Otites seromuqueuses chez l’enfant au chu d’andohatapenaka en 2015-2016

L’otite séromuqueuse (OSM) est définie par la présence d’un épanchement dans l’oreille moyenne, derrière une membrane du tympan normale et sans signes ni symptômes d’infection aiguë [1, 2]. Elle est dite « chronique » si elle dure plus de trois mois et « compliquée » lorsqu’elle s’accompagne d’une rétraction tympanique, d’une atélectasie, de surinfections fréquentes ou si elle entraine une baisse de l’audition gênant la vie courante [3]. Plus rare chez l’adulte, elle peut être alors le signe d’appel d’un cancer du rhinopharynx lorsqu’elle est unilatérale. Les OSM constituent un problème de santé publique du fait de sa fréquence et de son impact socioéconomique. L’OSM est une affection multifactorielle et l’inflammation est considérée comme le facteur causal essentiel. Elle est souvent associée à un dysfonctionnement de la trompe auditive [4, 5]. Le diagnostic est avant tout clinique et repose sur l’otoscopie. Les signes d’appels sont variés et sont habituellement spontanément favorables. L’hypoacousie peut affecter le développement du langage, la cognition et les habilités scolaires chez l’enfant. Les autres signes d’appel sont l’otalgie ou une sensation d’oreille pleine d’eau avec une latence parfois importante qui peut la rendre asymptomatique [2, 4]. Elle peut laisser des séquelles tympano ossiculaires non négligeables (atélectasie tympanique) entraînant une surdité résiduelle de transmission. Elle peut aussi être la source d’un cholestéatome par invagination épidermique de la membrane du tympan [6]. L’avènement des techniques endoscopiques et l’évolution de l’otoscopie au microscopie d’examen ont beaucoup apporté à la prise en charge de cette pathologie. Le traitement comporte deux volets, médical et chirurgical, basé sur le curetage des tonsilles pharyngées et la mise en place d’un aérateur transtympanique (ATT). Ce dernier constitue un traitement efficace mais non dénué d’inconvénients et de complications.

RAPPEL ANATOMIQUE DE L’OREILLE MOYENNE

L’oreille moyenne est creusée dans l’os temporal. Elle est composée de la cavité tympanique qui contient la chaine ossiculaire, les cavités mastoïdiennes et la trompe auditive.

La cavité tympanique

C’est une cavité aérienne creusée dans l’os temporal, tapissée d’une muqueuse de type respiratoire. Elle a la forme d’un parallélépipède irrégulier présentant trois étages et six faces. Les dimensions moyennes de cette cavité sont les suivantes longueurs : 15 millimètres (mm) ; hauteur : elle s’abaisse de l’arrière vers l’avant en passant de 15mm à 7mm ; profondeur ou épaisseur : elle varie de 3mm au centre à 6mm à la périphérie [6]. Les étages sont l’attique ou étage supérieur, l’atrium ou étage moyen, et l’ hypotympanum ou récessus hypotympanique qui constitue l’étage inférieur.

La cavité tympanique présente six parois :

La paroi latérale
Elle est formée dans sa majeure partie par la membrane du tympan, le reste étant constitué par le cadre osseux qui l’entoure. La membrane du tympan est fine, semitransparente, elliptique. Orientée en avant, en bas et en dehors. Son grand axe vertical mesure neuf à dix mm, son plus petit diamètre sept à huit mm. Le degré d’inclinaison de la membrane du tympan par rapport au plan horizontal varie avec l’âge : elle fait 30 à 35 degrés (°) par rapport à l’horizontale à la naissance, 45 ° chez l’adulte, et tend à devenir verticale chez le vieillard [6]. Les ligaments tympano malléolaires permettent de diviser la membrane du tympan en deux portions de structure différente :
– la pars tensa est située dans la partie caudale ; c’est la portion la plus vaste et la plus résistante. Elle est formée par l’accolement de trois couches histologiques : la couche latérale épidermique, la couche moyenne fibreuse, et la couche médiale muqueuse
– la pars flaccida est située au-dessus des ligaments tympano-malléolaires; elle est triangulaire à sommet inférieur répondant au processus latérale du malleus, et est moins résistante que la pars tensa car la couche fibreuse y fait défaut. La pars flaccida est moins rigide que la pars tensa car sa couche moyenne fibreuse est moins épaisse, et l’organisation des faisceaux conjonctifs moins systématisée [7].

La paroi médiale
Cette paroi est la seule dont la structure ne correspond qu’à une seule partie de l’os temporal : le rocher. Elle constitue la paroi profonde et est divisée en deux parties par la deuxième portion du canal facial : une partie céphalique ou atticale et une partie caudale ou atriale. La paroi médiale contracte des rapports avec :
– le système tympano-ossiculaire en dehors
– le labyrinthe membraneux et les liquides péri-labyrinthiques en dedans.

La paroi céphalique
La paroi supérieure forme le toit de la cavité tympanique ou tegmen tympani. Elle est de structure pétro-squameuse et sépare la cavité tympanique de la boîte crânienne. La scissure pétro- squameuse est comblée par du tissu fibreux chez le nourrisson et est traversée par des vaisseaux qui persistent à l’âge adulte. Parfois il existe une déhiscence du toit, ce qui applique directement la muqueuse tympanique sur la dure-mère. Ceci peut expliquer la survenue de certaines complications méningées et encéphaliques au cours des otites.

La paroi caudale
Elle constitue le plancher de la cavité tympanique. Elle a la forme d’une gouttière située en contrebas du méat acoustique externe (ce qui favorise la rétention liquidienne). Sa surface est anfractueuse et marquée par les reliefs de la veine jugulaire interne, le glomus jugulaire, les orifices du nerf tympanique et de l’artère tympanique. Les rapports de la paroi inférieure sont l’espace inter carotico-jugulaire en avant et le golfe de la veine jugulaire interne en arrière.

La paroi dorsale
Cette paroi est la plus haute (14 mm) et elle est essentiellement de constitution pétreuse. On lui distingue deux parties [6]:
– une partie céphalique, occupée par l’aditus ad antrum : c’est l’orifice reliant le récessus épitympanique et l’antre mastoïdien. Il a une forme triangulaire à sommet caudal et mesure quatre mm de haut. Sa paroi médiale est marquée par la saillie lisse et arrondie du canal semi-circulaire latéral. L’angle inférieur ou plancher de l’aditus représente la fossette de l’incus (fossa incudis), au niveau de laquelle vient s’appuyer l’extrémité de la branche courte de l’incus.
– une partie caudale qui constitue la région du rétrotympanum : de toutes les parois de la cavité tympanique, c’est la plus accidentée.

La paroi ventrale
C’est la paroi tubo-carotidienne : elle est occupée par l’orifice tubaire. Elle contracte des rapports étroits avec l’atrium en arrière, le coude de l’artère carotide interne en bas, la trompe auditive en avant et le sommet du labyrinthe antérieur en dessous.

La trompe auditive 

La trompe auditive est un conduit ostéo-cartilagineux qui met en communication la cavité tympanique et le rhinopharynx. La longueur totale de la trompe auditive varie de 31 à 38 mm. La portion osseuse mesure 11 à 12 mm, tandis que la portion cartilagineuse mesure 24 à 25 mm en moyenne [9]. Elle est oblique en bas, en dedans et en avant; ses segments osseux et cartilagineux forment un angle de 160° ouvert en bas. Le point le plus rétréci correspond à l’isthme tubaire qui est situé à la jonction des deux segments. La trompe auditive présente à décrire deux orifices: l’orifice tympanique et l’orifice pharyngé. Au repos la lumière du segment fibro cartilagineux est collabée. Elle ne s’ouvre qu’au moment de la déglutition. Chez l’adulte, la trompe auditive réalise une inclinaison de 30 à 40° avec le plan horizontal de telle sorte que l’orifice pharyngé se situe 15 mm plus bas que l’orifice tympanique. Chez l’enfant, la trompe auditive a une direction plus horizontale de 10° environ. Par rapport à l’axe antéropostérieur, la trompe fait un angle de 45° dirigé vers l’intérieur [10, 11]. La trompe auditive assure l’équilibre entre le milieu extérieur et l’oreille moyenne à chaque mouvement de déglutition. Cela est indispensable au bon fonctionnement du système ossiculaire et donc de l’audition. La trompe auditive assure le drainage des sécrétions de la cavité tympanique vers le rhinopharynx sous l’action des cils de la muqueuse tubaire.

Les cavités mastoïdiennes

Les cavités mastoïdiennes sont des diverticules de la cavité tympanique creusés dans le processus mastoïde. Le bloc mastoïdien se présente sous la forme d’une pyramide quadrangulaire constituée par l’os pétreux et l’écaille du temporal joints par la scissure pétro-squameuse. Il est situé en arrière du méat acoustique externe et de la cavité tympanique. On lui décrit six faces :
– les faces : latérale, dorsale et caudale qui sont périphériques
– les faces : médiale, ventrale et céphalique qui sont en continuité directe avec l’os temporal.

RAPPEL PHYSIOLOGIQUE DE L’OREILLE MOYENNE

Les ondes sonores font vibrer la membrane du tympan. Ces vibrations sont optimales si la pression atmosphérique est équilibrée de part et d’autre de la membrane du tympan grâce au rôle important de la trompe auditive. Ces vibrations sont transmises à l’oreille moyenne par le jeu du système tympano-ossiculaire. Grâce à l’effet de levier du système tympano-ossiculaire, les vibrations de la membrane du tympan sont amplifiées. Mais cet effet amplificateur est soumis à un système régulateur visant à protéger l’oreille moyenne contre la nuisance des sons trop intenses. Ce rôle régulateur est dévolu au muscle du stapes. Lorsque le son d’origine est trop intense, supérieur à 90 décibels (dB), ce muscle en se contractant, augmente la rigidité de la chaîne ossiculaire, diminuant ainsi l’intensité des ondes sonores. L’oreille moyenne a un triple rôle :
– un rôle de transmission
– un rôle amplificateur pour les sons de faible intensité
– un rôle protecteur de l’oreille interne pour les sons trop intenses .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS
1.RAPPEL ANATOMIQUE DE L’OREILLE MOYENNE
1.1. La Cavité tympanique
1.1.1. La paroi latérale
1.1.2. La paroi médiale
1.1.3. La paroi céphalique
1.1.4.La paroi caudale
1.1.5. La paroi dorsale
1.1.6. La paroi ventrale
1.2. La chaine ossiculaire
1.2.1. Le malleus
1.2.2. L’incus
1.2.3. Le stapes
1.3. La trompe auditive
1.4. Les cavités mastoïdiennes
2. RAPPEL PHYSIOLOGIQUE DE L’OREILLE MOYENNE
3. RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE
4. RAPPEL CLINIQUE D’UNE OTITE SEROMUQUEUSE
4.1. Signes d’appels
4.2. Motifs de consultation
4.3. Signes d’examen
4.4. Examens complémentaires
5. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
6. COMPLICATIONS
7. TRAITEMENT
7.1. Buts
7.2. Moyens
7.3. Indications
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
2. RESULTATS
2.1. Aspects épidémiologiques
2.1.1. Répartition selon l’âge
2.1.2. Répartition selon le genre
2.1.3. Répartition selon les mois de l’année et les saisons
2.1.4. Répartition selon le niveau socio-économique
2.1.5. Répartition selon le côté atteint
2.2. Aspects diagnostiques
2.2.1. Antécédents familiaux et personnels
2.2.2. Etude clinique
2.2.2.1. Les doléances des enfants
2.2.2.2. Délai de consultation
2.2.2.3. Examen physique
2.2.3. Examens paracliniques
2.3. Aspects thérapeutiques
1. METHODES
1.1. Cadre de l’étude
1.2. Type de l’étude
1.3. Période et durée de l’étude
1.4. Population d’étude
1.4.1. Critères d’inclusion
1.4.2. Critères d’exclusion
1.5. Echantillonnage
1.6. Variables de l’étude
1.7. Critères diagnostiques
1.8. Collecte des données
1.9. Méthode d’analyse statistique
1.10. Considérations éthiques
1.11. Limites de l’étude
1.12. Méthode utilisé pour le traitement chirurgical dans notre série : L’aérateur transtympanique « fait maison »
2.3.1. Traitement médical
2.3.2. Traitement mécanique
2.3.3. Traitement chirurgical
2.3.3.1. Aérateur transtympanique
2.3.3.2. Curetage des tonsilles pharyngées
2.4. Aspects évolutifs
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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