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Physiopathologie
Le DT2 résulte de l’utilisation inadéquate de l’insuline par l’organisme et est en grande partie la conséquence d’une surcharge pondérale et d’un e sédentarité. La pathogénèse du DT2 est plus complexe que celle du DT1 car elle implique de nombreux tissus et mécanismes physiopathologiques. Le DT2 possède schématiquement deux composantes principales : le développement d’une insulinorésistance et un tr ouble de l’insulinosécretion, condition nécessaire. La quantité d’insuline est alors insuffisante face à la demande augmentée des tissus cibles devenus insulinorésistants (perte de sensiblité des récepteurs de l’insuline) et une hyperglycémie apparaît. Cette hyperglycémie est suivie d’une augmentation des lipides, qui elle-même, est associée à une inflammation, un stress du réticulum endoplasmique et un stress oxydant qui sont délétères pour la cellule. Ainsi, les organes (foie, muscle, tissu adipeux) sont soumis à une diminution du signal insulinique et à une toxicité sur les cellules β entrainant des troubles de l’insulinosécrétion pancréatique (Figure 4). L’ensemble de ces phénomènes conduirait progressivement à un épuisement du pancréas, une intolérance au glucose et une hyperglycémie chronique conduisant au développement du DT217, 18. Dans le DT2, les troubles de l’insulinosécrétion conduisent à un manque d’insuline qui est produite en quantité insuffisante face à une demande accrue des organes cibles. L’hormone ne parvient plus à générer un signal efficace pour assurer l’entrée du glucose dans les cellules, carburant métabolique essentiel, ce qui entraine des dysfonctionnements cellulaires et tissulaires.
Conséquences métaboliques
Les animaux développent une hyperglycémie rapide associée à une hypo-insulinémie. Rapidement, on observe chez ces animaux un arrêt de la croissance pondérale ou voire une perte de poids et les signes cliniques de diabète (polydispsie et polyurie)25.
Méthode d’induction
La STZ est diluée extemporanément dans une solution de sodium citrate (0,05 mol/l, pH 4,5). La solution est ensuite administrée par injection intrapéritonéale à des souris (C57BL/6, mâles). Les injections sont réalisées durant cinq jours consécutifs à une dose de 50 mg/kg de poids corporel34. Très rapidement, les souris développent une hyperglycémie (quelques jours à une semaine). La glycémie des souris est mesurée à l’aide d’un glucomètre à 7, 14 et 28 jours après la dernière injection. Les souris sont considérées comme diabétiques lorsque leur glycémie à jeun est supérieure à 250 mg/dl.
Mécanisme d’action
Les souris db/db sont un modèle génétique d’obésité compliquée de diabète (DT2). Ce modèle de DT2 est un modèle de déficience génétique conduisant à une insulinorésistance. Les souris db/db sont des souris déficientes en récepteur s de la leptine obRl. Cette mutation des récepteurs de la leptine altère notamment la sensation de satiété chez ces souris. En effet, la leptine est une hormone protéique qui a une influence importante dans la balance énergétique et le comportement aliment aire puisqu’elle intervient dans les processus d’absorption intestinale, dans la signalisation de la satiété, dans la lipolyse et dans d’autres réponses telles que les réponses inflammatoires. Des études épidémiologiques ont aussi montré une corrélation entre l’hyperinsulinémie, caractéristique de l’insulinorésistance, et une hyperleptinémie20, 32, 35.
Conséquences métaboliques
Les souris db/db présentent rapidement une obésité sévère, une hyperphagie, une polydispsie et une polyurie. Elles vont développer une insulinorésistance puis un DT2 avec les complications cardiométaboliques associées 35, 36.
Classification des complications du diabète
Les complications du diabète se classent en deux types en fonction du diamètre des vaisseaux atteints. En effet, l’endothélium vasculaire est le tissu en contact permanent avec le plasma hyperglycémique. Les cellules endothéliales qui le constituent forment la couche la plus interne des vaisseaux sanguins et permettent le maintien des fonctions vasculaires (contrôle du tonus vasculaire, hémostase et fibrinolyse, etc.). L’endothélium vasculaire est donc la principale cible des complications de l’hyperglycémie chronique. Ainsi, les complications microvasculaires du diabète sont secondaires à un épaississement de la membrane basale des petits vaisseaux. Les complications macrovasculaires, elles, sont celles des lésions d’athérosclérose qui concernent les gros vaisseaux et touchent les artères coronaires, les artères cérébrales et les artères des membres inférieurs. L’athérosclérose correspond à un remaniement de la paroi des artères et à la formation de plaques d’athérome à composantes lipidiques. Le diabète touche également les nerfs, conduisant à la neuropathie diabétique. Même si les anomalies qui en sont à l’origine n’impliquent pas le vaisseau mais directement les cellules nerveuses, la neuropathie diabétique est souvent classée avec les complications microvasculaires. Le risque de survenue des complications du diabète, en particulier pour les complications microvasculaires, dépend de la durée d’exposition au diabète et de la sévérité de l’hyperglycémie
Complications microvasculaires
Les complications microvasculaires sont les plus spécifiques du diabète. Souvent asymptomatiques au début de la maladie, leur délai moyen d’apparition est d’environ cinq ans après l’installation du diabète. Elles peuvent être observées au niveau de tous les organes, mais ont une traduction clinique pour la vascularisation rétinienne (rétinopathie diabétique), rénale (néphropathie diabétique) et nerveuse (neuropathie diabétique).
Les mécanismes physiopathologiques sont multiples. Il existe une relation forte entre l’hyperglycémie et les microangiopathies. L’hyperglycémie entraîne des modifications structurelles des composantes protéiques des membranes cellulaires qui vont favoriser la rigidité et la porosité des membranes aboutissant à une perturbation des grandes fonctions. Elle est aussi associée à des modifications hémodynamiques et à la libération de radicaux libres qui vont épaissir les membranes, les endommager et entrainer un dysfonctionnement des cellules endothéliales. L’hyperglycémie et l’obésité viscérale associée au DT2 participent à une augmentation de l’inflammation chronique induisant une augmentation de cytokines pro-inflammatoires, un stress du réticulum endoplasmique et d’autres facteurs impliqués dans la physiopathologie des complications du diabète38.
Rétinopathie diabétique
La rétinopathie diabétique touche tous les composants de la structure de l’œil, et en particulier la rétine. Elle est caractérisée par la présence de lésions progressives fragilisant la paroi des vaisseaux de la rétine. La perméabilité des capillaires rétiniens augmente ce qui provoque des fuites des vaisseaux rétiniens (hémorragies et exsudats). Les vaisseaux rétiniens peuvent aussi s’occlure conduisant à une ischémie de la rétine. Ces atteintes entraînent une néovascularisation périphérique importante aboutissant à des œdèmes maculaires et des saignements qui provoquent à terme un décollement de la rétine 40. Associée aux atteintes artérielles, une dysfonction neurosensorielle peut s’ajouter et est difficilement détectable chez l’homme. La rétinopathie diabétique est la conséquence de l’hyperglycémie chronique mais son évolution est aussi influencée par l’équilibre tensionnel et lipidique 38.
Non traitée, la rétinopathie diabétique peut entraîner une perte progressive de l’acuité visuelle et une cécité. Elle touche environ 50% des patients avec un DT2 et reste la cause la plus fréquente de cécité chez l’adulte dans les pays occidentaux. Sa prévalence est fortement corrélée à la durée du diabète et au niveau de l’hyperglycémie.
Le diabète est également un facteur de risque pour le glaucome (lésions du nerf optique entraînant une perte progressive de la vision) et la cataracte (opacification du cristallin entraînant un trouble de la vision), qui se produisent plus tôt et plus fréquemment chez les diabétiques38.
Néphropathie diabétique
La néphropathie diabétique est une détérioration progressive et définitive de la fonction rénale secondiare à l’hyperglycémie chronique . Dans les années 1930, Kimmelstiel et Wilson ont été les premiers à décrire les lésions diabétiques classiques de glomérulosclérose nodulaire et les modifications histologiques caractéristiques , tardives de la néphropathie diabétique 41. Cependant, la première anomalie dépistable cliniquement est la microalbuminurie qui témoigne de la perméabilité anormale de la barrière glomérulaire et donc d’une atteinte rénale débutante mais également de l’atteinte vasculaire liée au diabète. L’hyperglycémie chronique va entrainer un épaississement des membranes basales glomérulaires et tubulaires et l’expansion de la matrice mésangiale, qui vont progresser lentement vers la glomérulosclérose et la fibrose tubulo -interstitielle42. La néphropathie diabétique à un stade avancé entraîne une insuffisance rénale terminale. Quand les reins ont perdu plus de 85 % de leurs capacités fonctionnelles, un traitement de suppléance par dialyse est nécessaire.
La néphropathie diabétique touche actuellement 20 à 40% des patients diabétiques et est la première cause d’insuffisance rénale te rminale dans les pays occidentaux (24 % des cas d’insuffisance rénale terminale en France)43. Aujourd’hui le DT2 est la première cause d’entrée en dialyse en Europe38. Le niveau d’hyperglycémie et la durée d’exposition à l’hyperglycémie sont les principaux déterminants de l’apparition et de l’évolution de la néphropathie diabétique. Mais d’autres facteurs vont également influer sur la néphropathie diabétique tels que : l’âge, la pression artérielle, l’athérosclérose ou le facteur génétique, etc.38.
Complications macrovasculaires
Les complications macrovasculaires sont liées au développement de la maladie athéromateuse chez le diabétique. Les anomalies métaboliques qui accompagnent le diabète, telles que l’hyperglycémie chronique mais aussi la dyslipidémie, l’ins ulinorésistance et l’inflammation, sont responsables d’un déficit d’artériogénèse (formation des artères) et d’une dysfonction artérielle qui favorise l’athérosclérose et le remodelage vasculaire ce qui altère la structure des gros vaisseaux44. Le mécanisme de développement d e l’athérosclérose en cas de diabète n’est pas encore bien connu ; il est vraisemblablement multifactoriel44. En revanche, le déficit d’artériogénèse en cas de diabète est principalement lié à l’augmentation de l’inflammation de la paroi vasculaire et à l’altération des cellules et des signaux/facteurs proathérogéniques 45, 46. De plus, l’hyperglycémie augmente l’activation plaquettaire et conduit à un état prothrombotique 44. Ces atteintes sont retrouvées au niveau du cœur, du cerveau ou des membres inférieurs et se traduisent par une augmentation du risque d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires cérébraux et d’artériopathie de s membres inférieurs chez les patients diabétiques. Ces complications ont des formes cliniques particulières chez le diabétique. Elles sont plus sévères, plus diffuses et souvent silencieuses ou de symptomatologie clinique atypique. Le diabète représente donc un facteur de risque cardiovasculaire indépendant majeur et aggravent le pronostic du patient. En effet, les complications cardiovasculaires sont deux à trois fois plus fréquentes chez le diabétique par rapport au non -diabétique47. De plus, les accidents cardiaques et cérébrovasculaires sont souvent plus graves , avec un risque de séquelles ou de décès augmenté, chez le diabétique que chez le non-diabétique 48, 49. Ainsi, les complications cardiovasculaires (infarctus du myocarde50, accident ischémique cérébral 51, artériopathie des membres inférieurs52) représentent la première cause de mortalité chez le patient DT2 , soit plus de la moitié des décès 39. Le diabète augmente aussi le risque d’hypertension artérielle.
Infarctus du myocarde
Au niveau cardiaque, le diabète est un facteur de risque de coronaropathie connu depuis de nombreuses années (risque multiplié par 2-3 chez un homme diabétique) 53, 54. Le risque coronarien est dépendant de l’équilibre glycémique 37. De plus, chez les patients à très haut risque cardiovasculaire, le diabète représente un sur-risque de mortalité après un infarctus du myocarde55 et de récidives à court et long terme 56.
Accidents vasculaires cérébraux (AVC)
Le diabète est un facteur de risque certain pour l’AVC, en particulier l’AVC de type ischémique. De nombreuses études ont montré qu’un patient diabétique a 2 à 6 fois plus de risque de faire un AVC51. Parmi ces patients, 75 à 90% présentent un DT2 57. Des études rétrospectives réalisées chez l’homme ont montré que l’infarctus cérébral survient généralement à un âge plus jeune 58 et la mortalité est augmentée 59, 60 par rapport aux patients non-diabétiques. Le diabète semble également intervenir sur le risque de démence après un AVC61. De plus, le pronostic de ces patients est défavorable avec des séquelles importantes et un temps de récupération ralenti 57, 62, 63.
L’hyperglycémie augmente la taille de la zone cérébrale infarcie 61, 64, affecte la perméabilité de la barrière hémato -encéphalique51, 65 et entraîne des modifications physiopathologiques au niveau de la structure, de la densité et de la fonction des vaisseaux cérébraux 63. De nombreuses études expérimentales, réalisées sur des modè les d’ischémie cérébrale en cas d’hyperglycémie, ont en effet montré que la taille de la lésion, de l’œdème et de l’hémorragie sont augmentées chez les animaux hyperglycémiques par rapport aux animaux normoglycémiques51. Chez les souris db/db le diabète aggrave les dommages post-ischémiques en altérant les processus de réparation tissulaire médiés par les réponses inflammatoires66.
Artériopathie des membres inférieurs au cours du diabète
Le diabète est un facteur de risque indépendant d’athérosclérose. Lorsque l’atteinte artérielle est située au niveau des membres inférieurs , on parle d’artérite diabétique. Des études épidémiologiques ont confirmé l’association entre le diabète et l’augmentation de la prévalence d’artérite des membres inférieurs67. Ainsi, une personne diabétique à un risque d’artérite augmenté de 2 à 5 fois 44, 68, 69. De plus, les artérites diabétiques sont plus précoces, plus fréquentes et plus graves que les artérites de patients non-diabétiques car la revascularisation est plus difficile70, le diagnostic est plus tardif et par conséquent les complications de l’ischémie (ulcères, gangrène, etc.) plus présentes71.
La physiopathologie de l’artérite chez le sujet diabétique est similaire à celle retrouvée chez le sujet non-diabétique. Cependant, l’artérite est plus distale et se caractérise pa r une atteinte préférentielle des petites artères situées entre le genou et les orteils. Le rétrécissement du diamètre de ces artères entraîne une diminution de la perfusion sanguine des muscles et des tissus cutanés des extrémités du pied. De plus, le dia bète est associé à un déficit important du processus de néovascularisation post-ischémique 72. Ainsi, le développement de la circulation collatérale est faible et l’ischémie plus sévère.
D’autres facteurs associés au diabète peuvent aussi aggraver le pronostic du patient : l’existence d’une neuropathie ou d’une infection, le développement des troubles trophiques du pied, l’insensibilité chronique du pied des diabétiques, etc. 73. Ainsi, les patients diabétiques sont plus sujets aux complications des artérites (ulcères, gangrène, etc.) et le risque d’amputation est très important chez ces patients68.
Augmentation du risque infectieux
Les patients diabétiques sont plus sensibles aux infections. L’hyperglycémie favorise la prolifération des germes. De plus, elle entraîne un affaiblissement des défenses de l’organisme en exerçant de nombreux effets délétères sur l’immunité innée et adaptative . En effet, la fonction cellulaire des leucocytes, la production des cytokines et les lignes de défense locales et systémiques vont être perturbées par l’hyperglycémie chronique 71. Ainsi, chez le diabétique, les infections sont plus fréquentes, plus graves, avec une mortalité accrue et ont pour support des germes inhabituels. Les diabétiques sont plus sensibles aux infections dermatologiques, urinaires, gynécologiques ou bronchiques75.
Retard de cicatrisation
Dans le cas des ulcères liés au diabète, la cicatrisation post -lésionnelle est ralentie par un ensemble de facteurs intrinsèques et extrinsèques 76, 77. Parmi les facteurs intrinsèques du diabète, on peut retrouver : les neuropathies, les anomalies de perfusion, les altérations de la formation de la matrice extracellulaire, etc. Les facteurs extrinsèques, eux, sont liés aux infections, aux lésions du pied et aux déformations plantaires. Au cours du diabète, chaque étape du processus de cicatrisation connaît des anomalies. Ainsi, la progression d’une phase à l’autre est plus lente, excessive et/ou désordonnée ce qui rend la cicatrisation difficile 78. De plus, le phénotype cellulaire notamment des fibroblastes ou des macrophages est altéré par l’hyperglycémie chronique78. Enfin, un échec de la contraction cutanée peut aussi être fortement impliqué dans l’ulcération plantaire du diabétique 78.
Pied du diabétique
Les troubles trophiques du pied observés chez le patient diabétique sont la conséquence des trois types des complications du diabète (microangiopathiques, macroangiopathiques, et neuropathiques). C’est donc une « complication des complications » du diabète. Les complications du diabète touchant les pieds sont liées à la présence de38, 79 :
– neuropathie sensitive ou baisse de la sensibilité des nerfs qui est responsable d’une perte d’alerte douloureuse au niveau des pieds favorisant le développement de déformations plantaires et les plaies .
– neuropathie végétative entrainant une sécheresse cutanée très importante .
– artérite des membres inférieurs et des troubles de la circulation des capillaires qui entraîne des ischémies et un déficit d’oxygénation tissulaire nécessaire à la cicatrisation.
Ainsi, la cicatrisation difficile, les troubles de la circulation et la perte de sensibilité aux traumatismes vont exposer le pied du diabétique à des plaies étendues et profondes. De plus, l’augmentation du risque infectieux liée aux perturbations métaboliques et au caractère chronique de ces plaies aggrave le tableau et expose le diabétique à un risque de gangrène important. En pratique, ces lésions sont très hétérogènes ce qui les rend difficiles à traiter77. Le risque d’amputation chez les patients diabétiques est très important car elle est s ouvent le dernier recours pour contrer la dissémination profonde osseuse et/ou générale des infections 76. Ainsi, le diabète est la première cause d’amputation non -traumatique dans les pays occidentaux80. En France, on dénombre près de 10 000 amputations par an du es aux complications du diabète52.
Kallicréine plasmatique (PK)
La PK, est synthétisée et sécrétée au niveau du foie sous la forme d’un précurseur inactif, la prékallicréine, et circule dans le plasma sous forme inactive complexée au KHPM. Le gène de la PK, ou KLKB1, est situé sur le chromosome 4 chez l’homme 91. La prékallicréine peut directement être activée en PK par le facteur de coagulation XIIa ou par le KHPM. Une fois activée en PK, la prékallicréine libère la bradykinine à partir du KHPM. La PK ne contribue pas de façon importante à la formation des kinines en conditions physiologiques92. Cependant, elle a un rôle important dans la production des kinines dans certaines conditions pathologiques, et en particulier dans la coagulation.
Kallicréine tissulaire (TK)
Chez l’homme, la kallicréine tissulaire a une structure et une physiologie très différentes de la PK. C’est également une enzyme à sérine codée par un gène, KLK1, du chromosome 1993. Chez la souris, l’espèce chez laquelle la famille des kallicréines a été décrite initialement, les gènes des kallicréines, dont le gène Klk1 de la TK, se trouvent au même locus du chromosome 794. On la retrouve dans différents organes et cellules dont les glandes exocrines et salivaires, le pancréas, le rein, le cœur, les vaisseaux sanguins (cellules endothéliales et cellules musculaires lisses), le cerveau et les muscles squelettiques89. La TK fait partie d’une grande famille de protéases elle-même aussi appelée « kallicréines tissulaires ». Cette famille est composée de 14 kallicréines dont les fonctions sont très variées et différentes. La TK est la principale enzyme de cette famille et permet la libération des kinines à partir des kininogènes. Initialement synthétisée sous forme d’une proenzyme, la prokallicréine, la TK est activée par c livage protéolytique. L’hydrolyse du kininogène par la TK libère des polypeptides actifs : la bradykinine (BK), un nonapeptide, et la kallidine (Lys-BK), un décapeptide. La kallidine est uniquement produite chez l’homme. La TK murine libère exclusivement de la BK. La TK est la principale enzyme de formation des kinines.
Kininase II ou enzyme de conversion de l’angiotensine I
La kininase II, ou ECA, est une ectoenzyme membranaire. L’ECA est l’enzyme majeure de dégradation des kinines. Elle est principalement exprimée au niveau de l’endothélium vasculaire pulmonaire mais également au niveau du rein, de l’intestin et du placenta. L’ECA agit comme une dipeptidylcarboxypeptidase, c’est à dire qu’elle va cliver le dipeptide Phe8-Arg9 de la BK et de la kallidine38. La dégradation des kinines par l’ECA entraîne donc la libération de BK(1-7) et de KD(1-8) puis de la BK(1-5) et de la KD(1-6). La BK(1-5), ou Arg-Pro-Pro-Gly-Phe, est un métabolite stable102 avec un rôle physiologique propre notamment dans l’activation plaquettaire thrombine-dépendante97, 103 et dans la réponse inflammatoire104. L’ECA est également capable de métaboliser la kallidine et la des – Arg9-BK.
Bien que les kinines soient leurs substrats majeurs, les kininases II clivent aussi d’autres peptides99. Ainsi, l’ECA est également une enzyme clé de l’activation du SRA puisqu’elle va catalyser la conversion de l’angiotensine I en angiotensine II, qui est un puissant vasoconstricteur. Des études ont montré que l’ECA possède deux domaines catalytiques avec des rôles physiologiques indépendants. Par exemple, alors que la BK est dégradée par les deux domaines catalytiques, la conversion de l’angiotensine I se fait seulement par un seul des deux domaines105.
Le SKK est donc couplé au SRA par cette ECA qui d’une part dégrade les kinines en peptides majoritairement inactifs et, d’autre part, catalyse la transformation de l’angiotensine I en angiotensine II (Figure 6). L’action vasomotrice opposée de ces deux systèmes (kinines : vasodilatateur et angiotensine II : vasoconstricteur) permet la régulation du tonus vasculaire et le maintien de l’homéostasie vasculaire.
Régulation des récepteurs
Comme la plupart des RCPG, les récepteurs des kinines sont régulés par des modifications post-transcriptionnelles telles que la phosphorylation, l’acétylation ou la glycosylation. La phosphorylation de RB2 est dépendante de la stimulation par son agoniste (BK). Le RB2 est désensibilisé après sa stimulation et internalisé. Son internalisation rapide est suivie de son recyclage vers la membrane122, 123. La stimulation chronique du RB2 diminue son expression membranaire par modifications post-transcriptionnelles. Ainsi, les RB2 sont le plus souvent impliqués dans des réponses aiguës. A la différence des RB2, les RB1 ne subit pas de désensibilisation et d’internalisation du RB1 après sa stimulation par son agoniste124. Cette absence d’internalisation du RB1 conduit à une dissociation lente avec le ligand et explique l’implication du RB1 dans des effets chroniques comme la phase chronique de la réponse inflammatoire.
Voies de signalisation des RCPG
Du fait de leur structure, les deux récepteurs ont une transduction du signal comparable à celle des RCPG. Les RCPG constituent la plus grande famille de protéines membranaires participant à la régulation des fonctions physiologiques. Les principales voies de signalisation des RCPG, la voie des phospholipases et celle des cyclases125, impliquent l’activation des protéines G qui les constituent. Cette activation de leurs protéines G conduit au relargage de différents seconds messagers et à la modification des concentrations calciques intracellulaires. Ces différentes modifications vont permettre aux cellules de répondre aux variations de leur environnement. Du fait de son internalisation rapide, l’action du RB2 via l’augmentation de calcium intracellulaire est transitoire. En revanche, l’absence de désensibilisation du RB1 entraine une élévation prolongée du calcium intracellulaire 117, 126.
D’autres voies de signalisation du RB2, moins importantes, sont indépendantes des protéines G. Ces voies peuvent être impliquées dans des phénomènes de prolifération, de migration et de différenciation cellulaires92, 113.
Principales voies de signalisation des RB2
Au niveau endothélial, les kinines jouent un rôle clé dans la relaxation des cellules musculaires lisses et l’inhibition de l’agrégation plaquettaire. La BK va stimuler les protéines Gαq et donc la phospholipase C (PLC), les protéines Gαi et Gαs et donc la phospholipase A2 (PLA2), et la phospholipase D (PLD)92. La stimulation de ces enzymes a comme conséquence la libération de seconds messagers en cascade aboutissant à la relaxation vasculaire (Figure 11).
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Table des matières
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1 : LE DIABETE
1. Définition
2. Epidémiologie
3. Les différents types de diabète
3.1. Diabète de type 1
3.1.1. Physiopathologie
3.1.2. Origines
3.1.3. Symptômes et traitements
3.2. Diabète de type 2
3.2.1. Physiopathologie
3.2.2. Origines
3.2.3. Symptômes et traitements
3.3. Autres diabètes
4. Modèles expérimentaux de diabète
4.1. Principaux modèles expérimentaux de diabète
4.2. Modèle de diabète induit par injection de streptozotocine
4.2.1. Mécanisme d’action
4.2.2. Conséquences métaboliques
4.2.3. Méthode d’induction
4.3. Souris db/db
4.3.1. Mécanisme d’action
4.2.2. Conséquences métaboliques
5. Complications du diabète
5.1. Classification des complications du diabète
5.2. Complications microvasculaires
5.2.1. Rétinopathie diabétique
5.2.2. Néphropathie diabétique
5.3. Complications macrovasculaires
5.3.1. Infarctus du myocarde
5.3.2. Accidents vasculaires cérébraux (AVC)
5.3.3. Artériopathie des membres inférieurs au cours du diabète
5.4. Neuropathie diabétique
5.5. Autres complications
5.5.1. Troubles de l’érection
5.5.2. Augmentation du risque infectieux
5.5.3. Retard de cicatrisation
5.5.4. Pied du diabétique
5.5.5. Cancers
5.5.5. Autres
6. Conclusion du chapitre
CHAPITRE 2 : LE SYSTEME KALLICREINE-KININE
1. Introduction
2. Formation des kinines
2.1. Kininogènes
2.2. Kallicréines
2.2.1. Kallicréine plasmatique (PK)
2.2.2. Kallicréine tissulaire (TK)
2.3. Kinines
3. Dégradation des kinines
3.1. Kininases I
3.2. Kininase II ou enzyme de conversion de l’angiotensine I
3.3. Autres kininases
4. Récepteurs des kinines
4.1. Structure des récepteurs des kinines
4.2. Expression des récepteurs
4.2.1. Expression des RB1
4.2.2. Expression des RB2
4.3. Régulation des récepteurs
4.4. Voies de signalisation
4.4.1. Voies de signalisation des RCPG
4.4.2. Principales voies de signalisation des RB2
4.4.3. Seconds messagers de l’activation des RB1
4.5. Effets physiologiques des récepteurs des kinines
5. Intéractions entre le SKK et le SRA
6. Outils génétiques et pharmacologiques d’étude du systeme kallicreine kinine
6.1. Outils génétiques
6.1.1. Souris déficientes en TK (TK-/-)
6.1.2. Souris déficientes en RB1 (RB1-/-)
6.1.3. Souris déficientes en RB2 (RB2-/-)
6.1.4. Souris invalidées pour les deux récepteurs (RB1-/-/RB2-/-)
6.2. Outils pharmacologiques
6.2.1. Antagonistes des RB1
6.2.2. Antagonistes des RB2
6.2.2.1. Icatibant
6.2.2.2. Propriétés pharmacocinétiques de l’icatibant
6.2.2.3. Utilisation de l’icatibant
6.2.3. Agonistes des RB1
6.2.3.1. Agoniste NG29 ou RB1-ag
6.2.3.2. Propriétés pharmacocinétiques de RB1-ag
6.2.3.3. Utilisation de RB1-ag
6.2.4. Agonistes des RB2
6.2.4.1. Agoniste NG291 ou RB2-ag
6.2.4.2. Propriétés pharmacocinétiques de RB2-ag
6.2.4.3. Utilisation de RB2-ag
7. Rôles du système kallicréine-kinine
7.1. SKK et rein
7.1.1. SKK et physiologie rénale
7.1.2. SKK et pression artérielle
7.1.3. SKK et rénoprotection
7.2. SKK et coeur
7.2.1. SKK et physiologie cardiaque
7.2.2. SKK et cardioprotection
7.3. SKK et vaisseaux
7.3.1. Expression des composants du SKK dans les vaisseaux
7.3.2. SKK et angiogénèse
7.4. SKK et cerveau
7.4.1. Expression des composants du SKK dans le cerveau
7.4.2. SKK et physiologie cérébrale
7.4.3. SKK et pathologies cérébrales
7.5. SKK, douleur et inflammation
7.6. Autres rôles physiopathologiques du SKK
7.6.1. SKK et pathologies gastro-intestinales
7.6.2. SKK et cicatrisation cutanée
7.6.3. SKK et cancers
7.6.4. Autres
8. Conclusion du chapitre
PARTIE EXPERIMENTALE
CHAPITRE 3 : SYSTEME KALLICREINE-KININE ET DIABETE
1. Introduction
1.1. SKK et physiopathologie du diabète
1.1.1. Expression des récepteurs RB1 et RB2 et diabète
1.1.2. SKK, insulinosécrétion et insulinorésistance
1.1.3. SKK et transport de glucose
1.1.4. SKK et DT1
1.2. SKK et physiopathologie des complications du diabète
1.2.1. SKK et néphropathie diabétique
1.2.2. SKK et rétinopathie diabétique
1.2.3. SKK et cardiomyopathie diabétique
1.2.4. SKK et artérite diabétique
1.2.5. SKK et pied du diabétique
1.2.6. SKK et AVC en cas de diabète
2. Objectifs de la thèse
3. Etude 1 : Rôle du SKK dans l’ischémie des membres inférieurs chez la souris diabétique
3.1. Introduction
3.1.1. Artérite des membres inférieurs
3.1.1.1. Définition et épidémiologie
3.1.1.2. Physiopathologie
3.1.1.3. Conséquences physiopathologiques
3.1.1.4. Facteurs de risque
3.1.1.5. Angiogénèse et SKK
3.1.2. Objectifs de l’étude
3.2. Article : Kinin receptor angonism restores hindlimb postichemic neovascularization capacity in diabetic mice
3.3. Discussion
3.3.1. Rôle des récepteurs des kinines dans l’angiogenèse en conditions diabétiques
3.3.2. Modification des paramètres inflammatoires
3.3.3. Voies de signalisation impliquées
3.3.4. Conclusions
4. Etude 2 : Rôle du SKK dans la cicatrisation diabétique
4.1. Introduction
4.1.1. Cicatrisation cutanée
4.1.1.1. Cicatrisation en conditions physiologiques
4.1.1.2. Altération de la cicatrisation
4.1.1.3. Cicatrisation et SKK
4.1.2. Objectifs de l’étude
4.2. Article : Improvement of skin wound healing in diabetic mice by kinin B2 receptor blockade
4.3. Expérimentations supplémentaires
4.3.1. Expériences in vivo
4.3.1.1. Matériels et méthodes
4.3.1.2. Résultats
4.3.2. Expériences in vitro
4.3.2.1. Matériels et méthodes
4.3.2.2. Résultats
4.4. Discussion
4.4.1. Rôle de la TK dans la cicatrisation
4.4.2. Rôle des récepteurs des kinines dans la cicatrisation
4.4.3. Effets secondaires du traitement chronique par voie i.p. du RB2-ag
4.4.4. Application locale de RB2-ag
4.4.5. Effet d’un antagoniste des RB2 sur la cicatrisation
4.4.6. Voies de signalisation impliquées
4.4.7. Limites de cette étude
4.4.8. Conclusions
5. Etude 3 : Rôle du SKK dans l’ischémie cérébrale
5.1. Introduction
5.1.1. Accident vasculaire cérébral
5.1.1.1. Définition et épidémiologie
5.1.1.2. Physiopathologie de l’AVC de type ischémique
5.1.1.3. Facteurs de risque
5.1.1.4. Traitements
5.1.1.5. AVC et SKK
5.1.2. Objectifs de l’étude
5.2. Modèle d’ischémie cérébrale
5.2.1. Choix du modèle
5.2.2. Modèle endovasculaire
5.2.2.1. Méthode chirurgicale
5.2.2.2. Facteurs de variabilité du modèle
5.2.2.3. Validation du modèle au sein du laboratoire
5.3. Article : Effect of modulation of kallikrein-kinin system on brain damage and mortality in experimental cerebral ischemia in non-diabetic and diabetic mice
5.4. Discussion
5.4.1. Effets de l’activation des RB1 et des RB2 après une ischémie cérébrale chez la souris non-diabétique
5.4.2. Mécanismes neuroprotecteurs versus neurotoxiques de l’activation des RB2 après une ischémie cérébrale
5.4.3. Effets de l’activation des RB1 après une ischémie cérébrale chez la souris diabétique
5.4.4. Conclusions
CONCLUSION GENERALE / PERSPECTIVES
REFERENCES
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