Histoire du jardin et du jardinage
On peut trouver des références au jardinage urbain dans des travaux de sociologie ou d’arts qui existent depuis l’antiquité ou encore dans la théorie des « cités jardins » qui prévoyait déjà des jardins pour l’économie de chaque habitations entre le XIXème et le XXème siècle. Mais, les « Horti » ou « hortus » sont déjà là à l’époque romaine, même si la signification n’était pas vraiment la même. «Les principes urbanistiques énoncés à partir du début du siècle par de nombreux urbanistes (Howard, Forestier, Greber, etc.) ont abouti aux projets contemporains de ville verte. Il s’agit à la fois de renforcer la capacité de résistance des espaces ruraux de ceinture verte face à la pression de l’urbanisation et de pérenniser les espaces agricoles et forestiers que le mode traditionnel de production de la ville (progression le long de grands axes, et jonctions périphériques) a enclavé, afin d’en faire les coupures vertes d’urbanisation ; ils échappent ainsi à leur destin habituel d’être construits. ».
On comprend déjà que amener le végétal en ville n’est pas une intention nouvelle. De plus, ces modèles donnent une forte importance à la ceinture verte et à la préservation des terres agricoles. Néanmoins, le développement des villes a laissé certaines enclaves qui restent comme des espaces non-bâtis, des friches. Les ouvriers se sont agglutinés au XIXème siècle dans des cités industrielles où les employeurs mettent à disposition des parcelles d’habitat mitoyen où chacune d’entre elles étaient occupées par une bâtisse et un terrain à cultiver pour la consommation familiale, le jardin. C’est le cas d’abord en Angleterre, qui était le point de départ de la révolution industrielle, puis en France à la fin du XIXème siècle. Une seconde période (fin XIXème – XXème siècle), les jardins en ville deviennent un élément de lutte contre la pauvreté et la faim. La pratique du jardinage s’estompe après la seconde guerre mondiale suite à l’instauration de programmes sociaux universels et du plein emploi. « La Seconde Guerre mondiale introduit une coupure dans l’histoire du jardinage ».
Après la guerre, les jardins ouvriers sont devenus les jardins familiaux tels qu’on peut les connaître aujourd’hui. Hier, ces mêmes terres avaient pour vocation la production de légumes afin de garantir une auto-suffisance alimentaire des ouvriers. Ce même système de parcelles attenantes aux maisons des corons était aussi proposé aux mineurs. Aujourd’hui, ces terres sont devenues un espace de loisir, de détente sans travail de la terre.
Où en est l’agriculture urbaine aujourd’hui?
Depuis toujours, les villes ont besoin de nourrir leurs populations. Cela se faisait déjà uniquement par l’implantation des villes sur des terres fertiles afin de permettre leur bon développement. Après la Seconde guerre mondiale, le besoin de cultiver en très peu de temps pour réduire la famine fait prendre un tournant au système de production traditionnel. La mécanisation et la création d’outils performants permettant une production de plus grande envergure ont favorisé l’industrialisation et donc le développement de l’agriculture intensive. De plus, des intrants chimiques ont été utilisés afin de pousser à l’extrême les productions. L’ère de l’industrialisation épuise nos terres. Dans les années 70-80, la fermeture des usines crée de nombreuses friches et fait perdre l’utilité des espaces extérieurs des usines souvent très vastes. Avec la croissance démographique, les champs ont progressivement disparu du centre des villes, mais des parcelles plus petites et de très nombreux jardins occupent toujours une place importante. Néanmoins, les usines se sont avérées être de parfait hall d’entreposage pour les entreprises.
Les premières années après le déclin, ces friches avaient alors encore un certain potentiel. Actuellement, elles se retrouvent souvent à l’abandon et constituent une réelle opportunité de développement pour la ville.
L’agriculture a aujourd’hui une nouvelle signification. La production des industries concurrencent l’agriculture traditionnelle en favorisant les grands ensembles de fermes au détriment des petits producteurs. Cette période entraine l’homme dans une sur-consommation qui se ressent encore aujourd’hui. La famine d’après guerre entraine la production de masse, la mécanisation, l’utilisation du pétrole, et l’agriculture intensive, durant cette période, est à son apogée. On comprend alors que l’agriculture a connu des périodes de changement considérable et le fait de la mondialisation, de la mono-culture, de l’intensité productive mène l’agriculture à une situation qui devient aujourd’hui critique. En effet, ces changements provoquent des retombées négatives sur le climat, l’environnement, la biodiversité et constituent une problématique actuelle majeure.
Notions de paysages
Comme pour l’agriculture urbaine, nous allons revenir en premier sur l’étymologie du mot «Paysage», ce qui nous permettra de mieux définir le sujet dans ce mémoire. « Étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme, qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle : Paysage forestier, urbain, industriel.» .
Si on part de la définition du dictionnaire, on comprend qu’il s’agit d’un espace avec certaines caractéristiques qui peut être un paysage travaillé par l’homme et donc transformé, ou alors, un paysage plus naturel.
« Le mot a été formé à partir du radical pays- et du suffixe-age. Cette racine est imprécise dans sa signification (qu’est-ce qu’un « pays »?), mais le choix en est caractéristique pour cette raison même : elle est d’ailleurs identique en anglais (Landscape) et en allemand (Landschaft) avec, dans les trois cas, des connotations plus ou moins marquées de ruralité et de terroir.(…) L’interrogation sur le suffixe -age n’est pas moins interessante car celui-ci s’emploie dans deux sens différents: ou bien il sert à former des ensembles (feuillage: ensemble de feuilles…): dans ce cas, le paysage serait l’ensemble des caractéristiques du terrain découvert par la vue, comme le visage est l’ensemble des traits de la figure (en quelque sorte, le paysage est le visage de la terre en un lieu donné); ou bien il désigne l’activité humaine correspondant aux verbes utilisés (labourage: action de labourer) ».Le paysage est donc une notion créée par l’homme afin qu’il puisse expliquer son environnement pour au final, pouvoir intervenir dessus. Il s’agit d’un ensemble d’éléments qui traduisent le paysage pouvant être observé par l’homme. Selon la convention européenne du Paysage, faite à Florence, le « « Paysage » désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ».
Les avantages de l’agriculture urbaine
Après avoir compris l’importance de la définition de ce qu’est l’agriculture urbaine, il est intéressant de comprendre de manière générale, quels sont les avantages mais aussi les inconvénients de ce concept. L’agriculture urbaine est multi-formes par la diversité de ses systèmes et cela lui procure un avantage de production de différentes denrées alimentaires par rapport à une agriculture plus traditionnelle des grands champs, aujourd’hui spécialisée dans une mono-culture. Cette production alimentaire variée donne la possibilité de consommer fruits, légumes, aromates,… « Les jardins potagers peuvent être jusqu’à 15 fois plus productifs que les exploitations des zones rurales, explique la FAO. Une superficie d’un mètre carré peut fournir 20 kg de nourriture par an ». Le potentiel de nos jardins familiaux constitue déjà une réponse à nos besoins d’un retour à la terre mais ils permettent surtout une auto-suffisance alimentaire. On peut alors dire que l’agriculture en ville est une possibilité de produire mieux, plus responsable, de diminuer les coûts de productions et les coûts écologiques. Par la même occasion, les fermes urbaines peuvent créer de l’emploi et susciter l’intérêt des citoyens par le circuit court et les relations que l’agriculture urbaine peut produire. De plus, l’agriculture au cœur de la ville répond aussi, d’une certaine manière, à une demande croissante des citoyens de « re-tisser des liens avec la nature ». « Toutes les expériences de jardins productifs urbains ne répondent pas à la même dynamique, ont indiqué au CNRS la sociologue Laurence Granchamp et la géographe Sandrine Glatron. Cela peut aller du simple loisir à une réelle activité commerciale en passant par un projet visant à restaurer du lien social ».
Les désavantages de l’agriculture urbaine
Ce concept a aussi ses problèmes, risques, que l’on ne retrouve pas avec un système productif plus traditionnel (rural). Le principal étant la pollution du sol qui est déterminée par l’histoire de son utilisation qui, en ville, est souvent imperméabilisé ou utilisé à des fins industrielles. La pollution que l’on retrouvera en ville étant des métaux lourds ou encore des hydrocarbure, il est alors difficile de rendre ces terres fertiles. Cette pollution des sols peut être traitée mais crée des surcoûts qui empêchent de nombreuses initiatives de se développer.
De plus, le prix foncier, pour des parcelles plus petites en ville, dépasse largement celui des terres agricoles rurales plus vastes et donc moins intéressantes à l’achat et à l’utilisation. Et même si tout était propice à un développement de l’agriculture en ville, il faut prendre en compte les risques de pollution par une utilisation intensive du sol ou l ’utilisation d’intrants (pesticides). Cette possibilité de cultiver la ville donnée aux citoyens comporte aussi le risque d’une pollution par une population non qualifiée qui voudrait « bien faire » sans en connaître les conséquences et engendrer par la même occasion une mauvaise qualité des produits et au final, de notre santé. Il est aussi important de souligner que l’agriculture urbaine est un moyen d’améliorer la qualité de vie mais ne permet pas complètement de s’approvisionner et donc, que l’agriculture rurale reste irremplaçable. En effet, les quantités produites en milieu urbain sont incomparables à la quantité produite en milieu rural. Néanmoins, les productions maraichères, vivrières sont différentes et beaucoup plus diversifiées et permettent de répondre à des besoins que la mono-culture ne peut plus répondre.
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Table des matières
I. Introduction
Méthodologie
Objectifs et questions de recherches
II. État de l’art
Histoire du jardin et du jardinage
Où en est l’agriculture aujourd’hui ?
III. Qu’est-ce que l’agriculture urbaine?
Étymologie
Définitions
-Exploitations productives
-De pleine terres
-Hors-sols
– Exploitations non productives
-Dépollution des sols
IV. Matériaux et méthodes
A la découverte de Herstal
Histoire de la ville
V. Synthèse critique et éléments spécifiques
– Parcourir Herstal
– Les typologies d’ensembles bâtis (cités jardins, industrielle,..)
– Histoire de la formation du paysage de Herstal
– Prospection : projet adopté par la ville pour le centre de Herstal
– Parcourir le site des ACEC
– Une lecture du site
– Master-Plan de P.Vigano et B.Secchi pour le site des ACEC
– L’agriculture dans le master-plan de VIGANO
– Réflexion personnelle sur le concept d’agriculture urbaine adopté dans le master-plan de VIGANO
– Démarche paysagère de Herstal
-Esquisse d’une appropriation personnelle du site des ACEC avec ce concept d’agriculture urbaine
VI. Conclusion
VII. Bibliographie
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