Le projet minier Ambatovy constitue l’un des plus grands projets miniers actuels au monde, il représente le plus grand projet minier du bassin africain. Or celui-ci va impacter la réserve naturelle expérimentale de Vohimana par le biais de son pipeline qui va traverser cette zone.
Réflexion générale sur le projet Ambatovy et son intégration au secteur miner de Madagascar
Eléments de réflexion concernant le secteur minier et son évolution à Madagascar
Avant la période coloniale, les ressources minières étaient peu exploitées à Madagascar ; d’ailleurs sous Ranavalona II, la législation interdisait l’exploitation minière. Après l’annexion, commence l’inventaire des ressources de l’île. Au début de l’ère coloniale, Madagascar produisait surtout de l’or puis des pierres précieuses. Vers 1920, toutes les ressources étaient pratiquement inventoriées mais d’une manière superficielle. L’exploitation des produits du sous-sol autres que l’or et les pierres précieuses est envisagée : le charbon, les minéraux radioactifs et les hydrocarbures ont fait l’objet de nombreuses études en vue de pourvoir aux besoins de la métropole mais aussi au développement de la colonie. Toutefois pour diverses raisons, ces études n’ont abouti à aucune exploitation sérieuse, sauf pour la production de mica et de graphite. En 1906 est promulgué le premier décret minier qui fut d’ailleurs aussitôt contesté puis révisé.
Madagascar dispose de ressources naturelles relativement importantes tant au niveau agricole (Premier producteur de vanille et productions de noix de coco, cacao, café et litchis conséquentes) que minier (importants gisements de métaux et minéraux). Pour autant, ce pays est l’un des plus pauvres du monde : avec un PIB/habitant de 290 US$ par an, 69% de la population malgache (soit environ 12,5 millions sur un total de 17,5 millions) vit au-dessous du seuil de pauvreté. Par ailleurs, la population malgache est essentiellement rurale (70% de la population) et la capitale, Antananarivo, regroupe 1,1 millions d’habitants. D’après le FMI, en 2005, Madagascar est classé au 171ème rang sur 179 pays selon le PIB par tête. Madagascar fait partie des 38 pays pauvres très endettés. Vu cette situation angoissante, Madagascar à décidé de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015. Pour cela, Madagascar s’est engagée à effectuer une économie à forte croissance avec un taux allant de 7 à 10% d’ici 2012.
Ainsi, depuis plusieurs années, le Ministère de l’Énergie et des Mines de Madagascar s’est engagé dans une réforme institutionnelle d’envergure du secteur des ressources minérales avec l’aide de bailleurs de fonds internationaux (Banque Mondiale) et bilatéraux (Coopération française). Le secteur minier joue un rôle important dans la croissance économique du pays. Aussi, si le secteur avait l’habitude de rapporter près de 4% du PIB, le gouvernement s’est engagé à augmenter ce chiffre jusqu’à 30% d’ici 2011 (MAP, engagement n°6, défi n°7). L’objectif étant de permettre un développement durable de ce secteur en rapport avec le fort potentiel minier du pays et en harmonie avec le développement des autres secteurs de l’économie nationale dans le cadre global de la lutte contre la pauvreté et du respect de l’environnement.
La promotion de l’exploitation minière à grande échelle, de l’activité du secteur privé et des investissements étrangers directs figure parmi les premières priorités de développement de Madagascar. Le Plan d’action Madagascar 2007-2012 (MAP) est un ambitieux programme quinquennal qui a pour but de faire décoller la croissance économique, de réaliser les Objectifs de développement des Nations Unies pour le millénaire et de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015.
Un des objectifs du MAP est d’élargir la base d’exportation de Madagascar, qui, à l’heure actuelle, repose presqu’exclusivement sur le textile et l’agroalimentaire. Un élément central de ce programme est le développement de l’exploitation des ressources minérales du pays. Celles-ci sont restées en grande partie inexploitées pendant des décennies, mais la politique économique actuellement stable et propice aux affaires, associée à une législation minière favorable, élaborée avec l’aide de la Banque mondiale, ouvre aujourd’hui la voie au décollage de ce secteur clé.
Présentation du projet Ambatovy et son intégration au contexte national
Ce projet qui a nécessité dix années de préparation se compose de trois grands volets : l’aménagement et la mise en valeur d’une mine de nickel et de cobalt à ciel ouvert, à environ 80 kms à l’est de la capitale, Antananarivo ; la construction et l’exploitation d’une grande usine de traitement hydrométallurgique du minerai, à 11 km de Toamasina, le plus grand port de Madagascar ; la construction et l’exploitation d’un pipeline à boues de 220 km entre la mine et l’usine de traitement. L’usine de traitement, qui est de loin la plus grande composante du projet, permettra de créer une importante valeur ajoutée dans le pays, par comparaison avec l’exportation du minerai brut. Le projet Ambatovy produira environ 60 000 tonnes de nickel et 5 600 tonnes de cobalt par an, ce qui en fait l’un des plus grands projets d’extraction et de transformation du nickel. De plus, ses caractéristiques géologiques favorables sont telles que ses coûts de production figurent parmi les plus bas au monde.
Outre la Banque africaine de développement (BAfD), les autres bailleurs de fonds sont la Japanese Bank for International Cooperation (JBIC), The Export-Import Bank of Korea (Eximbank), la banque Export Development Canada (EDC), ainsi que plusieurs banques commerciales européennes. Ce projet présente un intérêt pour l’UE du fait de la demande de nickel et de cobalt existant dans les États membres.
Présentation d’une zone traversée par le pipeline minier : Vohimana
Vohimana, une réserve naturelle expérimentale
Vohimana, littéralement « la colline de la nostalgie », perchée à des altitudes variant entre 700 et 1014 m, abrite une forêt de moyenne altitude présentant un intérêt non négligeable en termes de biodiversité, Ainsi, les villageois l’utilisent comme source de nourriture, d’eau, de matériels de construction et l’utilisent également pour l’élevage. La flore et la faune évoluent dans 1600 hectares menacés par la culture sur brûlis, méthode d’agriculture traditionnelle appelée « tavy », par les collectes de bois et la surexploitation des ressources naturelles marchandes. La culture sur brûlis est en effet une pratique ancestrale pratiquée en particulier chez les Betsimisaraka qui peuplent cette région. Or, l’accroissement de la population les à contraint à une déforestation plus intense de jour en jour, entraînant un déséquilibre écologique dans la zone, et conduisant les populations locales à devoir chercher des alternatives.
La zone de Vohimana est localisée entre Andasibe et Beforona, dans la sous préfecture de Moramanga, à l’est d’Antananarivo, en direction de Tamatave.
Présentation de l’ONG et de ses missions sur la zone
La situation des populations de Vohimana figurait parmi les plus défavorisées et le couvert forestier diminuait considérablement laissant présager sa disparition rapide et de fait un appauvrissement encore plus dramatique qui s’en suivrait. L’ONG s’est ainsi fixé la mission de trouver des moyens supplémentaires à ceux de l’état et des populations locales pour enrayer la situation de dégradation des conditions environnementales et de vie des populations. C’est donc dans ce contexte qu’en 2002, les autorités de la province autonome de Tamatave ont signé un contrat de gestion pour que l’ONG l’Homme et l’Environnement puisse mettre en œuvre un programme de soutien aux objectifs du gouvernement consistant à œuvrer dans le sens d’un développement durable des populations locales. L’objectif étant que ce développement soit compatible avec la préservation du couvert forestier ainsi que de la biodiversité malgache dans un cadre de plan de gestion à suivre par le Ministère de l’Environnement ainsi que le Ministère des Eaux et Forêts.
Le fondement statutaire de l’Homme et l’Environnement depuis 1993 est en effet d’œuvrer pour la réconciliation de l’Homme avec son environnement. L’ONG s’est de ce fait engagée à contribuer aux objectifs du millénaire consistant à réduire la pauvreté de moitié d’ici 2015. Ceci, à travers la valorisation des ressources naturelles dans le but d’en faire bénéficier les communautés locales en soutenant par ce biais les objectifs des autorités, tels que :
– L’apport de l’éducation primaire pour tous
– L’autonomisation des femmes
– La réduction de la mortalité infantile
– L’amélioration de la santé maternelle .
Le tout en assurant un environnement stable et en préservant la biodiversité endémique. En 2002 lors de la prise en main de la zone par l’ONG, les systèmes agricoles et de développement traditionnels laissaient les gens dans des conditions de vie extrêmement rudes avec un accès aux services de santé et d’éducation quasi inexistant. En ce qui concerne la culture sur brulis, malgré le fait de son lourd poids culturel, sa pratique devenait alarmante, en effet, les images du couvert forestier disponibles montrent que la croissance des populations sur la zone constituait désormais une entrave à sa pratique. Le couvert forestier restant était en effet condamné si aucune mesure alternative n’était envisagée, sa disparition totale était prévue pour 2015. Face à ce constat, les populations locales n’auraient pas eu d’autres solutions que de migrer pour survivre. Des solutions alternatives à la pratique du tavy ont du être étudiées afin d’inverser la tendance allant vers la dégradation du patrimoine naturel. Des alternatives économiques, entre autres agricoles ont donc été mises en place sur la zone ainsi qu’un plan d’aménagement.
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Table des matières
Introduction
Partie I/ Bases d’une réflexion globale concernant le projet Ambatovy et présentation de la zone de Vohimana concernée par ce projet
A/ Réflexion générale sur le projet Ambatovy et son intégration au secteur minier de Madagascar
1/ Eléments de réflexion concernant le secteur minier et son évolution à Madagascar
2/ Présentation du projet Ambatovy et son intégration au contexte national
B/ Présentation d’une zone traversée par le pipeline minier : Vohimana
1/ Vohimana, une réserve naturelle expérimentale
2/ Présentation de l’ONG et de ses missions sur la zone
3/ Le passage du pipeline sur la zone
Partie II/ Le passage du pipeline sur Vohimana : étude d’impacts
A/ L’étude d’impacts : un processus qui permet de s’assurer de la compatibilité des projets avec l’objectif de préservation
B/ Etat initial du site du milieu récepteur
C/ L’EIE du pipeline sur la zone de Vohimana
Partie III/ Mesures d’atténuation et de compensation envisagées
A/ Notions de base sur les mesures d’atténuation et compensation
B/ Planification de l’implantation du Vétiver dans un but de revégétalisation de la zone défrichée
1/ Le choix du Vétiver dans la lutte contre l’érosion, une plante stratégique
• Propice à la stabilisation des sols
• Génératrice de revenus
2/ Données techniques concernant la plantation du Vétiver
• Calcul de la zone de défrichement et de la zone à revégétaliser
• Calcul de la zone à revégétaliser au Vétiver
3/ Calculs de revégétalisation
4/ Vérification de l’impact de la route Ambavaniasy-Sandrasoa
• Une route crée pour le passage du pipeline
• Revégétalisation au Vétiver à finaliser
C/ L’aménagement de terrasses agricoles : la création de zones cultivables permettant la mise en place d’une alternative au tavy
1/ Intérêt des terrasses agricoles et limites agricoles à Madagascar et sur la zone de Vohimana
2/ Mise en place de terrasses sur Vohimana sur les sites
D/ Un programme de reboisement dans le but d’une reconstitution du corridor forestier
1/ Vohimana, le corridor au sud de Mantadia
2/ Situation forestière actuelle : Un corridor coupé
3/ Le plan de reboisement naturel en cours en vue de la reconstitution du corridor
Conclusion
Bibliographie