Outil d’évaluation du style d’attachement

MÉTHODOLOGIE

Dans ce chapitre, il est question de la méthodologie qui a permis de mener à bien cette étude. Plus spécifiquement, son but et ses objectifs, le type de la recherche, la population à l’étude, le mode de recrutement des participants, le mode de collecte des données, l’analyse des données, les considérations éthiques ainsi que la pertinence de l’étude seront présentés.

But et objectifs de la recherche

Cette étude vise à identifier le style d’attachement ainsi que la perception de soi et des autres de jeunes ayant été hébergés en famille d’accueil. Pour atteindre ce but, trois objectifs spécifiques ont été retenus :
1. Documenter les images qu’ont les répondants d’eux-mêmes et des relations qu’ils entretiennent avec les différents membres de leur entourage.
2. Documenter le style d’attachement de ces derniers.
3. Identifier les moyens utilisés par les répondants et par les différents milieux d’accueil pour favoriser la création de liens significatifs ou positifs entre eux.

Le type de la recherche

Pour cette recherche, la méthode d’investigation qui a été utilisée est la méthode qualitative de niveau exploratoire. La recherche qualitative était la plus appropriée puisque, dans le cadre de cette étude, il s’agissait de comprendre l’expérience du placement, et ce, de la perspective de personnes qui l’ont vécue (Deslauriers, 1991). Plus spécifiquement, la recherche qualitative a permis d’aller davantage en profondeur et de dégager les expériences et perceptions propres à chacun des répondants, et ce, en tenant compte de leur individualité. Le niveau exploratoire, quant à lui, a permis l’exploration des variables relatives à l’expérience de placement, mais aussi la découverte de liens entre ces dernières (Fortin, 2010).

La population et l’échantillon à l’étude

La population visée par cette étude demeure les jeunes adultes ayant vécu au moins une expérience de placement dans un milieu de vie substitut au cours de leur enfance ou leur adolescence. Lors de l’entrevue, ceux-ci devaient être âgés entre 18 et 35 ans et résider sur le territoire canadien. Huit jeunes adultes ont été recrutés pour participer à cette étude.

Le recrutement des participants s’est fait principalement par le biais d’une annonce sur Facebook (annexe 1). En effet, de nombreuses personnes ont partagé cette annonce, ce qui a permis aux répondants d’en prendre connaissance et de nous contacter pour nous faire part de leur intérêt à participer. Leur participation s’est donc faite sur une base volontaire. Toutefois, bien que l’entièreté des participants ait été recrutée via les réseaux sociaux, des démarches avaient antérieurement été entreprises auprès du Centre de formation générale des adultes (CFGA) des Rives-du-Saguenay. Plus spécifiquement, grâce à la collaboration de la directrice de l’établissement, une tournée des classes a été réalisée afin de présenter l’étude aux étudiants et de distribuer des feuilles d’information (annexe 2). Ces dernières ont également été distribuées à des organismes oeuvrant auprès de cette population, tels que le Café Jeunesse, le Centre de prévention du suicide du Saguenay–Lac-Saint-Jean ainsi que l’Association démocratique des ressources à l’enfance du Québec (ADREQ CSD) du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Toutefois, ces efforts ne nous avaient pas permis de recruter des participants, ce qui nous a obligés à utiliser les réseaux sociaux pour recruter des participants.

La méthode et les outils de collecte des données

Les données ont été recueillies à l’aide d’entrevues semi-dirigées. Elles ont été réalisées par l’utilisation d’un guide d’entrevue semi-dirigée (annexe 3) composé essentiellement de questions ouvertes, de sorte que les répondants pouvaient répondre selon l’unicité de leur expérience et selon leur propre perspective de celle-ci (Fortin, Côté et Fillion, 2006). En d’autres termes, par ce mode de collecte de données, ceux-ci n’ont pas été restreints à choisir parmi un nombre limité de réponses. L’entrevue semi-dirigée a également permis aux répondants d’expliquer leurs réponses, de les nuancer et de les accompagner d’exemples. Par ailleurs, ce mode a permis d’établir un contact direct avec les répondants, ce qui était facilitant pour l’établissement d’un lien de confiance propice à l’ouverture. Néanmoins, la plupart des répondants se sont montrés peu volubiles lors des entrevues, donnant des réponses relativement peu élaborées malgré le fait qu’à plusieurs occasions les questions ont été reformulées pour bien expliciter le sens de ces dernières. Les répondants ont aussi eu à remplir un court questionnaire permettant d’obtenir des informations sur leurs caractéristiques sociodémographiques (annexe 4).

Le tableau 1 présente les différents thèmes et sous-thèmes du guide d’entrevue, tandis que le tableau 2 apporte des informations sur les caractéristiques sociodémographiques pour lesquelles il était pertinent de recueillir des informations pour ce projet.

Outil d’évaluation du style d’attachement

Le style d’attachement des participants a été mesuré à l’aide du Questionnaire sur les expériences d’attachement amoureux (QEAA ; Lafontaine et Lussier, 2003), qui est la version francophone abrégée du Experience in Close Relationships (ECR) de Brennan, Clark et Shaver (1998). En effet, tel que mentionné par Gervais (2016), la façon dont une figure d’attachement prend soin d’un enfant influencera les relations interpersonnelles de ce dernier à l’âge adulte, incluant celles en contexte amoureux. Plus spécifiquement, les patrons d’attachement seraient relativement stables dans le temps ainsi, ceux présents durant l’enfance sont généralement observés au sein des relations amoureuses à des âges plus avancés (Hazan et Shaver, 1987). De ce fait, dans son essai doctoral qui s’intéresse à l’effet de la maltraitance et au rôle médiateur de l’attachement sur l’ajustement psychologique d’adultes émergents, Gervais (2016) mesure l’attachement de ses répondants en utilisant l’attachement amoureux, plus particulièrement le QEAA, bien qu’elle ne s’intéresse pas seulement à l’attachement dans ce type de relations.

Néanmoins, pour la présente étude, les membres de l’entourage ont étés ajoutés aux partenaires amoureux dans le questionnaire afin de ne pas exclure les répondants qui n’ont jamais entretenu de relations amoureuses. Ce questionnaire comprend 12 items permettant de mesurer le style d’attachement amoureux des adultes selon deux principales dimensions : l’anxiété face à l’abandon (6 items) et l’évitement de la proximité (6 items). Plus spécifiquement, à l’aide de la valence (faible ou élevée) à ces deux dimensions, il est possible de placer l’attachement du répondant sur un continuum qui se divise en quatre styles d’attachement : sécurisé (anxiété faible, évitement faible), évitant/détaché (anxiété faible, évitement élevé), ambivalent/préoccupé (anxiété élevée, évitement faible) et désorganisé (anxiété élevée, évitement élevé) (Gervais, 2016). La cotation a été faite à l’aide d’une échelle de type Likert en sept points, où 1 correspond à « fortement en désaccord », 4 à la neutralité et 7 à « fortement en accord », et permet l’obtention de deux scores moyens, soit un pour chacune des deux dimensions de ce test. Le seuil proposé pour l’anxiété d’abandon est de plus de 3,5 et celui pour l’évitement de l’intimité est de plus de 2,5. Sa validité factorielle, tel que démontré par Lafontaine et Lussier (2003) auprès d’adultes (N=329) et de couples (N=316) francophones, possède des qualités métrologiques aussi adéquates que la version originale américaine de Brennan, Clark et Shaver (1998).

L’analyse des données

Les données de la présente recherche ont été analysées à l’aide de la méthode proposée par Mayer et Deslauriers (2000). Cette méthode se divise en quatre étapes : la préparation du matériel, la préanalyse, le codage du matériel ainsi que l’interprétation des résultats.

La préparation du matériel

Premièrement, avec l’accord des participants, le contenu des entrevues semi-dirigées réalisées dans le cadre de cette étude a entièrement été enregistré. Les entrevues ont ensuite pu être retranscrites en intégralité sous forme de verbatim, et ce dans le respect de l’anonymat des participants.

La préanalyse

Deuxièmement, un tableau d’analyse a été fait, lequel contenait les principaux éléments qui sont ressortis de chaque entrevue. Celui-ci a permis de synthétiser et de regrouper les informations pertinentes relativement aux objectifs de la présente étude.

Le codage du matériel

Troisièmement, un codage a été effectué relativement aux thèmes et sous-thèmes du guide d’entrevue, auxquels se sont ajoutés d’autres thèmes significatifs qui sont ressortis des entrevues.
Les informations regroupées par thèmes et sous-thèmes ont ensuite pu être analysées.

L’interprétation des résultats

Finalement, pour l’ensemble des thèmes et des sous-thèmes, les discours similaires entre les participants ainsi que ceux discordants ont été mis de l’avant, tout en tenant compte des cadres conceptuels choisis.

Considérations éthiques

Ce mémoire repose sur des considérations éthiques. En effet, les répondants ont préalablement reçu des explications claires et précises quant aux objectifs et aux modalités de l’étude, ainsi que sur l’utilité de leur contribution à cette étude. De cette façon, ils ont été en mesure de lire le formulaire d’information et de consentement à l’entrevue de façon libre et éclairée (annexe 5). À cet égard, ils ont également été avisés qu’il leur est possible de ne pas répondre à certaines questions, ainsi que de mettre fin à l’entrevue, et ce à tout moment. Étant donné que certaines questions de l’entrevue pouvaient affecter les répondants, une liste de ressources d’aide a été mise à leur disposition. Par ailleurs, pour veiller à la confidentialité des répondants, les verbatims, les enregistrements audios ainsi que toutes les informations permettant d’identifier les participants seront conservés sous clé sur une clé USB avec un mot de passe, puis détruits sept ans après la recherche. Dans le même sens, le nom des participants ne figure sur aucun des documents utilisés dans le cadre de cette recherche. Finalement, le comité éthique de l’UQAC a émis une certification éthique (numéro : 602.609.01, annexe 6). Les démarches de recrutement des participants ont débuté seulement lors de l’obtention de cette certification.

RÉSULTATS

Dans ce chapitre, les principaux faits saillants des entrevues menées auprès des huit répondants sont présentés. La première partie de ce chapitre est consacrée à la présentation de chacun des participants, sous forme de vignettes. La seconde partie documente leurs caractéristiques sociodémographiques puis des informations sont apportées sur leurs différents parcours de placement en famille d’accueil. La quatrième partie présente leurs styles d’attachement tandis que la cinquième traite des représentations de soi qu’ont les répondants.

Pour sa part, la sixième section porte sur les représentations qu’ont les répondants envers les membres de leur entourage, c’est-à-dire les représentations de leurs parents d’origine, de leurs parents d’accueil, de leurs pairs ainsi que de leurs partenaires amoureux. Finalement, la dernière section traite des stratégies utilisées pour favoriser l’établissement d’un lien affectif entre les répondants et leurs parents d’accueil. Rappelons que tous les prénoms des répondants sont fictifs de sorte à préserver leur anonymat.

Présentation des répondants

Vignette d’Arielle

Arielle est âgée de 32 ans. Cette dernière a des niveaux élevés d’évitement de l’intimité et d’anxiété d’abandon, ce qui correspond à un style d’attachement de type désorganisé. Cette jeune femme a été abusée sexuellement et physiquement par son père biologique lorsqu’elle était enfant et elle a subi de la négligence de la part de sa mère d’origine, ce qui constitue les principaux motifs de son placement initial. À la suite de son retrait de sa famille d’origine, cette dernière a vécu dans sept milieux substituts, soit six dans des familles d’accueil et un en institut, lesquels se sont succédé de l’âge de 10 ans jusqu’à sa majorité. Ses séjours dans ces milieux ont été d’une durée variant d’un mois à un an et lui laissent, pour la plupart, des souvenirs essentiellement négatifs. À cet égard, cette répondante a mentionné avoir fugué pour s’échapper d’un milieu qui la gardait enfermée, ce qui lui a permis de se faire retirer de celui-ci. La participante a repris contact avec sa mère biologique il y a six ans et depuis ce temps, elles entretiennent des relations satisfaisantes. Elle juge que celle-ci a progressé, ce qui lui permet maintenant d’assumer adéquatement son rôle de mère. Toutefois, la répondante a totalement coupé les liens avec son père biologique qu’elle considère nocif et inadéquat.

Arielle se décrit comme étant une personne marginale qui se sent jugée et socialement peu acceptée, ce qui l’affecte beaucoup. En effet, elle aimerait être « comme les autres ». De plus, elle a toujours éprouvé des difficultés à accorder sa confiance aux différents membres de son entourage. Néanmoins, elle a un réseau d’amis avec lequel elle entretient de très bons liens, ainsi qu’un partenaire amoureux avec qui elle a développé une relation sérieuse. Selon ses dires, ses amis et son amoureux lui ressemblent et l’acceptent comme elle est. Ce qui fait qu’en leur compagnie, elle peut être authentique et transparente sur son passé.

Vignette de Bernard

Bernard est âgé de 24 ans. Il présente de faibles niveaux d’évitement de l’intimité et d’anxiété d’abandon, ce qui correspond à un style d’attachement de type sécurisé. À l’âge de huit ans, Bernard s’est rendu chez sa grand-mère après avoir été agressé par son père. C’est à la suite d’une plainte portée par cette dernière que Bernard a été pris en charge par la protection de la jeunesse et placé en famille d’accueil. Par la suite, Bernard a séjourné dans au moins dix milieux d’accueil différents que ce soit au sein d’une ressource intermédiaire, dans un institut, au domicile de sa soeur ou dans sept familles d’accueil. Mis à part un séjour d’une durée de trois ans dans une famille d’accueil, les autres placements ont duré moins d’un an. Bernard éprouve des sentiments positifs seulement pour la famille d’accueil chez laquelle il a demeuré pendant trois ans ; les autres milieux ne sont associés qu’à des souvenirs négatifs. Bernard n’entretient pas de contacts réguliers avec ses parents biologiques. Néanmoins, il se sent obligé de leur donner annuellement des nouvelles. Bernard estime que ses parents sont inaptes et il préfère les garder à l’écart de sa vie.

Lorsqu’il se décrit, Bernard parle des aspects relatifs à ses performances d’athlète professionnel, qui sont ses sources de revenus. Son réseau social est composé uniquement de personnes liées à ses activités professionnelles, car selon lui, ce sont les seuls qui peuvent comprendre son mode de vie. D’ailleurs, ce serait en raison de ses exigences professionnelles qu’il n’est pas en couple. En effet, celles-ci lui requièrent énormément de temps et de sacrifices, en plus d’être dangereuses pour sa vie.

Vignette de Clara

Clara est âgée de 25 ans. Cette dernière a un niveau élevé d’évitement de l’intimité ainsi qu’un faible niveau d’anxiété d’abandon, ce qui correspond à un style d’attachement de type évitant. Clara a été placée en famille d’accueil à 1’âge de 10 ans à la suite de la séparation de ses parents et de leur refus de conserver la garde de leur fille. C’est à la suite de cette décision qu’elle a vécu dans deux familles d’accueil. La première l’a accueillie pendant six ans. Celle-ci était la famille d’origine de sa meilleure amie de l’époque. À sa demande, elle s’est fait retirer de ce milieu à la suite d’une distanciation de la part de la mère d’accueil en raison de la jalousie éprouvée par sa fille biologique. Par la suite, elle a demeuré dans une seconde famille d’accueil durant deux ans, c’est-à-dire de l’âge de 16 ans jusqu’à l’obtention de sa majorité. Clara estime que son séjour dans la première famille d’accueil s’est terminé négativement, tandis qu’elle garde des souvenirs positifs de la seconde famille d’accueil, avec qui elle entretient des contacts réguliers. À cet égard, Clara a mentionné avoir fait l’expérience d’une vraie famille dans ce milieu. Cette participante n’entretient plus aucune relation avec ses parents d’origine, bien qu’elle ait tenté de conserver des contacts avec son père. Devant le peu d’intérêt manifesté de sa part, elle s’est résignée à n’avoir aucune relation avec celui-ci. D’ailleurs, lorsque ce sujet a été abordé, la participante s’est montrée très émotive.
Clara se définit comme étant une bonne personne, honnête, généreuse et sensible. Elle a un bon réseau social, composé d’amies d’enfance, de collègues de travail ainsi que de son conjoint, lesquels sont disponibles et lui offrent le soutien dont elle a besoin. Toutefois, bien qu’elle ait totalement confiance en certaines de ses amies, Clara éprouve des difficultés à partager son passé avec d’autres personnes que ces dernières, ainsi qu’avec son conjoint actuel en raison de mauvaises expériences vécues lors de sa précédente relation amoureuse.

Vignette de Damien

Damien est âgé de 32 ans. Il présente un niveau élevé d’évitement de l’intimité ainsi qu’un niveau faible d’anxiété d’abandon, ce qui correspond à un style d’attachement de type évitant. À l’âge de 14 ans, ses parents ont exigé qu’il quitte le domicile familial en raison de sa consommation de drogues et de ses problèmes scolaires. Il a alors dû interrompre ses études afin de subvenir à ses besoins. C’est à la suite d’une arrestation que Damien a été pris en charge par la Protection de la jeunesse. Après un séjour à l’institut St-Georges, il a été placé dans une famille d’accueil, où il a demeuré pendant trois semaines. Toutefois, bien que ce premier séjour ait été de très courte durée, ce milieu l’a négativement marqué, notamment en raison du nombre d’enfants dont les parents avaient la charge (3 enfants biologiques et 5 enfants provenant de la Protection de la jeunesse). Par la suite, alors âgé de 15 ans, il a été placé pendant trois mois dans une seconde famille d’accueil puis pendant quatre mois au sein d’une troisième et dernière famille d’accueil. Cette dernière famille d’accueil lui a permis de cheminer et de développer son autonomie. Damien est ensuite retourné chez ses parents biologiques pendant quelques semaines pour ensuite vivre seul. Bien que Damien n’ait vécu en famille d’accueil que quelques mois, lorsqu’il aborde son passé, il a l’impression d’avoir passé sa jeunesse en famille d’accueil, ce qui laisse croire que ces expériences l’ont profondément marqué.

Damien se décrit comme une personne travaillante, gentille et charitable avec de bonnes valeurs. Il a un bon réseau social composé d’amis de longue date ainsi que de collègues de travail. Il juge ce réseau comme étant de très bonne qualité. En ce qui a trait à sa vie amoureuse, Damien n’a jamais entretenu de relation de longue durée en raison de ses difficultés à faire confiance à ses partenaires.

Vignette d’Éric

Éric est âgé de 34 ans. Il est père de trois enfants âgés de 14, 7 et 4 ans. Il démontre de forts niveaux d’anxiété d’abandon et d’évitement de la proximité, ce qui correspond à un attachement de type désorganisé. Il a été retiré de son milieu d’origine et placé en centre d’accueil sous l’égide de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) à l’âge de 10 ans en raison de son niveau élevé d’absentéisme scolaire. À la suite de ce premier séjour d’un an en centre d’accueil, Éric a été pris en charge par deux familles d’accueil. Il a alors demeuré pendant des séjours d’un an et de trois ans pour ensuite retourner vivre pendant un an en milieu institutionnel. Il retire des souvenirs essentiellement positifs des familles d’accueil dans lesquelles il a séjourné, de sorte qu’il n’a pas réussi à désigner un milieu l’ayant marqué négativement. Notamment, dans les familles d’accueil, il a été bien accueilli et il considérait les enfants des parents d’accueil comme ses frères et soeurs. Il s’est senti aimé et accepté pour ce qu’il était. Toutefois, il considère avoir été récemment trahi par un de ses frères d’accueil et il a été déçu de constater que les parents d’accueil ont plutôt manifesté leur accord concernant le point de vue de cette personne, ce qui a mis un terme à leur relation. Éric est toujours en relation avec ses parents d’origine. En effet, malgré les difficultés rencontrées, il considère avoir développé une belle relation avec sa mère.

Pour ce qui est de son père, leur relation n’a pas toujours été très bonne, toutefois elle s’est améliorée il y a environ quatre ans, au point tel qu’il héberge désormais ce dernier qui est aux prises avec des problèmes de santé.

Éric se décrit comme une personne sociable et travaillante, qui aime être bien entourée, qui prend soin des membres de sa famille. Son entourage est essentiellement composé de nouvelles connaissances puisque, à la suite de sa rupture avec son ex-conjointe, il a préféré prendre ses distances des personnes composant leur entourage commun. En effet, puisqu’ils se sont laissés en mauvais terme, il s’inquiète à l’idée que ces anciens amis lui colportent ses paroles et ses actions.

Depuis cette rupture, il n’a eu aucune compagne dans sa vie. Par ailleurs, son principal objectif est de retrouver la garde de ses trois enfants, qu’il a perdue récemment.

Vignette de Fanny

Fanny est âgée de 35 ans et est mère de deux enfants. Elle a de forts niveaux d’anxiété de l’abandon ainsi que d’évitement de la proximité, ce qui correspond à un attachement de type désorganisé. Fanny a été placée en famille d’accueil à l’âge de deux ans à la suite d’un signalement de la part de sa gardienne. En effet, la mère de Fanny allait la porter chez cette dernière toutes les fins de semaine, mais cette fois-ci, elle n’est jamais revenue la chercher et trois mois se sont écoulés avant que la gardienne décide de faire un signalement à la DPJ. À ce moment, son père était en prison. À la suite de son retrait de sa famille d’origine, Fanny a séjourné dans deux familles d’accueil. Elle a des souvenirs exclusivement positifs de la première famille, où elle a demeuré pendant trois ans. Toutefois, les parents d’accueil, qu’elle considérait comme ses vrais parents, ont pris la décision de se séparer d’elle puisqu’ils étaient dans l’impossibilité de l’adopter craignant de trop s’attacher.

La seconde famille d’accueil dans laquelle elle a séjourné pendant douze ans lui laisse des souvenirs plus négatifs. En effet, la mère d’accueil priorisait le bonheur de sa fille biologique au détriment de celui des jeunes qu’elle accueillait, notamment en offrant des cadeaux de Noël seulement à cette dernière. De plus, le jour de ses 18 ans, sans y avoir été préparée, Fanny a été mise à la porte de ce domicile puisque les parents d’accueil ne recevraient plus de rémunérations pour sa garde. Ainsi, puisqu’elle était très jeune lorsqu’elle a été retirée de son premier milieu et en raison de sa mauvaise expérience dans le second, Fanny n’est plus en contact avec ses parents d’accueil. Néanmoins, il y a cinq ans, elle a repris contact avec son père biologique lors de la naissance de son fils. Elle considère toutefois que leur lien ressemble à de l’amitié alors qu’elle préfèrerait qu’il s’apparente davantage à un lien père-fille conventionnel. Pour ce qui est de sa mère, Fanny n’est plus en relation avec elle depuis son enfance, et cela lui convient.

Caractéristiques sociodémographiques des répondants

Les cinq femmes et les trois hommes participant à cette étude sont tous nés au Québec et ont vécu en famille d’accueil dans cette province (Tableau 3). Toutefois, sept des répondants résident toujours au Québec, plus spécifiquement cinq au Saguenay–Lac-Saint-Jean, deux dans la région de Montréal tandis que le 8e répondant demeure désormais en Colombie-Britannique. La moyenne d’âge des participants est de 30,5 ans, le plus jeune ayant 24 ans et le plus âgé 35 ans.

La moitié des répondants (n=4) a réussi des études universitaires (n=2) ou collégiales (n=2) tandis qu’un a obtenu un diplôme d’études professionnelles (n=1). L’un des répondants a mis fin à ses études à la suite de l’obtention de son diplôme d’études secondaires et deux participants n’ont pas obtenu ce diplôme. Par ailleurs, les répondants résident dans différents types d’habitation, soit en maison unifamiliale (n=3), en appartement (n=3), en condominium (n=1) ou occupent un logement au sein d’une coopérative d’habitation (n=1). Toutefois, seul un des participants est propriétaire d’une maison, les autres étant tous des locataires (n=7). La totalité des répondants réside avec d’autres personnes (n=8) que ce soit avec une seule autre personne (n=3), avec deux (n=2) ou avec trois autres personnes (n=3).

En ce qui concerne leurs familles d’origine (Tableau 4), la majorité des répondants provient d’une famille monoparentale (n=5) plutôt que biparentale (n=3). La moitié des répondants était le seul enfant de sa famille (n=2) ou avait un frère ou une soeur (n=2), alors que les autres avaient de trois à cinq frères ou soeurs (n=3) ou plus de cinq (n=1). Les parents d’origine des répondants ont atteint différents niveaux de scolarité quoique la moitié des jeunes adultes rencontrés ignore le niveau de scolarité de sa mère et trois autres se retrouvent dans la même situation en ce qui concerne leurs pères. Pour ce qui est des familles d’accueil les plus significatives pour les répondants (Tableau 5), la moitié d’entre elles avait plus de trois enfants biologiques (n=4). Les autres en avaient un ou deux (n=2) ou aucun (n=2). De plus, la moitié de ces familles accueillait d’un à trois enfants (n=4), les autres quatre ou cinq (n=2) ou plus de six (n=2). Pour ce qui est du niveau de scolarité des parents d’accueil, trois répondants ont été incapables de l’identifier.

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Table des matières

RÉSUMÉ
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIÈRES
LA LISTE DES TABLEAUX
LA LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE
1.1. Les modifications apportées à la LPJ
1.1.2. Le projet de vie
1.1.3. Impacts de la modification de la LPJ
1.2. Conséquences du placement
1.3. Facteurs de risque des enfants placés
1.4. Importance du lien d’attachement chez les enfants placés
1.5. Pertinence du mémoire
CHAPITRE 2 : RECENSION DES ÉCRITS
2.1. Caractéristiques des enfants placés
2.2. Impacts du placement
2.3. Effets du placement sur l’attachement
2.4. Développement d’une relation d’attachement entre un parent d’accueil et un enfant placé
2.5. Forces et limites des recherches existantes
CHAPITRE 3 : CADRE THÉORIQUE 
3.1. La théorie de l’attachement
3.2. La théorie du parcours de vie
CHAPITRE 4 : MÉTHODOLOGIE 
4.1. But et objectifs de la recherche
4.2. Le type de la recherche
4.3. La population et l’échantillon à l’étude
4.4. La méthode et les outils de collecte des données
4.5. L’analyse des données
4.6. Considérations éthiques
CHAPITRE 5 : RÉSULTATS
5.1. Présentation des répondants
5.2. Caractéristiques sociodémographiques des répondants
5.3. Styles d’attachement des répondants
5.4. Parcours de placement
5.5. Représentation de soi des répondants
5.6. Représentation d’autrui des répondants
5.7. Stratégies utilisées pour favoriser l’établissement de liens affectifs entre les répondants et leurs parents d’accueil
CHAPITRE 6 : DISCUSSION 
6.1. Retour sur les objectifs de recherche
6.2. Forces et limites de l’étude
6.3. Perspectives de recherches futures
6.4. Retombées pour la pratique du travail social
CONCLUSION 
RÉFÉRENCES 
ANNEXE 1 – GUIDE D’ENTREVUE 
ANNEXE 2 – QUESTIONNAIRE SOCIODÉMOGRAPHIQUE
ANNEXE 3 – FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT DU PARTICIPANT À L’ENTREVUE 
ANNEXE 4 – FORMULAIRE D’AUTORISATION DE TRANSMISSION DES COORDONNÉES 
ANNEXE 5 – CERTIFICAT D’ÉTHIQUE

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