Le paludisme tue un enfant toutes les trente secondes en Afrique et entre un et trois millions de personnes par an, selon les estimations de l’OMS. Deux milliards d’individu, soit 40% de la population mondiale, sont exposés et on estime à 500 millions le nombre de cas cliniques survenant chaque année. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes payent le plus lourd tribu à cette maladie (OMS). Quatre vingt dix pour cent (90%) des décès dus au paludisme surviennent en Afrique. Au Sénégal où il sévit de manière endémique, le paludisme représentait en 2001, 35% des motifs de consultations et constituait ainsi la première cause de morbidité et de mortalité(PNLP).En 2009, le taux de morbidité lié au paludisme était de 3,07% des cas confirmés (28). Un des objectifs du millénaire pour le développement est une réduction du nombre de cas de paludisme de 50% d’ici 2015. Ce but semble en voie d’être atteint. Le rapport annuel du partenariat Roll-Back Malaria du septembre 2011 révèle que la mortalité a baissé de près de 40% à travers le monde. En Afrique (85% des cas de paludisme et 89% des décès intéressent l’Afrique subsaharienne) « au moins 11 pays ont enregistré une réduction de plus de la moitié du nombre de malades et de décès associés »(3).
En s’inscrivant dans une perspective de pré-élimination du paludisme ,le Sénégal, dans son Programme National de Lutte contre le Paludisme ( PNLP ), a pris l’option de confirmer toute suspicion clinique de paludisme par un diagnostic parasitologique: Goutte Epaisse ou Test de Diagnostic Rapide (28).
RAPPEL SUR LE PALUDISME
Définition
Le paludisme ou malaria est une maladie parasitaire due à la présence et à la multiplication dans l’organisme humain de protozoaires du genre Plasmodium. Ils sont transmis à l’homme par la piqûre de moustiques femelles infestés du genre Anopheles.
Epidémiologie
Les Agents pathogènes
Taxonomie
Phylum : Apicomplexa
Classe : Sporozoea
Sous-classe : Coccidia
Ordre : Eucoccidiida
Sous-ordre : Haemosporina
Famille :Plasmodiidae
Genre : Plasmodium
Espèces : Plasmodium falciparum ; P.malariae; P. ovale; P. vivax ; P.knowlesi.
Il existe d’autres espèces parasites des animaux.
Morphologie
P. falciparum
❖ L’hématie parasitée : elle reste inchangée. Cependant on peut voir des hématies crénelées qui contiennent des parasites adultes. De même on peut apercevoir dans l’hématie des tâches de Maurer.
❖ Le trophozoïte a un cytoplasme qui est régulier, uniforme constitué par un petit anneau fin, bleu, pâle. Le noyau renferme 1 ou 2 grains rouges.
❖ Le gamétocyte : il a une forme de banane, croissant, bleu (mâle) et bleu foncé (femelle), le noyau rouge est bien visible. On observe un pigment sous forme de grains bleu noir situé au centre du cytoplasme (mâle) ou dispersé (femelle).
Paludisme à Plasmodium falciparum
Paludisme simple au nom compliqué
Elle apparaît chez les sujets neufs, c’est-à-dire chez l’enfant de 4 mois à 5 ans vivant en zone d’endémie ainsi que les personnes récemment transplantées en zone d’endémie.
Paludisme grave ou compliqué
les critères du paludisme grave :
Ils ont été actualisés par l’OMS en 2000. Les critères sont les mêmes chez l’adulte et chez l’enfant.
Les critères du neuro-paludisme ou paludisme cérébral
● Température : 39° c jusqu’à 42° c.
● Coma calme avec hypotonie et aréfléxie : chez l’adulte : coma hypotonique sans convulsion ni signe focal ; chez l’enfant : convulsions.
● Score de glasgow < 9.
Pas de signes méningés, mais ponctions lombaire obligatoire.
● Convulsion > 2/24 h (enfant)
● Parfois, manifestations psychiatriques au début
● Anémie
● Plus autres critères de gravité
Paludisme viscéral évolutif (PVE)
Il s’observe chez les sujets mal prémunis avec des réinfestations successives. La symptomatologie du PVE est subaiguë ou chronique avec une atteinte générale des viscères, les signes sont :
✔ Fièvre irrégulière à 38°c avec des poussées intermittentes.
✔ Anémie avec pâleur, asthénie, anorexie, dyspnée, oedémes des membres inférieurs
✔ Splénomégalie très importante chez l’enfant.
✔ Les urines sont colorées et la bilirubinémie est globalement élevée
✔ Retard staturo-pondéral parfois considérable chez l’enfant
✔ Altération de l’état général avec nausées, diarrhées déterminant un amaigrissement rapide. Cependant, sans traitement antipaludique, la guérison est lente mais spectaculaire.
Fièvre bilieuse hémoglobinique
C’est une complication rare qui survient chez les sujets vivant pendant longtemps, en zone d’endémie, ayant déjà eu plusieurs accès palustres et soumis à une prise irrégulière d’antipaludique. Le début est brutal et survient à la suite d’un refroidissement, d’une intense émotion, d’un traumatisme, d’une absorption de méfloquine (chez des déficients en fructose-6-phosphate déshydrogénase( G6PD). On note une fièvre avec lombalgies, pâleur, oligurie avec urines rouges témoignant l’hémolyse intra-vasculaire massive.
Néphrite quartante :
C’est une néphropathie glomérule chronique de l’enfant avec syndrome néphrotique impur due à P. malariae, liée à une glomérulopathie par dépôts de complexes immuns.
Diagnostic biologique
Modifications séro-hématologiques et biochimiques
– Thrombopénie, définie comme un taux de plaquettes sanguin inférieur à 150.000/mm3, est une anomalie fréquente au cours du paludisme, indépendamment de l’espèce plasmodiale en cause et du tableau clinique.
– Anémie : une anémie hémolytique est un bon signe d’orientation mais elle peut manquer, surtout au début d’un accès de primoinvasion. L’anémie sera plus souvent présente chez un sujet présentant des accès de reviviscence. NB : une glycémie < 2,2 mmol/L, bicarbonates < 15 mmol / L, Ph <7,35 créatininémie > 17 mmol / L, Bilirbine > 50 pmol / L sont des critères de gravité.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Définition
2. Epidémiologie
2-1-Les agents pathogènes
2-1-1-Taxonomie
2-1-2- Morphologie
2-1-3-Habitat
2-1-4-Biologie
2.2-Le Vecteur
2.3-Modes de contamination
2.4-Réservoir de parasites
2.5-Cycle évolutif
2.6-Facteurs favorisants
2.7-Paramètres épidémiologiques
2.8-Répartition géographique
3. Symptomatologie
3.1-Symptomatologie commune
3.1.1-Accès de primoinvasion
3.1.2-Accès palustre intermittent
3.2-Paludisme à Plasmodium falciparum
3.2.1-Paludisme simple ou non compliqué
3.2.2-Paludisme grave ou compliqué
3.2.3-Paludisme évolutif viscéral
3.2.4-Fièvre bilieuse hémoglobinique
3.3- Néphrite quartane
4-Diagnostic biologique
4.1- Modifications séro-hématologiques et biochimiques
4.2-Modifications sérohématologiques
4.2.1-Prélèvements
4.2.2-Techniques
a) de référence : GE, frottis
b) QBC
4.2.3-Résultats
4.3-Diagnostic immunologique spécifique
4.3.1-Détection d’antigènes : Tests de diagnostic rapide ( TDR )
4.2.2- Recherche des anticorps spécifiques
4.4 Diagnostic moléculaire ( PCR )
5. Traitement
5.1- Les antipaludiques actuellement utilisés : (ACT ), Quinine ;Artéméther
5.2-Indications
6.Prophylaxie
6.1-Individuelle
6.2-Collective
6.3-Programme de lutte au Sénégal
CONCLUSION