Le mil
Taxonomie
Le mil appartient au genre Pennisetum (famille des Poacées, sous-famille des Panicoideae, tribu des Paniceae) dont la soixantaine d’espèces sont réparties dans les régions tropicales et subtropicales. Ce genre est divisé en cinq sections. Le mil appartient à la section Penicillaria, qui se caractérise par la présence d’une touffe de poils sur l’apex des étamines. Dans l’espèce Pennisetum glaucum, VAN DER ZON (1992) reconnaît trois sous-espèces: P. glaucum subsp. glaucum, le mil cultivé; P. glaucum subsp. violaceum, la forme sauvage largement présente en Afrique dans la zone sahélienne, de l’Atlantique à la mer Rouge, dans des situations écologiques très variées; P. glaucum subsp. sieberianum, qui rassemble les formes intermédiaires issues d’hybridations naturelles entre formes cultivées et formes sauvages.
HARLAN et DE WETT (1971) ont structuré les complexes d’espèces en pools géniques, dans lesquels ils regroupent les espèces selon leur capacité décroissante à s’hybrider avec la forme cultivée. Dans le genre Pennisetum, le pool primaire est mono-spécifique. Il rassemble les trois sous-espèces de P. glaucum, qui s’inter fécondent naturellement en donnant des descendances fertiles. En dehors du pool primaire, l’appellation « mil» doit être évitée car elle est source de confusions avec des espèces sauvages parfois très différentes par leur biologie du « mil sauvage» P. glaucum subsp. violaceum. Les hybrides naturels entre les deux sousespèces présentent un phénotype intermédiaire et sont contre-sélectionnés par les cultivateurs sahéliens au cours de la culture et au moment du choix des semences. Ils sont appelés chibra en langue haoussa au Niger et n’doul en wolof au Sénégal. La distribution géographique de P. glaucum subsp. violaceum est discontinue dans la zone sahélienne et subdésertique, entre les latitudes 12° N et 21° N, du Sénégal jusqu’au Soudan. Les populations de mil sauvage se rencontrent essentiellement sur les berges des oueds, cours d’eau temporaires. Elles sont très étendues dans les oueds élargis, où elles occupent les terrasses alluviales du lit majeur, et plus restreintes dans les oueds encaissés, au bord des mares ou en savane arborée. Les petites populations sporadiques, sous forme de touffes de plantes éparses, sont caractéristiques du massif de l’Air dans le nord du Niger. La forme sauvage peut également se rencontrer en contact avec la forme cultivée, en bordure des champs ou près des villages. Le pool secondaire est constitué des deux espèces, P. purpureum et P. squamularum, qui peuvent s’hybrider facilement avec P. glaucum (HANNA, 1987). P. purpureum est une espèce pérenne, allotétraploïde (x = 7 et 2n = 4x = 28), sexuée, allogame, qui s’étend de la zone tropicale humide d’Afrique de l’Ouest à l’ensemble de l’Afrique australe. P. squamularum est une espèce pérenne, tétraploïde (x = 9, 2n = 4x = 36), apomictique. Sa répartition géographique est limitée à l’Afrique de l’Est. Ces deux espèces sont utilisées dans les travaux d’amélioration du mil qui recourent à l’apomixie (HANNA, 1990). Le pool tertiaire regroupe les autres espèces du genre, soit une soixantaine. Il comprend les espèces de la section Brevivalvula, P. polystachion, P. pedicellatum, P. subangustum, P. atrichum, P. hordeoides et P. setosum, qui s’étendent sur une large partie de l’Afrique, ainsi qu’au Proche-Orient et en Inde. En Afrique de l’Ouest, ces espèces sont très fréquentes. Elles sont annuelles ou pérennes et leurs systèmes de reproduction sont variés: reproduction sexuée, mode apomictique ou multiplication végétative. Les milieux écologiques qu’elles occupent sont très diversifiés, des zones arides aux zones tropicales humides. Elles sont utilisées comme fourrage et leur diversité biologique pourrait être exploitée pour l’amélioration du mil.
Origine et répartition du mil
Le mil à chandelle a été domestiqué au Sahel il y a 4000-5000 à partir de Pennisetum violaceum (Lam.) Rich. Il s’est répandu jusqu’en Afrique de l’Est et de là, à l’Afrique Australe, puis au subcontinent indien, il y a environ 3000 ans. Il a atteint l’Amérique tropicale au 18ème siècle, et les Etats Unis au 19ème siècle ; le mil est une céréale courante des zones semi-arides d’Afrique Occidentale et les régions les plus sèches d’Afrique Orientale et Australe, ainsi que du subcontinent indien. Il se cultive aussi bien pour le fourrage (Etats unis, Brésil, Afrique du Sud et en Australie) que pour l’alimentation de plusieurs millions de personnes.
La variabilité agro-morphologique et génétique du mil
Les variétés de mil peuvent être classées en deux grands groupes précoce et tardif selon la pluviosité des régions dans lesquelles elles sont cultivées. Les plus tardives se rencontrent dans les zones où les pluies sont les plus abondantes et les mieux réparties. Toutefois, les descripteurs et les méthodes de traitement des données peuvent varier selon les auteurs, ce qui aboutit à des structures différentes à l’intérieur de ces deux groupes. Sur la base de caractères botaniques, PORTERES (1950) distingue une quinzaine de groupes pour toute l’Afrique. BONO (1973), quant à lui, identifie deux groupes pour l’Afrique de l’Ouest à partir de l’observation de caractères morphologiques tels que la longueur (de 10 à 150 centimètres), la forme de la chandelle, le nombre d’épillets fertiles par involucre (supérieur ou inférieur à 2), le diamètre du rachis et l’ornementation des soies de la fleur. BRUNKEN (1977) définit quatre races africaines en se fondant sur le rapport entre la longueur et la largeur des graines. Plus récemment, MARCHAIS et al. (1993), à partir de quatorze caractères botaniques, concluent à l’existence de six groupes géographiques pour l’Afrique de l’Ouest, distincts du groupe de l’Afrique australe et du groupe de l’Inde. TAPSOBA (1991) quant à lui définit trois groupes en se basant sur le cycle de développement (tardifs, hâtifs et très hâtifs). Selon OUENDEBA et al. (1995), les principaux caractères qui permettent de discriminer les cultivars traditionnels sont la date de floraison, la hauteur des plantes, le diamètre des tiges, la longueur du premier épi et la production d’épis et de grains. Selon ces critères, les mils du Niger se rapprochent de ceux du Nigeria et du Sénégal. Les cultivars traditionnels correspondent cependant à une réalité paysanne et au choix délibéré d’un type plutôt que d’un autre. A titre d’illustration, on peut citer: pour le Sénégal et le Mali, les Sounas (variétés précoces), les Sanios (variétés tardives) et la variété Tiotandé spécifique de la vallée du fleuve Sénégal (mil de décrue); pour le Burkina, l’ensemble des Hainis (variétés précoces du nord), l’ensemble des Kazouyas (variétés semi tardives du centre) et l’ensemble des Doufouâs (variétés tardives de l’ouest); pour le Niger, les groupes Haïni Kiré, Guerguéra et Zongo (variétés précoces de l’ouest), les groupes Ba-Angouré, Ankoutess et Boudouma (variétés précoces de l’est), le groupe Maïwa (variétés tardives rencontrées dans l’ouest et le centre), auxquels il faut ajouter les mils d’oasis cultivés dans le massif de l’Aïr. Les analyses statistiques de fréquences alléliques, réalisées pour huit systèmes enzymatiques, montrent que la structuration génétique de l’ensemble des mils cultivés est peu marquée. Elle fait néanmoins apparaître quatre grands groupes: les mils précoces d’Afrique de l’Ouest et du Centre; les mils tardifs d’Afrique de l’Ouest; les mils d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe; les mils d’Inde (TOSTAIN, 1994). L’analyse du polymorphisme de dix-neuf génotypes de mil, grâce aux marqueurs RFLP et avec 200 sondes d’ADN, a mis en évidence une très forte variabilité: une carte génétique a été obtenue à partir de la descendance F2 d’un croisement entre deux cultivars de P. glaucum (LIU et al.,1994). Le développement des analyses du polymorphisme par accès direct aux ADN nucléaire et cytoplasmique devrait conduire à une meilleure compréhension de la structuration de l’espèce P. glaucum, nécessaire à son amélioration génétique.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 : MILIEU D’ETUDE
1.1. Milieu physique
1.1.1. Présentation de l’ICRISAT
1.1.2. Description du milieu d’étude
1.1.2.1. Situation géographique
1.1.2.2. Le climat
1.1.2.3. Les vents
1.1.2.4. La végétation
1.1.2.5. Les sols
CHAPITRE 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
2.1. Le mil
2.1.1. Taxonomie
2.1.2. Origine et répartition du mil
2.1.3. La variabilité agro-morphologique et génétique du mil
2.1.4. Structure morphologique du mil
2.1.5. Croissance et développement du mil
2.1.5.1. La phase végétative (de 0 à 50 JAS)
2.1.5.2. La phase reproductive (de 50 à 75 JAS)
2.1.5.3. La phase de remplissage des grains (> 75 JAS)
2.1.6. Ecologie
2.1.7. Les mécanismes de résistance à la sécheresse
2.1.8. Caractères morphologiques et physiologiques de résistance et évitement du mil à la sécheresse
2.1.8.1. Efficience hydrique du mil
2.1.8.2. Résistance à la sécheresse
2.1.8.3. L’évitement de la sécheresse
2.1.9. Effet d’une sécheresse à différents moments du cycle
2.1.10. Rendement et conservation post récolte
2.1.11. Importance et utilisation du mil
2.1.12. Propriétés du grain de mil
2.1.12. Les contraintes liées à la production du mil
2.1.12.1. Les Contraintes socio-économiques
2.1.12.2. Les contraintes abiotiques
2.1.12.3. Les contraintes biotiques
2.2. Le mildiou du mil
2.2.1. Importance économique
2.2.2. Biologie, épidémiologie et cycle de développement
2.2.2.1. Description
2.2.2.2. Symptômes
2.2.2.3. Transmission
2.2.2.4. Variabilité du pathogène
2.2.2.5. Cycle de développement du pathogène
CHAPITRE 3: MATERIEL ET METHODES
3.1. Matériels
3.1.1. Matériel végétal
3.1.2. Matériel technique
3.2. Méthodes
3.2.1. Site et dispositif expérimental
3.2.2. Conduite de l’essai
3.2.2.1. Préparation du sol
3.2.2.2. Délimitation de la parcelle d’essai
3.2.2.3. Détermination du nombre de grains nécessaire pour la réalisation de l’essai
3.2.3. Méthode de semis
3.2.3.1. Les variétés sensibles
3.2.3.2. Les traitements
3.2.4. La densité de semis
3.2.5. L’entretien de la parcelle
3.2.5.1. Le sarclo-binage
3.2.5.2. Le démariage
3.2.5.3. Autres activités sur la parcelle
3.2.6. Variables observées
3.2.7. Traitement statistique des données
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSION
4.1. Résultats
4.1.1 Evaluation du nombre de plants infestés par le mildiou
4.1.1.1. Le nombre de plants à la levée
4.1.1.2. Vigueur à la levée
4.1.1.3. Le nombre de plants infestés 45 et 60 jours après semis
4.1.2. Epiaison des différents traitements
4.1.2.1. Dates à 50% d’épiaison
4.1.3. Corrélation entre les différentes variables
4.2. Discussion
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES