Malgré les avancées de la médecine moderne, l’OMS affirme que 80% de la population africaine ont au moins une fois eu recours à la médecine traditionnelle comme soins de santé primaire (OMS, 2016). Des populations de l’Afrique au sud du Sahara utilisent la médecine traditionnelle pour leurs premiers maux ou pour leurs éducations sanitaires. C’est aussi le cas dans un pays comme le Sénégal. Dans certains pays ou région du monde, les appellations médecine parallèle, alternative ou douce sont synonymes de médecine traditionnelle. Elle se rapporte alors à un vaste ensemble de pratique de soins de santé qui n’appartiennent pas à la tradition du pays et ne sont pas intégrés dans le système de santé dominant. C’est le cas de l’Australie, de l’Europe et de l’Amérique du nord (Union Africaine, 1999). Compte tenu de l’importance de la médecine traditionnelle l’union africaine a exprimé un intérêt réel pour sa promotion et sa valorisation lors du premier symposium de la décennie de la médecine traditionnelle et pharmacopée africaine tenu à Lusaka en 2012 (Union Africaine, 1999).En outre, la conférence internationale sur les soins de santé primaire réunie à Alma-Ata(Kazakhstan) le 12 septembre 1978, a souligné la nécessité d’une action urgente de tous les gouvernements, de tout le personnel du secteur de la santé ainsi que de la communauté internationale pour protéger et promouvoir la santé de tous les peuples du monde. Cette conférence a également réaffirmé, avec force que la santé, qui est un état de complet bien-être physique, mental et social et qui ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité, est un droit fondamental de l’être humain, et que l’accession au niveau de santé le plus élevé possible est un objectif social extrêmement important qui intéresse le monde entier et suppose la participation de nombreux secteurs socio économiques autres que celui de la santé(OMS, 1972). Depuis le 21 février 2003, l’OMS Afrique a institué, le 31 août, comme la « journée africaine de la médecine traditionnelle », suite à l’adoption en 2000 de la résolution « promouvoir le rôle de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé : stratégie de la région Afrique».Cette résolution s’inscrit elle-même dans le plan d’action de la Décennie de la Médecine Traditionnelle (2001-2010) qui a été décidé lors du sommet des chefs d’état et de gouvernement de l’union africaine tenu en juin 2001 à Lusaka (ZAMBIE). En outre l’OMS a introduit une nouvelle stratégie pour la décennie 2014-2023, qui s’est fixé deux grands objectifs (OMS, 2013) :
● Epauler les Etats membres qui cherchent à mettre à profit la contribution de la médecine traditionnelle à la santé, au bien-être et aux soins de santé centrés sur la personne ;
● Favoriser un usage sûr et efficace de la médecine traditionnelle(MT)/ médecine conventionnelle(MC) au moyen d’une réglementation des produits, des pratiques et des praticiens.
Au Sénégal, après avoir été longtemps négligée par les autorités administratives, la médecine traditionnelle revit dans la conscience des autorités sanitaires en faveur de l’avènement du système de soins de santé primaire. C’est la raison pour laquelle une longue concertation s’est tenue entre les partenaires concernés pour aboutir à un projet de loi. Ce dernier concerne la situation du tradipraticien dans la société et plus précisément dans le système de santé sénégalais afin d’améliorer l’accès aux soins de santé des sénégalais et une bonne cohabitation entre les différents acteurs sanitaires et une bonne organisation du système sanitaire (NIANG, 2001).
Définitions
La santé
La santé représente « un état de bon fonctionnement de l’organisme, un équilibre psychique, harmonieux de la vie mentale (LAROUSSE, 2016). L’OMS a établi la définition suivante : « La santé est un état de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité» (OMS, 1946). René Dubos, présente la santé comme étant « un état physique et mental relativement exempt de gênes et de souffrances qui permet à l’individu de fonctionner aussi longtemps que possible dans le milieu où le hasard et le choix l’ont placé, et comme la convergence des notions d’autonomie et de bien-être.
La médecine
La médecine (du latin : medicina, qui signifie l’art de guérir, remède, potion) est la science et la pratique (l’art) qui étudie l’organisation du corps humain (anatomie humaine), son fonctionnement normal (physiologique) et cherche à restaurer la santé (physique ou mentale) par le traitement (thérapie) et la prévention (prophylaxie) des pathologies (LAROUSSE, 2016). Elle est également un ensemble des connaissances scientifiques et des moyens de tous ordres mis en œuvre pour la prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmités.
La maladie
La maladie est une altération de la santé, des fonctions des êtres vivants (animaux et végétaux), en particulier quand la cause est connue (LAROUSSE, 2016).Selon l’OMS, la maladie est un « Dysfonctionnement d’origine psychologique, physique ou/et sociale, qui se manifeste sous différentes formes ».
La médecine traditionnelle
La médecine traditionnelle est la somme de toutes les connaissances, compétences et pratiques reposant sur les théories, croyances et expériences propres à différentes cultures, qu’elles soient explicables ou non, et qui sont utilisées dans la préservation de la santé, ainsi que dans la prévention, le diagnostic, l’amélioration ou le traitement de maladies physiques ou mentales (OMS, 2014). Dans les pays industrialisés, les adaptations entre la médecine traditionnelle et conventionnelle sont nommées complémentaires, alternatives, non conventionnelles ou encore parallèles.
Origines et acquisitions de la médecine traditionnelle
Origines de la médecine traditionnelle
Les documents et connaissances de l’Egypte antique affirment l’existence manifeste du fondement d’une véritable médecine traditionnelle. Les connaissances découvertes par les archéologues dans les documents sont révélées par les Dieux et les esprits. Ces connaissances sont transmises par rêve, méditation, prières etc. Ainsi donc, l’origine de la médecine traditionnelle et de ses acteurs reviennent au monde des esprits. Les hommes de l’époque antique pensent que l’univers est constitué d’un monde visible et d’un monde invisible. Donc l’harmonie, la loi et la règle régnaient dans cet univers possédant des statuts d’inviolabilité. Leur transgression par l’homme fait appel à un sort qui est la maladie sur toutes ses formes. Il faut absolument respecter l’ordre des choses. Cependant il existe des difficultés de respecter ses règles et lois par l’homme en vue de sa nature de faiblesse, et ils font recours à des hommes spéciaux. Ces derniers sont censés pouvoir entrer en communion avec les esprits et les Dieux qui régulent le fonctionnement normal de l’univers. Ce sont des prêtres-médecins, des voyants, des incantateurs capables de diagnostiquer l’origine surnaturelle d’un trouble pathologique. Ces esprits et Dieux sont capables de lever des malédictions sur les hommes en transmettant des remèdes à travers ces voyants et prêtresmédecins. Sur les dimensions physiques les plantes sont surtout utilisées (MEMEL, 1999). On constate alors que la pratique de la médecine traditionnelle, vécue de nos jours, remonte depuis l’antiquité où la médecine associait le surnaturel au naturel. Le surnaturel reposait sur la croyance en un monde de Dieux où les maladies prennent naissances.
Acquisition de la médecine traditionnelle
La médecine traditionnelle est un ensemble de savoir-faire, acquis par l’observation, l’expérience pratique, transmis de génération en génération par voie orale, rarement par écrite. En pratique, il faut considérer l’art traditionnel de soins, comme un ensemble de connaissances empiriques acquises par l’une des voies suivantes (KONNAN, 2012):
● Par la famille : père-fils ou mère-fille ;
● Par les relations d’alliance : belle-mère, beau-père, belle-sœur, beau-frère ;
● Par apprentissage de plusieurs années auprès des guérisseurs ;
● Par l’achat d’une recette jugée efficace après le traitement d’une affection donnée ;
● Par révélation après un rêve ;
● Par auto-apprentissage dans les livres, par des recherches personnelles ;
● Par le pouvoir inné : transmission par les esprits.
Acteurs de la médecine traditionnelle
Guérisseurs
Un guérisseur est une personne, généralement dépourvue de diplôme médical, qui guérit, ou prétend guérir, en dehors de l’exercice légal de la médecine, par des moyens empiriques ou magiques, en vertu de dons particuliers supposés ou à l’aide de recettes personnelles (SOFOWORA A, 1996). Les 80% de la population de l’Afrique au sud du Sahara recevraient leurs soins de santé primaire des guérisseurs traditionnels (OMS). Les guérisseurs traditionnels jouissent de respect, d’admiration et de notoriété autour de leur population locale qu’ils servent sur la base d’une science indigène qui leur a été transmise de génération en génération (CAMARA, 2012).
Herboristes
Ce terme décrit un guérisseur traditionnel spécialisé dans l’utilisation des plantes médicinales pour traiter diverses maladies. On attend de lui une grande connaissance (SOFOWORA, 1999):
● de l’efficacité;
● de la toxicité;
● du dosage;
● de la préparation des plantes médicinales.
Les phytothérapeutes
La phytothérapie désigne la médecine fondée sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels (LAROUSSE, 2016).Ils utilisent uniquement les vertus préventives et curatives pour soigner les maladies. Ils sont très nombreux en milieux rural et on peut même affirmer que dans les familles africaines, les grandmères ont la connaissance des plantes qui guérissent la maladie de leur progéniture .
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Table des matières
INTRODUCTION
Première Partie : Généralités sur la médecine traditionnelle
I Définitions
I.1 La santé
I.2 La médecine
I.3 La maladie
I.4 La médecine traditionnelle
II Origines et acquisition de la médecine traditionnelle
II.1 Origines de la médecine traditionnelle
II.2 Acquisition de la médecine traditionnelle
III Acteurs de la médecine traditionnelle
III.1 Guérisseurs
III.2 Herboristes
III.3 Les phytothérapeutes
III.4 Les psychothérapeutes
III.5 Les spiritualistes
III.6 Les accoucheuses traditionnelles
IV La médecine traditionnelle dans le monde
V La médecine traditionnelle au Sénégal
VI Régulation de la médecine traditionnelle
VI.1 Stratégie de l’OMS
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE SUR L ES PRATIQUES DE MEDECINE TRADITIONNELLE
I Objectifs
I.1 Objectif général
I.2 Objectifs spécifiques
II Cadre de l’étude
II.1 Situation géographique
II.2 Situation socioculturelle
II.2.1 Les milieux humains
II.2.2 Démographie
II.2.3 Mouvement des populations
II.2.4 L’accès aux services sociaux de base
II.2.5 L’accès à l’éducation
II.2.6 L’accès à la santé
II.2.7 L’agriculture
II.2.8 L’élevage
II.2.9 Tourisme
III Type et population d’étude
III.1 Type et durée d’étude
III.2 Population d’étude
IV Matériels et méthodes d’études
IV.1 Matériels
IV.2 Méthodes
V Résultats de l’enquetes
V.1 Enquête auprès de la population
V.1.1 Caractéristiques des personnes enquêtées
V.1.1.1 Le sexe
V.1.1.2 L’âge
V.1.2 Motifs de recours à la MT
V.1.3 Niveau de satisfaction des malades vis àvis de la MT
V.1.4 Répartitions de la population par nombre de consultation chez le tradipraticien
V.1.5 L’avis de la population sur la publicité des tradipraticiens
V.1.6 Répartition des sujets sur les symptômes et affections qui leurs font recours à la MM
V.1.7 Répartition de la population par rapport à la forme de médecine utilisée en soins de santé primaire
V.2 Résultats de l’enquête auprès des tradipraticiens
V.2.1 Caractéristiques des tradipraticiens
V.2.2 Le Sexe
V.2.3 L’âge
V.2.4 Catégorie socioprofessionnelle
V.2.5 Répartition des tradipraticiens selon leur situation familiale
V.2.6 Répartition de la population selon leur niveau d’étude
V.2.7 Activité des tradipraticiens
V.2.7.1 Mode d’acquisition du savoir traditionnel
V.2.7.2 Les domaines de compétences des tradipraticiens
V.2.7.3 Les pathologies traitées
V.2.7.4 Méthodes de diagnostics des tradipraticiens
V.2.8 Remèdes utilisés
V.2.8.1 Parties de plantes utilisées
V.2.9 Formes utilisées
V.2.10 Exemples de quelques plantes utilisés par les TP en thérapeutique traditionnelle et leur fréquences de citation
VI DISCUSSION
VI.1 La population
VI.2 Les tradipraticiens
CONCLUSION