PARASITISME DIGESTIF DES TORTUES TERRESTRES
Flore fongique cutanée et faune parasitaire digestive des tortues terrestres
Parasitisme fongique des tortues terrestres
Aspects cliniques des mycoses
Chez les reptiles, lorsque le champignon reste superficiel, les dermato-mycoses se manifestent par des modifications tinctoriales des écailles. Celles-ci prennent alors une teinte brunâtre à jaune-verdâtre et ont une surface sèche, terne et plissée. Lorsqu’il s’agit d’invasion profonde des tissus, des signes d’inflammation peuvent alors apparaître avec une prédominance de l’œdème et de l’érythème. Les lésions peuvent apparaître sous forme de vésicules, d’ulcères, de nodules, de croûtes, de granulomes ou d’œdème des membres .
Chez les tortues, ces lésions d’origine fongique peuvent être observées au niveau des écailles. L’origine fongique d’une lésion de la carapace est souvent très difficile à déterminer par le seul examen clinique. Aucune description clinique n’a été formalisée et les signes d’invasion à partir de lésions externes de la carapace sont absents. Les lésions de la carapace d’origine infectieuse peuvent se caractériser par des plages blanches, par des modifications tinctoriales des écailles, par des ulcères ou par des chutes d’écailles. Pour T.H. Boyer, les zones lésées de la carapace des tortues terrestres qui ont un aspect humide sont plutôt d’origine bactérienne, alors que celles d’aspect sec sont plutôt d’origine fongique (15). Il n’y a que les tortues d’eau chez lesquelles les mycoses de la carapace sont parfois faciles à reconnaître, lorsque les filaments de moisissures « flottent » au-dessus de l’animal
Rapport de cas de mycoses chez les tortues terrestres
En 1980, Jacobson répertorie l’ensemble des mycoses connues chez les reptiles (70). Dans le tableau 1, nous présentons les mycoses rapportées chez les Testudinae. On peut noter que les espèces Testudo hermanni, T. graeca et T. horsfieldii ne sont pas citées.
Frank signale en 1966 la chute soudaine de plaques cornées chez Astrochelys radiata. Dans la description clinique qu’il en donne, la chute des plaques a été précédée par l’apparition de petits bourrelets blanchâtres et sinueux à partir desquels il a isolé un champignon filamenteux du genre Fusarium (45). En ce qui concerne les mycoses rapportées par Georg et al. (1962) il n’est pas certain que les champignons Aspergillus amstelodami et Geotrichum candidum soient les agents causals de la maladie .
Depuis cette revue, d’autres observations de mycoses ont été rapportées. Une infection à Geotrichum candidum est rapportée chez une tortue géante des Galápagos (Chelonoidis nigra) au parc zoologique de Barcelone. La tortue morte présentait des lésions de la peau sous forme d’ulcérations extensives sur les quatre pattes, le cou et la tête. A l’autopsie, des lésions rénales ont été observées. L’enquête épidémiologique a permis d’incriminer le maïs distribué aux tortues. Les autres tortues ayant mangé le même maïs ont excrété dans leurs selles G. candidum mais n’ont pas présenté de signes cliniques particuliers .
Candida tropicalis est rapporté par Zwart chez Testudo graeca. L’animal avait perdu l’appétit et avait des signes de dyspnée et des écoulements nasaux. Une analyse fécale a montré la présence de la levure et un traitement oral à la nystatine® a éliminé l’infection .
En 1985, I. Weitzman et al. rapportent une lésion cutanée au niveau du pied chez la tortue Terrapene carolina var. carolina. Le champignon mis en cause est Scoleobasidium humicola. Il s’agit d’un champignon dématiacae du sol rapporté comme agent de phaeohyphomycose chez les poissons .Une hyalohyphomycose à Paecilomyces lilacinus est rapportée chez une tortue éléphantine d’Aldabra, Dipsochelys elephantina. La tortue mâle de 80 ans est devenue anorexique et progressivement léthargique. Une mucosité s’évacuait de la bouche et des narines. Une seule selle, recouverte d’une pseudo-membrane, a été émise en un mois. L’examen de cette selle a mis en évidence la présence de cellules fongiques. L’animal est décédé après 9 jours d’hospitalisation, malgré la tentative de traitement : Trimethoprim/ Sulfadimetoxine 20mg/kg, ketoconazole 10mg/kg po tous les deux jours. A l’autopsie des nodules jaunâtres ont été trouvés au niveau du foie, de l’omentum et des muqueuses gastriques et orales. Paecilomyces lilacinus a été identifié à partir de cultures du foie. Candida albicans a poussé à partir de prélèvements de la bouche et de l’estomac de l’animal. L’auteur pense que Candida albicans était opportuniste.
Parasitisme du tube digestif des tortues terrestres.
Les études portant sur le parasitisme digestif des tortues ont presque toutes été menées à partir de tortues en captivité : tortues présentes dans des parcs zoologiques, tortues d’élevage ou tortues vues en consultation vétérinaire. Les échantillons étudiés sont des excréments (fæces) ou des prélèvements d’autopsies de tortues malades. Seuls de rares travaux dont celui de Petter (1965) ont été réalisés à partir d’animaux recueillis dans leur milieu et sacrifiés.
Les signes cliniques de parasitoses digestives sont des vomissements, rarement de la constipation, des diarrhées, un amaigrissement même si l’appétit reste bon, éventuellement des saignements du cloaque (15).
Les Protozoaires parasites du tube digestif de la tortue.
De nombreux protozoaires ont été rapportés chez les chéloniens. En 1992, L. Schilliger en rappelle les principaux en distinguant l’étage du tube digestif atteint (111). • Au niveau de l’estomac, l’œsophage et l’intestin grêle, nous pouvons trouver des parasites des genres : Bodo, Retortomonas, Hexamita, Trichomonas, Hexamastix, Monocercomonoïdes, Endolimax, Entamoeba, Hartmanella, Acanthamoeba, Mixidium, Henneguya. • Au niveau du colon et du rectum existent les genres : Giardia, Opalina, Balantidium, Nyctotherus.
Les cycles de tous les Rhizopodes, Flagellés et Ciliés parasites du tube digestif des reptiles sont directs (118). Le pouvoir pathogène et le rôle de ces parasites restent discutés
Les Rhizopodes
Chez les Ophidiens et les Sauriens, la protozoose la plus connue est l’amibiase impliquant Entamoeba invadens. Elle est responsable d’une entérite ulcéro-nécrosante souvent mortelle. E. invadens n’est cependant pas considérée comme pathogène dans la nature et dans presque tous les cas elle est accompagnée d’une infection bactérienne à germes Gram négatif. Les conditions de transport et d’entretien sont souvent responsables de l’apparition de la maladie . Chez les tortues, E. invadens est présente mais son caractère pathogène est largement discuté. Pour L. Schilliger, les amibes ne sont que des commensaux et n’engendrent jamais de parasitosemaladie . De même pour P. Bourdeau, les tortues semblent peu sensibles aux actions pathogènes des amibes . Les tortues sont donc porteuses latentes de cette amibe et peuvent contaminer les autres reptiles à leur contact. Toutefois, quelques observations d’amibiasemaladie ont été rapportées. En 1983, Jacobson rapporte 200 cas d’amibiase chez les tortues charbonnières (Geochelone carbonaria) . Frank et Loos-Frank en 1977 et Frye en 1981, cités par Ippen (64), en rapportent chez des tortues d’eau douce. Dans les formes graves de l’amibiase chez les tortues, les principaux symptômes sont l’anorexie et l’abattement, une gastro-entérite avec diarrhée profuse et parfois des régurgitations et des vomissements. Cependant le reptile peut ne pas présenter de signes cliniques 24h avant sa mort . Comme chez les autres reptiles, la mort peut survenir en quelques jours mais la maladie peut parfois évoluer vers la chronicité. Les tortues charbonnières étudiées par Jacobson et décédées ont été autopsiées. Le duodénum était épaissi et œdémateux, sa muqueuse nécrosée. La bile et le canal cholédoque étaient également nécrosés. Le foie avait des lésions nécrotiques multifocales à diffuses .
Le genre Endolimax est dénué de pouvoir pathogène. Les genres Acanthamoeba et Hartmanella peuvent être à l’origine de kératites ou de méningites chez l’homme mais le rôle réservoir des tortues pour ces amibes libres est peu connu . Le genre Blastocystis semble ne pas avoir de pouvoir pathogène chez les tortues .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE : FLORE FONGIQUE CUTANEE ET PARASITISME DIGESTIF DES TORTUES TERRESTRES
Limites du sujet et justifications
1. Rappels d’anatomie et de biologie
1.1. Eléments de biologie des tortues terrestres
1.1.1. La tortue, animal poïkilotherme adapté à la vie terrestre
1.1.2. Facteurs abiotiques, autres que la température
1.1.2.1. L’humidité
1.1.2.2. La luminosité
1.1.3. Le régime alimentaire
1.1.4. Hibernation de la tortue
1.2. La peau et la carapace des chéloniens
1.2.1. L’épiderme des chéloniens
1.2.2. Le derme et la carapace des chéloniens
1.2.3. Etude de la kératine des chéloniens
1.3. L’appareil digestif des tortues terrestres
1.4. Le système immunitaire des chéloniens
2. Flore fongique cutanée et faune parasitaire digestive des tortues terrestres
2.1. Parasitisme fongique des tortues terrestres
2.1.1. Aspects cliniques des mycoses
2.1.2. Rapports des cas de mycoses chez les tortues terrestres
2.2. Parasitisme du tube digestif des tortues terrestres
2.2.1. Les Protozoaires parasites du tube digestif de la tortue
2.2.1.1. Les Rhizopodes
2.2.1.2. Les Flagellés et les Ciliés
2.2.1.3. Les Sporozoaires
2.2.2. Les Plathelminthes parasites du tube digestif des tortues terrestres
2.2.2.1. Les Cestodes
2.2.2.2. Les Trématodes
2.2.3. Les Nématodes parasites du tube digestif des tortues terrestres
2.2.3.1. Les oxyures
2.2.3.2. Les ascarides
2.2.3.3. Autres ordres de Nématodes
2.2.4. Les Acanthocéphales
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE : FLORE FONGIQUE DE LA CARAPACE ET PARASITISME DIGESTIF DES TORTUES TERRESTRES ENREGISTREES A LA SOCIETE PROTECTRICE DES TORTUES DE L’OUEST (SPTO).
Objectifs de l’étude
1. Matériels et méthodes
1.1. Méthodologie générale
1.2. Les animaux
1.3. Les prélèvements
1.3.1. Prélèvements en vue de l’étude de la flore fongique de la carapace des tortues terrestres
1.3.2. Prélèvements en vue de l’étude du parasitisme digestif des tortues terrestres
1.4. Techniques de mise en évidence des parasites
1.4.1. La flore fongique
1.4.1.1. Examens directs
1.4.1.2. Mise en culture
1.4.1.3. Technique d’identification des champignons filamenteux
1.4.1.4. Technique d’identification des champignons levuriformes
1.4.2. Les parasites digestifs
1.4.2.1. Recherche des Protozoaires
1.4.2.2. Recherche des Helminthes
2. Les résultats
2.1. Les animaux
2.1.1. Origine géographique de cette population ouverte
2.1.2. Les espèces de tortues présentes, leur nombre et leur âge
2.1.3. Mode de vie des tortues présentes
2.2. Prélèvements des carapaces de tortue
2.2.1. Nombre de prélèvements
2.2.2. Résultats de la recherche sur les prélèvements de mai 2000
2.2.3. Résultats de la recherche sur les prélèvements de septembre 2000
2.3. Prélèvements des selles de tortues
2.3.1. Nombre de selles prélevées
2.3.2. Résultats de la recherche des Protozoaires
2.3.3. Résultats de la recherche des Helminthes
2.3.3.1. Les Plathelminthes
2.3.3.2. Les Némathelminthes
2.3.3.2.1. Les oxyures
2.3.3.2.2. Les ascarides
3. Discussion
3.1. Le cadre général de l’étude
3.1.1. Les tortues terrestres étudiées vivent dans le Grand Ouest de la France
3.1.2. Les contraintes biologiques et anatomiques et le parasitisme fongique des tortues terrestres
3.1.2.1. Parasitisme fongique et captivité
3.1.2.2. Parasitisme fongique et climatologie
3.1.2.3. Parasitisme fongique et mode de vie des tortues
3.1.3. Les contraintes biologiques et anatomiques et le parasitisme digestif des tortues terrestres
3.1.3.1. Parasitisme digestif et captivité
3.1.3.2. Parasitisme digestif et poïkilothermie
3.2. Discussion sur les prélèvements effectués
3.3. Discussion sur les techniques utilisées
3.3.1. Les techniques utilisées pour l’analyse de la flore fongique
3.3.1.1. L’analyse des examens directs
3.3.1.2. L’utilisation de la cycloheximide
3.3.2. Les techniques utilisées pour l’analyse des selles
3.4. Discussion des résultats : signification de l’isolement des champignons et des parasites par rapport à leur pouvoir pathogène éventuel
3.4.1. Les champignons trouvés sur la carapace de tortues. Comparaison avec les examens directs
3.4.1.1. Le pouvoir pathogène éventuel
3.4.1.1.1. Pouvoir pathogène des champignons chez les tortues
3.4.1.1.2. Pouvoir pathogène des champignons isolés
3.4.1.2. Signification des résultats
3.4.1.2.1. Comparaison entre les champignons isolés en culture et ceux vus aux examens directs
3.4.1.2.2. Comparaison des résultats de ce travail avec la flore fongique connue des chéloniens
3.4.1.2.3. Etude d’un cas
3.4.2. Pouvoir pathogène des Protozoaires
3.4.2.1. Pouvoir pathogène des Rhizopodes
3.4.2.2. Pouvoir pathogène des Flagellés et des Ciliés
3.4.2.3. Pouvoir pathogène des Sporozoaires
3.4.3. Les Helminthes
3.4.3.1.Les Plathelminthes
3.4.3.2.Les Némathelminthes
3.4.3.2.1. Les oxyures
3.4.3.2.2. Les ascarides
CONSEQUENCES PRATIQUES DE CE TRAVAIL ET CONCLUSION.
• Informations données à l’issue des résultats bruts
• Informations données à l’issue de la thèse
• Conclusion
PLANCHES PHOTOS : Planche 1 : examens directs des squames de carapace de tortues
Planche 2 : lésions de la carapace
Planche 3 : Protozoaires observés dans les selles des tortues
Planche 4 : oxyures et atractides observés dans les selles fraiches des tortues
Planche 5 : autres parasites observés dans les selles fraiches des tortues
ANNEXES
Annexe 1 : La classification des chéloniens
Annexe 2 :Les salmonelles
Annexe 3 : Fiche remplie par les propriétaires
Annexe 4 : Rapport des fiches remplies par les propriétaires et des recherches
Annexe 5 : Lettre aux propriétaires de tortues à l’issu des résultats bruts
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