deux paliers psychiques (affectif et reprรฉsentatif). Ce poรจme illustre ainsi les liens permanents entre le corps et le psychisme. La notion de dialogue tonico-รฉmotionnel tรฉmoigne des influences rรฉciproques du corps et des รฉmotions. Ces allers-retours incessants, tout ร la fois entre les pรดles et les niveaux du TSAR, entre les partenaires du dialogue tonique, entre corps et psychรฉ sont ร mon sens tant de voyages, en terres inconnues ou connues. En outre, le propre de la poรฉsie รฉtant de faire voyager le lecteur, il m’a semblรฉ adรฉquat d’illustrer ces notions de psychomotricitรฉ de la sorte.
Les pรฉriples de Fabien
Fabien est un garรงon de onze ans, porteur de Troubles du Spectre Autistique. D’aprรจs le DSM-5 (2015), ces troubles neurodรฉveloppementaux se caractรฉrisent par des difficultรฉs persistantes sur le plan de la communication et des interactions sociales, ainsi que des comportements stรฉrรฉotypรฉs et des intรฉrรชts restreints. Les symptรดmes doivent รชtre prรฉsent depuis la petite enfance, et altรจrent le fonctionnement quotidien.
Fabien a รฉtรฉ รฉlevรฉ par sa tante. Sa mรจre, restรฉe vivre en Afrique, n’a jamais souhaitรฉ s’occuper de lui, mais apporte un soutien financier pour subvenir aux besoins de Fabien.
Fabien est allรฉ ร l’รฉcole en inclusion ร temps partiel jusqu’en CP. Il manifestait parfois de lโagressivitรฉ envers ses pairs ou lui-mรชme, pouvait par exemple crier, se taper la tรชte par terre… Ces comportements, ainsi que son grand retard scolaire, ont entraรฎnรฉ une dรฉscolarisation. Depuis, Fabien est en attente d’admission dans un รฉtablissement spรฉcialisรฉ. Cependant, aucune place en institution ne lui est pour le moment accessible. Fabien est toujours sur les listes d’attente cinq ans plus tard, malgrรฉ les nombreuses dรฉmarches effectuรฉes par sa tante et les diffรฉrentes psychomotriciennes qui l’ont suivi en cabinet libรฉral durant les six derniรจres annรฉes.
Rรฉcemment, Fabien a pu bรฉnรฉficier d’une inclusion dans une รฉcole primaire, qui a dรฉbutรฉ seulement trente minutes par semaines il y a quelques mois. Ce temps a รฉtรฉ progressivement augmentรฉ, et reprรฉsente actuellement un jour et demi par semaine. Sur ce temps, Fabien est accompagnรฉ par diffรฉrents intervenants d’une association extรฉrieure. Cet encadrement est individuel, Fabien n’est pas dans un systรจme de classe, mais participe par exemple aux temps de rรฉcrรฉation.
Fabien est grand pour son รขge. Sa surcharge pondรฉrale semble l’entraver dans ses mouvements. Son polygone de sustentation est trรจs รฉlargi, il se dรฉplace avec les pieds รฉcartรฉs.
Si l’on suit la thรฉorie de l’รฉtayage psychomoteur, au niveau tonique, Fabien prรฉsente un fonctionnement que l’on pourrait qualifier ยซ en tout ou rien ยป. Il est parfois hypertonique, agitรฉ, dans des dรฉplacements et mouvements rapides. Cependant, il est parfois sujet ร des effondrements toniques : il s’allonge au sol, hypotonique. Il passe d’un pรดle ร l’autre sans parvenir ร une ambivalence. Par consรฉquent, le niveau sensoriel est lui aussi rรฉgi par une bascule entre les extrรชmes du mou et du dur qui vont de paire avec les variations toniques de Fabien.
Les affects de Fabien varient eux aussi entre des pรดles opposรฉs. Par exemple, lorsqu’il entre dans la salle de psychomotricitรฉ, il se met parfois ร crier : ยซ Je vous dรฉteste ยป, ยซ Je suis effrayรฉ ยป… Quelques instants plus tard, il bascule sur le versant de la satisfaction, et prend plaisir ร faire ce qui lui est proposรฉ.
Au niveau reprรฉsentatif, Fabien n’a pas non plus accรจs ร l’ambivalence. Le jeu symbolique mettant en scรจne des marionnettes est notamment parcouru de reprรฉsentations sombres : ยซ les mรฉchants ยป, ยซ la prison ยป, ยซ tuer ยป… Le passage aux reprรฉsentations agrรฉables doit รชtre accompagnรฉ et initiรฉ par les propositions de l’adulte introduisant des personnages ยซ gentils ยป dans le jeu.
De plus, cette difficultรฉ d’accรจs ร l’ambivalence au niveau reprรฉsentatif transparaรฎt dans la relation ร sa tante, qui rappelle le clivage kleinien dรฉcrit chez le bรฉbรฉ. La tante qui le laisse dans la salle de psychomotricitรฉ apparaรฎt comme le mauvais sein, qui le dรฉlaisse et le frustre : Fabien verbalise dans ces moments ยซ Je ne fais plus partie de la famille ? ยป, laissant entrevoir sa crainte de l’abandon. Il refuse qu’elle parte et rรฉclame sa prรฉsence dans la salle d’attente, ce que les mesures sanitaires liรฉes au Covid-19 ne permettent pas actuellement. Il est donc souvent nรฉcessaire de laisser croire ร Fabien que รงa tante reste effectivement devant la porte de la salle de psychomotricitรฉ, sans quoi il refuse de participer ร la sรฉance.
A l’opposรฉ de cette reprรฉsentation nรฉgative, la tante qui vient chercher Fabien en lui offrant systรฉmatiquement de nombreux gรขteaux et friandises semble reprรฉsenter le bon sein, qui le satisfait. Les promesses de nourriture de la part de sa tante conditionnent frรฉquemment l’adhรฉsion de Fabien aux sรฉances.
Suivant la thรฉorie de l’รฉtayage psychomoteur, j’รฉmettrais l’hypothรจse que chez Fabien, les niveaux tonique et sensoriel n’ont pas suffisamment รฉtayรฉ le pallier de l’affect. Pour rappel, la prรฉsence d’autrui est inhรฉrente ร ce passage, afin de nommer les affects. Fabien, du fait se son histoire familiale difficile marquรฉe par une sรฉparation prรฉcoce avec sa mรจre, n’a peut-รชtre pas bรฉnรฉficiรฉ plus jeune de cette mise en mots des affects par l’adulte. Sa tante, bien que prรฉsente, รฉtait parfois dรฉmunie face au handicap de Fabien et ne savait pas comment se comporter avec lui. A cela s’ajoute la difficultรฉ propre aux Troubles du Spectre Autistique concernant la reconnaissance des รฉmotions et affects, qui majore certainement la complexitรฉ du passage au palier de l’affect.
L’รฉtayage des diffรฉrents niveaux les uns sur les autres prรฉsente une faille qui ne permet pas encore ร Fabien d’accรฉder ร un intermรฉdiaire entre les pรดles de chaque pallier. Fabien voyage inlassablement entre deux paysages : le volcan en รฉruption et la riviรจre qui coule paisiblement. Quand je l’observe, il me paraรฎt explosif, ou bien se laisse littรฉralement ยซ couler ยป dans le sol, hypotonique… Il n’est pour le moment pas arrivรฉ dans le monde de l’ambivalence, quelque part entre ici et lร -bas, au pays oรน les riviรจres รฉteignent les volcans… C’est un voyageur parfois perdu et รฉpuisรฉ par ses multiples allรฉes et venues d’un paysage ร l’autre…
Le combat d’escrime d’Enzo
Enzo, รขgรฉ de cinq ans, est porteur de trisomie 21. Il prรฉsente une hypotonie particuliรจrement marquรฉe au niveau axial, qui se traduit par des postures en cyphose, la tรชte enroulรฉe vers l’avant. Lorsqu’il s’assoit au sol, il plie ses jambes et place ses plantes de pieds l’une contre l’autre, en une posture symรฉtrique.
Les mouvements d’Enzo ne croisent pas l’axe corporel. Par exemple, lors d’une activitรฉ consistant ร enfoncer des clous en plastique dans du polystyrรจne, il enfonce les clous de la main gauche dans la moitiรฉ gauche du support, et de la main droite dans la moitiรฉ droite. La main qui n’est pas utilisรฉe pour la manipulation s’appuie sur le banc sur lequel il est assis, semblant aider au maintien de l’axe corporel qui a tendance ร s’affaisser vers l’avant, hypotonique.
De mรชme, lorsqu’Enzo est incitรฉ ร danser en agitant un foulard dans sa main, son bras demeure dans le mรชme hรฉmi-espace, sans croisement de l’axe corporel. La psychomotricienne et moi encourageons Enzo ร effectuer ces croisements, sur imitation ou guidance physique. Sa bouche est constamment ouverte, avec des protrusions de la langue. Il rรฉussit ร faire quelques mouvements de balancements du bras allant d’un hรฉmi-espace ร l’autre, cependant il s’interrompt rapidement et met le foulard ร la bouche.
D’aprรจs ces observations, il semble que l’axe corporel d’Enzo n’est pas encore intรฉgrรฉ. Les postures asymรฉtriques, caractรฉrisรฉes par une torsion qui rigidifie le buste sur le plan tonique, ne sont pas prรฉsentes chez Enzo, qui se positionne toujours enroulรฉ en cyphose, hypotonique, en une posture symรฉtrique. Les deux hรฉmi-espaces doit et gauche ne paraissent pas unifiรฉs en un espace de prรฉhension, les manipulations d’objets se faisant indรฉpendamment, d’une main, ร droite ou ร gauche. De plus, il manifeste encore des comportements de mise en bouche des objets, qu’on retrouve d’ordinaire chez le bรฉbรฉ qui passe un objet d’une main ร l’autre par le relais oral.
Les รฉtapes dรฉcrites par Bullinger (2012) concernant la construction de l’axe corporel et la perception d’un espace unifiรฉ ne paraissent pas avoir รฉtรฉ franchies quand Enzo รฉtait bรฉbรฉ. Ce retard est ร relier avec sa pathologie, la trisomie 21 : l’hypotonie qui lui est inhรฉrente entrave la mise en place de la posture de l’escrimeur chez le nourrisson trisomique. Les acquisitions posturales, telles que la tenue de la tรชte, la station assise, sont retardรฉes par le manque de tonicitรฉ de l’axe corporel.
Ainsi, le ยซ combat d’escrime ยป d’Enzo paraรฎt inachevรฉ, laborieux. Son axe corporel est encore fragile, ce qui ne permet pas la perception d’un espace unifiรฉ. L’axe corporel ne constitue pas chez Enzo le support de l’exploration de l’espace, dans les diffรฉrents plans prรฉcรฉdemment dรฉcrits (Lesage, 2012). Du fait de ce retard, l’acquisition ultรฉrieure des repรจres spatiaux dรฉcrite ร la fin du poรจme se trouvera probablement entravรฉe pour Enzo, d’autant plus que sa dรฉficience intellectuelle constitue un frein ร la mise en place des reprรฉsentations spatiales.
En me remรฉmorant Enzo qui agite d’une main son foulard dans un hรฉmi-espace exclusivement, je visualise un petit escrimeur dรฉmuni qui remue fรฉbrilement son fleuret, au hasard… Face ร un adversaire de taille qui compromet sa victoire, l’รฉmergence de cet axe droit et fier : la trisomie 21. Un combat que la psychomotricitรฉ l’aide ร mener.
Iris et le tic-tac affolรฉ
Iris est une petite fille de cinq ans et demi. Elle est nรฉe ร vingt-quatre semaines d’amรฉnorrhรฉe, il s’agit d’une trรจs grande prรฉmaturitรฉ : la durรฉe normale d’une grossesse est de quarante et une semaines d’amรฉnorrhรฉe. Elle a รฉtรฉ hospitalisรฉe en service de nรฉonatalogie pour dรฉtresse respiratoire, et a sรฉjournรฉ en couveuse. Iris prรฉsente une bronchodysplasie sรฉvรจre, qui est une affection chronique des poumons, pour laquelle elle est encore suivie aujourd’hui. Sa respiration s’accompagne d’un stridor, qui est un bruit aigu รฉmis ร l’inspiration en raison d’un passage anormal de l’air dans la trachรฉe. Elle est sujette aux crises d’asthme. Iris est รฉgalement suivie chaque annรฉe en cardiologie.
Iris bรฉnรฉficie de sรฉances de psychomotricitรฉ depuis plusieurs annรฉes, notamment en raison de ses difficultรฉs dans les coordinations dynamiques globales, l’รฉquilibre, la motricitรฉ fine, la coordination oculo-manuelle, ainsi qu’une agitation.
Le repรฉrage dans le temps semble compliquรฉ pour Iris. Elle est hรฉsitante lorsqu’on lui demande son รขge, connaรฎt les jours de la semaine mais pas les mois, ni les saisons. La structuration temporelle est dรฉficitaire. Elle mentionne par exemple la sรฉance de psychomotricitรฉ de la semaine prรฉcรฉdente en disant ยซ On avait dรฉjร fait รงa hier ยป.
La notion du temps qui passe est difficile ร apprรฉhender pour elle. La restitution des รฉtapes d’une tรขche demandรฉe est laborieuse, Iris a besoin d’รชtre รฉtayรฉe par de nombreux repรจres. Iris a tendance ร se situer uniquement dans l’instant prรฉsent et peine ร envisager un futur proche. Les temps d’attente sont trรจs mal acceptรฉs par Iris, qui s’agite et s’impatiente.
Au vu des difficultรฉs de repรฉrage temporel d’Iris, il est possible d’รฉmettre l’hypothรจse que la mise en place des premiers jalons de la temporalitรฉ a รฉtรฉ fragilisรฉe par son histoire nรฉonatale de grande prรฉmaturรฉe. Les rythmes physiologiques du cลur et de la respiration ont รฉtรฉ perturbรฉs dรจs la naissance. La dรฉtresse respiratoire et la bronchodysplasie ont freinรฉ la mise en place de ce premier rythme d’alternance des inspirations et expirations. La respiration d’Iris รฉtait irrรฉguliรจre, chaotique, en une lutte constante pour la vie…
L’hospitalisation chez le nourrisson a รฉgalement des consรฉquences sur la mise en place des macrorythmes et microrythmes dรฉcrits par Marcelli (2007).
En effet, le placement en couveuse restreint les temps d’interactions avec les parents, les รฉchanges porteurs d’inattendus qui constituent les microrythmes. Ces derniers permettent normalement au bรฉbรฉ d’investir l’incertitude, dans des temps d’attente excitants. J’รฉmettrais l’hypothรจse que l’instauration des microrythmes chez Iris s’est vue entravรฉe par les soins intensifs et le manque d’interactions qu’ils impliquent. Cela semble avoir eu des rรฉpercussions dans son rapport ร l’attente, qu’elle peine aujourd’hui ร supporter. Dans l’รฉchange avec l’autre, elle ne trouve pas de plaisir ร investir les temps de surprise, d’inattendus. Elle se montre impatiente et cherche ร maรฎtriser le choix des activitรฉs pour ne pas รชtre confrontรฉe ร des imprรฉvus.
Les macrorythmes sont eux aussi touchรฉs : les rituels de soins du grand prรฉmaturรฉ comprennent des soins invasifs, voire douloureux… Ils ne constituent pas des rรฉpรฉtitions rassurantes pour le bรฉbรฉ. Iris n’a probablement pas perรงu les macrorythmes comme des anticipations confirmรฉes apaisantes du fait de son hospitalisation.
Par ailleurs, il est notable que le grand prรฉmaturรฉ n’a pas le rรฉflexe de succion. La rythmicitรฉ de la tรฉtรฉe (vers 13 du poรจme) ne survient pas spontanรฉment et demande un accompagnement. Ainsi, chez Iris, les premiรจres bases de la temporalitรฉ, se rapportant aux rythmes physiologiques et aux interactions prรฉcoces avec l’environnement, paraissent fragilisรฉes par son histoire nรฉonatale. Son rapport au temps s’est construit sur ces fondations prรฉcaires, ce qui fait vaciller l’intรฉgration de notions temporelles plus complexes.
Le vรฉcu du temps d’Iris me paraรฎt ร l’image de son souffle : court, prรฉcipitรฉ. Son stridor – bruit aigu anormal de sa respiration โ qui s’accรฉlรจre au cours du mouvement et lorsqu’elle s’agite, m’รฉvoque parfois le tic-tac effrรฉnรฉ d’une horloge affolรฉe… ยซ Tic-tac dรฉcrit l’heure ยป… Une heure qui passe si vite pour Iris…
Elle et Lui, leur cohabitation chez Mรฉlissa
Mรฉlissa est une petite fille de huit ans. Lorsqu’elle รฉtait bรฉbรฉ, elle a prรฉsentรฉ une tumeur cรฉrรฉbrale rare et volumineuse, nommรฉe gangliome desmoplasique ; ainsi qu’une hydrocรฉphalie, caractรฉrisรฉe par un excรจs du liquide cรฉphalo-rachidien entourant le cerveau. La tumeur causait des รฉpilepsies. Mรฉlissa a subi trois opรฉrations ร l’รขge de huit mois afin de retirer l’essentiel de la tumeur, puis une quatriรจme pour l’hydrocรฉphalie. Elle a รฉtรฉ hospitalisรฉe durant trois mois.
Actuellement, elle conserve un rรฉsidu bรฉnin de la tumeur, dont l’รฉvolution est lente, et que les neurochirurgiens ne prรฉvoient pas de retirer pour l’instant. Mรฉlissa prรฉsente รฉgalement une hรฉmiparรฉsie droite, qui est une paralysie incomplรจte, avec diminution partielle de la force musculaire de l’hรฉmicorps droit. Elle est liรฉe ร une lรฉsion cรฉrรฉbrale de l’hรฉmisphรจre gauche, survenue en raison d’un Accident Vasculaire Cรฉrรฉbral in-utero (dans le cas de Mรฉlissa).
J’ai rencontrรฉ Mรฉlissa en septembre 2020. C’est une petite fille de huit ans souriante, au langage fourni. Au fil des sรฉances de psychomotricitรฉ hebdomadaires, j’ai pu constater diffรฉrents รฉlรฉments en lien avec ses reprรฉsentations corporelles.
Le schรฉma corporel de Mรฉlissa semble altรฉrรฉ par un dรฉsinvestissement de l’hรฉmicorps droit, touchรฉ par la parรฉsie. Elle n’utilise pas spontanรฉment sa main droite, qui reste recroquevillรฉe contre son corps avec une flexion des doigts. Il arrive qu’elle saisisse sa main droite avec sa main gauche lorsqu’il lui est demandรฉ d’effectuer une tรขche de coordination bi-manuelle. De plus, Mรฉlissa รฉvite souvent le contact de ce bras avec les objets, ou avec autrui. Cet hรฉmicorps semble recevoir moins de stimulations tactiles au quotidien. Or, comme explicitรฉ prรฉcรฉdemment, Ajuriaguerra (1970) dรฉcrit l’importance des impressions tactiles dans l’รฉlaboration du schรฉma corporel (ainsi que les impressions kinesthรฉsiques, labyrinthiques, visuelles).
Mรฉlissa semble aussi dans l’รฉvitement des sensations labyrinthiques, esquive les actes moteurs qui la mettent en dรฉsรฉquilibre. La marche se fait ร petit pas, avec un polygone de sustentation รฉlargi, c’est-ร -dire les pieds รฉcartรฉs. La plupart des situations et mouvements impliquant l’รฉquilibre statique ou dynamique sont catรฉgoriquement refusรฉs par Mรฉlissa. Le manque d’impressions tactiles et kinesthรฉsiques semble ainsi appauvrir l’รฉlaboration du schรฉma corporel de Mรฉlissa. Les somatognosies paraissent relativement correctes pour son รขge. Cependant, il est notable que Mรฉlissa, qui prรฉsente un vocabulaire riche, รฉlaborรฉ, emploie รฉgalement de nombreux nรฉologismes. Elle invente ainsi de nouveaux mots pour dรฉsigner les parties du corps, dรฉforme les syllabes volontairement. Il est parfois nรฉcessaire de la questionner plusieurs fois pour qu’elle nomme vรฉritablement la partie dรฉsignรฉe. Le ยซ croquis flรฉchรฉ ยป du corps, mentionnรฉ dans le poรจme, semble, dans le cas de Mรฉlissa, foisonner de termes imaginaires qui le lรฉgendent, de ratures lorsque l’on demande une correction… Il reste difficile de savoir dans quelle mesure Mรฉlissa a intรฉgrรฉ la sรฉmantique liรฉe au schรฉma corporel, si elle joue en masquant ses connaissances rรฉelles, ou s’il y a des lacunes et confusions…
La reprรฉsentation mentale tridimensionnelle de son corps, de l’espace et des volumes qu’il occupe, paraรฎt quelquefois erronรฉe. Les jeux de cache-cache montrent que Mรฉlissa n’a pas conscience que la quasi-totalitรฉ de son corps dรฉpasse derriรจre un objet.
Par ailleurs, Mรฉlissa manifeste souvent des angoisses au cours des sรฉances, a peur de se blesser. Lors de la rรฉalisation de parcours psychomoteurs, elle refuse de sauter, d’enjamber, craint de tomber… Elle refuse systรฉmatiquement de monter sur le petit toboggan, mรชme tenue par l’adulte. Elle explique avoir peur de se cogner la tรชte par terre. Malgrรฉ ma proposition de porter un chapeau ยซ magique ยป pour la protรฉger, elle s’รฉcarte et persiste dans son refus.
Les apprรฉhensions de Mรฉlissa peuvent รชtre lien en lien avec une image du corps fragilisรฉe, chargรฉe de son histoire. Sa tรชte, ayant subi dรจs son plus jeune รขge de multiples opรฉration intra-crรขniennes ayant laissรฉ des cicatrices sur le cuir chevelu, lui apparaรฎt comme une partie du corps faillible. Le refus du contact du chapeau sur sa tรชte marque รฉgalement un retrait de cette partie du corps dans la relation ร l’autre : elle craignait que je touche sa tรชte, mรชme par l’intermรฉdiaire d’un objet, et ce avant que je n’approche le chapeau d’elle.
La peur de se blesser concerne รฉgalement le reste du corps : Mรฉlissa a frรฉquemment chutรฉ au cours de son enfance, du fait d’un รฉquilibre prรฉcaire dans la marche. Toutes ces expรฉriences vรฉcues par Mรฉlissa sont venue teinter nรฉgativement son image du corps – cette ยซ fleur ยป dรฉcrite dans le poรจme โ laissant des traces intenses sur les ยซ pรฉtales ยป correspondant ร certaines parties du corps, comme la tรชte.
Chez Mรฉlissa, Elle et Lui cheminent en titubant parfois, ร la maniรจre de notre principale intรฉressรฉe dont l’รฉquilibre dans la marche est prรฉcaire… Dans le paysage, les fleurs de gauche ont de grands pรฉtales solides, celles de droite ont des pรฉtales plus petits, frรชles…
Illustrant son hรฉmiparรฉsie. Les flรจches volent en tous sens pour indiquer des mots inรฉdits et farfelus… Cette fresque tรฉmoigne de l’unicitรฉ et des failles des reprรฉsentations du corps de Mรฉlissa.
Je songe ร l’imaginaire foisonnant de Mรฉlissa, qui nous a conduites un jour ร cueillir d’invisibles petites fleurs, dans cette prairie oรน nous tentions de faire participer sa main droite, d’ordinaire dรฉlaissรฉe, ร la cueillette. Mรฉlissa, qui m’a inspirรฉe pour la rรฉdaction d’une partie de ce poรจme, basรฉ sur un instant fugace dans les fleurs aux couleurs chatoyantes comme il en existe au sein des sรฉances de psychomotricitรฉ… Instant qui m’a fait rรฉflรฉchir, comprendre, mรฉtaphoriser, et que j’ai souhaitรฉ transmettre dans ce mรฉmoire.
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Table des matiรจres
1. LA MARIONNETTE AUX FILS ARC-EN-CIEL
1.1. Analyse du poรจme
1.2. Paul en spectacle, un imbroglio multicolore
2. VOYAGES EN TERRES (IN)CONNUES
2.1. Analyse du poรจme
2.2. Les pรฉriples de Fabien
3. TACTIQUE D’ESCRIMEUR
3.1. Analyse du poรจme
3.2. Le combat d’escrime d’Enzo
4. TIC-TAC DรCRIT L’HEURE
4.1. Analyse du poรจme
4.2. Iris et le tic-tac affolรฉ
5. ELLE ET LUI
5.1. Analyse du poรจme
5.2. Elle et Lui, leur cohabitation chez Mรฉlissa
6. HISSEZ LES VOILES
6.1. Analyse du poรจme
6.2. Lire entre les lignes
CONCLUSION
DISCUSSION
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