CONTRAINTES DE L’ELEVAGE LAITIER AUSENEGAL
L’élevage au Sénégal, comme dans les pays tropicaux de l’Afrique, se heurte à beaucoup d’obstacles qui détériorent considérablement les performances escomptées.
CONTRAINTES ZOOTECHNIQUES
Le faible potentiel génétique des races locales africaines tant sur le plan de production laitière que sur le plan de production de viande constitue le plus grand handicap de l’élevage bovin en Afrique. D’une part, la production laitière moyenne pour les races africaines est estimée entre 1 et 4 litres de lait par jour, en saison de pluie, et à 1 litre en saison sèche (KABERA, 2007).
D’autre part, le zébu Gobra, considéré comme le meilleur zébu de boucherie de l’Afrique de l’Ouest, a un rendement carcasse de 50 à 53%, (KABERA, 2007) pour un poids adulte de 350 à 450 kg (ASSEU, 2010).
Sa production laitière est aussi faible, de l’ordre de 500 à 600 kg pendant une lactation de 7 mois (KABERA, 2007).
CONTRAINTES SANITAIRES
Le Sénégal dispose généralement d’une bonne couverture sanitaire en matière de grandes épizooties. Il a été déclaré indemne de la peste bovine en 2004 (ASSEU, 2010). Néanmoins, d’autres pathologies restent redoutables. C’est notamment le cas de parasitoses transmises par des insectes (Piroplasmose transmise par des tiques, les trypanosomoses transmises par des piqûres de mouches), et maladies infectieuses affectant fréquemment les bovins exotiques et croisés. Les élevages traditionnels sont quant à eux confrontés à des maladies telluriques, en particulier le botulisme, le charbon bactéridien et le tétanos (ASSEU, 2010).
A cela s’ajoute le prix élevé des médicaments et matériel vétérinaires (TIALLA, 2011).
CONTRAINTES ALIMENTAIRES
Les contraintes alimentaires sont très importantes dans les élevages en Afrique.
Elles sont le plus souvent liées à l’insuffisance des aliments et de l’eau d’abreuvement. Les erreurs d’alimentation ont pour conséquence la mort, ou même l’infertilité des vaches (TIALLA, 2011).
La sous-alimentation
Les contraintes alimentaires sont des obstacles à l’élevage au Sénégal. En effet, l’alimentation est essentiellement à base de fourrages, et les fourrages dépendent fortement de la pluviométrie. La courte période des pluies ainsi que l’absence de conservation des fourrages dans les élevages traditionnels exposent des animaux aux ruptures alimentaires en saison sèche (BYUNGURA, 1997).
Les sous-produits agro-industriels sont utilisés dans le cadre de la semiintensification de l’élevage, mais leur coût est souvent trop élevé pour les éleveurs.
L’abreuvement constitue aussi un autre problème dans les élevages en zones sylvo-pastorales (BYUNGURA, 1997).
La sous-alimentation empêche les animaux d’extérioriser leur potentiel génétique. En plus, on observe chez les animaux sous-alimentés une pseudohypophysectomie fonctionnelle qui provoque des troubles de gamétogénèse, voire une mise en veilleuse de l’activité ovarienne (CHICOTEAU,1991 cité par ASSEU, 2010).
La suralimentation
Les problèmes liés à la suralimentation ne sont pas fréquents dans les élevages traditionnels, mais peuvent se rencontrer dans les élevages intensifs. La suralimentation est souvent due à l’utilisation excessive des concentrés dans l’alimentation des animaux. Elle peut être à l’origine des infiltrations graisseuses au niveau de l’ovaire et des autres organes et causer le syndrome hypo-hormonal. De ce fait, elle retarde l’involution utérine et la vache ne peut pas concevoir (ASSEU, 2010).
CONTRAINTES SOCIO-ECONOMIQUES
Pour les éleveurs traditionnels, le facteur “nombre de têtes” prime sur “la production par tête”. Ainsi, la maximisation du profit par la production laitière ne constitue pas la préoccupation de l’éleveur. Les faibles niveaux de formation et de technicité sont aussi des obstacles à l’essor de l’élevage laitier (KABERA, 2007).
L’élevage moderne, en particulier la production laitière, un outil pour le développement de l’élevage en Afrique, exige des investissements financiers importants et une bonne gestion technico-économique dans le but de maximiser le profit (MICHOAGAN, 2011). Les crédits dans l’élevage sont quasi inexistants (GASSAMA, 1996) ou demandent un taux d’intérêt élevé (15 à 16%). En plus, ils sont à court terme, donc souvent destinés à l’embouche bovine et ne sont pas compatibles avec la production laitière, qui, quant à elle,demande des investissements durables, avec un crédit à moyen ou long terme(GASSAMA, 1996).
CONTRAINTES CLIMATIQUES
Le climat représente un problème majeur de l’élevage en zone sahélienne. La longue saison sèche fait que l’eau d’abreuvement n’est pas abondante, et les fourrages ne poussent que pendant une petite partie de l’année au Sahel. Pour pallier le problème d’eau, des forages ont été mis en place dans les différentes zones d’élevage (GASSAMA, 1996).
Les températures élevées dans les zones tropicales sont responsables du stress thermique. Il se traduit chez la femelle par les troubles de la reproduction, notamment l’allongement du cycle œstral, la perturbation de l’équilibre hormonal et les troubles de la gamétogénèse.
Sur le plan digestif, les températures élevées (supérieures à 25°C) entraînent une réduction de l’ingestion alimentaire, et par conséquent une chute de productionset de fertilité des animaux (MICHOAGAN, 2011).
PRESENTATION DE LA RACE GIROLANDO
INTRODUCTION
La race Girolando est une race relativement nouvelle dans l’élevage bovin au monde. Les premiers animaux « Girolando » sont apparus dans les années 1940 au Brésil. La race Girolando provient d’un croisement raisonné des bovins Gir, originaires de l’Inde, et des bovins Holstein originaires des Pays -Bas et très répandus dans le monde.
A l’origine de la race, les éleveurs brésiliens étaient impatients d’obtenir un bon rendement dans l’élevage laitier. C’est ainsi qu’ils ont commencé à pratiquer les croisements raisonnés entre Gir et Holstein (figure 2). Ces croisements étaient basés sur le caractère rustique des bovins Gir et la grande production des bovins Holstein. La race nouvellement formée s’adapterait au climat tropical brésilien, serait moins exigeante que la Holstein et garderait les caractéristiques des deux races.
DESCRIPTION DES RACES PARENTALES DE LA RACE GIROLANDO
RACE HOLSTEIN ET SON ADAPTATION DANS LE MONDE
Introduction
La race bovine Holstein est une race hautement laitière, originaire des Pays-Bas dans les provinces du Nord : Hollande du Nord et Friesland. La race serait composée d’animaux noirs et blancs des migrateurs Bataves installés dans le Delta du Rhin il y a environ 2000 ans. Ces animaux noirs et blancs ont été croisés et ont donné une race laitière de robe pie-noire.
Caractéristiques physiques
Les bovins Holstein sont des animaux dont la robe est généralement pie-noire ou pie-rouge avec des taches bien délimitées. Leur taille au garrot est comprise entre 1,50 et 1,60 m (BA DIAO, 2005).Ce sont des animaux généralement sans cornes.
Caractéristiques de production laitière
Son succès est dû à sa croissance rapide, à sa grande adaptabilité mais surtout à ses très grandes capacités de production de lait. Sa production laitière moyenne au Sénégal est de 15 litres par jour/vache pour une durée de lactation de 305 jours (BA DIAO, 2005).
La production laitière de la race Holstein varie en fonction des pays. Ainsi, le tableau ci-contre montre les différences de production (Tableau IV).
RACE GIR
Introduction
La race Gir (ou Gyr) est une race laitière originaire de l’Inde, dans la région de Gir. Cette région est localisée entre 20°5’ et 22°6’ de Latitude Nord et entre 70° et 72° de Longitude Est.
La région de Gir située entre 125 et 600 m d’altitude jouit d’un climat tropical ; la limite inférieure de la température étant de 11°C pendant le mois de Janvier alors que la limite supérieure est de 40°C pendant le mois de Mai. La pluviométrie est estimée entre 50 et 100 cm, et l’humidité relative est comprise entre 60 et 80% (GAUR et al., 2003).
Les animaux de race Gir (Figure 3) sont connus pour leur résistance au stress et aux maladies tropicales (KUMAR et SINGHAL, 2006).Les animaux de race Gir ont été importés par différents pays. Leurs croisements avec les races locales visent à augmenter la production et la résistance aux maladies (GAUR et al., 2003).
PARAMETRES DE PRODUCTION ET DE REPRODUCTION DANS UN TROUPEAU LAITIER
La reproduction joue un grand rôle dans l’élevage laitier bovin puisqu’il permet la production laitière. Cette dernière ne peut se faire sans mise bas ; la durée de gestation est longue (280-290 jours), la gestation et la lactation sont superposées pendant généralement 7 mois pour rentabiliser l’élevage (BOICHARD, 2000). Pendant le post-partum et la lactation, le déficit énergétique et la mobilisation corporelle perturbent la reprise de la cyclicité (augmentent l’intervalle entre mise-bas et insémination artificielle IV-IA1) et la fertilité (mesurée le plus souvent par le taux de réussite de l’IA). Les paramètres de fertilité présentent une certaine divergence avec les paramètres de production. Comme ça a été démontré par BUTLER et al. (1989) cité par BOSIO (2006) sur la figure 6, le taux de conception diminue quand la production laitière augmente.
Rappels anatomiques de la glande mammaire
La mamelle ou glande mammaire est un organe annexe de l’appareil reproducteur femelle qui assure la sécrétion et production du colostrum et du lait chez les femelles des mammifères. Chez la vache, la mamelle (ou pis) est impaire et comprend généralement quatre (4) quartiers indépendants séparés par des ligaments et qui se terminent chacun par un trayon.
Sa vascularisation est assurée par l’artère et veine mammaires crâniales, caudales et honteuses externes. Son innervation est assurée par les nerfs honteux et le nerf génito-fémoral ou mammaire.
La portion sécrétrice est constituée de structures épithéliales organisées en alvéoles. Les alvéoles sont groupés en lobules, ceux-ci rassemblés eux-mêmes en lobes. Chaque alvéole comprend une couche interne de cellules épithéliales sécrétrices irriguées à leur pôle basal. Les cellules myoépithéliales contractiles entourent les alvéoles. Ces cellules poussent le lait produit dans les alvéoles vers canaux lobulaires puis lobaires et mammaires (galactophores). Les canaux galactophores s’ouvrent par un canal u nique au niveau du trayon : sinus galactophore. Les structures de base de la mamelle sont représentées par la figure 7 ci-après :
BILAN DE LA REPRODUCTION ET DE LA PRODUCTION LAITIERE
Le bilan de la reproduction est un élément qui complète le suivi de la reproduction. Le bilan s’intéresse à tout le troupeau et permet de quantifier les performances de reproduction. Le bilan a pour but de déterminer l’ampleur et la nature des problèmes d’élevage et de proposer si nécessaire les recommandations spécifiques. Il permet en plus de déterminer les vaches infertiles et/ou infécondes et les vaches à problèmes dans le troupeau pour les soumettre à un traitement spécial ou à la réforme (MICHOAGAN, 2011).
Les résultats du bilan de la reproduction permettent de déceler les facteurs de risque les plus fréquents dans l’élevage. Ces facteurs peuvent être des maladies,la mauvaise conduite du troupeau, les facteurs alimentaires ou environnementaux,…
PARAMETRES DE FERTILITE
La fertilité peut être définie comme la capacité d’une femelle à se reproduire, ou sa capacité à produire des ovocytes fécondables (FROMENT, 2007). D’une façon générale, elle se traduit par le pourcentage de vaches inséminées trois fois ou plus et par le taux de fécondation à partir de la première IA.
Les paramètres de fertilité sont évalués en termes de ratio (tableau VIII).
Le taux de réussite à la première insémination (TRIA1)
C’est le pourcentage des femelles gestantes suite à une première IA après vêlage. C’est un critère très intéressant pour évaluer la fertilité. Mais il est peu utile sur le plan étiologique car il existe beaucoup de facteurs qui peuvent l’affecter (BULVESTRE, 2007). Avec un taux généralement moins élevé lors des IA précoces, ce taux peut être associé aux évaluations des IA suivantes : TRIA2, TRIA3,… Il nécessite une mise en place d’un diagnostic de gestation fiable et précoce sur les vaches inséminées.
A défaut d’un diagnostic précoce, le taux de réussite à la première insémination peut s’évaluer par l’observation du taux de non retour en chaleurs (TNR). En effet, les vaches qui ne reviennent pas en chaleurs dans les 30 à 90 jours qui suivent l’insémination sont considérées comme gestantes. Néanmoins, l’écart reste considérable entre le taux de gestation et le TNR, mais diminue si le TNR est évalué tardivement, entre 90 et 120 jours (MICHOAGAN, 2011).
PARAMETRES DE FECONDITE
La fécondité est l’aptitude pour une femelle à mener à terme une gestation dans les délais requis (FROMENT, 2007). La fécondité inclut la fertilité, le développement embryonnaire et fœtal, ainsi que la mise bas et la survie du nouveau-né.
Age au premier vêlage
C’est le paramètre de fécondité évalué chez les génisses. L’âge de première mise bas dépend de l’âge de mise à la reproduction (AMR), et ce dernier dépend de différents facteurs, à savoir la race, le poids, état de santé, alimentation,…
D’une manière générale, une génisse est mise à la reproduction quand elle atteint 40-60% de son poids adulte. Certains éleveurs préfèrent mettre à la reproduction les génisses qui atteignent 2/3 du poids adulte. Cette période correspond généralement à 18-24 mois d’âge.
Intervalle entre vêlage et première insémination (IV-IA1)
Il se mesure en jours. Il correspond au nombre de jours entre le vêlage et la première IA, qu’elle soit suivie ou non par une fécondation. Il dépend en grande partie de la durée de l’involution utérine et de la reprise de l’activité ovarienne après vêlage. Cette période est d’environ 30 jours chez la vache, mais la mise à la reproduction est toujours déconseillée avant 45 jours.
Intervalle entre vêlage et l’insémination fécondante (IV-If)
C’est le nombre de jours entre le vêlage et l’IA qui a conduit à une gestation. Sa valeur moyenne à l’échelle du troupeau est calculée à partir de chaque vêlage et l’insémination reconnue fécondante.
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Table des matières
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
CHAPITRE I: SITUATION DE L’ELEVAGE BOVIN AU SENEGAL
I.1. Systèmes d’élevage et races exploitées au Sénégal
I.1.1. Le système pastoral
I.1.2. Le système agropastoral
I.1.3. Le système périurbain intensif
I.2. Contraintes de l’elevage laitier au Sénégal
I.2.1. Contraintes zootechniques
I.2.2. Contraintes sanitaires
I.2.3. Contraintes alimentaires
I.2.4. Contraintes socio-économiques
I.2.5. Contraintes climatiques
CHAPITRE II: PRESENTATION DE LA RACE GIROLANDO
INTRODUCTION
II.1. Description des races parentales de la race girolando
II.1.1. Race Holstein et son adaptation dans le monde
II.1.2. Race Gir
II.2. Description de la race Girolando
II.2.1. Caractères de reproduction de la race Girolando
II.2.2. Caractères de production de la race Girolando
CHAPITRE III: PARAMETRES DE PRODUCTION ET DE REPRODUCTION DANS UN TROUPEAU LAITIER
III.1. Rappels sur l’appareil reproducteur
III.1.1. Rappels anatomiques de l’appareil reproducteur femelle
III.1.2. Rappels physiologiques de l’appareil reproducteur femelle
III.1.3. Rappels physiologiques sur la production laitière
III.2. Bilan de la reproduction et de la production laitière
III.2.1. Paramètres de fertilité
III.2.2. Paramètres de fécondité
III.2.3. Objectifs de reproduction
III.2.4. Paramètres de production laitière
III.2.5. Paramètres sanitaires
CHAPITRE I: MATERIEL ET METHODES
I.1. Cadre d’étude
I.1.1. Milieu d’étude
I.1.2. Gestion technique des animaux de la ferme
I.2. Matériel
I.2.1. Fiches
I.2.2. Matériel animal
I.2.3. Autre matériel
I.3. Méthodes
I.3.1. Collecte des données sur la production laitière
I.3.2. Collecte des données sur la reproduction
I.3.3. Collecte des données sur la santé
CHAPITRE II: RESULTATS
II.1. La production laitière
II.1.1. La durée de lactation
II.1.2. La production moyenne
II.1.3. La durée de tarissement
II.2. Performances de reproduction
II.2.1. Paramètres de fécondité
II.2.2. Paramètres de fertilité
II.3. La santé
CHAPITRE III: DISCUSSION
III.1. La production laitière
III.1.1. La durée de lactation
III.1.2. La production moyenne de lait
III.1.3. La durée de tarissement
III.2. La reproduction
III.2.1. Parametres de fecondite
III.2.2. Paramètres de fertilité
III.3. La santé
CHAPITRE IV: RECOMMANDATIONS
IV.1. A la communauté scientifique et aux chercheurs
IV.2. A l’Etat sénégalais
IV.3. Au propriétaire de la ferme agro-pastorale de Pout
IV.4. Au personnel de la ferme
IV.4.1. Aux techniciens de la ferme
IV.4.2. Aux bouviers et gardiens
IV.5. A l’EISMV et au projet EMAP-FAPPo
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES