Le tigre
La première description du tigre a été effectuée par Linné en 1758 dans son livre Systema Naturae. L’espèce Panthera tigris comprenait traditionnellement huit sous-espèces différentes. Toutefois, en 2004, une étude menée sur trois marqueurs génétiques différents de 130 tigres a révélé une nouvelle sousespèce, le tigre de Malaisie (Panthera tigris jacksoni) [116]. La classification à neuf sous-espèces a été adoptée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2008 (Référence UICN : espèce Panthera tigris puis par des fondations de protection du tigre comme Save the tiger fund ou 21st Century Tiger [550]. De plus, on constate que l’UICN a effectué un changement d’auteur pour l’espèce (de Linné à Mazak). Ainsi l’espèce est divisée en neuf sous-espèces :
– Panthera tigris tigris ou « tigre du Bengale » ;
– Panthera tigris altaica ou « tigre de Sibérie » ;
– Panthera tigris corbetti ou « tigre d’Indochine » ;
– Panthera tigris amoyensis ou « tigre de Chine Méridionale » ;
– Panthera tigris soumatrae ou « tigre de Soumatra » ;
– Panthera tigris jacksoni ou « tigre de Malaisie » ;
– Panthera tigris balica ou « tigre de Bali » ;
– Panthera tigris virgata ou « tigre de la Caspienne » ;
– Panthera tigris sondaica ou « tigre de Java ».
Les trois dernières sous espèces citées sont éteintes : Panthera tigris balica est éteinte depuis le début des années 1930 ; P.t.virgata s’est éteinte aux alentours des années 1950 et le dernier tigre de Java (Panthera tigris sondaica) a été aperçu en 1972 et il a probablement disparu dans les années 1980, suite à la destruction de son habitat liée à l’exploitation intensive du bois de teck. Il existe des tigres blancs (P. t. uncia) mais ce n’est pas vraiment une sous espèce à part entière mais plutôt une variante génétique consécutive à une mutation appelée le leucisme ou leucistisme (différent de l’albinisme). Sur le plan phylogénique, le tigre est apparu bien avant le jaguar, le léopard et la panthère et est étroitement apparenté à la panthère des neiges : tigre et panthère des neiges auraient divergé il y a deux millions d’années [110, 563]. Selon l’avis général, le berceau de l’espèce est localisé dans l’Est et le NordEst de l’Asie. Le territoire du tigre se serait ensuite étendu sur les îles de la Sonde puis vers l’Inde. Des preuves fossiles de sa présence au Japon et sur l’île de Bornéo ont également été retrouvées. Il y a 73 000 ans, le tigre frôla l’extinction en raison des éruptions du volcan Toba à Sumatra, ce qui peut expliquer la faible diversité génétique de l’espèce actuelle.
Système musculo-squelettique et appareil locomoteur
Le tigre et le lion, comme tous les félins, ont un corps souple et flexible, avec des membres musclés. La queue mesure un tiers de la moitié de la longueur du corps. Le tigre est le plus grand félin sauvage, c’est également le plus gros prédateur sur la terre ferme derrière l’ours kodiak et l’ours polaire. Ce félin a un corps plus long que celui du lion, ce qui le fait paraître beaucoup plus massif. En moyenne, les lions ont une hauteur au garrot plus importante que celle des tigres, mais sont moins longs.
Le crâne : La charpente osseuse du crâne augmente l’efficacité fonctionnelle du système osseux du crâne et donc l’adaptation au régime carnivore qui dépend de l’architecture et de la distribution des os. On observe une construction forte entre les condyles occipitaux et la région du basisphénoïde, construction triangulaire qui s’élève sur un point de fixation postérieur et qui renforce l’os sur lequel s’exerce la tension des muscles de la nuque et de la mâchoire. Ainsi on observe un grand développement de la crête sagittale qui surmonte le crâne, de l’arc jugal, de la puissance de l’apophyse coronoïde de la mandibule et de la profondeur de la fosse massétérine [156]. Le condyle articulaire de la mandibule développé dans le sens transversal avec une surface semi-cylindrique s’engage dans la fosse glénoïde taillée en gouttière transversale et limitée en arrière par l’apophyse post-condylienne ; une telle articulation de la mâchoire permet uniquement des mouvements verticaux permet de maintenir les carnassières en face pour une utilisation des dents en cisaille [174]. Trois muscles ferment la mâchoire de chaque côté :
– muscles temporaux qui ferment la mâchoire et parent aux mouvements de la proie qui se débat. Les processus coronoïdes, zone d’insertion des muscles temporaux sur la mandibule, sont agrandis du fait de l’important développement des muscles,
– muscle Masséter qui est le plus puissant,
– muscles Ptérygoïdiens médiales qui contrôlent dans une certaine mesure les mouvements latéraux de faible amplitude.
L’appareil hyoïdien: C’est l’élément du squelette soutenant le larynx et la base de la langue dérivant des os qui soutenaient les ouïes des vertébrés aquatiques. Chez les félins de genre Panthera, des parties de cet appareil demeurent cartilagineuses au lieu de s’ossifier et c’est ce qui contribue à la phonation, notamment au rugissement. Par contre, ils ne peuvent ronronner [174]. A la place du Kératohyal non ossifié on trouve un ligament stylo-hyoïdien extensible entre les parties de l’hyoïde [17]. Deux mécanismes sphinctériens sont associés aux mouvements de la glotte :
1) le sphincter aryépiglottique : simple repli en forme de V des muscles thyroaryténoïdien et interaryténoïdien qui forment les plis aryténo-épiglottique d’où l’obturation de la partie supérieure de la glotte quand ils se contractent
2) le sphincter intra laryngien formé de plis thyroaryténoïdiens, plus simple.
Les membres : On distingue le squelette du tigre de celui du lion par ses membres plus court. Chez le tigre et le lion, le membre thoracique est très puissant et en particulier les extenseurs des doigts (extenseur du pouce et de l’index, extenseur latéral des doigts, extenseur commun des doigts) qui permettent un grand appui au sol et une prise d’élan importante au moment de la course, l’ulnaire médial, le grand palmaire, le muscle interosseux, le palmaire et le fléchisseur du doigt V. Le membre pelvien peut s’appuyer sur le fléchisseur superficiel des orteils et son tendon et sur l’abducteur de l’orteil V. Les ligaments sont très solides en particulier le transverse profond, les ligaments élastiques médial et latéral du doigt II, le ligament 2-3 phalangien capsulaire qui possède des travées fibreuses développées et le ligament élastique médial dorsal pour ce qui concerne l’avant main [353]. La formule vertébrale comprend 7 cervicales, 13 thoraciques, 7 lombaires, 3 sacrées et de 3 à 25 caudales. Les apophyses épineuses s’allongent par suite d’exigences musculaires, les apophyses transverses sont très importantes. Le sacrum est court et large pour une bonne stabilité mais aussi une grande souplesse de l’arrière train. On distingue 3 vertèbres sacrées dont une réduite. Les griffes sont des phanères qui font saillie à la surface du tégument et qui sont formées de cellules d’origine ectodermique ayant subies une kératinisation poussée. Elles sont entourées d’un étui corné qui correspond à l’épiderme et serties dans le sillon unguiculaire de la 3ème phalange de chaque doigt. Les griffes sont rétractables grâce à l’action d’un ligament qui les maintient dans une gaine protectrice de la peau lorsqu’elles ne soient pas utilisées. Les ligaments sont dans une position détendue quand les griffes sont rétractées D’autres ligaments permettent d’extraire les griffes, nécessitant un effort musculaire, afin d’attaquer une proie ou de se défendre Les griffes des pattes avant et arrière n’ont pas la même courbure ni le même degré de protraction. Elles n’ont en fait pas la même utilité. Les pattes avant servent à marquer le territoire sur des objets élevés et à attraper les proies ; les pattes arrière servent à gratter le sol et à déséquilibrer les proies de taille importante [65]
Appareil uro-génital
Chez le mâle, les testicules sont extériorisés dans un scrotum en région périnéale. Ce scrotum est profond avec un raphé très marqué qui le divise en 2. La prostate est développée. Le pénis contient un os pénien ou baculum plus petit que celui des canidés. Cet os est parallèle à l’organe et est en relation avec le gland dont il occupe la majeure partie. Il forme ainsi une baguette +/- allongée dont la face ventrale est parcourue par la gouttière urétrale. Le gland est court dans le prolongement du corps spongieux et le prépuce est également court [155]. Le tissu érectile, largement irrigué, joue donc un rôle plus important lors de l’intromission. Le pénis au repos est dirigé vers l’arrière mais pendant le coït les muscles le relèvent vers l’avant. Le gland est recouvert d’épines dirigées vers l’arrière dont la fonction est incertaine : stimulation des récepteurs vaginaux qui déclencherait l’ovulation. La femelle : les ovaires sont logés dans une bourse ovarique non graisseuse qui dépend de la partie antérieure du ligament large. Cette bourse ovarique ne les recouvre pas totalement. Ils sont allongés et arrondis, mesurant environ 3 cm de long sur 1,5 cm de large. Ils présentent de nombreux follicules à leur surface. Le mésosalpinx est réduit, transparent. Les cornes sont lisses, non sinueuses, mesurant environ 16 cm de long pour un diamètre d’environ 1,5 cm. Le ligament large est relativement réduit, peu graisseux. Le corps est assez développé, mesurant environ 12 cm pour un diamètre de 2 à 2,5 cm environ. La vulve est poilue, arrondie ventralement. De même qu’il existe un os pénien, la femelle est pourvue d’un os clitoridien : prolongement fibreux ou vésiculofibreux du corps caverneux qui peut se transformer partiellement en tissu osseux à l’âge adulte. Il s’agit d’un osselet dans l’axe du cordon fibreux sur 0,5 à 2 mm, allongé et effilé aux 2 extrémités. Il est recouvert par un capuchon muqueux plus ou moins marqué [155]. Elle possède 6 paires de mamelles. La quantité de lait produite est directement liée à la quantité de nourriture ingurgitée et non pas au nombre de petits. Chez les lionnes, toutes les mères produisent quasiment la même quantité de lait et celles dont les portées sont peu nombreuses se montrent plus généreuses envers les autres lionceaux.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Généralités sur le Lion et le Tigre
Chapitre 1 : Taxonomie et phylogénie du lion et du tigre
1- Le tigre
2-Le lion
3- Hybrides
Chapitre 2 : Particularités anatomiques et physiologiques
1-Caractères communs au tigre et au lion
1.1 Système musculo-squelettique et appareil locomoteur
1.2 Appareil sensoriel
1.3 Appareil digestif
1.4 Appareil uro-génital
2- Caractères propres au tigre
3- Caractères propres au lion
Chapitre 3 : Ethologie
1- Organisation sociale et communication
2- Territorialité
3-Alimentation
4-Reproduction
Chapitre 4 : Répartition géographique et éco-climatique
1- Le tigre
2-Le lion
DEUXIEME PARTIE : Principales maladies menaçantes chez le lion et le tigre, et risques sanitaires pour l’Homme
Chapitre 1 : Maladies animales non zoonotiques du lion et du tigre
1-Maladies de l’appareil digestif et des glandes annexes
1.1 Parvovirose féline
1.2 Granulomes éosinophiliques
1.3 Maladies hépatiques
+ Kystes biliaires
+ Biointoxication aux Cyanobactéries
+ Maladies hépatiques liées à la sénescence
2- Maladies de l’appareil respiratoire
2.1Calicivirus félin
2.2.Herpès virus félin
2.3 Les troubles respiratoires liés à la sénescence
3- Maladies du système nerveux
3.1 Le syndrome « Stargazing »
3.2 Maladies neurologiques liées à la sénescence
4-Maladies musculo-squelettiques
4.1 Spondylose
4.2 Maladies musculo-squelettiques liées à la sénescence
5- Maladies de l’appareil uro-génital
5.1 Maladies rénales
5.2 Maladies de l’appareil reproducteur : Pyomètre
6- Maladies systémiques
6.1 Maladie de Carré
6.2 Coronavirus félin
7- Maladies du système immunitaire
7.1 Leucémie féline
7.2 Virus de l’immunodéficience féline
8- Maladies cardiovasculaires
9-Autres maladies
9.1 Maladies transmissibles par les tiques
+ Haemobartonellose
+ Cytauxzoonose
+ Hépatozoonose
+ Paralysies
9.2 Maladies parasitaires et mycosiques
9.3 Cancérologie
9.4 Maladies liées à la sénescence en captivité
+ Maladies nutritionnelles
+ Maladies dentaires
9.5 Fièvre catarrhale ovine
Chapitre 2 : Zoonoses
1- Maladies virales
1.1 La rage
1.2 Virus Influenza Aviaire (H5N1)
1.3 Virus Cowpox
1.4 Encéphalomyocardite
2- Maladies bactériennes
2.1. La fièvre charbonneuse
2.2. La tuberculose
2.3. La pseudotuberculose
2.4. La brucellose
2.5. Les maladies zoonotiques transmissibles par les tiques
2.6 Leptospirose
2.7 Les salmonelloses
2.8 Gastrite chronique due à Helicobacter pylori
2.9.Mycoplasma arginini
3- Maladies parasitaires
3.1.Toxoplasmose
3.2. Néosporose
3.3. Chlamydiose
3.4.Babésiose
4- Maladies mycosiques
-Coccidiomycose
5-Maladies dues à des prions
– Encéphalite spongiforme bovine
Chapitre 3 : Risques sanitaires pour l’Homme liés aux maladies du tigre et du lion
1-Facteurs favorisant l’exposition des Hommes aux agents pathogènes
2- Principales maladies du lion et du tigre représentant un risque sanitaire pour l’Homme
TROISIEME PARTIE : Stratégies de gestion sanitaire en milieu naturel et en captivité
Chapitre 1 : Prise en charge clinique
1-Objectifs
2-Protocole
+ La capture
+ L’anesthésie
+ La surveillance du patient sous anesthésie
+ L’examen clinique
+ Le réveil
Chapitre 2 : Approche thérapeutique
Chapitre 3 : Prévention et contrôle
1- Surveillance de la prévalence des maladies
2- Contrôle
+ Prise de décision
+ Stratégie de contrôle
CONCLUSION
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