Particularités anatomiques des enfants et des adolescents

La participation des enfants et des adolescents aux activités sportives est de plus en plus fréquente. Cette augmentation se ressent surtout dans la culture occidentale et en particulier chez les jeunes filles. On constate également une augmentation de la durée et de l’intensité des entraînements, une spécialisation précoce et une augmentation du niveau de pratique (1,2). Il n’est pas rare qu’un adolescent de 12-13ans s’entraîne 15 à 20 heures par semaine, qu’un enfant de 6-8 ans voyage et participe à des compétitions, affronte des adversaires d’autres régions voire d’autres pays (2). En 2010, ont eu lieu les premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) organisés par le Comité Olympique International. Depuis, cet évènement qui concerne les adolescents de 15 à 18 ans du monde entier a lieu tous les quatre ans (2). Plusieurs effets sont recherchés dans la pratique d’une activité sportive (relaxation, sociabilisation, recherche de compétitivité, entretien du corps, santé, apprentissage du respect des règles…) (3). Malgré les nombreux bénéfices physiques et psychologiques, il existe des risques à la pratique sportive et ces risques deviennent plus importants dans l’exercice de haut niveau de par l’intensité et la fréquence des entraînements (2). La dentisterie sportive est un domaine qui s’est développé durant ces dernières années du fait de l’augmentation de la demande (4). En plus des traumatismes oro-faciaux qui peuvent survenir lors de l’exercice, l’environnement sportif fait que les athlètes peuvent être exposés à d’autres problèmes bucco-dentaires tels que les lésions carieuses, les érosions, les problèmes parodontaux… (5–7). Ces problèmes ont des conséquences sur la qualité de vie du sportif (sommeil, nutrition, stress, douleur …) et peuvent donc affecter la performance (5,6). Il y a donc une forte corrélation entre la santé bucco-dentaire et la pratique sportive puisque l’un peut avoir des conséquences sur l’autre. Le chirurgien dentiste doit donc être conscient de ces risques afin de pouvoir répondre aux besoins de cette patientèle spécifique de plus en plus nombreuse.

Généralités

Particularités anatomiques des enfants et des adolescents 

La période de l’enfance et de l’adolescence est caractérisée par un phénomène de croissance initié durant la période de gestation (8). On constate une synergie de la croissance squelettique et de la croissance dentaire (9). Il faut tenir compte des remaniements qui ont lieu au cours de l’enfance et de l’adolescence afin d’optimiser la prise en charge (10).

Anatomie dentaire 

La dent est un organe constitué d’une couronne qui comprend une partie externe d’émail (tissu le plus dur) qui protège une couche de dentine avec des tubuli qui abritent des structures neuro-vasculaires, dont l’origine est la pulpe (partie la plus interne de la dent). Elle est aussi constituée d’une ou plusieurs racines recouverte(s) de cément, et reliée(s) à l’os alvéolaire par le ligament parodontal (11). La dent occupe plusieurs fonctions : mastication, phonation, déglutition, esthétique, et expression (10). Il est donc nécessaire de la protéger de tous risques de détérioration. Chez l’Homme, deux dentures se succèdent, la denture temporaire et la denture permanente, avec une phase intermédiaire durant laquelle cohabitent au sein des mêmes arcades des dents temporaires et des dents définitives : la denture mixte (10).

Les dents temporaires se distinguent des dents permanentes par :
– Un émail plus fragile.
– Un émail plus blanc.
– Un émail et une dentine moins épais.
– Une couronne proportionnellement plus petite.
– Un indice de Le Huche (différence en mm entre la plus grande distance mésio distale de la dent et la distance mésio-distale au collet) plus important.
– Des racines très divergentes, proportionnellement plus longues, plus grêles avec des apex pointus.
– Une chambre pulpaire plus volumineuse.

Il faut également souligner qu’avant d’atteindre leur maturité les dents permanentes se caractérisent par  :
– Un diamètre apical important qui limite l’effet inflammatoire mais qui lorsqu’un traitement endodontique est indiqué nécessite une prise en charge spécifique.
– Des parois canalaires fines et fragiles.
– Une pulpe volumineuse.
– Un potentiel cellulaire important.
– Des cornes pulpaires proéminentes.
– Des tubuli ouverts.
– Une surface amélaire irrégulière et poreuse.
– Une maturation lente de l’émail pendant 2 à 4 ans, c’est-à-dire lorsque l’enfant a entre 6 et 14 ans (7).
– Une grande susceptibilité aux atteintes carieuses et aux traumatismes.

Stades d’éruption

L’éruption dentaire est un phénomène dynamique qui va amener les germes dentaires depuis leur position intra-osseuse jusqu’au contact avec les dents antagonistes (8). Ce terme ne définit pas seulement le déplacement mais aussi le développement du germe dentaire qui comprend la formation de la couronne et de la racine dentaire (13). On entend par le terme dentition, le phénomène dynamique constitué de phases actives et de phases inactives qui se superposent et qui conduisent à la mise en occlusion et à l’établissement de la denture. Ce phénomène s’étend sur une vingtaine d’années (10). Schématiquement, le déplacement dentaire se fait en plusieurs étapes (8) :
– L’éruption préclinique qui correspond au mouvement du germe dentaire dans sa crypte osseuse.
– L’éruption clinique active de la position intra-gingivale à la mise en occlusion.
– L’adaptation occlusale qui correspond à l’ensemble des remaniements qui se produisent après le stade d’éruption clinique active.

Stades de maturation

Comme vu plus haut, le terme « éruption » ne comprend pas seulement le déplacement dentaire, mais également la maturation de l’organe depuis son stade embryonnaire. La croissance et la maturation dentaire sont concomitantes à la croissance faciale et à la croissance générale .

En 1960, NOLLA a défini les différents stades du développement dentaire  :
0- Absence de crypte
1- Présence de crypte
2- Début de minéralisation
3- Un tiers de la couronne
4- Deux tiers de la couronne
5- Couronne presque terminée
6- Couronne terminée
7- Un tiers de la racine
8- Deux tiers de la racine
9- Racine terminée, apex ouvert
10- Edification apicale .

Variations physiologiques :
D’autres paramètres peuvent influencer l’éruption dentaire (8,14) :
– Le sexe : les filles sont généralement plus précoces que les garçons.
– L’hérédité.
– Les facteurs hormonaux, notamment la puberté précoce qui s’accompagne en général d’une éruption dentaire précoce.
– Les facteurs géographiques : le climat tropical est associé à une précocité d’éruption.
– Le niveau de vie : il a souvent été rapporté que les individus issus de milieux favorisés étaient plus précoces que ceux dont le statut socio-économique était plus modeste (cela pourrait s’expliquer par des facteurs nutritionnels et par l’accès aisé aux soins).
– Les paramètres de croissance.
– La typologie faciale : l’éruption dentaire est généralement plus précoce chez les individus euryprosopes et brachycéphales que les individus dolichocéphales et leptoprosopes.
– La taille et le poids : Une taille et un poids importants sont généralement accompagnés d’éruption précoce. Un retard statural peut s’accompagner d’un retard d’éruption.

Des facteurs locaux peuvent également perturber l’éruption dentaire en la retardant :
– Perte d’espace
– Traumatisme
– Persistance de la racine de la dent temporaire
– Ankylose de la dent temporaire ou de la dent permanente
– Perte de la dent temporaire avant la formation du 1/3 radiculaire de la dent permanente
– Présence d’odontome, kystes…

Risques pour les enfants et les adolescents sportifs 

Comprendre et situer dans le temps les différents paramètres de l’éruption dentaire ainsi que la prise en compte de la particularité dentaire des enfants et des adolescents sont essentiels pour la prise en charge. En effet cela nous permet d’orienter au mieux nos stratégies de prévention et de traitement (décision d’extraction, mainteneur d’espace, traitement endodontique, début d’un traitement orthodontique…) (13). L’édification radiculaire pour les dents permanentes, qui peut être objectivée grâce à l’examen radiographique (fermeture de l’apex), nous permet de déterminer la maturité de la dent et donc de faire un choix de traitement en fonction. Pour les dents temporaires, la prise en charge sera différente si la racine est en cours de formation, complétement formée et stable ou en cours de rhizalyse (résorption physiologique de la racine.) .

Les traumatismes 

Epidémiologie 

L’activité sportive est la cause d’un tiers des traumatismes dentaires (11). En ce qui concerne les enfants, elle est responsable de 10 à 39% des traumatismes dentaires (4). Ces chiffres sont en augmentation (4,16). Cela peut s’expliquer par l’augmentation de la popularité de la pratique sportive (16) (particulièrement les sports de contact) et par l’encouragement des enfants à participer dès leur plus jeune âge. Chez les enfants, ce sont les 7-11ans qui sont les plus concernés par les traumatismes causés par le sport (4). L’activité sportive est à l’origine de 13% des traumas de la sphère oro-faciale et un tiers de ces traumas concerne les dents (3). Les caractères épidémiologiques des traumatismes dus au sport sont différents en fonction de la localisation géographique, du sport pratiqué et du niveau du sportif (4,17). La prévalence des traumatismes des dents temporaires varie entre 11 et 30% alors que la prévalence des traumatismes des dents définitives est comprise entre 2,6 et 50% (4). Ces traumatismes peuvent entraîner des conséquences esthétiques, fonctionnelles, psychologiques et économiques .

L’âge
Enfants et adolescents sont dans une période de développement et de croissance, ces deux éléments ainsi que la maturité, la force physique et la capacité de réparation jouent un rôle dans la survenue de traumas (3). De plus, il faut noter que la coordination et la perception sont en cours de développement donc pas tout à fait mises en place (2). En denture temporaire, on remarque plus de luxations que de fractures car la proportion de la couronne est faible (1), l’os est poreux et de faible résistance (18), le ligament parodontal est moins résistant et la racine dentaire plus courte (19). En revanche, en denture permanente, on constate plus de fractures .

Le sexe
Il n’existe pas de consensus actuellement (16) : Pour beaucoup d’auteurs, les garçons sont plus exposés que les filles (que ça soit en denture temporaire ou en denture permanente) mais d’autres auteurs démontrent l’absence de différence entre les deux sexes (20). Les garçons sont plus attirés par les sports de contact (3) (ceux avec contact direct avec l’adversaire, tels que le Taekwondo, la Boxe (21)). Cela peut expliquer la fréquence de survenue des accidents mais nous assistons aussi à une augmentation de la pratique sportive chez des filles .

Les dysmorphoses dentofaciales
– Malocclusion et surplomb dentaire
La présence d’une malocclusion dentaire chez un enfant augmenterait le risque de traumatisme dentaire de 64%. Des auteurs tels que BAUSS et ARTUN ont montré que ce risque est trois fois plus important si on est en présence d’une augmentation du surplomb dentaire (17,18) (surplomb supérieur à 3,5mm (20)). Aujourd’hui, on considère que ce risque devient significatif lorsque le surplomb est supérieur à 6mm (4, 22, 24).
– Incompétence labiale
L’incompétence labiale est un état pathologique qui se traduit par la présence d’un espace entre les lèvres au repos (26).
– Ventilation buccale
C’est une ventilation non physiologique qui est toujours accompagnée d’une malposition linguale. Elle entraîne des perturbations de la croissance. De par sa position basse, la langue entraîne un hypodéveloppement du maxillaire (palais étroit et profond) et une possibilité de latérodéviation mandibulaire (voire un articulé inversé en postérieur). Au niveau dentaire, elle est souvent associée à la présence d’encombrements et à des difficultés d’éruption (inclusions dentaires) .

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Table des matières

INTRODUCTION
I/ Généralités
I.1. Particularités anatomiques des enfants et des adolescents
I.1.1. Anatomie dentaire
I.1.2. Stades d’éruption
I.1.3. Stades de maturation
I.1.4 Variations physiologiques
I.2. Risques pour les enfants et les adolescents sportifs
II/ Les traumatismes
II.1. Définition
II.2. Facteurs de risques
II.2.1. Facteurs intrinsèques : ce sont les facteurs liés à l’individu
II.2.1.1. L’âge
II.2.1.2. Le sexe
II.2.1.3. Les dysmorphoses dentofaciales
II.2.1.4. Antécédents de traumatisme
II.2.1.5. Les dents de sagesse mandibulaires
II.2.1.6. La proportion corporelle
II.2.1.7. Le contrôle moteur
II.2.1.8. Les déterminants psychosociaux
II.2.1.9. Piercings à la langue et piercings péribuccaux
II.2.1.10. Traitement orthodontique
II.2.1.11. La denture mixte
II.2.2. Facteurs extrinsèques
II.3. Prévention
II.3.1. Information
II.3.2. Bilan bucco-dentaire
II.3.3. Protections intra-buccales (PIB)
II.3.3.1. Historique
II.3.3.2. Définition
II.3.3.3. Types
II.3.3.4. Cahier des charges
II.3.3.5. Epidémiologie
II.3.3.6. Limites
II.4. Prise en charge des traumatismes
II.4.1. Anamnèse
II.4.2. Examen Clinique
II.4.2.1. Examen exo-buccal
II.4.2.2. Examen endo-buccal
II.4.3. Examen radiographique
II.4.4. Certificat médical initial
II.4.5. Traitement
III/ Hygiène de vie du jeune sportif
III.1. Conséquences de la pratique sportive sur l’environnement bucco-dentaire
III.1.1. Modification des facteurs oraux
III.1.2. La xérostomie transitoire
III.2. Habitudes alimentaires
III.2.1. Les sucres
III.2.2. Les boissons
III.2.3. Des régimes spécifiques
III.2.4. Prévention
III.3. Les troubles du comportement alimentaire (TCA)
III.3.1. Classification (APA 1994)
III.3.1.1. Les TCA Spécifiées
III.3.1.2. Les TCA non spécifiées
III.3.2. Epidémiologie
III.3.3. Facteurs de risque
III.3.3.1. Facteurs généraux
III.3.3.2. Facteurs liés à la pratique sportive
III.3.4. Prévention
III.4. La psychologie du jeune sportif
III.5. Conséquences de l’hygiène de vie du sportif sur la cavité buccale et prévention
III.5.1. La maladie carieuse
III.5.1.1. Définition
III.5.1.2. Recommandations
III.5.2. La maladie parodontale
III.5.2.1. Définition
III.5.2.2. Recommandations
III.5.3. Les péricoronarites
III.5.3.1. Définition
III.5.3.2. Recommandations
III.5.4. L’érosion dentaire
III.5.4.1. Définition
III.5.4.2. Recommandations
III.5.5. Manifestations salivaires
IV/ Suivi des jeunes athlètes de haut niveau et place du chirurgien-dentiste dans la lutte contre le dopage
IV.1. Suivi médical des sportifs
IV.1.1. Les acteurs
IV.1.2. Rôle du chirurgien-dentiste
IV.2. Lutte contre le dopage
IV.2.1. Le dopage
IV.2.2. L’Agence française de la lutte contre le dopage
IV.2.3. Pratiques et substances interdites
IV.2.4. Substances et méthodes utilisées dans la pratique odontologique
IV.2.5. Conduite à tenir
IV.2.6. L’Autorisation d’usage à des fins thérapeutique
IV.2.6.1. Conditions
IV.2.6.2. Demande
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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