Tรฉlรฉcharger le fichier pdf d’un mรฉmoire de fin d’รฉtudes
EPIDEMIOLOGIE DE LA TUBERCULOSE MULTI RESISTANTE
Situation dans le monde
La tuberculose est lโune des maladies infectieuses les plus frรฉquentes dans le monde. Malgrรฉ lโexistence de mesures spรฉcifiques efficaces, telles que la chimiothรฉrapie antituberculeuse et la vaccination au Bacille de Calmette et Guรฉrin (BCG), (dont le principal rรดle est dโรฉviter les formes graves de tuberculose), elle continue de progresser dans le monde.
Selon le rapport mondial de lโOMS de 2014, on estimait ร 9 millions le nombre de nouveaux cas. La tuberculose est รฉgalement lโune des maladies qui cause le plus de dรฉcรจs dans le monde avec 1.5 millions de personnes dรฉcรฉdรฉes en 2013, dont 360 000 sujets VIH positifs [2]. Elle reprรฉsente la huitiรจme cause de dรฉcรจs dans les pays ร revenu faible et intermรฉdiaire, la septiรจme chez les hommes et la neuviรจme chez les femmes. Chez les adultes รขgรฉs de 15 ร 59 ans, elle reprรฉsente la troisiรจme cause de dรฉcรจs, aprรจs le VIH/sida et la cardiopathie ischรฉmique [15].
Sur le plan gรฉographique, la rรฉpartition des cas de tuberculose dans le monde reste inรฉgale. La majoritรฉ des cas est notifiรฉe dans les pays pauvres, particuliรจrement en Asie et en Afrique. En effet en 2013, sur les 9 millions de personnes ayant contractรฉ la tuberculose, plus de la moitiรฉ (56%) vivaient dans les rรฉgions de lโAsie du Sud-Est et du Pacifique occidental. Un quart vivait dans la rรฉgion africaine, oรน lโon recensait รฉgalement les taux les plus รฉlevรฉs de cas et de dรฉcรจs parmi la population [2].
Toutefois, la tuberculose demeure une maladie curable. En effet, le taux de succรจs thรฉrapeutique chez les nouveaux cas de tuberculose notifiรฉs ร culture positive sโรฉlevait ร 87% en 2009 [16]. Depuis les annรฉes 70, on assiste ร une รฉmergence de cas de tuberculose multi rรฉsistante, devenant actuellement, un problรจme de santรฉ publique majeur. En 2010, on estimait 650000 cas de TB-MR dans le monde sur 12,5 millions de cas prรฉvalents de tuberculose [17].
De nombreux facteurs ont contribuรฉ au dรฉveloppement de cette pharmaco rรฉsistance. Il sโagit entre autres de lโinsuffisance des investissements dans les activitรฉs fondamentales de lutte antituberculeuse, de la mauvaise gestion des rรฉserves et de la qualitรฉ des antituberculeux, du traitement inadรฉquat des patients atteints de tuberculose et de la transmission de la maladie dans les lieux de soins regroupรฉs sans compter la non accessibilitรฉ gรฉographique de certaines structures de soins pour les populations les plus dรฉmunies.
Lโidentification et la multiplication de la TBMR et plus rรฉcemment de la tuberculose ultrarรฉsistante sont devenues un obstacle majeur ร lโobjectif du Millรฉnaire pour le dรฉveloppement et de ceux fixรฉs par le partenariat Halte ร la tuberculose, de rรฉduire considรฉrablement le poids mondial de la tuberculose dโici 2050 [18].
LโOMS estimait ร 0,5 millions environ le nombre de cas de TB-MR dans le monde en 2011. Seuls 60 000 cas ont รฉtรฉ signalรฉs, soit un cinquiรจme (19 %) de tous les cas confirmรฉs de tuberculose [19, 20].
En 2013, lโOMS estimait que 300 000 cas de tuberculose multi rรฉsistante pouvaient รชtre notifiรฉs ร travers le monde. Parmi eux, 136 000 cas ont รฉtรฉ diagnostiquรฉs [2] supรฉrieur ร 2012 oรน seuls 10% des cas estimรฉs ont รฉtรฉ notifiรฉs [19].
Le recours ร de nouveaux tests de diagnostic rapide a facilitรฉ les progrรจs dans la dรฉtection de la tuberculose multi rรฉsistante expliquant cette hausse du taux de cas notifiรฉs. Au niveau mondial, le taux de multi rรฉsistance รฉtait de 3, 5% pour les nouveaux cas et 20,5% pour les retraitements soit une augmentation respectivement, de 1,4% et 3,8% depuis 2006 [21].
Environ 60% des cas sont concentrรฉs en Afrique du Sud, au Brรฉsil, en Chine, en Fรฉdรฉration de Russie et en Inde (pays du groupe ยซBRICSยป) [22].
Situation en Afrique
En Afrique, lโapparition du sida a aggravรฉ la croissance des cas de tuberculose. En 2012, on estimait que 13% des 8,6 millions de personnes ayant contractรฉ la tuberculose รฉtaient sรฉropositives pour le VIH et environ 75% de ces cas vivaient dans la rรฉgion africaine.
Lโampleur de la pharmaco rรฉsistance est moins connue. LโOMS estime que le nombre de cas de TBMR en Afrique en 2008, vraisemblablement sous-estimรฉ, รฉtait de 69 000 ce qui reprรฉsente environ 15% du nombre total de cas estimรฉs dans le monde qui รฉtait de 440 000 [24].
En 2013, 25 000 nouveaux cas de tuberculose multi rรฉsistante รฉtaient rapportรฉs soit 2.4% des patients atteints de tuberculose cette mรชme annรฉe [2].
En Afrique subsaharienne, le nombre de cas de rรฉsistance est en progression. Il est difficile dโidentifier les tendances de la pharmaco rรฉsistance dans la rรฉgion dans la mesure oรน les รฉtudes disponibles sont rares.
La prise en charge des patients atteints de TBMR est absente ou inadรฉquate dans la plupart de ces pays ร ressources limitรฉes.
Situation au Sรฉnรฉgalย
Au Sรฉnรฉgal, la tuberculose sรฉvit de maniรจre endรฉmique. En 2012, selon lโOMS, lโincidence est de 136 cas de tuberculose toutes formes pour 100 000 habitants (112-162). Le taux de dรฉtection des tuberculoses toutes formes est de 63% (53-77) soit une hausse de 19% depuis 1990.
Pour cette mรชme pรฉriode, le taux de mortalitรฉ a baissรฉ de 24 ร 19/100.000 habitants (21%), la prรฉvalence de 231 ร 200/100.000 habitants (13%) et lโincidence de 138 ร 136/100.000 habitants (1,5%).
Il existe des disparitรฉs dans la rรฉpartition des cas selon les rรฉgions. La rรฉgion de Dakar polarise 3410 cas de TPM(+) soit 42 % des malades. Elle est suivie des rรฉgions de Thiรจs, Diourbel et Kaolack.
Ceci sโexplique par le fait quโil y a une forte tendance ร lโurbanisation entrainant une multiplication des bidonvilles. La rรฉgion de Dakar qui ne couvre que 0,3% de la superficie nationale, abrite 23% de la population totale. Certaines villes comme Guรฉdiawaye et Pikine dans la rรฉgion de Dakar et Touba dans la rรฉgion centre de Diourbel sont plus peuplรฉes que certaines rรฉgions.
Une enquรชte sur la tuberculose multi rรฉsistante menรฉe avec lโOMS en 2006 indique que la proportion des formes multi rรฉsistantes de la tuberculose est de 2,1% chez les nouveaux cas et de 17% chez les cas dรฉjร traitรฉs.
Les rรฉsultats de cette enquรชte ont permis de tirer la sonnette dโalarme et de mettre en place en urgence une politique de prise en charge de la TB-MR au Sรฉnรฉgal. Malheureusement pour diverses raisons le traitement de ces patients ne dรฉbutera quโen 2010.
PATHOGENIE DE LA TUBERCULOSE MULTI RESISTANTE
Aspects bactรฉriologiques
Mycobacterium tuberculosis est lโagent de la tuberculose humaine. Cโest une mycobactรฉrie qui appartient au rรจgne des Actinomycetates, sous ordre des Mycobacteriaceae et au genre Mycobacterium (M). Ce dernier renferme plus de cinquante espรจces dont certaines sont ร croissance lente. Le complexe Tuberculosis comprend essentiellement M. Tuberculosis, M. Africanum et M. Bovis.
M. tuberculosis est susceptible dโinfecter tous les tissus de lโorganisme, mais seule la contamination pulmonaire est significative au plan รฉpidรฉmiologique car contagieuse [26].
Microscopieย
Mycobacterium tuberculosis est un bacille aรฉrobie stricte, non mobile. Ce sont des bactรฉries en forme de fins bรขtonnets (2 ร 5 microns de long et 0,3 microns de large) sans capsule et sans spore. La paroi cellulaire de M. tuberculosis contient de fortes concentrations de lipides le rendant rรฉsistant aux techniques de colorations standards.
A lโexamen direct, il a la structure d’un Gram + et difficilement colorable par cette technique.
La coloration de Zhiel Nielsen est une technique particuliรจre utilisรฉe pour identifier les organismes acido-rรฉsistants, principalement des mycobactรฉries. Le frottis est colorรฉ ร la fuchsine phรฉniquรฉe puis dรฉcolorรฉ successivement par de lโacide sulfurique et de lโalcool. Il sera ensuite recolorรฉ avec du bleu de mรฉthylรจne. Le bacille est colorรฉ en rouge par la fuchsine et cette coloration rรฉsiste ร lโacide et ร lโalcool dโoรน le nom de Bacille Acido Alcoolo Rรฉsistant ou BAAR.
Avec la mรฉthode fluorescente, la fuchsine est remplacรฉe par lโauramine et au microscope ร fluorescence sous lumiรจre bleue ou rayonnement UV, les BAAR apparaissent comme des bรขtonnets jaunes-verts brillants sur fond sombre.
Au microscope รฉlectronique, la paroi est รฉpaisse, constituรฉe de 2 couches, lโune interne rigide qui dรฉtermine la forme de la bactรฉrie et lโautre externe et diffuse.
Cultureย
Le temps de division de Mycobacterium tuberculosis est de vingt heures en aรฉrobiose, ร 36ยฐC et exige des milieux spรฉciaux. Le milieu le plus utilisรฉ est le milieu ร l’ลuf de Loewenstein-Jensen. Les colonies apparaissent en quinze jours ou trois semaines et sont de caractรฉristiques rugueuses et verruqueuses, de couleur beige.
Biochimie
En pratique, l’identification de M. tuberculosis repose sur la mise en รฉvidence de caractรจres biochimiques et enzymatiques qui sont :
La production d’acide nicotinique ou niacine ;
La prรฉsence de nitrate rรฉductase, de catalase et d’urรฉase ;
La rรฉsistance ร l’hydrazide de l’acide thiophรจne 2 carboxylique ou TCH ; La sensibilitรฉ au pyrazinamide.
Constitution chimique et antigรฉniqueย
M. tuberculosis est trรจs riche en lipides. Ceux-ci reprรฉsentent 20 ร 45 % de l’ensemble de la bactรฉrie. Surtout concentrรฉs dans la paroi qu’ils rendent peu permรฉable aux substances hydrophiles, ce sont des acides gras complexes. Parmi ceux-ci, les acides mycoliques jouent un rรดle important dans l’acido-alcoolo-rรฉsistance et dans la structure trรจs particuliรจre de la paroi des mycobactรฉries, caractรฉrisรฉes par trois couches successives de constituants liรฉs par des lรฉsions covalentes : le peptidoglycane, l’arabinogalactane et les acides mycoliques.
Les constituants protรฉiniques sont les รฉlรฉments importants de l’activitรฉ de la tuberculine qui est un mรฉlange complexe. Les techniques de gรฉnie gรฉnรฉtique ont permis d’obtenir plusieurs protรฉines purifiรฉes ร partir de la paroi.
Les constituants de M. tuberculosis provoquent la formation de nombreux anticorps qui n’ont pas de rรดle protecteur et sont de mรฉdiocres outils diagnostiques de la tuberculose. Dans la tuberculose, l’immunitรฉ est ร mรฉdiation cellulaire et non humorale.
Gรฉnรฉtiqueย
Mycobacterium tuberculosis a un chromosome circulaire d’environ 4,2 millions nuclรฉotides de long. Son gรฉnome est caractรฉrisรฉ par une teneur รฉlevรฉe en Guanine et Cytosine (G+C) de 65,6%.
Le gรฉnome de M. tuberculosis est riche en sรฉquences rรฉpรฉtรฉes dโADN. La position et le nombre de ces sรฉquences sur le gรฉnome sont stables pour une souche donnรฉe, mais variables dโune souche ร lโautre. Il existe 14 gรจnes codant pour les protรฉines antigรฉniques de la famille ESAT6 (Early Secretory Antigenic Target 6). Cet antigรจne est fortement reconnu par les lymphocytes T humains et provoque une production dโinterfรฉron gamma en excรจs. Des รฉtudes rรฉcentes ont dรฉmontrรฉs que certains membres de la famille ESAT-6 seraient impliquรฉs dans le pouvoir pathogรจne de M. tuberculosis. Dรจs lors, cette famille de protรฉines est considรฉrรฉe comme trรจs intรฉressante dโun point de vue diagnostique, prรฉventif (antigรจne protecteur) et thรฉrapeutique (cible potentielle des mรฉdicaments).
Mode de transmission de la tuberculose
Les mycobactรฉries sont avant tout des organismes du sol et de lโenvironnement.
La transmission est interhumaine. Elle se fait par voie aรฉrienne par lโintermรฉdiaire de fines gouttelettes porteuses de bacilles รฉliminรฉes dans lโair en parlant, en toussant ou en รฉternuant (gouttelettes de Pflรผgge). Dans la pratique, cela signifie que seules les personnes atteintes de tuberculose des voies aรฉriennes (poumons, bronches, larynx) peuvent transmettre la maladie, pour autant que leurs expectorations contiennent une quantitรฉ suffisante de bactรฉries tuberculeuses et que les particules de sรฉcrรฉtions soient projetรฉes dans lโair ambiant sous forme dโaรฉrosol. Le plus souvent, il faut sรฉjourner plusieurs heures dans une piรจce insuffisamment aรฉrรฉe pour quโune transmission ait lieu.
On estime quโen moyenne un malade contagieux contamine 10 individus par an. La transmission directe ร partir de formes extra pulmonaires (lรฉsions cutanรฉes, fistules en cas de tuberculose pleurale ou osseuse) est en principe possible, mais constitue en rรฉalitรฉ une exception.
Ailleurs, la transmission par voie orale (aliments contaminรฉs) nโest pas rare dans les pays oรน la tuberculose chez les animaux est endรฉmique.
Histoire naturelle de la tuberculose
Mycobacterium tuberculosis se transmet quasi exclusivement par voie aรฉrienne, par inhalation de gouttelettes de Pflรผgge. Ces gouttelettes infectantes sont produites sous forme dโaรฉrosol par les patients contagieux (bacillifรจres) lors de la toux, la parole ou les รฉternuements.
Quatre-vingt-dix-neuf pour cent (99%) des particules mises en suspension sont inactivรฉes dรจs leur รฉmission et seule une fraction de 1 % reste en suspension dans lโair ambiant et survit pendant quelques heures.
Les particules de plus de 5 ฮผ sont arrรชtรฉes au niveau des voies aรฉriennes supรฉrieures, de la trachรฉe ou des bronches. Elles sont alors remontรฉes par lโescalator mucociliaire vers le pharynx oรน elles sont dรฉgluties puis inactivรฉes dans le tube digestif, ou dรฉclenche un rรฉflexe de toux et sont rejetรฉes avec lโexpectoration.
Cโest la dรฉposition alvรฉolaire de quelques bacilles (1 ร 3) et leur multiplication, qui va รชtre ร lโorigine de la primo-infection tuberculeuse (PIT).
Aprรจs une inhalation de bacille tuberculeux, les diffรฉrents facteurs qui conditionnent la survenue d’une infection sont liรฉs ร l’intensitรฉ, c’est-ร -dire la richesse bacillaire de l’aรฉrosol infectant, la durรฉe, la rรฉpรฉtition des expositions, et les moyens de dรฉfense de l’organisme, dont l’immunitรฉ cellulaire.
Durant la phase prรฉ-immune, les bacilles sont phagocytรฉs par les macrophages alvรฉolaires (MA) oรน ils se multiplient. Cette micro-colonie bactรฉrienne intracellulaire va aboutir ร la lyse des macrophages infectรฉs et ร la libรฉration de bacilles qui seront ร leur tour phagocytรฉs par dโautres macrophages et par des cellules de lโinflammation. Lโensemble forme le foyer primaire. Les bacilles sont ensuite drainรฉs par les MA vers le ganglion hilaire satellite du foyer primaire oรน ils continuent ร se multiplier. Lโensemble foyer primaire et ganglion hilaire satellite forme le complexe primaire de Parrot Kรผss.
A partir du foyer ganglionnaire pulmonaire, un certain nombre de bacilles peut dissรฉminer dans la circulation ร travers tout lโorganisme et donner des foyers secondaires notamment parotidien. Cette phase de bacillรฉmie est le plus souvent asymptomatique.
Cette dissรฉmination peut รฉgalement se faire par voix bronchogรจne. On assiste ร une liquรฉfaction du casรฉum et son รฉlimination dans les bronches entrainant la formation dโune ou plusieurs cavitรฉs (ou cavernes), une contamination pulmonaire de proche en proche (associรฉe รฉventuellement au dรฉveloppement dโune atteinte extra-pulmonaire) et une forte contagiositรฉ.
Au cours des 2 ร 10 semaines qui suivent cette infection initiale, se dรฉveloppe une rรฉponse immune ร mรฉdiation cellulaire accompagnรฉe dโune hypersensibilitรฉ aux dรฉrivรฉs du BK (se traduisant par la positivation des tests cutanรฉs tuberculiniques). Au niveau du foyer primaire et des รฉventuels foyers secondaires, la rรฉponse immune se traduit par lโaccumulation de cellules monocytaires dโallure รฉpithรฉlioรฏde entourรฉes dโune couronne de lymphocytes. Au centre de ces lรฉsions peut apparaรฎtre une nรฉcrose ร contenu lipidique dite nรฉcrose casรฉeuse. Ces lรฉsions histologiques, appelรฉes granulomes ou follicules รฉpithรฉlio-giganto cellulaires avec nรฉcrose casรฉeuse sont quasi pathognomoniques de lรฉsions tuberculeuses.
Cette rรฉponse immune suffit en gรฉnรฉral ร limiter la multiplication ultรฉrieure du BK et lโhรดte infectรฉ reste asymptomatique.
Aprรจs quelques mois (3 mois), si la rรฉplication bacillaire est inhibรฉe, les lรฉsions peuvent se calcifier. Elles contiennent alors un faible nombre (< 105) de bacilles dits ยซย quiescentsย ยป en position intracellulaire et/ou au sein du casรฉum solide.
A nโimporte quel moment, dans un dรฉlai plus ou moins long, les bacilles ยซย quiescentsย ยป peuvent, ร la faveur dโune immunodรฉpression (de causes multiples) se rรฉactiver, se multiplier et รชtre alors responsable dโune ยซย tuberculose maladieย ยป qui sโexprime cliniquement et/ou radiologiquement.
On estime quโenviron 5 % des patients dรฉveloppent une ยซย tuberculose maladieย ยป dans lโannรฉe qui suit leur PIT et quโenviron 5 % des patients dรฉveloppent une ยซย tuberculose maladieย ยป au-delร de ce dรฉlai.
Lโimmunitรฉ confรฉrรฉe par une PIT ou une ยซย tuberculose maladieย ยป est en gรฉnรฉral suffisante pour protรฉger lโindividu dโune infection par une nouvelle souche de bacilles ยซย exogรจnesย ยป. Ainsi, la grande majoritรฉ des ยซย tuberculoses maladiesย ยป procรจdent du rรฉveil dโune population de bacilles quiescents ร partir dโun foyer prรฉexistant.
๏ถ Stades de lโinfection
๏ La Primo Infection Tuberculeuse (PIT)
Cโest le premier contact infectant de lโhomme avec le bacille tuberculeux. Elle est frรฉquente. Durant cette phase, le bacille est quiescent et les lymphocytes de lโorganisme sont capables de le reconnaitre. Il se dรฉveloppe une allergie ร leur รฉgard et une immunitรฉ ร mรฉdiation cellulaire. Il nโy a ni symptรดme ni contagiositรฉ. Les tests tuberculiniques lorsquโils sont effectuรฉs sont positifs.
๏ La tuberculose maladie
Elle est la consรฉquence dโune nouvelle contamination ou dโune rรฉinfection ร partir des bacilles de primo-infection redevenus virulents ร la faveur dโun flรฉchissement des dรฉfenses de lโorganisme. La sรฉquence des lรฉsions est la mรชme que lors de la primo-infection, mais celles-ci sont extensives. Dans le poumon, lโรฉvolution macroscopique aboutit ร la formation de nodules et dโinfiltrats. Dans les formes les plus รฉvolutives, la liquรฉfaction du casรฉum et son รฉlimination dans les bronches entraine la formation dโune ou plusieurs cavitรฉs (ou cavernes), une contamination pulmonaire de proche en proche avec dรฉveloppement รฉventuel dโune atteinte extra-pulmonaire et une forte contagiositรฉ.
๏ La tuberculose multi rรฉsistante
Lโapparition dโune tuberculose pharmaco rรฉsistante est provoquรฉe sur le plan microbiologique par une mutation gรฉnรฉtique qui rend un mรฉdicament inefficace contre les bacilles mutants. La multi rรฉsistance apparait lorsquโune mycobactรฉrie dรฉveloppe successivement deux mutations qui la rendent rรฉsistante successivement ร lโisoniazide et ร la rifampicine. Le phรฉnomรจne peut se produire lorsquโun germe rรฉsistant, issu dโune mutation spontanรฉe ou induite par un traitement anti tuberculeux insuffisant, est sรฉlectionnรฉ pour lโรฉlimination des germes sensibles dans une population de mycobactรฉries. Le phรฉnomรจne peut se poursuivre par lโapparition successive de rรฉsistances contre dโautres antituberculeux. Il en rรฉsulte que la multi rรฉsistance peut se dรฉvelopper mรชme chez un malade ayant bรฉnรฉficiรฉ dโun traitement anti tuberculeux standard si le risque de rรฉsistance primaire envers lโun des mรฉdicaments de base est รฉlevรฉ. La multi rรฉsistance nโest pas due au hasard mais rรฉsulte presque toujours dโune erreur ร la gestion du traitement anti tuberculeux de la part des programmes nationaux : recommandations inappropriรฉes, mรฉdicaments inefficaces, fourniture irrรฉguliรจre de mรฉdicaments et une mรฉdiocre adhรฉsion thรฉrapeutique du patient [35].
Lโamplification des mutations gรฉnรฉtiques par suite dโerreurs humaines entraรฎne une tuberculose cliniquement rรฉsistante aux mรฉdicaments. Ces erreurs incluent la ยซ monothรฉrapie ยป.
La transmission subsรฉquente de souches rรฉsistantes de M. tuberculosis depuis le cas ยซindexยป vers dโautres personnes aggrave le problรจme.
Cette matiรจre est simplifiรฉe davantage actuellement en classant la rรฉsistance aux mรฉdicaments en rรฉsistance dans les nouveaux cas et dans les cas de TB traitรฉs antรฉrieurement. Cette derniรจre se rรฉfรจre ร des cas dont le traitement a durรฉ pendant au moins 1 mois [36].
MANIFESTATIONS DE LA TUBERCULOSE MULTIRESITANTE
Diagnostic positif
Interrogatoire
Il sโagit dโun interrogatoire minutieux qui prรฉcisera :
Lโexistence dโรฉpisodes antรฉrieurs de tuberculose notamment une rechute, un รฉchec thรฉrapeutique, une reprise รฉvolutive aprรจs traitement ;
– Un traitement antituberculeux antรฉrieur mal conduit, sa durรฉe et le protocole ; Une Vaccination antรฉrieure au BCG ;
Le milieu socio professionnel et familial en recherchant lโexistence dโun contage tuberculeux dans lโentourage familial ou professionnel ;
Les habitudes de vie notamment un tabagisme, une toxicomanie ; Un comportement sexuel ร risque ;
Les conditions socioรฉconomiques, une notion de prรฉcaritรฉ, de promiscuitรฉ.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTรRATURE
I. DEFINITIONS
II. HISTORIQUE DE LA TUBERCULOSE MULTI RESISTANTE
III. EPIDEMIOLOGIE DE LA TUBERCULOSE MULTI RESISTANTE
1. Situation dans le monde
2. Situation en Afrique
3. Situation au Sรฉnรฉgal
IV. PATHOGENIE DE LA TUBERCULOSE MULTI RESISTANTE
1. Aspects bactรฉriologiques
1.1. Microscopie
1.2. Culture
1.3. Biochimie
1.4. Constitution chimique et antigรฉnique
1.5. Gรฉnรฉtique
2. Mode de transmission de la tuberculose
3. Histoire naturelle de la tuberculose
V. MANIFESTATIONS DE LA TUBERCULOSE MULTIRESITANTE
1. Diagnostic positif
1.1. Interrogatoire
1.2. Clinique
1.3. Paraclinique
I.3.1. Bacilloscopie
I.3.2. Culture
I.3.3. Tests de sensibilitรฉ
I.3.3.1. Mรฉthodes conventionnelles
I.3.3.2. Mรฉthodes nouvelles
2. Diagnostic รฉtiologique
2.1. Germe
2.2. Porte dโentrรฉe
2.3. Facteurs de survenue de la tuberculose multi rรฉsistante
VI. TRAITEMENT DE LA TUBERCULOSE MULTI RESISTANTE
1. Traitement curatif
1.1. But du traitement
1.2. Moyens
1.2.1. Mรฉdicaments anti bacillaires
1.2.1.1. Principes gรฉnรฉraux du traitement
1.2.1.2. Bilan prรฉ-thรฉrapeutique
1.2.1.3. Schรฉmas thรฉrapeutiques
1.2.1.3.1. Schรฉma long
1.2.1.3.1.1. Phase intensive
1.2.1.3.1.2. Phase de consolidation
1.2.1.3.2. Schรฉma court
1.2.2. Moyens adjuvants
1.3. Indications
1.4. Suivi du traitement
1.4.1. Suivi clinique
1.4.2. Suivi bactรฉriologique
1.4.3. Autres examens de suivi
1.5. Gestion des effets indรฉsirables
1.6. Issu du traitement
2. Prรฉvention
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. PATIENTS ET METHODE
1. Type et durรฉe dโรฉtude
2. Cadre dโรฉtude
3. Itinรฉraire diagnostique et thรฉrapeutique
4. Population dโรฉtude
4.1. Critรจres dโinclusion
4.2. Critรจres de non inclusion
5. Dรฉroulement de lโรฉtude
6. Recueil des donnรฉes
7. Paramรจtres รฉtudiรฉs
8. Saisie et analyse des donnรฉes
9. Difficultรฉs rencontrรฉes
II. RESULTATS
1. Donnรฉes sociodรฉmographiques
1.1. Prรฉvalence de la tuberculose multi rรฉsistante
1.2. Rรฉpartition des patients selon lโรขge
1.3. Rรฉpartition des patients selon le sexe
1.4. Rรฉpartition des patients selon le lieu de rรฉsidence
1.4.1. Rรฉpartition des patients selon leurs pays et rรฉgions de rรฉsidence
1.4.2. Rรฉpartition des patients dans la rรฉgion de Dakar
2. Donnรฉes cliniques
2.1. Rรฉpartition des patients selon les antรฉcรฉdents
2.1.1. Types de patients Types de patients
2.1.2. Rรฉpartition des cas de retraitement
2.2. Rรฉpartition des patients selon le terrain
2.2.1. Sรฉrologie rรฉtrovirale au VIH
2.2.2. Grossesse
2.2.3. Autres terrains
3.1. Rรฉpartition des patients selon la bacilloscopie
3.2. Rรฉpartition des patients selon lโexamen de culture
3.3. Rรฉpartition selon le type de rรฉsistance
4. Modalitรฉs de prise en charge des patients
4.1. Donnรฉes รฉpidรฉmio-cliniques
4.1.1. Rรฉpartition selon les annรฉes des patients traitรฉs
4.1.2. Rรฉpartition selon lโรขge des patients traitรฉs
4.1.3. Rรฉpartition selon le sexe des patients traitรฉs
4.1.4. Rรฉpartition selon les structures de prise en charge des patients traitรฉs
4.1.5. Rรฉpartition des patients dรฉpistรฉs non traitรฉs
4.1.5.1. Rรฉpartition par annรฉe
4.1.5.2. Rรฉpartition selon la cause
4.1.5.3. traitement
4.2. Schรฉma thรฉrapeutique et molรฉcules
4.3. Observance thรฉrapeutique
4.4. Durรฉe du traitement
4.5. Suivi des patients mis sous traitement
4.5.1. Suivi bactรฉriologique
4.5.1.1. Donnรฉes de la bacilloscopie
4.5.1.2. Donnรฉes de la culture
4.5.2. Effets secondaires et complications du traitement
5. Modalitรฉs รฉvolutives du traitement
5.1. Evolution clinique
5.2. Evolution micro biologique
5.2.1. Evolution de la bacilloscopie
5.2.2. Evolution de la culture
1. Donnรฉes socio dรฉmographiques
1.1. Prรฉvalence de la TBMR
1.2. Rรฉpartition selon lโรขge
1.3. Rรฉpartition selon le sexe
1.4. Lieu de rรฉsidence des patients
2. Antรฉcรฉdents et terrain de survenue de la tuberculose multi rรฉsistante
2.1. Les types de patients
2.2. Le terrain : VIH, grossesse
2.2.1. Sรฉrologie rรฉtrovirale au VIH
2.2.2. Grossesse
3. Donnรฉes micro biologiques
4. Le type de rรฉsistance
5. Modalitรฉs de prise en charge des patients
5.1. Frรฉquence des patients pris en charge
5.2. Structures de prise en charge
5.3. Schรฉmas thรฉrapeutiques et molรฉcules
5.4. Observance et durรฉe du traitement
6. Suivi du traitement
6.1. Suivi bactรฉriologique
6.1.1. Rรฉsultats de la bacilloscopie
6.1.2. Rรฉsultats de la culture
6.2. Effets secondaires et complications du traitement
7. Modalitรฉs รฉvolutives du traitement
7.1. Evolution clinique
7.2. Evolution micro biologique
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES
Tรฉlรฉcharger le rapport complet