Méthodologie
Définition opérationnelle
Pour notre étude, nous avons adopté la définition du Collège National des Gynécologues Obstétriciens (CNGOF), selon les recommandations de 2014 qui définit la MFIU comme tout arrêt de l’activité cardiaque≥14 SA, sans tenir compte du moment de cet arrêt de l’activité cardiaque, qui peut être pré-partum, per-partum ou parfois indéterminé.
Type et période de l’étude
Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 108 cas de MFIU colligés dans le service de Gynécologie Obstétrique de l’Hôpital National de Pikine sur une période de 16mois, allant du 23/10/2016 au 19/02/2018.
Population de l’étude
L’étude a porté sur l’ensemble des naissances enregistrées au service de gynécologie obstétrique du CHNP.
Critères d’inclusion
Ont été incluses dans l’étude, toutes les patientes présentant une MFIU et prises en charge dans le service pendant la période de l’étude.
Critères de non inclusion
Nous avons exclu toutes les patientes dont l’âge gestationnel était inférieur à 14SA.
Collecte des données
Les données ont été recueillies à l’aide :
– des dossiers cliniques d’hospitalisation
– des registres d’accouchements
Ces données ont été saisies directement sur un logiciel file maker pro 16, à partir des dossiers des patientes dans un ordinateur portable disposé dans la salle d’accouchement à cet effet. L’enregistrement des données se faisait tous les jours.
Paramètres d’étude
➤ Epidémiologiques : la fréquence globale, l’âge maternel, la parité, le terme de la grossesse, le type de la grossesse, le sexe des mort-nés, le poids des mort-nés, le mode d’admission.
➤ Suivi de la grossesse : le nombre de consultations prénatales (CPN), le prestataire ayant suivi la grossesse, la prise du traitement préventif intermittent contre le paludisme (TPI), la prise du traitement prophylactique antianémique.
➤ Bilan prénatal : sérologies de l’hépatite B, de la syphilis, de la rubéole, de la toxoplasmose.
➤ Pathologies associées à la grossesse : fréquence globale des pathologies, natures des pathologies.
➤ Prise en charge : durée du travail, type d’induction du travail, voie d’accouchement, état du mort-né, épisiotomie/déchirure
➤ Devenir de la patiente après accouchement : mode de sortie .
Définition des paramètres d’étude
Nous avons considéré comme :
– Nullipare : aucun accouchement
– Primipare : premier accouchement
– Multipare : 2 à 6 accouchements
– Grande multipare : plus de 6 accouchements.
Pour le terme de la grossesse :
– Pré-terme : âge gestationnel inférieur à 37SA
– Terme : âgé gestationnel entre 37 et 41SA+6jours
– Post-terme : âge gestationnel à partir de 42SA.
Pathologies associées à la grossesse
➤ Fréquence globale des pathologies associées aux grossesses Nous n’avons pas retrouvé de pathologies associées à la grossesse dans la majorité des cas : 51,8%.
➤ Nature des pathologies associées
Les pathologies les plus fréquemment rencontrées étaient représentées en premier lieu par les syndromes vasculo-rénaux et leurs complications (37cas),suivis des infections (12 cas), puis des pathologies métaboliques (6 cas). Une association de deux ou de plusieurs pathologies était retrouvée dans 36,6% des cas.
➤ Pathologies associées à la grossesse en fonction des autres paramètres
L’étude des pathologies associées à la grossesse en fonction des autres paramètres d’étude nous a permis de noter les particularités suivantes :
✓ Chez les patientes ayant présenté un HRP :
– la moitié était âgée de 35 ans ou plus,
– toutes avaient accouché par césarienne,
– la moitié d’entre elles avait été transférée dans d’autres services pour une meilleure prise en charge
✓ Pour toutes les patientes souffrantes d’HTA chronique, la MFIU est survenue dans le terme normal de la grossesse. La majorité (66%) a été transférée, après l’accouchement, dans d’autres services pour une meilleure prise en charge.
✓ Les patientes qui avaient un diabète antérieur à la grossesse ont toutes été autorisées à rejoindre leurs domiciles à l’issue de leur prise en charge dans le service.
✓ La majorité des patientes qui souffraient de diabète gestationnel sont venues directement de leurs domiciles (67%) et 67% portaient une grossesse non à terme.
✓ 2,8% des patientes avaient une sérologie syphilitique positive, également 2,8% étaient porteuses d’Ag Hbs. Aucune investigation supplémentaire n’avait été réalisée et aucune prise en charge de ces pathologies n‘a pu être retrouvée dans notre étude.
Discussion
Limites et biais de l’étude
Du fait du caractère rétrospectif de notre étude, nous avons été essentiellement limités par l’insuffisance qualitative des dossiers. De plus, la MFIU reste un évènement pas très fréquent et impose donc plusieurs années d’études pour avoir un effectif suffisant de parturientes, ce qui n’est pas le cas chez nous.
Epidémiologie
➤ Fréquence globale
La mort fœtale intra-utérine représente 1,17% des naissances enregistrées au sein de L’Hôpital National de Pikine durant la période d’étude. Ce taux est nettement inférieur à ceux retrouvés par, Kubuya en République Démocratique du Congo (RDC)[13], Adriamandimbison à Madagascar[2], Diallo MH en Guinée[9], Bwama à Kamina en RDC[6] avec respectivement : 4,9%, 5,2%, 6,9%, 13,9%. Par contre, il est supérieur à ceux retrouvés par Marie C en France (0,3%)[17] et Peggy Deros- Degras aux Antilles (0,1%)[21]. D’une manière générale, la mort fœtale intra utérine est un évènement ayant des prévalences très variables à travers le monde et dépend:
– du niveau socio-économique des pays
– des différences de méthodologie : terme de14 SA, ou de 22SA ou encore 28SA), poids de 500g ou de 1000g. La prévalence mondiale de morts fœtales intra-utérines est estimée à 2% et à 0,5% dans les pays développés. Les pays en voie de développement étant les plus touchés. [22] Le faible taux de la mort fœtale intra- utérine dans notre étude par rapport à ceux retrouvés dans les autres pays en voie de développement pourrait s’expliquer par l’effort consenti par nos acteurs de la santé concernant :
– le dépistage précoce des populations à risque de mort fœtale intra-utérine
– l’amélioration de la qualité CPN, ainsi que du système de référence et d’évacuation devant les pathologies associées à la grossesse.
➤ L’âge maternel
Les patientes âgées de 25 à 34 ans étaient les plus représentées dans notre série : 52,8%, avec une moyenne d’âge de 29ans. Ces résultats étaient sensiblement identiques à ceux d’Amrouche et Ait en Algérie [1] où la tranche d’âge la plus représentée était celle des 30 à 35ans (35%) suivie de celle des 20 à 30ans (29%). Ils différaient par contre des constatations de Kubuya et al en RDC [13] qui trouvent que les parturientes dont l’âge est supérieur à 37ans font plus de morts fœtales soit 41,9%. Cependant on notait un taux non négligeable de mort fœtale intra-utérine chez les patientes de 35 ans et plus : 20,4% dans notre étude. En effet, dans la littérature en général, il est établi qu’un âge maternel supérieur à 35ans constitue un facteur de risque de mort fœtale intra-utérine. Nos résultats pourraient s’expliquer par le fait que la tranche d’âge de 25 à 34ans se situe dans la période d’activité obstétricale par excellence et non par le fait qu’elle constitue la tranche d’âge la plus à risque.
➤ La parité
Dans notre série les multipares étaient les plus représentées avec 50,1%. Les mêmes résultats avaient été trouvés par Kubuya[13] soit 57,4% des morts fœtales intra-utérines chez les multipares. Quibel et al[22] quant à eux avaient montré que la multiparité ainsi que la primiparité étaient associées à une augmentation du risque de mort fœtale intra-utérine. En effet les multipares ont assez souvent tendance à ne pas être complaisantes aux CPN et aux soins prénataux, du fait de leurs relatives expériences en matière de grossesse et d’accouchements, les exposant ainsi à de nombreuses complications surtout la MFIU.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LITTERATURE
1. Définition
2. Classification
3. Epidémiologie
4. Rappel physiopathologique
5. Ethiopathogénie
5.1. Facteurs de risque et étiologies
5.2. Pathogénie
6. Anatomo-pathologie
7.1. Clinique
7.1.1. Diagnostic positif
7.2. Diagnostic différentiel
8. Evolution et complications
8.1. Evolution spontanée
8.2. Complications
9. Traitements
9.1. Buts
9.2. Moyens
9.3. Conduite proprement dite
9.4. Prévention
10. Pronostic
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
1. Objectifs
1.1. Objectif général
1.2. Objectifs spécifiques
2. Cadre de l’étude
2.1. Situation géographique et cadre général
2.2. Description du cadre de l’étude proprement dit
3. Méthodologie
3.2. Type et période de l’étude
3.3. Population de l’étude
3.4. Critères d’inclusion
3.5. Critères de non inclusion
3.6. Collecte des données
3.7. Paramètres d’étude
3.9. Analyse des données
4. Résultats
4.1. Epidémiologique
4.2. Suivie de la grossesse
4.3. Pathologies associées à la grossesse
4.4. Prise en charge
III.4.5. Devenir des patientes après accouchement
5. Discussion
5.1. Limites et biais de l’étude
5.2. Epidémiologie
5.3. Suivie de la grossesse
5.4. Pathologies associées à la grossesse
5.5. Prise en charge
5.6. Devenir des patientes après accouchement
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES