Parasites et vecteurs des parasites du paludisme
Le paludisme est une maladie infectieuse causรฉe par un parasite unicellulaire appartenant au genre Plasmodium. Parmi les diverses espรจces prรฉsentes dans la nature, seules cinq sont des causes majeures de paludisme chez l’Homme. Le vecteur responsable de la transmission de la maladie est un moustique du genre Anopheles. Comme pour le parasite, plusieurs espรจces de moustiques du genre Anopheles sont impliquรฉes dans la transmission. Seules les femelles sont capables de transmettre le paludisme. Pour que leurs ลufs arrivent ร maturitรฉ, elles doivent prendre un repas de sang en piquant un hรดte (humain). Cโest au cours de ce repas quโelles peuvent soit ingรฉrer lโagent pathogรจne du paludisme dโun sujet infectรฉ, soit lโinjecter ร un sujet sain, produisant ainsi des infections. Les mรขles, en revanche, se nourrissent de sรจve et de nectar et ne sont pas impliquรฉs dans la transmission de la maladie.
Les parasites
Les espรจces plasmodiales
Plasmodium falciparum est un protozoaire responsable du paludisme chez l’homme. Parmi les cinq parasites infectant les humains (Plasmodium falciparum, Plasmodium malariae, Plasmodium ovale, Plasmodium vivax et Plasmodium knowlesi), P. falciparum est de loin le plus virulent ; en Afrique, il a รฉtรฉ estimรฉ rรฉsponsable dโenviron 187 million de cas cliniques (Bhatt et al., 2015), tandis que P. vivax a la rรฉpartition gรฉographique la plus large (Guerra et al., 2010).
Plasmodium falciparum appartient au sous-genre Laverania, qui jusqu’en 2009 comprenait seulement deux reprรฉsentants connus: P. falciparum et P. reichenowi, un parasite des chimpanzรฉs.Depuis 2009, grรขce ร l’utilisation d’outils molรฉculaires pour l’identification des espรจces, plusieurs รฉtudes ont explorรฉ la diversitรฉ des espรจces de Plasmodium circulant dans des primates non humains en Afrique, en particulier les grands singes (gorilles et chimpanzรฉs) (Kaiser et al., 2010 ; Prugnolle et al., 2011).
Physiopathologie
Le cycle duPlasmodium se divise en deux รฉtapes : une phase asexuรฉe chez lโHomme , et une phase sexuรฉe chez le moustique (A). Chez lโHomme, la transmission se dรฉroule dโabord dans le foie (C), puis dans le sang (B). Le cycle dรฉcrit ci-dessous provient principalement du travail de Swierczynski & Gobbo(2007).
โคย Cycle de dรฉveloppement du Plasmodium chez lโHomme
Lโinfection dโun hรดte humain commence lorsque les sporozoรฏtes sont injectรฉs dans le corps humain via la piqรปre dโun anophรจle infectรฉ. Il injecte au maximum une centaine de sporozoรฏtes , qui, en entrant dans la circulation sanguine, peut atteindre le foie (hรฉpatocytes) en30-40 minutes. Aprรจs une phase de division dans les hรฉpatocytes, il produit des schizontes hรฉpatiques : cโest la phase prรฉ รฉrythrocytaire (avant lโinvasion du globule rouge) ou exo-รฉrythrocytaire (hors du globule rouge) du parasite (Mouchet et al.,2004). Aprรจs une pรฉriode variant de 6 ร 15 jours, selon les espรจces de Plasmodium, des milliers de mรฉrozoรฏtes sont libรฉrรฉs par les schizontes hรฉpatiques dans la circulation sanguine, oรน ils pรฉnรจtrent et envahissent les globules rouges rapidement . Les schizontes mรปrs se rompent en libรฉrant 8 ร 10 mรฉrozoรฏtes libres qui continuent ร infecter d’autres รฉrythrocytes au fur et ร mesure que le cycle se poursuit(Singh & Chitnis, 2012). Dans le cas de P. vivax et P. ovale, certains sporozoรฏtes entrent dans une phase de repos, devenant des ยซย hypnozoรฏtes hรฉpatiquesย ยป. Ces formes resteront latentes pendant des semaines, des mois, voire des annรฉes jusqu’ร ce quโelles soient rรฉactivรฉes, donnant lieu ร des rechutes caractรฉristiques de ces deux espรจces. Les mรฉrozoรฏtes qui ont pรฉnรฉtrรฉ dans les globules rouges se transforment en trophozoรฏtes, qui, aprรจs avoir terminรฉ la phase de croissance vรฉgรฉtative, se transforment en schizontes รฉrythrocytaires . Une fois matures , les schizontes รฉrythrocytaires provoquent lโรฉclatement des globules rouges, libรฉrant les mรฉrozoรฏtes (de 6 ร 24 pour chaque schizonte รฉrythrocytaire) qui vont envahir d’autres globules rouges du sang. La destruction des globules rouges coรฏncide รฉgalement avec la libรฉration de substances pyrogรจnes, qui dรฉclenchent les mรฉcanismes de production de la fiรจvre et autres symptรดmes cliniques. La morbiditรฉ et la mortalitรฉ associรฉes au paludisme dรฉcoulent exclusivement des stades รฉrythrocytaires. Le cycle รฉrythrocytaire asexuรฉ dure 48 ou 72 heures, en fonction des espรจces de Plasmodium. Aprรจs avoir envahi un globule rouge , certains mรฉrozoรฏtes ne se dรฉveloppent pas en trophozoรฏtes mais se diffรฉrencient en formes sexuรฉes :les gamรฉtocytes mรขles (microgamรฉtocytes) et des gamรฉtocytes femelles (macrogamรฉtocytes) .Le cycle est interrompu soit par la rรฉponse immunitaire de l’organisme soit par la chimiothรฉrapie.
โคย Cycle de dรฉveloppement du Plasmodium chez le moustique
Lors de son repas sanguin, lโanophรจle femelle absorbe les gamรฉtocytes mรขles et femelles. Dans son estomac, ils se transforment en gamรจtes (8) alors que les รฉlรฉments asexuรฉs du parasite sont digรฉrรฉs. Les รฉlรฉments mรขles et femelles se conjuguent dans lโestomac de lโinsecte pour former un zygote. Le zygote,appelรฉ ookinรจte (9), s’allonge et est mobile. Ilpรฉnรจtre dans la paroi de l’estomac et se dรฉveloppe en un oocyste sphรฉrique (10). ร l’intรฉrieur de l’oocyste, des divisions rรฉpรฉtรฉes donnent lieu ร la formation de nombreux sporozoรฏtes, ce qui finit par provoquer la rupture de l’oocyste (11). Les sporozoรฏtes sont ensuite libรฉrรฉs dans lโhemolymphe, d’oรน ils migrent ensuite vers les glandes salivaires. Une glande infectรฉe peut hรฉberger plusieurs centaines, voire plusieurs milliers, de sporozoรฏtes(Swierczynski & Gobbo, 2007). La durรฉe du cycle sporogonique varie pour chaque parasite suivant la tempรฉrature (Carnevale et al., 2009). A 25ยฐC, le cycle de P. vivax est de 10 jours, celui de P. falciparumรฉtant de 13 jours. La durรฉe de ces cycles sโallonge lorsque la tempรฉrature diminue. A 20ยฐC, le cycle de P. falciparum dure 30 jours et il nโest plus rรฉalisรฉ au-dessous de 18ยฐC tandis que le cycle de P. vivax ร 20ยฐC dure 25 jours et nโest plus rรฉalisรฉ au-dessous de 15- 16ยฐC. Les cycles de P. malariae et P. ovale sont plus longs, de 18 ร 20 jours ร 25ยฐC (Mouchetet al., 2004).
Les vecteurs du paludisme en Afrique sub-saharienne
Plusieurs espรจces dโanophรจles ont รฉtรฉ identifiรฉes comme vecteurs du Plasmodium en Afrique sub-Saharienne. Les plus importantes sont les espรจces appartenant aux complexes An. gambiae, An. funestus et souvent An. nili. Le complexe dโespรจce An. gambiaeregoupe six espรจce : An. gambiae ss., An. arabiensis, An. coluzzi, An. merus, An. melas, An. quadriannulatus.An. gambiae s.s. et An. arabiensis sont les espรจces les plus rรฉpandues et constituent dโexcellents vecteurs dePlasmodium. Leurs gรฎtes prรฉfรฉrรฉs sont les points dโeau temporaires, non polluรฉs, peu profonds et ensoleillรฉs tels que les mares, les riziรจres et les flaques dโeau.
Dans le complexe An. funestus, sixespรจces peuvent รชtre distinguรฉes molรฉculairement : An. funestus s.s., An. vaneedeni, An. rivulorum, An. leesoni, An. parensis (Koekemoer et al., 2002) et An. rivulorum-like (Cohuet et al., 2003). Ces espรจces vivent gรฉnรฉralement dans les gรฎtes permanents : marรฉcages, bords de lacs et dโรฉtangs, rives herbeuses de fleuves, riviรจres et ruisseaux, zones dโinondation des cours dโeau (Hamon et al., 1955). Le complexe An. niliregroupe les 4 espรจces suivantes :An. nili ss.;An. carnevaliAn. ovengensis et An. somalicus (Kengne et al., 2003). Malgrรฉ son comportement zoophile, un haut degrรฉ dโanthropophilie a รฉtรฉ observรฉ chez An. coustani en Ethiopie (Taye et al., 2006), en Afrique du Sud (Gillies & Coetzee, 1987) et au Mozambique (Mendis et al., 2000). En Zambie et ร Madagascar, An. coustani semble avoir un rรดle dans la transmission dePlasmodium (Fornadel et al., 2011 ; Nepomichene et al., 2015).
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Table des matiรจres
Introduction
Gรฉnรฉralitรฉs
I- Parasites et vecteurs des parasites du paludisme
I- 1. Les parasites
I-1.1. Les espรจces plasmodiales
I-1.2. Physiopathologie
I- 2. Biologie des vecteurs
I-2.1. La phase aรฉrienne
I-2.2. La phase aquatique
I- 3. Les vecteurs du paludisme en Afrique sub-saharienne
II- Charge mondiale du paludisme
III- La lutte antivectorielle
III- 1. La lutte anti-larvaire et les rรฉgulateurs de croissance
III- 2. La lutte imagocide
III-2.1. Les MILD
III-2.2. Les PID
IV- Les insecticides et leur modes dโaction
V- La rรฉsistance des vecteurs aux insecticides
VI- Le paludisme, un problรจme de santรฉ publique majeur ร Madagascar
V- 1. Les espรจces plasmodiales
V- 2. Les vecteurs du Plasmodium ร Madagascar
V- 3. Charge et profil รฉpidรฉmiologique du paludisme ร Madagascar
V- 4. La lutte antivectorielle ร Madagacsar
V- 5. La rรฉsistance des vecteurs du paludisme aux insecticides ร Madagascar
Article 1
Objectifs de la thรจse
Chapitre I โ Caractรฉrisation de la sensibilitรฉ de la souche dโAnopheles arabiensis : souche sensible de rรฉfรฉrence utilisรฉe pour tester la bio-efficacitรฉ des supports imprรฉgnรฉs dโinsecticides
Article 2
Chapitre II โ Evaluation de la bio-efficacitรฉ des moustiquaires imprรฉgnรฉes dโinsecticide ร longue durรฉe (MILD)
Sous-chapitre 1 : Suivi de la durabilitรฉ physique et de bio-efficacitรฉ des MILD distribuรฉes dans six districts de Madagascar en 2013
Article 3
Sous-chapitre 2 : Amรฉlioration des mรฉthodes dโรฉvaluation de la bio-efficacitรฉ des MILD
Article 4
Article 5
Chapitre III โ Evaluation en condition naturelle semi-contrรดlรฉe de la bio-efficacitรฉ des pulvรฉrisations intra-domiciliaires (PID)
Sous-chapitre 1 : Evaluation de lโefficacitรฉ du bendiocarbe dans les cases-piรจges
Article 6
Article 7
Sous-chapitre 2 : Evaluation de lโefficacitรฉ du chlorfenapyr dans les cases piรจges
Article 8
Discussion
Conclusion