La pancréatite aiguë (PA) est un processus inflammatoire aigu du pancréas lié à une autodigestion de la glande par ces propres enzymes et dont les deux principales étiologies sont biliaire et alcoolique [37]. L’incidence annuelle des PA varie entre 30 et 45 / 100 000 habitants [18, 55]. Cependant, il existe de grandes variations en fonction des continents, et au sein d’un même continent. En Europe, elle est estimée entre 10 à 70 pour 100 000 habitants [18]. En France son incidence est de 22 pour 100 000 habitants [24]. L’incidence est d’environ 30/100 000 habitants/ an (Royaume-Uni/Pays de Galles) [66]. Aux Etats unis, elle est entre 50 à 80 pour 100000 habitants. Les pancréatites aiguës sont responsables de 108 000 hospitalisations et de 2250 décès par an [33]. En Afrique du Sud 136 cas de PA avaient été répertoriés en 1997 à Johannesburg [29]. En Afrique du Nord notamment au Maroc, El Khanboubi Asmaa avait trouvé 66 cas de pancréatite biliaire de 2000 à 2008 [16]. A Dakar, Ibrahims avait trouvé 57 cas de pancréatites sur 6 ans [28]. L’âge moyen de survenue de la PA selon plusieurs études varie entre 53 et 59 ans avec une moyenne de 54 ans. Cet âge varie en général en fonction des étiologies des PA[2, 52]. La pancréatite aiguë est plus fréquente chez l’homme que chez la femme. Cette nette prédominance masculine est liée à l’abus d’alcool plus retrouvé chez les hommes. Des études épidémiologiques ont montré que les PA d’origine biliaire sont deux fois plus fréquentes chez la femme que chez l’homme [2, 36, 57].
RAPPELS
ANATOMIE DU PANCREAS
Le pancréas est un organe rétro-péritonéal situé à cheval sur les étages sus et sous mésocoliques, il est situé en regard des vertèbres lombaires (L1-L2) où il se moule sur la saillie formée par la colonne vertébrale et les vaisseaux prévertébraux. Il a un aspect macroscopique allongé, irrégulier, gris rosâtre et de consistance ferme mais friable.
Anatomie descriptive du pancréas
On décrit au pancréas quatre portions, de droite à gauche (figure1) et des canaux excréteurs (figure 2).
➤ La tête enchâssée dans le cadre duodénal, prolongée vers la gauche dans sa moitié inférieure, en arrière de la veine mésentérique supérieure, par le processus uncinatus (crochet ou petit pancréas), vers le bord droit de l’artère mésentérique supérieure.
➤ L’incisure pancréatique, ou isthme ou col pancréatique est située en avant de la veine porte.
➤ Le corps : sa face postérieure est marquée par l’empreinte de la veine splénique.
➤ La queue est séparée du corps par une échancrure, formée au bord supérieur par le passage d’arrière en avant des vaisseaux spléniques.
➤ Les canaux excréteurs Ils sont au nombre de deux : l’un principal (Wirsung), l’autre accessoire (Santorini).
– Le canal de Wirsung commence à la queue, parcourt tout le corps, transperce la tête du pancréas puis la paroi de la deuxième portion duodénale où il est accolé au canal cholédoque. Il s’ouvre dans le duodénum au niveau de la grande caroncule.
– Le canal de Santorini traverse la partie supérieure de la tête pancréatique, et s’étend du col de la glande jusqu’à la petite caroncule duodénale. Il fonctionne comme un affluent du canal de Wirsung auquel il s’abouche au niveau du col de la glande.
Rapports topographiques du pancréas
La tête
● La face antérieure de la tête
Elle est recouverte du péritoine, sauf au niveau de l’insertion du mésocôlon transverse qui la croise. Elle répond aux deux étages qui sont : l’étage susmésocolique et l’étage sous-mésocolique (figure3). L’étage sus-mésocolique comprend :
– la face antérieure du lobe carré du foie,
– le fascia pré-pancréatique sus-mésocolique,
– l’artère gastroduodénale et sa bifurcation : la pancréatico-duodénale inférieure droite et la gastro-épiploïque. L’étage sous-mésocolique : elle est réduite à une étroite bande qui longe la troisième portion du duodénum.
● La face postérieure de la tête
Elle est plane et répond :
– au cholédoque qui s’écarte de la veine porte et creuse une gouttière dans le tissu pancréatique,
– aux arcades vasculaires duodéno-pancréatiques.
Par l’intermédiaire du fascia de TREITZ, la face postérieure répond égalementau pilier droit du diaphragme, à la veine cave inférieure, au bord interne du rein et de l’uretère droit, ainsi qu’au pédicule rénal.
● La circonférence de la tête
La circonférence de la tête du pancréas répond à la concavité de l’anse duodénale et se creuse d’une gouttière dans laquelle le duodénum est reçu comme un pneu dans une jante.
– Le bord supérieur répond au premier duodénum.
– Le bord droit répond au deuxième duodénum et au confluant biliopancréatique.
– Le bord inférieur répond au troisième duodénum.
– Le bord gauche répond au col et au petit pancréas ainsi qu’au pédicule mésentérique supérieur. La tête adhère à la paroi intestinale partout où la gouttière de la circonférenceexiste. Cette adhérence est particulièrement forte sur la deuxième portion du duodénum.
Le col du pancréas
Ses rapports se font :
– en avant avec le bulbe duodénal,
– en haut avec le tronc cœliaque,
– en arrière et en bas avec les vaisseaux mésentériques supérieurs.
Le corps du pancréas
Sa face antérieure est en rapport, par l’intermédiaire de l’arrière de la cavité des épiploons (ACE), avec la face postérieure de l’estomac.
La queue du pancréas
La queue du pancréas est recouverte sur ses deux faces antérieure et postérieurepar le péritoine. Ces deux feuillets se continuent à gauche, soit directement, soit par l’intermédiaire de l’épiploon pancréatico-splénique, avec le péritoine de la rate. Le feuillet antérieur fait partie de la paroi postérieure de l’ACE, le feuillet postérieur se fléchit à l’union du corps et de la queue du pancréas, pour seterminer avec le péritoine pariétal.
Le pancréas exocrine
Structure
Le pancréas est entouré par une capsule conjonctive très fine qui envoie des travées internes cloisonnant l’organe en lobules. Dans ces travées cheminent des vaisseaux sanguins, des nerfs et des canaux excréteurs. Comme les glandes salivaires, le pancréas exocrine est constitué de 2 portions : l’une sécrétrice formée par les acini et l’autre excrétrice, correspondant aux canaux.
Acini
L’acinus est de type séreux, constitué de cellules sécrétrices en forme de tronc de cône, reposant sur une membrane basale. Les cellules possèdent toutes lescaractéristiques des cellules sécrétrices de protéines et présentent une polarité morpho fonctionnelle marquée. Le noyau sphérique, clair avec un nucléole bien visible, est situé dans le tiers basal. Dans le cytoplasme riche en mitochondries, le réticulum granulaire est abondant au pôle inférieur qui apparaît basophile au microscope photonique. L’appareil de Golgi supra nucléaire est bien développé. Au pôle apical se regroupent des granules sécrétoires, limités par une membrane et dont le contenu se densifie au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de la lumière. Les techniques cytochimiques ont montré que ces granules contiennent des enzymes digestives et des hydrolases acides.Les cellules acineuses sont disposées autour d’une petite lumière de petit calibre. Le noyau d’une cellule ou cellule centro acineuse est souvent observée à ce niveau. Celle-ci correspond à une petite cellule cubique de l’épithélium du canalexcréteur de l’acinus qui se trouve placée dans le centre de la sphère acineuse en raison du caractère compact du tissu pancréatique.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. RAPPELS
1. ANATOMIE DU PANCREAS
1.1. Anatomie descriptive du pancréas
1.2. Rapports topographiques du pancréas
1.2.1 La tête
1.2.2. Le col du pancréas
1.2.3. Le corps du pancréas
1.2.4. La queue du pancréas
1.3. Vascularisation, innervation, drainage lymphatique du pancréas
2. HISTOLOGIE
2.1. Le pancréas exocrine
2.1.1. Structure
2.1.1.1 Acini
2.1.1.2 Canaux excréteurs
2.1.2 La sécrétion pancréatique exocrine
2.2. Le pancréas endocrine
3. PHYSIOLOGIE
3.1. Le pancréas exocrine
3.1.1 Le suc pancréatique
3.1.2 Propriétés des enzymes pancréatiques
3.1.3 Régulation de la sécrétion exocrine
3.2. Le pancréas endocrine
II. PANCREATITES AIGUES
1. Définition
2. Physiopathologie
3. Diagnostic
3.1 Positif
3.1.1 Clinique
3.1.2 Paraclinique
3.2. Diagnostic différentiel
3.3. Diagnostic étiologique
DEUXIEME PARTIE
I. MATERIEL ET METHODE
1- LE CADRE D’ETUDE
2- METHODOLOGIE
2.1 Type et période d’étude
2.2 Critères d’inclusion
2.3 Critères d’exclusion
2.4 La technique autopsique et l’examen anatomo-pathologique
2.5 Collecte des données
II. RESULTATS
1. DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
A. Fréquence
B. Age
C. Sexe
2. Aspects anatomo-pathologiques
3. Lésions associées à la pancréatite aiguë
4. Etiologies de la pancréatite aiguë
III. DISCUSSION
1. EPIDEMIOLOGIE
A. Fréquence
C. Sexe
2. Aspects anatomo-pathologiques
3. Lésions associées à la pancréatite aiguë
4. Etiologies de la pancréatite aiguë
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES