Palmier à huile et dégradation du couvert forestier

Le palmier à huile et son milieu

Agronomie du palmier à huile

Les palmiers à huile d’intérêt économique correspondent à deux espèces, Elæis guineensis Jacq. et Elæis oleifera (Kunth) Cortés (Jaquemard , 2012). Elæis guineensis Jacq., espèce africaine, est cultivé commercialement depuis le début du XXesiècle. L’essentiel des huiles de palme et palmiste commercialisées dans le monde, provient de cette espèce. C’est sur cette dernière que porte notre étude. Originaire du golfe de Guinée, le palmier à huile, Elæis guineensis, est une plante monocotylédone de la famille des Arécacées à croissance indéfinie (Beinaert et Vanderweyen, 1941 ; Touchet, 1992), qui se développe en milieu tropical humide sous certaines conditions.

Cette plante à croissance continue, est exigeante en eau et en lumière. Sa croissance requiert des conditions pédoclimatiques aussi constantes que possible tout au long de l’année. Tout écart par rapport aux conditions optimales, entraîne une baisse de production (Mensah, 1999).

Cette herbe géante (Figure3), possède une morphologie comparable à celle du cocotier (Cocos nucifera L.) ou du palmier-dattier (Phoenix dactylifera L.). Le système racinaire qui s’enfonce de 40 à 50 cm dans le sol, est composé de racines adventives fasciculées pouvant atteindre 15 à 20 m. Il est surmonté d’un stipe. Le stipe, de diamètre constant pouvant atteindre 25 à 30 m de haut, se ramifie en un seul point végétatif et produit des feuilles organisées en bouquet. Ce bouquet de 30 à 60 feuilles composées pennées, peut atteindre 10 m de long. Une feuille comporte 100 à 160 folioles disposées de chaque côté du rachis .

Cycle de reproduction et cycle cultural du palmier à huile ou élæiculture

Contrairement à l’oléiculture qui renvoie à la culture des plantes oléagineuses, dans cette catégorie, l’élæiculture quant à elle, concerne la culture du palmier à huile. C’est de son cycle de reproduction que traitent les paragraphes suivants. Le cycle de reproduction est celui d’une espèce monoïque et allogame. Des cycles de floraison mâle et femelle alternent au cours de la vie du palmier à huile. À l’aisselle de la feuille, se développent les organes reproducteurs, que sont les étamines (inflorescence mâle) et le pistil (inflorescence femelle). La fécondation se fait par pollinisation entomophile. Le transport du pollen des étamines vers les pistils est assuré par des charançons Curculionidés du genre Elæidobius (Syed, 1982). Le résultat de ce processus est un régime fructifère, comportant un rachis qui porte des épis garnis de fruits (500 à 3000 fruits). Le fruit (Figure4) est une drupe sessile de forme ovoïde, renfermant un mésocarpe (pulpe), un endocarpe (coque) et une amande (palmiste). En fonction du fruit, on distingue trois principaux types de palmiers à huile : dura (coque épaisse), pisifera (pas de coque), tenera, hybride issu du croisement des deux précédents (coque mince). L’huile de palme industrielle provient du mésocarpe du type tenera.

Le cycle cultural du palmier à huile (elæiculture), se fait par graines uniquement (Figure 5). Il débute avec la mise en pré-pépinière et pépinière des graines de type tenera. Ces graines issues d’un croisement (dura X pisifera), vont y être élevées pendant une période totale moyenne de 10 mois. Les jeunes palmiers sont ensuite transférés en champ et plantés à une densité de 143 à 160 palmiers par hectare. La densité de la palmeraie est variable selon les territoires. Après 3 ans environ de croissance végétative, le palmier entre en production et sera au maximum de son potentiel entre 6 et 20 ans d’âge. Avec une durée de vie économique d’environs 30 ans, âge au-delà duquel la hauteur des palmiers (14 m et plus) rend la récolte difficile et peu productive. La récolte d’une palmeraie est manuelle et permanente. Elle s’effectue idéalement tous les 7 à 10 jours, au moyen de ciseaux ou d’une faucille, selon l’âge et la hauteur des palmiers. Les régimes matures coupés, sont amenés en bordure de champ au moyen d’une brouette et ensuite acheminés vers l’usine d’extraction en tracteur ou en camion, en fonction de la distance à parcourir. Le régime de palme étant une denrée périssable, il ne peut idéalement pas y avoir plus de 24 heures entre sa coupe et son usinage (Socfin, 2016).

Biomasse du palmier à huile et contexte mondial

Le palmier à huile, premier producteur de corps gras végétal (CIRAD, 2018), est d’abord cultivé pour sa biomasse oléagineuse : l’huile de palme, huile végétale la plus consommée au monde devant celle de soja (European Oil Alliance, 2016), possédant de nombreuses qualités et ayant des usages multiples .

Usages et avantages de l’huile de palme

Une fois raffinée, sous le terme « huile de palme », se déclinent en réalité deux grands types de produits issus du palmier à huile : l’huile de palme (CPO-Crude Palm oil), issue de la pulpe du fruit du palmier à huile ; et l’huile de palmiste (PKO Palm Kernel Oil) issue du noyau du fruit. Encore largement utilisée comme huile de table dans les pays de sa production, l’huile de palme intègre aujourd’hui plusieurs produits et domaines d’applications. S’il faut la comparer aux autres matières grasses existantes (d’origine animale ou végétale), elle possède des atouts majeurs parmi lesquels : une résistance accrue à l’oxydation, permettant un allongement de la durée de vie des produits ; une consistance solide conférant une texture onctueuse aux aliments, tout en évitant le recours à l’hydrogénation (procédé coûteux utilisé pour solidifier les autres huiles) à l’origine d’acides gras trans nocifs à la santé ; une utilisation possible sous de fortes températures. Un autre atout majeur de l’huile de palme est son prix bien inférieur à celui des autres huiles végétales. En effet, son coût de production est inférieur de 20% à celui du soja et bien inférieur encore à celui du colza (Hormont, 2010). De plus, son rendement est bien plus élevé que celui des autres oléagineux concurrents. En moyenne, le rendement total d’un palmier à huile de palme et de palmiste s’élève à 3,5 à 4 t/ha (allant jusqu’à 9 t/ha dans les conditions optimales), contre 0,6 à 0,8 t/ha pour le soja et autour de 1t/ha pour les huiles de colza et de tournesol (UNCTAD, 2016). Tous ces avantages font que l’usage de l’huile de palme s’est considérablement développé à partir des années 2000. Elle est utilisée à 80% dans l’industrie agro-alimentaire, à 19% dans l’oléochimie et d’autres domaines, et à 1% dans les agrocarburants (Rival, 2013 ; Oil World, 2013). Du fait de tous ses avantages, l’huile de palme est la plus demandée, la plus produite et la plus consommée au monde.

Evolution de la production et de la demande en huile de palme

La production 

La production mondiale d’huile de palme est principalement assurée par l’Indonésie et la Malaisie, qui en représentent à elles seules plus de 85%. Dès 2007, l’Indonésie a ravi la place de premier producteur, qu’occupait la Malaisie depuis 1975 (INFOCOMM, 2016). Viennent ensuite la Thaïlande, la Colombie, le Nigéria et la Papouasie NouvelleGuinée (Figure 7a). Avec la demande croissante en huile végétale, cette production a augmenté au fil des années et devrait rester forte au cours des prochaines décennies. De plus de 50 millions de tonnes entre 1960 et 2012 (Mirova, 2014), la production mondiale d’huile de palme est passée à plus de 70 millions de tonnes entre 2012 et 2018 (Figure 7b). Cet essor a été principalement impulsé par l’accroissement de la demande grandissante en huile de palme dans les applications alimentaires. En effet, outre son utilisation dans les régimes alimentaires, la médiatisation des effets nocifs des acides gras trans présents dans les huiles hydrogénées, traditionnellement utilisées a amené l’industrie agro-alimentaire à se tourner vers l’huile de palme comme substitut. Si l’Asie domine la production mondiale en huile de palme, on observe une hausse notable de la production en Amérique latine et centrale et dans une moindre mesure en Afrique. Elle est passée à plus de 1,6 millions de tonnes en Amérique Latine et plus de 413000 tonnes en Afrique (INFOCOMM, 2016).

Demande en huile de palme

La demande mondiale croissante en huilé végétale est de plus en plus satisfaite par les huiles de soja et de palme, qui représentent près de deux-tiers de la consommation mondiale. Dans cette consommation, en 2016, on notait une progression de près de 36% pour l’huile de palme, tandis que baissait celle du Soja à 28%, et se maintenait à environ 15% celle du Colza (INFOCOMM, 2016). Ainsi, l’huile de palme est donc devenue, non seulement l’huile la plus consommée au monde, mais aussi la plus échangée. Sa consommation mondiale sur la dernière décennie a augmenté en moyenne de 2,9 millions de tonnes par an, entre 2005 et 2016. Elle a progressé de 82% pour s’établir à 23,802 millions de tonnes . L’inde, l’Indonésie et l’Union Européenne dominent la consommation et sont les trois premiers exportateurs mondiaux. Cette huile exportée sert pour la majeure partie à la consommation alimentaire et le reste pour l’industrie de biodiesel. La croissance de la population, le changement d’habitudes alimentaires, et la demande en agrocarburants sont l’une des principales raisons, faisant que la demande en huile de palme restera forte au cours des prochaines décennies (COMMODAFRICA, 2018).

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Table des matières

Introduction
Hypothèse1
Hypothèse 2
Hypothèse 3
Généralités et Méthodes
Chapitre 1 : Palmier à huile et dégradation du couvert forestier
1. Le palmier à huile et son milieu
1.1 Agronomie du palmier à huile
1.2 Cycle de reproduction et cycle cultural du palmier à huile ou élæiculture
1.3 Biomasse du palmier à huile et contexte mondial
1.3.1. Usages et avantages de l’huile de palme
1.3.2. Evolution de la production et de la demande en huile de palme
2. Palmier à huile et dégradation du couvert forestier dans le Bassin du Congo
2.1. Qu’entendons-nous par dégradation ?
2.2. Le bassin du Congo
2.3 Le palmier à huile et la dégradation du couvert forestier dans le bassin du Congo
3. Géographie du Cameroun
3.1 Cadre physique
3.1.1. Géomorphologie
3.1.2. Climat
3.1.3. Végétation
3.1.4. Sols et ressources en eau
3.1.5. Population et cadre socio-économique
3.2 Industrie du palmier à huile au Cameroun
3.2.1. La ceinture élӕicole au Cameroun
3.2.2. Les sociétés agroindustrielles au Cameroun
3.3 Les impacts de l’elӕiculture au Cameroun
3.3.1. Effets positifs
3.3.2. Effets négatifs
3.4 Le dilemme
4. Site d’étude
Chapitre 2 : Méthodes et données de l’étude
2.1 Télédétection et élaeiculture
2.1.1. Quelques bases et principes en télédétection
2.1.2. Le processus de télédétection
2.1.3. Application de la télédétection à l’étude des palmeraies
2.2 Écologie du paysage pour l’étude de dégradation du couvert forestier
2.2.1. Écologie du paysage : définition des composantes et importance de la structure spatiale
2.2.2. Métriques du paysage et caractérisation de la dynamique paysagère
2.3 Données et méthodes de l’étude : du choix des capteurs au niveau d’analyse
2.3.1. Les données de l’étude
2.3.2. La méthode de l’étude
2.3.3. Résumé de la méthode
Mise en œuvre
Chapitre 1 : Cartographie de la dynamique spatiale du paysage élaeicole de Kienké
1.1 Cartographie de l’occupation du sol
1.1.1. Prétraitements des images Landsat et Sentinel-2A
1.1.2. Traitement des images Landsat et Sentinel-2A : méthode de cartographie de l’occupation du sol de 1973 à 2017
1.2 Résultats
Chapitre2 : Détection et quantification des changements au sein du paysage élaeicole de Kienké
2.1 Etude de l’évolution de la dynamique de l’occupation du sol au sein du paysage élæicole de Kienké de 1973 à 2017
2.1.1. Etude des changements à l’échelle du paysage élaeicole
2.1.2. Etude des changements à l’échelle des classes d’occupation du sol
2.2 Résultats
2.2.1. Etat et dynamique de l’occupation du sol de 1973 à 1988
2.2.2. Etat et dynamique de l’occupation du sol de 2001 à 2017
2.2.3. Bilan de la dynamique spatio-temporelle observée de 1973 à 2017
2.3. Eléments de compréhension de la dynamique observée
Chapitre 3 : Etude des processus et transformations de la structure paysagère en lien avec l’expansion de la palmeraie de Kienké : expression structurale de la dégradation
3.1. Caractérisation des dynamiques et transformations du processus de dégradation liée à l’expansion de la palmeraie de Kienké
3.1.1. Caractérisation qualitative et dynamique structurale du paysage élaeicole de Kienké de 1973 à 2017
3.1.2. Caractérisation et quantification de la structure spatiale du paysage élaeicole
3.2 Résultats
3.2.1. Analyse qualitative de la dynamique structurale du paysage élaeicole de Kienké
3.2.2. Identification des processus et transformations de la structure spatiale du couvert forestier en lien avec le développement de la palmeraie de Kienké
3.2.3. Caractérisation du processus de fragmentation du couvert forestier au sein du paysage élaeicole de Kienké
Discussion générale
1. Rappel des principaux résultats et discussion
1.1. Cartographie de la dynamique spatio-temporelle du paysage élaeicole de Kienké
1.2. Dynamique spatio-temporelle du paysage élaeicole de Kienké : expression spatiale de la dégradation du couvert forestier liée à l’élaeiculture
1.3. Changements détectés et indices de l’écologie du paysage
Conclusion
Bibliographie
Annexe

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