Ornementer l’architecture, une image contemporaine

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La seconde peau, transformation d’une image économique

Nous constatons que l’apparition de l’isolation par l’extérieur a été un amplificateur de l’ornement contemporain. Elle a développé l’usage et la profusion de la forme dite du « hangar décoré » suivant la définition des bâtiments ornementés, théorisée par Robert Venturi, Denise Scott Brown et Steven Izenour10.
Il ne faut cependant pas oublier l’industrialisation du domaine de la construction au XXe siècle qui a eu un impact non négligeable sur la transformation de l’ornement architectural.
Avec la seconde peau comme finition de la construction, nous parlons là de l’ornement appliqué sur une surface structurelle indépendante.
Les bâtiments de style « hangar décoré » sont de nos jours des constructions courantes qui regroupent tous les bâtiments dont la structure est protégée par une enveloppe appliquée pour la mettre à l’abri des contraintes climatiques.
Cette seconde peau du bâti est devenue très performante en terme technique pour la protection, l’isolation thermique et acoustique de la construction et différents procédés ont été élaborés ces deux dernières décennies, mais cette technique est aussi appliquée en tant que simple parement dans le cadre de réhabilitations décoratives légères et de modernisation des enveloppes constructives.
L’ornement sur ce type d’application est grandement facilité par la multitude de matériaux et de finitions proposés par les fabricants de panneaux et de revêtement divers dont les matières seront abordées dans le second chapitre.
Cette forme de l’ornement contemporain permet de traiter des surfaces importantes sur des constructions de plus en plus grandes et selon le choix des architectes le rendu sera bien différent. Lorsque le traitement de façade est réalisé dans une unité globale et unitaire de l’enveloppe, l’aspect conféré à l’observateur lui procure un sentiment « immersif aspect déjà connu dans l’histoire de l’ornement. Celui-ci dégageait un sentiment de puissance par la profusion sur les parois des bâtiments publiques. Il est possible de nommer les styles architecturaux Baroque et Rococo dont la puissance symbolique était très développée et dont le foisonnement ornemental remplissait l’espace comme le note Odile Nouvel-Kammerer12 et Alina Payne13. Nous pouvons comprendre qu’il était contraire à l’ordre établi et qu’il représentait une certaine transgression par le tourbillonnement des sensations procurées. Antoine Picon rajoute que le type d’ornement architectural immersif contemporain a ces mêmes propriétés de submersion des affects mais sans l’assujettissement au symbole politique.
Le rapport au baroque est questionné par Bruno Marchand dans son article sur l’oeuvre de Franck O. Gehry « Je pense avec les formes »14. Il pose la question du rapport des formes contemporaines de l’architecture avec cette idée du baroque comme « synonyme de liberté et d’affranchissement des conventions, des règles et des préjugés. »15. Il prend l’exemple de bâtiments différents, de la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier au terminal de la TWA d’Eero Saarinen, pour nous décrire cette approche contemporaine de l’architecture organique qui prends ses distances avec la dictature de la ligne droite.
Contrairement aux critiques d’arts tel Michel Ragon, nous pouvons noter qu’une nouvelle fois la notion de style dans l’architecture ornementale est rejetée par les architectes eux-mêmes16 et ils n’adhèrent pas au terme « nouveau baroque » pour l’ornement contemporain.
Une deuxième approche est utilisée sur la seconde peau. Le recouvrement peut être réalisé avec une multiplicité de matières, là la sensation de l’observateur sera dévoyée avec une impression de fragmentation visuelle lui laissant le sentiment d’entités différentes comme l’explique Valéry Didelon17 avec le Monolithe de MVRDV à Lyon confluence, il nous démontre que l’ornement bien utilisé permet de diviser visuellement des grands bâtiments qui sans cela seraient massifs et sans relief. De plus, la notion anthropologique de l’appartenance à un groupe est dans ce cas facilitée pour les habitants. D’une configuration générale intérieure uniformisée qui pourrait supprimer la sensation de faire partie d’une communauté et de se reconnaître en son sein, l’ornement offre cette image extérieure d’appartenance dans l’esthétique qu’elle dégage.
C’est une forme économique revalorisée pour proposer des architectures différentes et personnalisées. Cet ornement permet aussi plus facilement d’en modifier l’activité interne. Son remplacement est simplifié et engage de moindre frais dans la vie du bâtiment.
Messe Basel New Hall de Bâle : Le Messe Basel est un exemple de hangar décoré réalisé par l’agence Herzog & de Meuron en 201318. Il possède cette typologie immersive d’un bâtiment à la base parallélépipèdique dont l’ornement vient intégrer le volume à son environnement. Cette extension d’une longueur de 217 m et 90 m de large aurait pu être disproportionnée dans cette rue centrale de Bâle, les volumes intérieurs de 10 mètres entre planchers sur 3 niveaux, nécessaire à ce parc d’exposition, en font un bâtiment imposant.
L’ornement sous cette forme de résille est au service de l’intégration du bâtiment dans la ville, il apporte une certaine déconstruction du volume bâti par cette sensation de strates que procure le léger décalage des niveaux, celle-ci est amplifiée par cette double peau. Le parement d’aluminium utilisé uniformément sur les deux niveaux supérieurs, sous forme de métal déployé, annihile la notion d’échelle du bâtiment.
La lumière naturelle vient se réverbérer sur les lamelles métalliques qui transfèrent la luminosité jusqu’au sol. Là, le traitement en verre du rezde-chaussée19 vient alléger la masse de l’édifice. Cette étude d’éclairement est complétée par l’oculus central qui illumine la place et les arrêts des tramways passant sur la Messeplatz recouverte par le parc d’exposition Bâlois.

L’architecture sculpture ou comment donner du sens aux bâtiments précieux

Le mouvement de l’architecture moderne a été un précurseur dans la libération de conception des architectes. Il leur a permis de s’extraire des formes classiques dictées par les dogmes de l’académisme et de l’Ecole des Beaux- Arts, soit de la culture architecturale traditionnelle du début du XXe siècle.
Pour Louis H Sullivan en 1896 « La forme suit (toujours) la fonction. »20 et près de 100 ans plus tard en 1977 Robert Venturi a suivi cette définition pour nommer la deuxième famille de bâtiments ornés les bâtiments « canards »21.
La dénomination découle de la forme de la rôtisserie le « Long Island Duckling » prenant l’aspect même de ce qui était vendu à l’intérieur. Il compare ces constructions à des sculptures, c’est la forme du bâtiment qui devient à ce moment ornement.
Si nous comparons le restaurant rôtisserie le « Long Island Duckling » et la réalisation de Christian de Portzamparc pour la Maison Dior à Séoul22, il est constatable qu’une évolution a été réalisée dans l’approche de la symbolique portée par le bâtiment. Il est à ce niveau beaucoup plus subtile. Il n’a pas été réalisé un bâtiment en forme de robe mais ce qui est symbolisé c’est l’étoffe avec la toile de coton, voire peut-être la fleur de coton elle-même.
Cette subjectivité est abordée avec simplicité et technicité, le rendu satiné de la matérialité de l’enveloppe est impressionnant de réalisme. Malgré sa dimension réduite par rapport aux bâtiments environnants. Le magasin est visible de suite par une esthétique tranchant avec son contexte. Nous pouvons nous poser la question de l’évolution d’un tel ornement.
Contrairement au « hangar décoré » la forme d’une architecture-sculpture est difficilement modifiable car elle est d’une certaine manière figée dans l’approche artistique qu’elle déploie et par là même dans l’image qu’elle transmet. Serait-il envisageable d’installer une concession automobile
dans la Maison Dior que Christian de Portzamparc a réalisé ?
L’architecture sculpture est la forme précieuse de l’ornement contemporain.
Nous pouvons le constater dans les ouvrages réalisés de cette classification des bâtiments « canards ».
Les formes de ces réalisations ont évolué en même temps que les avancées techniques constructives. Les matériaux structurels, acier, béton et bois permettent aujourd’hui des volumes et des aspects d’une variété infinie, dans les courbes, les porte-à-faux, les élancements. En cela nous pouvons nous rapprocher de l’analyse de Bruno Marchand lorsqu’il cite Guy Habasque sur les progrès des matériaux qui « repoussent de plus en plus loin la limite des anciennes contraintes matérielles permettant aujourd’hui des audaces formelles qui eussent été auparavant impossible »23.
L’évolution de la technique constructive du béton a permis le développement de nouvelles formes qui ont servis l’ornement. L’adjonction de fibres, d’adjuvants et de matières isolantes dans la matière même ou sous forme de panneaux préfabriqués ont donné au ciment une plasticité accrue. Cette évolution permet des formes variées et artistiques, conférant à ce matériaux les qualités intrinsèques et utile au style d’ornement sculpture. Et cela est vrai pour l’ensemble des matériaux que nous pouvons dire modernes suivant l’évolution des innovations apportées par l’industrie, les ingénieurs et les architectes.
L’architecte mexicain Félix Candela24 est l’un des architectes-ingénieurs à avoir développé la forme paraboloïde hyperbolique et ellipsoïde en béton.
Le but premier de ces recherches était surtout par mesure d’économie de la matière. Cette approche va l’emmener vers une architecture aux nouvelles tensions, aux nouveaux aspects. Il fut l’un des inspirateurs de l’Architecte espagnol Santiago Calatrava qui est un exemple d’architecte- ingénieur qui manie l’architecture, la sculpture et l’ingénierie avec brio. C’est peut-être l’exemple qui confirme la règle.

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Table des matières

Introduction
Méthodologie
1 Ornementer l’architecture, une image contemporaine
1.1 – Formes et images de l’ornement contemporain
1.1.1 La seconde peau, transformation d’une image économique
1.1.2 L’architecture sculpture ou comment donner du sens aux bâtiments précieux
1.2 – Le superflu nécessaire
1.2.1 Faire signe dans des contextes difficiles pour s’extraire de l’uniformité architecturale ambiante
1.2.2 Transformer pour agrémenter le cadre de vie de tous
1.3 – L’échelle ornementale contemporaine
1.3.1 L’immersion architecturale par l’ornement
1.3.2 La touche ornementale
1.4 – Conclusion
2 Les Matériaux, source de sensations de l’ornement
2.1 – Les matériaux traditionnels détournés au service de l’ornement
2.1.1 Les matériaux composés
2.1.2 Les matériaux naturels
2.2 – Les nouveaux matériaux
2.2.1 Les matériaux de l’industrie
2.2.2 Les matériaux immatériels
2.3 – Conclusion
3 La matérialité appliquée
3.1 – La tectonique de l’ornement
3.1.1 Perception de l’ornement structural décoratif
3.1.2 Apports des matières supposées dans l’image ornementale
3.2 – L’émotion ornementale individuelle globalisée
3.2.1 L’affect contemporain
3.2.2 L’image symbolique sociétale
3.3 – Conclusion
Conclusion
Bibliographie
Iconographie

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