Origines et fondamentaux d’une cooperation euro-tunisienne

Tous les pays méditerranéens connaissent depuis trente ans une forte croissance de leur demande d’énergie primaire . L’énergie primaire commerciale représente, dans la plupart des pays, l’essentiel de l’énergie consommée. Mais dans certains pays encore très ruraux, l’énergie « traditionnelle » prélevée directement sur la biomasse pour les besoins domestiques représente encore une part importante de l’approvisionnement énergétique qui échappe aux statistiques. La demande d’énergie primaire commerciale a plus que doublé pendant les trente dernières années pour atteindre 820 millions de tonnes équivalent pétrole (MTep) en 2000 dans l’ensemble du bassin (+2,7 % par an). Avec un taux de croissance moyen annuel de 1,9 % par an depuis 1971, les Pays du Nord de la Méditerranée (PNM) représentent trois quarts de cette consommation totale méditerranéenne, mais les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PESM), avec une croissance de 6,1 % par an depuis 1971, prennent de plus en plus d’importance dans la demande totale des pays méditerranéens (Publications du Plan Bleu, 2005)… Les pays du sud et de l’est de la Méditerranée (PSEM) devraient connaître des taux de croissance de leur demande énergétique quatre fois plus élevés que les PNM d’ici 2025 (+340 MTep, soit 3,8 % par an entre 2000 et 2025 au lieu de +205 MTep, soit 1,2 % par an dans les PNM). Leur développement économique et les besoins d’une population croissante (16 millions de Méditerranéens n’ont pas encore accès à l’électricité) justifient une telle croissance. En Méditerranée, l’écart est de 1 à 10 entre le pays le plus consommateur d’énergie par habitant (la France, avec plus de 4 Tep/hab.) et le moins consommateur (le Maroc, avec moins de 0,4Tep/hab.). En 2025, la consommation d’énergie primaire pourrait dépasser 4 Tep/hab. dans les PNM et 1,7 Tep/hab. dans les PSEM…

Un pays en développement 

La Tunisie est un pays méditerranéen d’une superficie de 164 154 km². Son littoral s’étend sur 1300 kms et comporte cinq grands golfes. Le pays est également doté d’un important réseau de communications maritimes et aériennes avec l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient ; il constitue ainsi un carrefour. Cernée par la Méditerranée, le climat est méditerranéen au Nord du pays et désertique au Sud. La Tunisie connaît une croissance socioéconomique assez importante. Cette forte croissance, enregistrée depuis plusieurs années déjà, a profité à l’ensemble des secteurs et des catégories sociales du pays, comme en témoigne le recul de la pauvreté. La Tunisie est en effet l’un des pays qui a le plus spectaculairement réduit son taux de pauvreté, passé de 12,9% de personnes vivant en dessous du seuil national de pauvreté en 1980, à 4,2% en 2000 (Source : www.wikipedia.com) .

En 2005, la population de la Tunisie est estimée à 9,9 millions d’habitants. Les statistiques démographiques montrent une tendance accélérée de l’expansion urbaine dans le passé. Ainsi, le taux d’urbanisation était passé de 48% en 1975, à 61% en 1994. Bien que le mouvement d’urbanisation soit amené à se poursuivre, il enregistrerait un ralentissement relatif, et le taux d’urbanisation n’atteindrait que 65% à l’horizon 2010, et 68% à l’horizon 2020. Après une période marquée par une croissance économique de 2,9% à prix constants (1981-1986), la Tunisie s’est engagée, depuis, dans un vaste programme d’ajustement structurel, impliquant de profondes mutations économiques, sociales et technologiques. Ainsi, la croissance économique annuelle a pu atteindre des valeurs beaucoup plus élevées, avec 4,8% entre 1987 et 1993, confirmées les années suivantes, pour atteindre 6% en 1999.

L’énergie en Tunisie 

La consommation tunisienne d’énergie primaire établie à 8,5 MTep en 2004, reste dominée par les produits pétroliers avec 49%, mais le gaz naturel est désormais très bien positionné avec 38%. La biomasse-énergie, qui est essentiellement utilisée pour la préparation du pain et la cuisson aliments en milieu rural, conserve une part assez significative, s’élevant à 13% de la consommation primaire d’énergie. Enfin, les énergies renouvelables (hydroélectricité, éolien et chauffage solaire de l’eau), ferment la marche avec à peine 0,6% du bilan en énergie primaire de l’année 2004.

Depuis la fin des années 60, la Tunisie a toujours vécu dans la relative « quiétude » d’une balance énergétique constamment excédentaire. Mais dès le début des années 1980, on commençait à voir pointer à l’horizon l’ère de la dépendance énergétique. Il est intéressant d’étudier la manière dont se répartissent les différents secteurs d’activité dans la consommation d’énergie finale totale de la Tunisie. A titre de comparaison, les mêmes répartitions en France peuvent ici constituer un modèle général de cette consommation dans les pays d’Europe.

L’importance (73% des emplois en 2005) du secteur résidentiel et tertiaire en France est à l’origine de 43% des consommations d’énergie totales du pays. Ce résultat laisse à voir un mode de vie où les équipements de confort entrainent des consommations importantes, en électricité notamment. Toutefois, il est à noter que le caractère peu énergivores, par rapport à celles des autres secteurs, des activités tertiaires, ainsi par les performances énergétiques améliorées des équipements ménagers (télévisions, réfrigérateurs, congélateurs, climatisation…) et des bâtiments, permettent néanmoins de limiter ces consommations par rapport à l’importance du secteur. En revanche, en Tunisie, ce secteur n’occupe que 39 % des activités, mais engloutit tout de même 25% des consommations d’énergie malgré un taux d’équipement moindre… Les performances énergétiques encore assez faibles de ces équipements expliquent en bonne partie ces chiffres. Dans un pays développé comme la France, le secteur industriel ne représente plus que 24% des activités, et le quart des consommations d’énergie. En Tunisie, où l’industrialisation a commencé plus tard et se poursuit encore, ce même secteur arrive en tête des consommations d’énergie : 35% de ces dernière, pour 33% des activités. L’intensité énergétique y est donc encore amplement à améliorer. Bien que le nombre de véhicules, rapporté au nombre de ménages, soit largement supérieur en France qu’en Tunisie, les transports absorbent à peu près la même proportion d’énergie dans la consommation totale des deux pays. Ceci s’explique par l’existence d’un parc de véhicules fonctionnant majoritairement à l’essence et globalement plus âgé en Tunisie, ne disposant donc pas des dernières innovations technologiques pour réduire leurs consommation. Même si elle ne représente que 4% des activités, l’agriculture, de nature intensive, compte tout de même pour 2% de la consommation nationale d’énergie en France. En Tunisie, le secteur agricole compte pour 28% dans les emplois du pays, mais ne dépasse pas 7% de l’énergie consommée. Pays « en transition », La Tunisie devrait à terme se rapprocher du modèle français dans la répartition de ses activités économiques (prégnance du secteur tertiaire et intensification de l’agriculture) et dans les modes de vie qui l’accompagnent (généralisation de la voiture, taux d’équipement des ménages,…) Compte tenu des chiffres exposés ici, on comprend mieux pourquoi le pays aspire à mieux maîtriser son énergie et les consommations qui l’accompagnent. D’ores et déjà, la Tunisie est Partie du Protocole de Kyoto. Bien qu’elle n’ait pas d’engagements de réduction de ses émissions de GES, les choix énergétiques de la Tunisie (promotion de la maîtrise de l’énergie, développement de l’utilisation du gaz naturel ), et ses choix de développement (positionnement industriel sur des secteurs moins intensifs en énergie, tertiarisation de l’économie) durant la dernière décennie, ont permis de découpler les émissions de polluants atmosphériques par rapport à la croissance économique.

Des considérations économiques

Depuis 1962, la STEG (Société tunisienne de l’électricité et du gaz) détenait le monopole de production, de transport et de distribution d’électricité et de gaz sur le territoire national. Mais en 1996, suite aux accords euro-méditerranéens, et notamment en réponse aux objectifs de libéralisation des marchés dans la région inclus dans le programme, le marché de la production d’électricité a été ouvert au secteur privé. Il convient de noter que la STEG est aussi la troisième entreprise du pays en terme de chiffre d’affaire (1309 millions de Dinars (MD) en 2006). Sur le plan énergétique, l’évolution en Tunisie a été marquée, au cours de la dernière décennie, par un changement de statut de pays excédentaire (3 MTep au début des années 1980 et 1,5 MTep au début des années 1990) en importateur net d’énergie (0,6 MTep en 2004), conséquence de la stagnation, voire du déclin de la production pétrolière du pays et de la croissance soutenue de la demande énergétique nationale (4,1% de croissance moyenne par an pour la demande d’énergie primaire). Cette situation risque de se compliquer davantage dans les prochaines décennies et la balance énergétique du pays est appelée à se détériorer de plus en plus. Les ressources énergétiques qui ont provoqué et largement nourri la croissance de l’économie du pays et le renforcement des finances publiques, surtout au cours des années 1980, se transforment désormais en un lourd fardeau pour cette économie, en particulier dans l’actuel contexte de flambée des prix du pétrole qui est appelée à perdurer.

La Tunisie fait figure de parent pauvre par rapport à ses deux voisins que sont l’Algérie et la Libye. Elle possède des gisements d’hydrocarbures offshore dans le Golfe de Gabès, et on shore au sud du pays, mais la production de pétrole est en déclin depuis 20 ans, tandis que celle de gaz progresse, mais reste modeste. Le pays importe désormais 20 % du pétrole et 40 % du gaz qu’il consomme. Les gisements découverts depuis de longues années sont limités, les chances d’inverser durablement le déclin de la production semblent donc dérisoires.

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Table des matières

INTRODUCTION
I – ORIGINES ET FONDAMENTAUX D’UNE COOPERATION EURO-TUNISIENNE
1 – DONNEES SUR LA TUNISIE
1.1 – Un pays en développement
1.2 – L’énergie en Tunisie
1.3 – Les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie…
2 – LA COOPERATION EURO-TUNISIENNE
2-1 – La politique européenne
2.2 – Les principaux programmes pour une coopération euro-tunisienne en matière d’énergie
3 – LES ENJEUX DE LA COOPERATION
3.1 – Une transposition volontaire…
3.2 – …ou imposée ?
4 – LES GRANDES ORIENTATIONS DE LA COOPERATION
4.1 – Diffuser les pratiques
4.2 – Coopération et harmonisation
II – LA MAITRISE DE L’ENERGIE EN TUNISIE : ENTRE DISCOURS ET REALITE, QUELLES DIFFICULTES ?
1 – ÉTAT DES LIEUX…
1.1 – Des chiffres…
1.2 – …et des faits.
2 – LES FAIBLESSES DE LA COOPERATION.
2.1 – Au sein des partenariats
2.2 – Et au-delà…changer les rapports
3 – LES FAIBLESSES TUNISIENNES
3.1 – Un développement technologique dépendant
3.2 – Entre volonté et réalité politiques
3.3 – Des considérations culturelles et structurelles
4 – LA MAITRISE DE L’ENERGIE FACE AUX IMPASSES D’UN MODELE IDEOLOGIQUE…
4.1 – Une certaine vision du développement…
4.2 – Le développement : un concept neutre ?
4.3 – Les apories du couple « maîtrise de l’énergie / développement économique »
CONCLUSION GENERALE
SOURCES
ANNEXES

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