Patrimoine culturel et muséologie

Patrimoine culturel et muséologie

La gestion du patrimoine culturel mondial est en effet au coeur des recommendations de l’UNESCO telle que définies dans sa Convention du patrimoine mondial de 1972. Le patrimoine culturel et naturel, en tant que bien commun est nécessaire pour la construction et la compréhension de notre société (UNESCO, 2011). Cependant, il est extrêmement complexe de statuer sur ce qui fait patrimoine, et donc sur les critères de décision pour le classement d’un artefact, d’un monument ou d’un savoir-faire. En 1903, Aloïs Riegl, historien autrichien, proposait par exemple les valeurs d’historicité et d’ancienneté comme caractéristiques du patrimoine monumental (Riegl, 1984). Le patrimoine est pour l’auteur une mémoire voulue, désigné par nous.

Aujourd’hui, l’UNESCO distingue deux types de patrimoine culturel :
1. Le patrimoine matériel culturel (monuments, ensembles, sites) et naturel
2. Le patrimoine culturel immatériel depuis 1996 .

L’UNESCO a également proposé depuis 2003 une charte relative à une nouvelle catégorie : le patrimoine numérique. En effet, de nombreuses formes de représentation de la connaissance humaine sont désormais nativement produites sous forme numérique. Cela illustre bien l’évolution de la notion de patrimoine, intrinsèquement liée à l’évolution de notre société. DAVALLON explique d’ailleurs dans (Davallon, 2002) comment les traces de notre passé acquièrent la valeur patrimoniale selon un processus de patrimonialisation qualifié de « filiation inversée » et basé sur les critères suivants :

• la découverte d’une trouvaille, disparue de la vue des hommes
• la certification de l’objet d’origine, permettant de s’assurer que l’objet provient bien de son monde d’origine. Pour cela, il faut donc que le savoir sur cet objet permette d’établir son origine
• la preuve de l’existence du monde d’origine, c’est-à-dire certifier l’authenticité de l’objet. L’auteurprend pour exemple le cas de la grotte Chauvet en Ardèche : la découverte et la datation de la grotte ne permettent pas de lui attribuer une valeur de patrimoine authentique si nous n’avions aucune connaissance de la préhistoire. Il s’agit donc ici de « rétablir une continuité entre nous et ce monde d’origine »
• la représentation du monde par l’objet, celui-ci étant devenu un témoin physique du lien entre le passé et le présent
• la célébration par l’exposition, permettant de percevoir pour tous le lien de parenté avec les hommes du passé
• la transmission aux générations futures, dernière étape essentielle au processus de patrimonialisation. En effet, la découverte de ces œuvres, devenues patrimoine, nous donne le devoir d’assurer la continuité entre le passé et le futur.

Dans ce contexte, le rôle des musées, défini par l’ICOM comme « institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement », ouverte au public, et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l’homme et de son environnement, acquiert ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d’étude, d’éducation et de délectation» (ICOM, 2007) est crucial. L’ICOM existe d’ailleurs depuis 1946 et est formellement lié à l’UNESCO. D’après cette définition, le rôle du musée est complexe dans le sens où la gestion du patrimoine implique de nombreux processus et compétences. Compétences d’ailleurs largement transdisciplinaires puisque la nature des objets est extrêmement hétérogène, notamment pour les objets techniques. Il semble donc nécessaire ici de définir la notion de muséologie et son apport pour le patrimoine. Voici la définition proposée par Georges-Henri Rivière dans (Rivière, 1989) :

Une science appliquée, la science du musée. Elle en étudie l’histoire et le rôle dans la société, les formes spécifiques de recherche et de conservation physique, de présentation, d’animation et de diffusion, d’organisation et de fonctionnement, d’architecture neuve ou muséalisée, les sites reçus ou choisis, la typologie, la déontologie.

Le château des ducs de Bretagne — Musée d’histoire de Nantes Organigramme

Le château des ducs de Bretagne a une organisation hiérarchique très horizontale, orientée projets. En effet, 6 services constituent le socle de fonctionnement :
• Conservation
• Publics
• Projets numériques
• Éditions
• Technique
• Expositions temporaires .

À ces services s’ajoutent le directeur et conservateur en chef du musée, ainsi qu’un chargé de programmation artistique, un chargé du développement de l’offre aux publics et un chargé du développement scientifique. Cette organisation souligne l’importance à la fois du travail scientifique de fond et de l’offre aux publics.

Une analyse systémique, réalisée avec la méthode de modélisation SAGACE permet d’identifier les différents composants essentiels qui permettent le fonctionnement du musée en tant que système complexe. La méthode SAGACE est basée sur une matrice à 9 points de vue , illustrant 3 visions (fonctionnelle — ce que fait le système, organique — ce qu’est le système, et stratégique — ce que décide le système) du système. Ces visions sont décrites selon trois éléments qui varient selon la vision.

Une fois la matrice modélisée , celle-ci constitue un référentiel de compréhension et d’action pour le fonctionnement du musée. Dans le cadre de nos travaux, cette matrice nous sert de référence pour la représentation conceptuelle des activités et du fonctionnement du musée afin d’identifier le périmètre d’intervention sur lequel nous pouvons agir. De cette analyse systémique, voici les principales informations à noter :

• Pour remplir sa mission de musée telle que définie par l’ICOM, celui-ci s’appuie principalement sur une organisation horizontale, ou organisation en projets. Ainsi, chaque nouveau projet (exposition temporaire, dispositif muséographique, programmation d’événement pour le public, etc.) s’appuie sur les compétences des différents services et sur les moyens techniques à disposition. En effet,chaque service apporte une expertise différente et cette interdisciplinarité est nécessaire pour le bon déroulement des opérations.
• Pour assurer le bon fonctionnement des activités, le musée utilise des moyens internes et externes. La gestion du site en terme de sécurité et d’hygiène par exemple est confiée à des partenaires extérieurs alors que la maintenance technique des installations et la gestion des ressources humaines sont pilotées en interne.
• Enfin, les questions de prospective et de stratégie sont menées encore une fois conjointement par les différents services selon leur expertise. À cela s’ajoute des ressources dédiées spécifiquement au développement scientifique et à la politique des publics. Ce mode de fonctionnement permet d’adapter rapidement et efficacement la stratégie du musée en fonction des retours d’utilisateurs ou des besoins émergents.

Discours scientifique 

Le parcours muséographique dans le musée est découpé en 7 séquences et s’effectue à travers 32 salles, illustrant l’histoire de Nantes depuis le moyen-âge jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, le parcours est chronologique mais également thématique. Il est ainsi possible de programmer différentes visites par exemple pour des groupes scolaires différents.

Système de gestion des collections 

Au coeur du fonctionnement du musée se trouvent les collections : ensemble d’objets liés à l’histoire de la ville. Le musée d’histoire de Nantes a comme particularité que les objets présentés en son sein ont été choisis par l’équipe de conservation pour illustrer et servir le discours scientifique et historique. Par conséquent, la part la plus importante des objets de la collection du musée se trouve dans les réserves : sur les quelques 35000 objets de collection que possède le musée, seulement 800 objets environ sont exposés, soit un peu plus de 2%.

Afin d’inventorier l’ensemble de ces objets, un outil de gestion informatisé des collections (logiciel AdLiB) centralise les informations qui leur sont liées. Cet outil propriétaire est utilisé pour créer de nouvelles entrées lors de l’acquisition de nouveaux objets (c’est le cas lors des dons de particuliers pour les expositions temporaires par exemple), les mettre à jour et accéder à ces informations. Ce système fonctionne à l’aide d’un thésaurus réalisé par l’équipe de conservation, et propre à la collection du musée, contenant la terminologie des termes utilisés pour classifier les différentes objets. Le standard SPECTRUM est utilisé pour la gestion des méta-données.

L’identifiant unique attribué à chacun des objets de collection s’appelle le numéro d’inventaire : il se compose d’une série de chiffres faisant mention de l’année d’intégration dans les collections, et de sa position dans la série d’objets inventoriés selon le principe suivant :
N°inventaire = annee.serie.numero(partie)

La série correspond par exemple à un don d’un particulier. Chaque objet étant collecté au sein de cette série se voit alors attribuer un numéro, et, si l’objet en question est composé de plusieurs parties, chaque partie est spécifié entre parenthèses. Exemple : 2014.25.1(3) correspond à la troisième partie (dans le cas d’un catalogue par exemple) du premier objet de la 25e série de l’année 2014.

En plus de ce système de gestion de collection, trois autres systèmes gèrent la documentation :
• La photothèque
• Le centre de documentation
• La bibliothèque .

La photothèque regroupe l’intégralité des documents numérisés et a différentes fonctions :
1. Indexer l’ensemble des images
2. Stocker ces images
3. Exploiter ces images pour la vente, l’illustration d’ouvrages ou la reproduction d’œuvres.

La photothèque est le système d’information dédié à l’archivage des objets (tableaux, estampes, gravures, cartes postales, photographies) numérisés. Chaque cliché est un fichier au format TIFF contenant des méta-données IPTC et dont le nom de fichier correspond au numéro d’inventaire pour les clichés haute définition.

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Table des matières

Introduction
1 Contexte et problématique industrielle
1.1 Patrimoine culturel et muséologie
1.2 Contexte industriel
1.2.1 Le château des ducs de Bretagne — Musée d’histoire de Nantes
1.2.2 Contexte du projet
1.2.3 L’usage du numérique au musée d’histoire de Nantes
1.3 Problématiques industrielles
1.4 Positionnement de la thèse
2 Formalisation et valorisation des connaissances historiques
2.1 Propos introductif et première hypothèse
2.2 Critères d’évaluation et bonnes pratiques
2.2.1 Convention du patrimoine de l’UNESCO
2.2.2 Charte de Londres
2.2.3 Charte de Séville
2.2.4 Principles for the recording of monuments, groups of buildings and sites, ICOMOS
2.2.5 Conclusion
2.3 Sources
2.3.1 L’ingénierie documentaire
2.3.2 Les sources en histoire
2.4 Systèmes de modélisation et d’organisation des connaissances
2.4.1 Système de gestion de données spatio-temporelles
2.4.2 Modèles produit-processus pour le PLM
2.4.3 Ontologies formelles et web sémantique
2.4.4 Web socio-sémantique
2.4.5 Systèmes de gestion existants pour le patrimoine et les connaissances historiques
2.5 Valorisation du patrimoine par le numérique
2.5.1 Valoriser la recherche en histoire
2.5.2 Muséographie et interactivité
2.5.3 Le numérique et ses enjeux
2.6 Verrous scientifiques et hypothèses de recherche
2.6.1 Problématique scientifique
2.6.2 Hypothèses de recherche
2.6.3 Approche proposée
3 Proposition d’une méthode de capitalisation de connaissances en contexte muséal
3.1 Processus global de patrimonialisation
3.2 Constitution d’un corpus numérique de référence
3.3 Modélisation et intégration des connaissances
3.3.1 Mise en relation des « fiches connaissance »
3.3.2 Association des données physiques aux items
3.3.3 Système d’organisation des connaissances
3.4 Valorisation et capitalisation
3.5 Conclusion sur la méthodologie proposée
3.5.1 Modèle conceptuel muséologique
3.5.2 Vision processus globale
3.6 Conclusion
4 Mise en place d’un système de gestion des connaissances historiques pour les musées
4.1 Objectifs liés à la maquette du port de Nantes en 1900
4.2 Description des produits considérés
4.2.1 Sources historiques
4.2.2 Objets patrimoniaux
4.2.3 Représentations intermédiaires : artefacts virtuels
4.3 Ressources
4.4 Processus mis en œuvre
4.4.1 Constitution du corpus de documents
4.4.2 Numérisation
4.4.3 Modélisation
4.4.4 Création des fiches connaissance
4.4.5 Interface de gestion
4.4.6 Synthèse sur l’intégration des données
4.5 Conclusion
5 Systèmes de visualisation et d’interaction pilotés par les connaissances
5.1 Introduction
5.2 Dispositif muséographique de valorisation d’un objet patrimonial
5.2.1 Présentation du dispositif
5.2.2 Cas d’utilisation
5.2.3 Évaluation
5.2.4 Conclusion sur le dispositif muséographique
5.3 Système immersif pour l’exploration et la manipulation de données historiques
5.3.1 Objectifs
5.3.2 Méthodologie
5.3.3 Proposition d’une interface de visualisation
5.3.4 Typologie des informations manipulées
5.3.5 Affichage et navigation dans la scène virtuelle
5.3.6 Conclusion et perspectives
5.4 Conclusion
Conclusion

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