PARTICIPATION PAYSANNE ET GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

Les définitions de l’approche participative

          L’approche participative est rarement définie précisément ainsi, chacun peut l’interpréter à sa manière.
– Selon la banque mondiale, la participation est un processus par lequel les acteurs concernés influencent et se répartissent le contrôle des initiatives de développement et les décisions sur les ressources qui les affectent. En effet, c’est une approche dans laquelle toutes les parties prenantes au projet sont impliquées à toutes les phases du projet telle que la prise de décision, la planification et l’exécution des activités, leur suivi et leur évaluation (Djoukam et al, 1999).
– D’après la FAO (1991), la participation populaire suppose la participation active au développement de la population rurale pauvre surtout les groupes défavorisés exclus du processus de développement. Les programmes et activités de participation permettent de mobiliser les compétences et ressources locales pour un développement autonome. La participation de la population doit être prise comme un processus actif auquel la population prend sur la base de ses propres réflexions, des initiatives et des mesures qu’elle peut continuer à influencer. La participation est une approche du développement qui reconnait qu’il convient d’associer les couches défavorisées de la population rurale de façon plus étroite à la conception et à l’exécution des politiques destinées à assurer leur bien-être. La participation s’active sur la base volontaire des ruraux eux-mêmes.
– Selon Leguenic M. (2001, p1) « L’Approche Participative (AP) s’apparente à la volonté d’accéder à un processus de transformation sociale du point de vue écologique et économique ; la manière de la concrétiser doit, par conséquent, être adaptée au contexte local ». Bref, l’approche participative consiste à appréhender les réels problèmes et besoins de la population locale par une responsabilisation et une dynamisation de cette dernière soutenue par les responsables à différents niveaux et à travers une concertation entre tous les acteurs. Les actions menées à cet effet devront être en cohérence avec le contexte local. Après ces différentes définitions, deux paramètres de la participation nous intéressent d’où la sous-section qui suit.

Exemple de stratégie de gestion participative

            Prenons l’exemple de stratégie de gestion participative des ressources forestières. Elle vise l’aménagement durable des ressources forestières avec la participation des populations riveraines. La participation s’inscrit dans des cadres bien définis dont entre autres un cadre organisationnel et un cadre institutionnel.
– Cadre organisationnel : La participation se fait à travers la mise en place d’une association ou d’une organisation paysanne qui réunit plusieurs groupements villageois chargés de participer aux travaux de gestion forestière et ce en échange d’un salaire. L’association est constituée par les paysans volontaires des villages concernés par le plan d’aménagement de la forêt. Les coûts liés à la gestion forestière sont financés par les bénéfices tirés de la commercialisation des produits forestiers ainsi que des bénéfices issus de sa valorisation à travers de l’écotourisme. Le plan d’aménagement est élaboré en fonction des enquêtes faites auprès des communautés villageoises et dans les zones de future exploitation. Elles concernent notamment des enquêtes socio-économique et écologique et donc font l’objet d’un inventaire écologique, visite des zones, discussion avec des autorités coutumières et diagnostic participatif ponctuel (Abiven, 1997).
– Cadre institutionnel : Les travaux de gestion sont contrôlés par les services forestiers. La gestion par l‘Association est basée par la mise en place d’un contrat d’usufruit appelé « convention de gestion durable ». Ce contrat d’usufruit est basé sur les textes inscrits dans la politique foncière de l’Etat. De ce fait, cette dernière joue un rôle important dans la gestion participative d’une forêt. La « convention » est un outil juridique qui concrétise la cession des droits d’usufruit et de gestion des zones de production de la ressource et régie par une Ordonnance. Les contractants dans cette convention sont la Direction des Eaux et Forêts, et l’association des groupements villageois chargés de la gestion des ressources forestières. Ces groupements sont dotés de statuts qui normalisent les relations entre les membres, ainsi que les droits et les devoirs qui déterminent les relations sociales entre les groupements et l’association des groupements. (Abiven, 1997). Bref, l’implication des paysans s’effectue par le biais d’un compromis entre les services des eaux et forêts et la communauté de base après que celle-ci s’est constituée. Ces paysans participent aussi directement à la mise en œuvre du plan d’aménagement et au contrôle des forêts. Ainsi, la participation est étroitement liée à la notion d’engagement ; il n’y aurait donc jamais de participation réelle sans engagement de chaque acteur. En guise de synthèse, l’enjeu de l’approche participative est fondamental. Il s’agit d’aider les populations, d’une part, à mettre tous les moyens en œuvre pour restaurer et conserver le patrimoine naturel et d’autre part, à développer leur capital de production pour elles-mêmes et pour les générations futures, et ce dans le contexte de désengagement de l’Etat. Autrement dit, l’approche participative favorise la promotion de l’auto-développement des communautés villageoises et une prise en charge active par elles-mêmes de leur propre avenir. Quant à la gestion durable et rationnelle des ressources, elle ne peut être réussie qu’en adoptant l’approche participative étant donné que les paysans constituent les acteurs liés directement aux ressources. Après ces éclaircissements à propos de l’approche participative et la gestion participative des ressources naturelles, passons à l’émergence de cette approche à Madagascar en matière de gestion des ressources naturelles du pays.

Le projet d’appui au reboisement villageois

              Après la prise de conscience de ce problème majeur, le « Projet d’Appui au Reboisement Villageois (PARV) » fut initié en 1984, visant à intervenir sur le milieu rural. Ce projet ne prévoyait pas une intervention sur la relation entre population et services techniques officiels. Théoriquement, les concepteurs du projet ont adopté une approche assez classique ; cependant, ils ont gagné les confiances des paysans et ces derniers ont été motivés à prendre part dans sa mise en œuvre. Cette nouvelle expérience prenait une résonnance participative. La relation du projet avec les habitants reposait sur des « comités ruraux de reforestation » et sur les « paysans-vulgarisateurs » engagés par le projet. Le projet a réussi, pourtant cette réussite est jugée passagère. Bref, lorsque la durée du projet touche à sa fin (cinq ans), la coopération suisse se retirait. La poursuite des campagnes annuelles de la reforestation sera remise en cause. L’efficacité à long terme du projet n’est donc pas assurée (Rham et Lecompte, 1994). L’analyse au-delà du court terme révélait plusieurs contradictions qui nuisent l’action à long terme. La principale contradiction s’opère sur le bon niveau d’habileté technique acquis par les paysans reboiseurs en matière forestière et la faiblesse des capacités d’organisations des paysans et de gestion des activités au niveau de ces organisations paysannes : l’acquisition des techniques vulgarisées et leurs pratiques étaient généralement maitrisées par les familles participantes mais leurs capacités d’organisation et de gestions autonomes n’avaient été développées que très modérément. Par ailleurs, on constatait aussi un manque d’initiative au niveau des familles paysannes. Certes, elles ont acquis un nouveau savoir-faire mais elles ne le pratiquent pas dans d’autres périmètres que ceux gérés par le projet (Rham et Lecompte, 1994). Pour surmonter ces contradictions, l’hypothèse qui s’est posée est de décentraliser la gestion des ressources et de confier une partie des ressources financières directement à des groupes paysans. Mise à part ce PARV, il y avait également le Projet de Développement Forestier du Vakinankaratra ou PDFIV qui fut initié en 1992. Celui-ci sera abordé dans la soussection suivante.

L’accompagnement des COBA dans le respect systématique des contrats

        À Arivonimamo, les COBA bénéficiaient des appuis des autorités communales à la gestion durable des ressources conduisant à leur auto-responsabilisation. Leurs initiatives de se mobiliser, leurs efforts pour chercher de l’appui et contribuer au financement des actions à mener constituaient la base pour une appropriation effective. À cela s’ajoute les appuis du programme SAHA qui a permis le renforcement de leur capacité (Raharinaivosoa et Rasoloarison, 2008). Ainsi, elles étaient très motivées à s’engager dans la gestion durable de la forêt. Les COBA étaient impliqués comme maître d’œuvre dès le début du processus, ce qui a permis la prise en compte de leurs préoccupations dans les stratégies de gestion. Comme le Président d’une COBA à Arivonimamo l’a confirmé « depuis l’existence des COBA, ce sont eux qui maîtrisent totalement la gestion de la forêt et les difficultés » (Randrianarisoa et al, 2008). Les mesures d’accompagnements des COBA étaient souples afin de répondre et de s’adapter aux besoins et à l’évolution des capacités des COBA. Cet accompagnement visait à la fois le renforcement socio-organisationnel à l’interne et la capacité relationnelle du COBA avec l’extérieur (Randrianarisoa et al, 2008). Les appuis donnés aux COBA pour mettre en œuvre la gestion durable constituent alors les éléments d’incitation essentiels.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I – LES FONDEMENTS THEORIQUES DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE
CHAPITRE 1 – LA NOTION SUR L’APPROCHE PARTICIPATIVE
CHAPITRE 2 – EMERGENCE DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE A MADAGASCAR EN MATIERE DE GESTION DES RN
PARTIE II – L’EFFECTIVITE DE LA PARTICIPATION DES PAYSANS A UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES A MADAGASCAR
CHAPITRE 1 – LA PARTICIPATION A TRAVERS LA CONCEPTION DES DOCUMENTS CONTRACTUELS DU TGRNR
CHAPITRE 2 – LES CARACTERISTIQUES DETERMINANTES DE LA PARTICIPATION A LA MISE EN ŒUVRE
CHAPITRE 3 – LA PARTICIPATION A TRAVERS LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN D’ACTION DEFINI
CONCLUSION GENERALE

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