PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DENTITION
PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
Le cobaye est un herbivore strict, cæcotrophe, avec une fermentation cæcale. Son cæcum occupe donc un volume relativement important dans la cavité abdominale. Il a une vésicule biliaire. L’estomac est simple, complètement glandulaire contrairement aux myomorphes. Par contre, comme le rat et la souris, les sphincters cardiaque et pylorique sont très développés, rendant impossibles les vomissements. L’alimentation doit être constituée de fibres à 80 % ; les granulés adaptés à l’espèce doivent comprendre plus de 15 % de cellulose brute et être distribués en petites quantités. Mais la particularité la plus remarquable du cobaye est son incapacité à synthétiser la vitamine C. Il y a une réelle nécessité de complémentation adaptée. En effet, les besoins d’entretien sont de 25 à 30 mg/kg/j et doublent lors de croissance ou de gestation. Il faut privilégier une administration directe per os de vitamine C en suspension orale. L’acide ascorbique contenu dans les granulés a en effet, tendance à s’oxyder rapidement et donc à entraîner une carence à l’exception de certaines marques de granulés comme Supreme petfood®, Oxbow®, Beaphar®, Versele Laga® qui renferment de la vitamine C stabilisée. On peut enrichir cette alimentation par de la verdure fraîche et variée comme du persil, de la coriandre etc. Concernant le métabolisme du calcium, on préfère limiter les apports en choisissant un foin et des granulés pauvres en calcium.
Prise en charge
Concernant le traitement, il commence par le maintien des fonctions vitales, avec une hydratation, une alimentation et le maintien d’une température corporelle optimale. Il faut ensuite une antibiothérapie adaptée, avec des antibiotiques à large spectre comme l’enrofloxacine (5 à 20 mg/kg PO, SC, IM, IV q12h-24h), la marbofloxacine (5 mg/kg PO q24h), le triméthoprime-sulfamide (30 mg/kg PO q12h). S’il s’agit d’une infection à germes anaérobies l’utilisation de chloramphénicol (50 mg/kg PO q8h) ou d’azithromycine (30 mg/kg PO q24h) est indiquée. Il est important de gérer la douleur, grâce à des anti-inflammatoires et des dérivés morphiniques. En cas de convulsions, et de tournis intense, l’utilisation de midazolam (0,5 – 2 mg/kg IM) et de diazepam (1 – 2 mg/kg IM) est indiquée. Enfin, il faut envisager une prise en charge chirurgicale que ce soit pour des soins dentaires, parage et extraction et si les otites deviennent chroniques et récidivent, l’ablation du conduit auriculaire voire de la bulle tympanique doit être proposée. (Coquelle, 2013). Le traitement contre E. cuniculi le plus souvent employé est le fenbendazole (20 mg/kg q24h pendant 5 à 28 jours). Sont aussi disponibles, l’oxibendazole (30 mg/kg PO q24h pendant 7 à 14 jours puis 15 mg/kg PO q24h pendant 30 à 60 jours) et l’albendazole (20 – 30 mg/kg PO q24h pendant 30 jours puis 15 mg/kg PO q24h pendant 30 jours). L’utilisation de corticostéroïdes en topique ou par voie générale est controversée, étant donné la sensibilité du lapin aux effets immunosuppresseurs. Chez le rat, la cabergoline (5 μg/kg PO q24h pendant 4 à 6 jours) fait partie du traitement contre l’adénome pituitaire, associé à des corticoïdes, comme la dexaméthasone. Le pronostic est réservé. Les séquelles neurologiques sont imprévisibles et dépendent de la cause initiale. Suite à un épisode aigu, il est possible que l’animal conserve une inclinaison de la tête à laquelle il s’adapte assez facilement, ne diminuant pas sa qualité de vie.
Prise en charge d’un abcès dentaire L’antibiothérapie à mettre en place est longue s’étalant sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Elle dépend du type de bactérie isolée et mise en culture ; la plupart du temps, ce sont des bactéries anaérobies. L’azithromycine (30 mg/kg PO q24h) peut être combinée avec le métronidazole (20 – 30 mg/kg PO q12h). L’utilisation de pénicilline (42 00 – 60 000 UI/kg SC) est indiquée mais il faut prêter une attention particulière au site d’injection afin que l’animal ne risque pas une ingestion malencontreuse du produit lors de « grooming » pouvant entraîner une grave dysbiose digestive. S’il s’agit de bactéries aérobies, il est possible de prescrire des antibiotiques à large spectre comme l’enrofloxacine, la marbofloxacine et l’association triméthoprime-sulfamide. La gestion de la douleur est un volet de la prise en charge qu’il ne faut pas négliger. La buprénorphine (0,01 – 0,05 mg/kg IM q 8h), le butorphanol (0,1 – 0,5 mg/kg SC IM IV q 4 – 6h) et la morphine (2 – 5 mg/kg SC IM q2 – 4h) sont les molécules à disposition pour traiter la douleur aiguë. Pour le long terme, l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que le méloxicam et le carprofène est recommandée. Il faut ensuite traiter le trouble dentaire en lui-même, à savoir, limer les pointes et les ponts dentaires qui blessent la langue et les joues, puis extraire la dent. Il est primordial de protéger les tissus mous, les gencives, la langue et les joues et donc pour cela d’utiliser un matériel de dentisterie adaptée aux petits mammifères de compagnie.
De par la nature de la racine dentaire qui est profonde et incurvée, en particulier chez le lapin, la procédure d’extraction est beaucoup plus longue et pénible que chez les carnivores domestiques. Il faut prêter attention à bien retirer le bourgeon germinal, un retrait partiel pouvant permettre la formation d’un abcès ou la repousse de la dent. La figure 40-A montre la mise en place du champ opératoire sur un abcès mandibulaire chez un lapin avec un abord latéral et non intra-oral. Il faut ensuite débrider l’abcès (figure 40-B), retirer le pus relativement solide chez le lapin, parer les tissus nécrosés jusqu’à arriver à des marges saines. On procède ensuite à une marsupialisation : les bords de la plaie sont suturés à l’incision cutanée afin d’ouvrir le site de l’abcès au maximum (figure 41). Des soins locaux doivent ensuite être réalisés pendant plusieurs semaines jusqu’à la cicatrisation complète.
CONCLUSION
Le vétérinaire, dans sa pratique quotidienne de la médecine vétérinaire, est amené à recevoir en consultation de plus en plus de NAC. Avec des connaissances de base sur les particularités anatomiques et physiologiques, la prise en charge de ces petits mammifères ne nécessite pas beaucoup de matériel et peut facilement être efficace car adéquate. Les urgences chez les NAC ont, en général, un pronostic sombre et doivent rapidement être prises en charge. Tout trouble digestif tel que la diarrhée ou l’anorexie, peut avoir des conséquences graves sur l’état général, il est important de prêter attention à ces signes d’appel afin d’éviter une dégradation de l’animal. Ainsi, l’analyse statistique des 884 consultations effectuées sur des petits mammifères de compagnie en 2011 par la société VETOADOM® a permis de dégager un certain nombre d’informations. Tout d’abord, les urgences pour les petits mammifères de compagnie ont représenté 3,8 % des visites à domicile sur l’année 2011. La répartition sur l’année s’est échelonnée entre 3,1 % et 5,1 % par mois, avec un pic en été. Ensuite, les premiers animaux rencontrés ont été les lapins ; ils constituent 51,4 % des consultations, viennent ensuite les cobayes (20,1 %), les rats (10,7 %), les furets (8,7 %), les hamsters (4,9 %), les chinchillas (2,2 %) puis de façon anecdotique, les gerbilles, les octodons et les souris (moins de 1 %).
Parmi les grands groupes de consultations, on a retrouvé en premier les troubles digestifs (26,6 %), les troubles cardio-respiratoires (16,1 %), les troubles neurologiques (15,6 %). Le quatrième grand groupe, relativement surprenant avec 14,3 % des consultations, a concerné les accidents domestiques tels que les brûlures, les traumatismes suite à des chutes, les intoxications, les coups de chaleur, les morsures et griffures par des congénères, des chiens ou des chats. Cette catégorie d’intervention est essentiellement due à l’inattention, la maladresse ou l’ignorance des propriétaires, et serait en grande partie diminuée si les propriétaires étaient plus attentifs, mieux renseignés pour la compagnie de ce type d’animal. L’examen des motifs d’annulation d’intervention a mis en valeur quatre sortes d’annulation : le décès, l’hospitalisation, l’amélioration et en dernier les raisons financières. Ainsi, il a été montré que la mortalité chez les petits mammifères de compagnie est particulièrement importante puisqu’elle représente 37,5 % des motifs d’annulation auxquels il faut ajouter les décès qui surviennent peu avant ou lors de l’arrivée du vétérinaire (soit 5,7 % des consultations). De plus, près d’un quart des consultations à domicile se concluent par une euthanasie. Le comportement intrinsèque des petits mammifères de compagnie entraine une dissimulation des symptômes, les propriétaires ne sont pas forcément très attentifs, les animaux atteignant donc un état critique. L’investissement émotionnel et financier ne peut pas toujours suivre, expliquant ainsi ce taux important. Enfin, la formation des vétérinaires intervenants est essentielle. Cette étude a mis en exergue un certain nombre de défauts, en particulier à propos de l’utilisation inadaptée de corticoïdes et d’antibiotiques, ainsi qu’une faible mise en place de la fluidothérapie.
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Table des matières
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION
I- PARTICULARITÉS ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
LE FURET
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DENTITION
2) APPAREIL CARDIO – RESPIRATOIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) REPRODUCTION ET COMPORTEMENT
7) CONTENTION
LE LAPIN
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DE LA DENTITION
2) APPAREIL CARDIO-RESPIRATOIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) COMPORTEMENT ET REPRODUCTION
7) CONTENTION
LE CHINCHILLA
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DENTITION
2) APPAREIL CARDIO-RESPIRATOIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) REPRODUCTION ET COMPORTEMENT
7) CONTENTION
LE COBAYE
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DENTITION
2) APPAREIL CARDIO – RESPIRATOIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) REPRODUCTION ET COMPORTEMENT
7) CONTENTION
L’OCTODON
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DENTITION
2) APPAREIL CARDIO – RESPIRATOIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) REPRODUCTION ET COMPORTEMENT
7) CONTENTION
LA GERBILLE
1) PARTICULARITES DU SQUELETTE ET DENTITION
2) APPAREIL CARDIO – RESPIRATOIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) REPRODUCTION ET COMPORTEMENT
7) CONTENTION
8) CHROMODACRYORRHÉE
LE HAMSTER
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DENTITION
2) APPAREIL CARDIO-VASCULAIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES BIOCHIMIQUES ET HÉMATOLOGIQUES
4) APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) COMPORTEMENT ET REPRODUCTION
7) CONTENTION
LE RAT
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DE LA DENTITION
2) APPAREIL CARDIO-RESPIRATOIRE
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) COMPORTEMENT ET REPRODUCTION
7) CHROMODACRYORRHÉE
8) CONTENTION
LA SOURIS
1) PARTICULARITÉS DU SQUELETTE ET DENTITION
2) APPAREIL CARDIO – RESPIRATOIRE ET CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES
3) CONSTANTES HÉMATOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES
4) PARTICULARITÉS DE L’APPAREIL DIGESTIF ET ALIMENTATION
5) APPAREIL URINAIRE
6) REPRODUCTION ET COMPORTEMENT
7) CONTENTION
II- LES PRINCIPAUX MOTIFS D’URGENCE
A- TRI DES URGENCES
1) RESPIRATION
a) Les affections respiratoires hautes
b) Les affections respiratoires basses
2) POSTURE
a) Décubitus latéral
b) Convulsions
c) Paralysie et parésie postérieure
d) Syndrome vestibulaire
e) Boiterie
3) VIGILANCE
B- TROUBLES GÉNÉRAUX
1) ANOREXIE
a) Malocclusion dentaire
b) Prise en charge d’un abcès dentaire
c) La stase digestive
2) ANURIE
a) Dysurie et pollakiurie chez le furet
b) Urolithiases chez le cobaye
c) Sablose vésicale chez le lapin
3) DIARRHÉES
a) Chez le furet
b) Chez le lapin, le cobaye et le chinchilla
C- AUTRES URGENCES
1) OPHTALMOLOGIE
a) Conjonctivite
b) La tarsoraphie
c) Chromodacryorrhée
2) REPRODUCTION
a) La dystocie chez le cobaye
b) Les pertes vulvaires
c) Le paraphimosis chez le chinchilla
d) La toxémie de gestation
e) Le prolapsus utérin ou vaginal chez la souris
3) ACCIDENTS DOMESTIQUES
a) Coup de chaleur
b) « tail slip » et « fur slip »
c) Intoxications
d) Électrocutions et brûlures
D- RÉALISATION DE PRÉLÈVEMENTS ET POSE DE CATHÉTER
1) PRÉLÈVEMENTS DE SANG
a) Les conditions de prélèvement
b) La quantité de sang à prélever
c) Les sites de ponction
2) PRÉLÈVEMENTS D’URINE
a) Sondage vésical
b) Autres techniques
3) POSE DE CATHÉTER
a) Pose de cathéter intra-osseux
b) Pose de cathéter à la veine marginale de l’oreille chez le lapin
c) Pose de cathéter à la veine céphalique chez le furet
III- ÉTUDE STATISTIQUE
INTRODUCTION
OBJECTIFS
MATÉRIEL ET MÉTHODES
RÉSULTATS
1) RÉPARTITION DES URGENCES
a) Sur l’année
b) Par espèce
c) Par type d’urgence
2) LES DIFFÉRENTS MOTIFS DE CONSULTATION
a) Les troubles digestifs
b) Les troubles neurologiques
c) Les troubles cardio-respiratoires
d) Les accidents domestiques
e) Les troubles urinaires
f) Les troubles de la reproduction
g) Les troubles dermatologiques
h) Les troubles ophtalmologiques
i) Les troubles métaboliques
j) Les contrôles suite à une chirurgie
k) Les décès
3) LES DIFFÉRENTS MOTIFS D’ANNULATION
a) Quels sont les motifs d’annulation ?
b) Répartition sur l’année des demandes d’annulation
c) Les demandes d’annulation en fonction des espèces
4) TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE
a) Traitement antibiotique
b) Les autres traitements
c) Prise en charge en cas de pronostic très réservé
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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