ORIGINES DU MYTHE DU NEGRE

ORIGINES DU MYTHE DU NEGRE

LE MYTHE DU NEGRE DANS LA LITTERATURE FRANÇAISE ET LA LITTERATURE FRANCOPHONE

Pendant longtemps, l’Afrique a été un réservoir d’exotisme où les auteurs puisent le pittoresque et la couleur locale réclamés par les européens. Nous savons que le roman colonial n’est pas synonyme de roman exotique. L’exotisme est une attitude, un regard de passage et suppose une comparaison avec un endroit ou un lieu de référence. En d’autres termes, c’est la découverte des aspects secrets du pays et des êtres humains. Ces romanciers présentent l’Afrique comme un pays de « fièvre tropicale » où les Noirs n’aiment que « sommeiller, palabrer et danser ». Cependant, malgré leur ambition de faire connaître l’Afrique en montrant les grandeurs des tâches coloniales, mais aussi l’intimité des âmes indigènes, ce qui ne va pas sans ambivalence et contradictions ; ils ne se démarquent guère de l’habituel discours européen sur l’Afrique. Ce premier chapitre nous le diviserons en deux sous-chapitres. Le premier sera consacré aux origines du mythe du nègre où nous tenterons de montrer comment le Blanc exploite la malédiction de Canaan dans le texte de la Genèse pour s’en servir de justification à la colonisation. Ensuite, nous tenterons d’identifier les préjugés les plus répandus dans la production romanesque de ces auteurs. Le deuxième sous-chapitre sera consacré à l’analyse des différentes réactions des écrivains africains à travers leurs époques. Mais, avant d’aborder les réactions des écrivains africains, un petit arrêt sera marqué chez le mouvement primitiviste et les poètes de la négritude. Cependant, avant d’aller plus loin dans notre analyse, nous avons jugé utile de présenter, notre corpus d’étude, l’ auteur, sa production romanesque, sa relation avec la langue française et son projet littéraire. Pour ce faire, nous avouons que nous n’avons pas trouvé un meilleur témoignage que celui fourni par Jean-Michel Devésa.

L’Auteur, son projet littéraire Marcel Ntsony, qui deviendra plus tard l’écrivain Sony Labou Tansi est né le 5 juillet 1947 à Kinshasa au Zaïre. Dans l’autre côté du fleuve, où il a été envoyé à l’école pour apprendre le français, il était très attaché à sa grand-mère qui semble avoir une grande influence sur lui. Lors d’un entretien, cité par J. M. Devésa1, il explique ses premiers contacts avec la langue française : Là, moi qui ne connaissait pas un mot de français, j’ai découvert un ami : le ‘ symbole’. C’est-à-dire qu’aux enfants qui parlaient leur langue maternelle ou qui faisaient des fautes de français, on accrochait autour du cou une boîte de « merde » pour les punir. Ils la gardaient jusqu’à ce qu’un autre la mérite….Je passais beaucoup de temps aux toilettes parce qu’au moins là, on me laissait tranquille….Petit à petit, j’ai fini malgré tout par apprendre….2 Selon Devésa, tout en fréquentant l’école française, Labou Tansi poursuivait son éducation « informelle » en Kikongo grâce au contact permanent avec les anciens. Son attachement à la culture traditionnelle se manifeste à travers ses textes. C’est à sa mère qu’il doit l’art de suggérer ce qu’il est posé sous le langage : « Dans la langue de ma mère est posé sous le langage un sous-langage, sous le dire un sous-dire qui agit de la même manière que le sucre dans l’amidon : il faut mâcher fort pour qu’il sorte… »3. En effet, à travers sa production littéraire, Sony Labou Tansi ne cesse de rendre hommage à ses ancêtres et les maîtres qui l’ont initié.

Nous savons que Labou Tansi est professeur d’anglais, mais il a choisi la langue française comme moyen d’expression. Voici comment il explique son choix : « J’écris en français parce que c’est dans cette langue-là que le peuple dont je témoigne a été violé, c’est dans cette langue que moi-même j’ai été violé. Je me souviens de ma virginité. Et mes rapports avec la langue française sont des rapports de force majeure »1. Partons de ce témoignage, la langue française estelle imposée à Sony Labou Tansi ? Dans un autre entretien, il affirme que son choix pour le français est d’ordre émotionnel et poétique : « C’est par la littérature et non par la colonisation que j’ai rencontré la France. C’est peut-être pour cela que je ne suis pas très violent. Je ne suis pas haineux. Je n’ai pas perdu l’espoir. C’est par le livre que j’ai rencontré l’homme »2. Contrairement aux générations précédentes, Sony Labou Tansi ne considère pas le français comme la langue de la colonisation. Autrement dit, il faut admettre que le français faisait partie de la réalité de la majorité des pays africains et particulièrement son pays d’origine le Congo.

L’éducation de Sony Labou Tansi en Kikongo et son choix du français comme langue d’expression artistique l’ont « condamné à servir deux maîtres ».3 Le but de tout écrivain est de dire la réalité de sa société, de son époque, transmettre ses idées. Bref, être lu. Sony Labou Tansi n’a pas failli à cette mission, il est africain et il le proclame toujours : « Je suis africain. Je vis africain. Je suis à l’aise dans ma peau d’africain où que je sois. Cependant, j’ai des choses à dire et ces choses je veux les dire à ceux qui ont choisi le français comme compagnon d’existence. Ma réalité congolaise se vit en français. L’école, le discours, la constitution sont en français. La rue vit en français. J’ai donc envie d’écrire pour ces gens-là ». I.1.2. Sony Labou Tansi et la francophonie En parcourant les textes de Sony Labou Tansi, nous constatons qu’ils recèlent une importante richesse au niveau de la langue. Les travaux consacrés au français d’Afrique, en particulier le Congo l’ont bien démontré. De ce fait, nous avons jugé utile de consacrer ce sous-chapitre à la place de l’oeuvre de Sony Labou Tansi dans l’espace francophone. Dans sa « préface » de La Francophonie de A à Z, A. Decaux pense que le mot Francophonie et à prendre au pluriel : « Quand on parle de francophonie, c’est tout aussitôt le pluriel qui s’impose, tant cette communauté est riche de la diversité de ses histoires, de ses cultures, de ses langues »1. Mais, en ce qui concerne le continent africain, de quelle (s) francophonie (s) s’agit-t-il plus exactement ? Si les poètes de la négritude, en particulier Senghor, réclamaient celle du « Négro- Africain », Sony Labou Tansi, quant à lui préfère celle du « Négro-Humain ». Pour Sony Labou Tansi, l’Afrique est connue pour sa richesse linguistique mais la situation de la langue française est celle d’un « meilleur outil de communication ». C’est cette diversité linguistique qui mène Sony Labou Tansi à parler de francophonies (au pluriel et non pas ou singulier). Voici comment, en répondant à une question qui porte sur la francophonie, il exprime sa position :

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Table des matières

SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I LE MYTHE DU NEGRE DANS LA LITTERATURE FRANÇAISE ET LA LITTERATURE FRANCOPHONE
INTRODUCTION
I.1. PRESENTATIONS
I.1.1. L’AUTEUR, SON PROJET LITTERAIRE
I.1.2. SONY LABOU TANSI EL LA FRANCOPHONIE
I.1.3. PRESENTATION DU CORPUS
I.1.3.1. Le paratexte
I.1.3.2. L’Etat Honteux
I.1.3.3. Le Commencement des douleurs
I.2. ORIGINES DU MYTHE DU NEGRE
I.2.1. DE LA MALEDICTION DE CHAM A LA MALEDICTION DU NOIR
I.2.2. COLONIALISME, LEGITIMATION
I.2.3. L’IDEOLOGIE COLONIALE
I.3. LES DIFFERENTES TENTATIVES DE REVALORISATION DU NOIR
I.3.1. LE PRIMITIVISME : LA NOSTALGIE D’UNE VIE SAUVAGE
I.3.2. LA NEGRITUDE
I.4. LA SUBVERSION DU MYTHE DU NEGRE DANS LE ROMAN AFRICAIN
I.4.1. La couleur noire
I.4.2. Laideur et saleté
I.4.3. Le cannibalisme et le caractère sanguinaire
I.4.4. Le goût à La palabre
I.4.5. De l’incapacité du noir à gérer ses ressources
I.4.6. La sexualité débridée des noirs
CONCLUSION
CHAPITRE II LA SUBVERSION DU MYTHE DU NE DANS L’ETAT HONTEUX…ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
INTRODUCTION
II.1. L’ETAT HONTEUX :UNE SOCIETE DESHUMANISEE
II.1.1. AFFAIRES DE L’ETAT OU JEUX D’ENFANT ?
II.1.2. UN POUVOIR DE LUXURE : BIENS, FEMMES
II.1.3. REFUS DE TOUTE CONFUSION GRATUITE
II.1.4. VIOLENCE ET CRUAUTE
II.1.5. LA SEXUALITE
II.1.6. LA FEMME NOIRE : DE FATOU-GAYE A LA FILLE A LANGUE COUPEE
II.2. DUALITE EUROPE/ AFRIQUE
II.2.1.UN ETAT CARRE, SYMBOLE DU PRE-CARRE FRANÇAIS
II.2.2. De l’Etat “indépendant” de Léopold II à L’Etat Honteux de Martilimi Lopez –
II.1. L’Etat Honteux, l’histoire honteuse d’un continent.
1.2. Affaires de l’Etat
II.2.4. L’ETAT HONTEUX : UNE HORREUR PARTAGEE
II.2.5. VAUBAN EN AFRIQUE : L’ARCHITECTE DES MONUMENTS « HORRIBLES »
II.2.6. L’ETAT HONTEUX : DE LOUIS XIV A MARTILIMI LOPEZ, UNE SEDUCTION PAR LA MEMOIRE.
II.3. QUELQUES PROCEDES DE CREATION DANS L’ETAT HONTEUX
II.3.1. LA RELATION LITTERATURE/SOCIETE DANS L’ETAT HONTEUX
II.3.2. DU CARNAVALESQUE DANS L’ETAT HONTEUX
II.3.2.1. Le rire
II.3.2.2. Le grotesque
II.3.2.3. Le renversement
II.3.4. LA GESTION DE L’INTERTEXTUALITE DANS L’ETAT HONTEUX
II.3.4.1. La part du texte biblique dans l’Etat Honteux
II.3.4.2. Autres sources d’inspiration
CONCLUSION
CHAPITRE III REECRIRE L’HISTOIRE, UNE REVANCHE DES PEUPELES DEPOUILES
INTRODUCTION
III.1. L’HISTOIRE OCCULTEE DES PEUPLES NOIRS
III.1.1. PREMIERES TENTATIVES DE RECTIFICATIONS
III.1.1.1. Doguicimi de Paul Hazoumé
III.1.1.2. Chaka, le conquérant Zoulou
III.2. DECOLONISER L’HISTOIRE
III.2.1. LE CLAN DES KHANS, UNE HISTOIRE DE SEIZE MILLE ANS
III.2.2. ON NOUS A PIQUE CINQ SIECLES
III.2.3. L’INTRUSION COLONIALE : L’ESCROQUERIE MORALE
III.2.4. LES GUERRES CIVILES EN AFRIQUE : L’HERITAGE COLONIAL
III.2.5. UNE GENESE A L’ENVERS
III.3. DE L’ANCRAGE ETHNIQUE DANS LE COMMENCEMENT DES DOULEURS
III.3.1. DE LA PALABRE A LA PAROLE PROLIFEREE
III.3.2. LE COMMENCEMENT DES DOULEURS, CASSANDRE A L’AFRICAINE ?
III.3.3. LA NATURE COMME GARDIENNE DE LA MEMOIRE
III.3.3.1. L’arbre, la forêt
III.3.3.2. La pierre
III.3.3.3. Le ciel
III.4. DE L’INTERTEXTUALITE DANS LE COMMENCEMENT DES DOULEURS
III.4.1. LE TEXTE BIBLIQUE
III.4.2. DES CHIFFRES COMME FLUCTUATION DU SENS ET DES MOTS
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
bibliographie

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