Le paludisme est le problรจme de santรฉ publique le plus grave et reste la premiรจre endรฉmie mondiale. En Afrique tropicale, presque la totalitรฉ de la population, environ 550 millions de personnes vivent en zone impaludรฉe : prรจs de 75% de la population habitent dans des zones de forte endรฉmie et 18% environ sont sous la menace dโรฉpidรฉmie de paludisme. LโOMS estime quโil sโy produit chaque annรฉe entre 270 et 480 millions de cas cliniques et entre 1,5 et 2,7 millions de dรฉcรจs (http://asmt.louis.free.fr/epidemio.html).
A Madagascar, le paludisme est parmi la premiรจre cause de morbiditรฉ en consultation externe des Centres de Santรฉ de Base (CSB) et au niveau des Centres Hospitaliers de District (CHD). Le Service de la Surveillance Epidรฉmiologique et de la Gestion des Informations Sanitaires compte environ 1,6 millions de cas de fiรจvre ร suspicion de paludisme en 2002 (Annuaire des Statistiques du Secteur Santรฉ de Madagascar). La dรฉcouverte en 1939 par Paul Mรผller des propriรฉtรฉs insecticides du Dichloro-Diphรฉnyl-Trichlorรฉthane communรฉment appelรฉ DDT, a constituรฉ une avancรฉe majeure dans la lutte contre les maladies ร transmission vectorielle. Ce produit est en effet extrรชmement efficace contre les moustiques intradomiciliaires lorsquโil est pulvรฉrisรฉ sur les murs et les plafonds des habitations. Il est รฉgalement efficace contre dโautres insectes piqueurs tels que les puces, les poux, les punaises de lit et les triatomes [Rozendaal J. A. et al., 1999 (48)].
Pendant les annรฉes 50 et au dรฉbut des annรฉes 60, dans de nombreux pays (y compris Madagascar), des programmes de lutte ont รฉtรฉ organisรฉs visant ร maรฎtriser les maladies ร transmission vectorielle (paludisme, maladie de Chagas et leishmanioses) par des รฉpandages de DDT ร grande รฉchelle, dโaprรจs ces mรชmes auteurs. Au dรฉbut, ces programmes connurent un large succรจs et dans un certain nombre de pays, on parvint mรชme ร interrompre ou du moins ร rรฉduire les activitรฉs de lutte antivectorielle. Cependant, dans la plupart des pays, ces succรจs furent de courte durรฉe et les vecteurs acquรฉriraient souvent une rรฉsistance aux insecticides qui contraignait ร se tourner vers des produits nouveaux, dโun prix de revient plus รฉlevรฉ (48).
GENERALITES
Parasite : genre Plasmodium
Le paludisme est une maladie parasitaire provoquรฉe par des Protozoaires du genre Plasmodium qui est reprรฉsentรฉ chez lโhomme par quatre espรจces: Plasmodium falciparum (espรจce prรฉdominante et responsable de 90% de la mortalitรฉ due au paludisme), P. vivax, P. ovale et P. malariae. La maladie est transmise ร lโhomme par la piqรปre des moustiques suivants : Anopheles gambiae s.l. (composรฉ par An. gambiae s.s. et An. Arabiensis), An. funestus (Chauvet et al., 1969 โ Fontenille, 1990 โ Ralisoa 1987) et An. mascarensis qui a รฉtรฉ trouvรฉ porteur de sporozoรฏtes par Fontenille ร Sainte MarieโMadagascar en 1989. Ce sont les principaux vecteurs de plasmodie ร Madagascar en particulier P. falciparum. Le moustique femelle en piquant lโhomme parasitรฉ absorbe des formes sexuรฉes du parasite ou gamรฉtocytes. Ces parasites poursuivent leur cycle dans le moustique et deviennent des sporozoรฏtes, formes infestantes du parasite, qui sont stockรฉs dans les glandes salivaires et sont injectรฉs ร un homme sain lors dโune piqรปre.
Systรฉmatique (Dupouy et Camet, 1995)ย
Rรจgne: ANIMAL
Embranchement: PROTOZOA
Phylum: SPOROZOA
Classe: COCCIDIA
Sous-classe: HEMATOZOA
Ordre: HAEMOSPORIDA
Famille: PLASMODIIDAE
Genre: Plasmodium
Espรจces: falciparum,
vivax,
malariae,
ovale.
Cycle de dรฉveloppement (Baudon, 2001)
Cycle asexuรฉ chez l’hommeย
Le parasite Plasmodium รฉvolue sous diffรฉrentes formes dans lโorganisme de lโanophรจle oรน sโeffectue la reproduction sexuรฉe, suivie dโune migration des sporozoรฏtes dans les glandes salivaires, ensuite transmis via la salive du moustique ร lโhรดte dรฉfinitif (homme). Chez lโhomme, deux phases se succรจdent suivant les conditions du milieu des plasmodies :
โย Phase exoรฉrythrocytaire
La phase exoรฉrythrocytaire ou phase tissulaire durant laquelle les sporozoรฏtes libรฉrรฉs aprรจs la piqรปre dโun anophรจle infestรฉ, vont migrer vers le foie oรน ils vont se multiplier et se transforment en trophozoรฏtes, puis en schizontes intrahรฉpatiques et finalement en mรฉrozoรฏtes. Il est ร noter que certains mรฉrozoรฏtes nโรฉvoluent pas mais restent quiescents pendant un temps plus ou moins variable. Cette phase va aussi permettre au parasite de survivre longtemps dans l’organisme, alors qu’il aura disparu du sang. C’est ce qui explique les rechutes ร longue รฉchรฉance pour les deux espรจces de Plasmodium : vivax et malariae.
โย Phase endoรฉrythrocytaire
La phase endoรฉrythrocytaire ou cycle de Golgi pendant laquelle les mรฉrozoรฏtes libรฉrรฉs dans le foie vont passer dans les hรฉmaties, y pรฉnรจtrent pour devenir de nouveaux mรฉrozoรฏtes. Lโรฉclatement de ces hรฉmaties est le responsable des frissons lors de la manifestation clinique du paludisme. Les mรฉrozoรฏtes libรฉrรฉs vont parasiter d’autres globules rouges et le cycle asexuรฉ continue. Aprรจs quelques cycles asexuรฉs apparaissent des parasites de forme spรฉciale, les gamรฉtocytes qui restent dans le sang pรฉriphรฉrique. Ce sont des formes sexuรฉes produites par le Plasmodium. Les parasites lors de cette phase n’ont aucune chance de survie dans l’homme. Ils restent vivants jusqu’ร 20 jours puis disparaissent. Ils ne pourront poursuivre leur รฉvolution que chez le moustique.
Cycle sexuรฉ chez le moustique femelle
En prenant son repas sanguin sur un paludรฉen, l’anophรจle femelle peut absorber des trophozoรฏtes, des schizontes, des mรฉrozoรฏtes et des gamรฉtocytes mais seuls ces derniers assurent la poursuite du cycle. Dans le mรฉsentรฉron, le gamรฉtocyte mรขle, aprรจs division, subit une exflagellation pour donner des microgamรจtes mรขles tandis que le gamรฉtocyte femelle, par accumulation des rรฉserves et par expulsion de corpuscules chromatiniennes, se transforme en macrogamรจte femelle ou ovule. La fรฉcondation du gamรจte femelle par le gamรจte mรขle a lieu dans le mรฉsentรฉron de l’insecte. Elle va donner un ลuf mobile appelรฉ ookinรจte. C’est la phase de reproduction sexuรฉe du parasite. L’ookinรจte traverse la paroi de le mรฉsentรฉron de l’insecte et forme un oocyste qui se divise en plusieurs centaines de cellules. L’oocyte (une forme enkystรฉe de l’ลuf dont le noyau va se diviser) รฉclate et libรจre des sporozoรฏtes qui vont gagner les glandes salivaires de l’anophรจle. Lorsque le moustique pique une personne pour prendre un repas de sang, les sporozoรฏtes sont injectรฉs chez cette personne avec la salive. Et le cycle continue… Selon les espรจces de plasmodies et la tempรฉrature, 7 ร 30 jours sont nรฉcessaires entre l’ingestion par la femelle anophรจle de sang humain infectรฉ et l’apparition de nouveaux parasites dans ces glandes salivaires .
Moustique : genre Anopheles
Systรฉmatique (Chauvet et al., 1969)ย
Rรจgne : ANIMAL
Embranchement : ARTHROPODES
Classe : INSECTES
Ordre : DIPTERES
Sous-ordre : NEMATOCERES
Famille : CULICIDES
Sous โ famille : ANOPHELINES
Genre : Anopheles
Sous genre : Cellia
Espรจces : gambiae s.s. (Giles, 1902)
funestus (Giles, 1900)
arabiensis (Patton, 1905)
mascarensis (De Meillon, 1947).
Cycle de dรฉveloppement (Robert, 2001)
Les femelles de certaines espรจces dโanophรจles, chez lesquelles sโeffectue le cycle sexuรฉ des plasmodies, assurent la transmission du paludisme dโhomme ร homme par leur piqรปre. Comme tous les Diptรจres, les moustiques sont holomรฉtaboles, c’est-ร -dire qu’ils prรฉsentent desmรฉtamorphoses complรจtes et passent au cours de leurย vie par 4 stades larvaires, un stade nymphal en milieu aquatique et un stade imaginal en milieu terrestre. A l’รฉmergence, les moustiques mรขles et femelles se nourrissent de nectar ou jus sucrรฉ. L’accouplement est unique pour un moustique femelle et elle doit prendre un repas de sang pour la maturation de ses ลufs (Ambroise et al., 1991). La ponte a lieu 3 jours aprรจs le repas de sang (100 ร 200 ลufs par ponte). Aprรจs la ponte, quand la tempรฉrature est รฉlevรฉe, la femelle se met en quรชte dโun nouvel hรดte et un nouveau cycle recommence. 8 cycles successifs peuvent รชtre observรฉs, quelque fois davantage. La durรฉe de vie dโun moustique est dโenviron un mois (variable selon les conditions, notamment climatiques). Les moustiques mรขles ne piquent jamais et ne transmettent aucune maladie.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. Parasite : genre Plasmodium
I.2. Systรฉmatique
I.3. Cycle de dรฉveloppement
I.3.1. Cycle asexuรฉ chez l’homme
I.3.2. Cycle sexuรฉ chez le moustique femelle
I.4. Moustique : genre Anopheles
I.4.1. Systรฉmatique
I.4.2. Cycle de dรฉveloppement
I.4.3. Stade prรฉโimaginal
I.4.4. Stade imaginal
I.4.5. Notion de gรฎte larvaire
II. PRESENTATION DE LA LOCALITE D’ETUDE
II.1. Climat
II.2. Zone d’รฉtude (Beforona, Marozevo et Soa)
II.2.1. Topographie
II.2.2. Vรฉgรฉtation
II.2.3. Peuplement et ressources
II.2.3.1. Site 1: Beforona
II.2.3.2. Site 2: Marozevo
II.2.3.3. Site 3: Soa
III. MATERIELS ET METHODES
III.1. Recherche bibliographique et liste des plantes ร vertus insecticides
III.2. Collecte des plantes
III.3. Extraction chimique
III.3.1. Matรฉriels
III.3.2. Mรฉthodes
III.3.2.1. Extraction alcoolique
III.3.2.2. Extraction liquide-liquide
III.3.2.3. Extraction de Soxhlet
III.4. Collecte et รฉlevage des moustiques
III.4.1. Matรฉriels de climatisation
III.4.2. Mรฉthodes
III.4.2.1. Elevage et alimentation
III.4.2.2. Estimation de la durรฉe des diffรฉrents stades
III.4.2.3. Rendement
III.5. Test de sensibilitรฉ des moustiques aux extraits de plantes
III.5.1. Matรฉriels
III.5.2. Mรฉthode
III.5.2.1. Test de sensibilitรฉ des adultes de moustiques
III.5.2.2. Calcul des concentrations lรฉtales
III.6. Travaux sur le terrain ร Beforona, Marozevo et Soa
III.6.1. Echantillonnage
III.6.1.1. Capture de nuit sur appรขts humains
III.6.1.2. Capture matinale en faune rรฉsiduelle
III.6.1.3. Identification des espรจces vectrices
III.6.2. Traitement des moustiques sur le terrain
III.6.2.1. Conservation du matรฉriel collectรฉ
III.6.2.2. Dissection des ovaires
III.6.3. Epandage ou pulvรฉrisation intra-domiciliaire
III.7. Etude d’impact des insecticides
III.7.1. Effet du traitement
III.7.2. Analyse statistique
III.7.3. Procรฉdure de calcul
III.7.4. Interprรฉtation des rรฉsultats
IV. RESULTATS
IV.1. Recherche bibliographique et liste des plantes ร vertus insecticides
IV.2. Choix des plantes
IV.3. Extraction chimique
IV.3.1. Extraction รฉthanolique
IV.3.2. Extrait des fractions aqueuses et hexaniques
IV.4. Collecte et รฉlevage des moustiques
IV.5. Test de sensibilitรฉ des moustiques
IV.5.1. Aux produits de rรฉfรฉrences OMS
IV.5.2. Aux extraits de plantes
IV.6. Travaux sur le terrain ร Beforona, Marozevo et Soa
IV.6.1. Capture de nuit sur appรขt humain
IV.6.2. Moustiques capturรฉs en faune rรฉsiduelle et effet des
insecticides
V. DISCUSSIONS
V.1. Recherche bibliographique et liste des plantes ร vertus insecticides
V.2. Collecte des plantes
V.3. Extraction chimique
V.4. Collecte et รฉlevage des moustiques
V.5. Test de sensibilitรฉ des moustiques aux extraits de plantes
V.6. Travaux sur le terrain ร Beforona, ร Marozevo et ร Soa
V.6.1. Capture de nuit sur appรขt humain
V.6.2. Moustiques capturรฉs en faune rรฉsiduelle
V.7. Impact des insecticides sur les moustiques vecteurs
V.7.1. Impact des deux extraits de plantes codรฉes respectivement PKT et RDO II
V.7.2. Insecticide de synthรจse recommandรฉ par l’OMS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES