La Cysticercose est une affection due à la larve de Tænia Solium, développée chez l’homme après ingestion de produits souillés par des fèces contenant les oeufs de ce ténia solium. Il s’agit d’une impasse parasitaire où l’homme se substitue au porc comme hôte intermédiaire.
Madagascar est l’un des importants foyers mondiaux de la cysticercose. Des études récentes, menées par l’équipe de l’Institut Pasteur de Madagascar dans seulement « 3 » provinces : Antananarivo, Fianarantsoa et Mahajanga, ont montré que, respectivement, les prévalences sont de 44,00%, 30,00% et 22,00%. Alors qu’en 1993, une enquête séroépidémiologique, réalisée dans les « 6 » provinces du pays, n’a mis en évidence qu’une prévalence égale à 8,00 à 23,00% (1). Ce qui fait de la cysticercose un problème de santé publique à Madagascar.
Depuis 20 ans ; 28 thèses parlent de la cysticercose sous toutes ses formes : étude épidémiologique, son aspect chez l’enfant, les différentes localisations de la cysticercose …, mais aucune n’a encore traité la phytothérapie appliquée à la cysticercose. Le « RAVITOTO » ou feuilles de manioc pilées ou feuilles de Manihot Utilissima pilées est connu, comme ayant une vertu anti-infectieuse et antiinflammatoire à la fois (2), d’autant plus que c’est un produit local et d’un coût très abordable ce qui nous a incités à vérifier dans des conditions pragmatiques l’efficacité ou non du RAVITOTO.
RAPPELS SUR LA CYSTICERCOSE
Historique
La ladrerie porcine ou cysticercose du porc a été déjà découverte au Moyen Age, à l’aube de la Science et de la Philosophie. La cysticercose chez l’Homme n’a été connue que vers la seconde moitié du XVIe siècle et c’est l’alchimiste et médecin suisse Bombastus von Hohenhein qui a établi le rapport entre ladrerie porcine et cysticercose humaine.
Due à Cysticercus cellulosae, la larve du Taenia Solium, la cysticercose du porc ou « voavary » en langue malagasy, est une affection connue depuis longtemps à Madagascar. Elle y est décrite pour la première fois par Grandmougin en 1910. Les premiers cas de cysticercose furent décrits en ce temps par Monsieur L et Andrianjafy d’une part, et par Andrianjafy d’autre part. Le laboratoire d’anatomie pathologique de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), entre 1954 et 1984, a diagnostiqué 167 cas de cysticercose humaine. Ces cas concernaient des sujets de tout âge. Récemment, ce même laboratoire d’anatomie pathologique a encore réalisé une étude dans la cuvette d’Ifanja à Ampefy, 120 km au Nord Ouest d’Antananarivo. La séroprévalence est de 16 % (sérums analysées en ELISA dans le système antigénique C3-50).
C’est une maladie redoutable, surtout lorsqu’elle est localisée au niveau du système nerveux central, mais sa fréquence dans le monde est encore largement sousestimée. Ainsi, Pierre Aubry, en 2002, a décrit cinq points qui méritent d’être d’emblée souligné. Ces cinq points font d’ailleurs l’actualité de la cysticercose :
– La fréquence actuelle de la maladie dans les pays en développement ou PED qui ne dépend pas de l’âge du malade ;
– Le rôle épidémiologique joué par les « porteurs de Taenia » pour disséminer la maladie, même si l’axe homme-porc reste fondamental ;
– La révolution apportée dans le diagnostic de la cysticercose cérébrale par l’imagerie médicale ;
– L’apport du diagnostic immunologique, d’autant que les PED n’ont souvent pas le moyen d’imagerie médicale ;
– L’apparition des nouvelles molécules actives sur les cestodes (adultes, larves) et capables de diffuser dans le système nerveux central : le praziquantel et l’albendazole.
Parasitologie et cycle biologique
Parasitologie
De la famille des CYCLOPHYLLIDES, le cysticerque ou cysticercus cellulose, appartient à la classe des cestodes, de l’embranchement des platodies et ce sont des parasites de carnivores, insectivores ou ichtyophages. A l’état larvaire, ces cestodes peuvent être hébergés par des espèces animales extrêmement diverses, et l’homme n’intervient accidentellement que dans un nombre restreint de cycles. Puisque l’homme est omnivore, il est capable de consommer des végétaux souillés. Au stade adulte : le Taenia Solium est un ver plat ou paghelminthe, rubané, segmenté, hermaphrodite et mesurant de 1 à 8 mètres de long. C’est un « vers solitaire » intestinal. Son corps est divisé en trois parties :
– La tête ou scolex : sphérique et globulaire, d’environ 1 mm de diamètre, porte quatre ventouses de fixation, arrondies, saillantes de un demimillimètre. La tête porte également un rostre court, rétractile et noirâtre qui présente une double couronne de 22 à 32 crochets en épine de rosiers, d’où son nom de « tænia armé ».
– Le cou : faisant suite à la tête, il est court et grêle, non segmenté. C’est une zone germinative. Sa partie postérieure présente des rides transversales d’abord peu marquées, puis de plus en plus accentuées pour former des anneaux ou articles.
– Le tronc : segmenté, constitué de 800 à 1000 proglottis (anneaux des vers plats). Chaque proglottis contenant 30.000 à 50.000 œufs ; les proglottis gravides se détachent du strobile individuellement ou en chaîne et sont soit évacués lors de l’excrétion des matières fécales, soit s’échappent par l’anus.
Les œufs de proglottis sont des œufs embryonnés ou embryophores. Ces embryophores ne passent dans le milieu intérieur qu’après désintégration des anneaux. Un œuf peut aller de 50 à 60 microns de diamètre, et sont de forme arrondie. L’œuf est composé d’un embryon entouré par une coque chitineuse appelé oncosphère. A la surface de l’embryon, on voit distinctement six petits crochets donnant le nom d’embryon hexacanthe.
Les porc s’infectent en ingérant des proglottis gravides ou des œufs contenus dans les excréments humains. Les œufs libèrent les oncosphères dans l’intestin du porc. 9 à 10 semaines après ingestion de l’œuf, des cysticerques infectieux (ou larves du Taenia), se développent. La forme larvaire est en général vésiculeuse, ovoïde, translucide et long de 6 à 20 mm sur 5 à 10 mm de large mais sa forme dépendra des pressions auxquelles elle est soumise et aussi de la localisation tissulaire :
– Dans les muscles, soumis à des pressions latérales, les cysticerques sont allongés ;
– Dans les tissus sous cutanés, ils sont lenticulaires ;
– Dans le corps vitré et les ventricules cérébraux, les pressions s’exerçant d’une façon égale en tout sens, ils sont sphériques.
Certains cysticerques ont une forme très irrégulière avec des prolongements ramifiés et peuvent être beaucoup plus volumineux, atteignant 15 à 25 cm. Ils sont connus sous le nom de cysticercus racemosus ou de cysticercus multilocularis. Le cysticercus racemosus est de forme non limitée, diffuse, et ne contient pas de scolex. Elle donne des aspects en grappe de raisin et se situe préférentiellement dans les espaces sous-arachnoïdiens.
La durée de vie des cysticerques peut s’étaler de quelques années à plus de 20 ans. A la fin de son évolution, le cysticerque se calcifie. La longévité des cysticerques dans la viande des animaux est importante à connaître afin de prendre des mesures prophylactiques utiles. Entre 1° à 4° Celsius, leur résistance peut atteindre 70 jours. A moins de 10°C elle n’est que de quelques heures ou tout au plus 2 ou 3 jours dans les quartiers de viande très épais. La fumaison ne détruit pas les cysticerques.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LITTERATURE
I Rappels sur la
1- Historique
2- Parasitologie et cycle biologique
2-1 Parasitologie
2-2 Cycle biologique
2-3 Facteurs de risque de contamination
3- Répartition géographique
4- Anatomie pathologique
4-1 Lésions inflammatoires
4-2 Lésions mécaniques
4-3 Lésions toxiques
5- Physio-pathologie
6- Localisation des cysticerques et leurs conséquences anatomiques
6-1 Au niveau du système nerveux
6-2 Au niveau de l’œil
6-3 Au niveau des muscles et du tissu cellulaire sous-cutané
7- Etude clinique et paraclinique
7-1 Les localisations cérébrales et médullaires
7-2 Les localisations oculaires
7-3 Les localisations musculaires et sous-cutanées
7-4 Les formes généralisées
8- Diagnostic
8-1 Diagnostic immunologique
8-2 Diagnostic anatomopathologique
9- Traitement
9-1 Les médicaments cestocides
9-2 Les médicaments anti-inflammatoires
9-3 Traitement selon la localisation
10- Prophylaxie
II- Rappels sur le RAVITOTO
1- Etude historique et étho-botanique
2- Variété de manioc et habitat
3- Ecologie du manioc
4- Propriétés et usages
5- Etude de la feuille de manioc
5-1 Valeur nutritionnelle
5-2 Etude chimique et toxicité
5-3 Détoxication
5-4 Transformation alimentaire
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE PROPREMENT DITE
I- Objectif
II- Matériels et méthodologie
1- Matériels
1-1 Recrutement des sujets
1-2 Le Ravitoto
2- Méthode
2-1 Type d’étude
2-2 Déroulement des épreuves
2-3 Prise en charge thérapeutique
2-4 Les paramètres d’étude
3- Résultats
3-1 Description des patients
3-2 Les symptômes révélateurs
3-3 Evolution après cure
3-4 Evolution au bout de 2° cure
3-5 Confrontation de résultats
TROISIEME PARTIE : Commentaires et discussions
Suggestions
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE