Origine et originalite du corpuscularisme newtonien

ORIGINE ET ORIGINALITE DU CORPUSCULARISME NEWTONIEN

LES ORIGINES DU CORPUSCULARISME NEWTONIEN

En vue de bien cerner la propriété de l’attraction que Newton reconnaît à la matière, nous consacrons ce premier chapitre à la question de l’origine du corpuscularisme newtonien. Nous voulons aller à la source pour dégager les influences lointaines et immédiates qui ont servi de source d’inspiration à Newton. En matière d’influences lointaines, nous identifions la théorie de l’atomisme antique. Et nous savons qu’en matière d’influence immédiate, Newton a baigné dans le paradigme mécaniste cartésien qui lui a servi de cadre de réflexion. Ainsi la question de l’origine du corpuscularisme newtonien se pose à nous sous trois aspects. D’abord en quel sens peut-on dire que le corpuscularisme newtonien hérite de l’atomisme antique ? Ensuite comment Newton s’est-il inspiré du paradigme mécaniste cartésien ? Enfin, tout en s’inspirant de chacun de ces systèmes de pensée, Newton a fait des synthèses, il a opéré des choix et élagué certaines conceptions de la matière dans chacun de ces systèmes. Quelle originalité apporte Newton dans la conception de la matière ?

L’atomisme antique, origine du corpuscuralisme newtonien

Le corpuscularisme newtonien est la conception selon laquelle Newton défend que la matière est constituée de corpuscules. Il s’inscrit dans la démarche universelle d’explication de la nature. L’ouvrage majeur de Newton intitulé Principes mathématiques de la philosophie naturelle, exprime clairement l’option prise par Newton d’élaborer une interprétation mécaniste et mathématique de la nature. Le terme de corpuscule est une modernisation du concept d’atome inventé par les matérialistes antiques. Newton s’inscrit dans la mouvance des « philosophes du XVIIe siècle qui trouvent dans l’atomisme antique d’immenses ressources conceptuelles pour destituer la physique qualitative d’Aristote » . L’option prise par Newton d’expliquer l’ensemble de la nature au moyen des corpuscules de matière rejoint le projet des atomistes antiques. Ainsi l’héritage atomiste grec dans la conception newtonienne de la matière transparait aussi bien dans son explication de la course des astres, que l’explication des couleurs et des odeurs de la matière.

Tentant de relever les germes de la conception newtonienne de la matière dans la théorie atomiste antique, il nous faut présenter cette théorie. Elle a été initiée par Leucippe, développée par Démocrite puis par Epicure, avant d’être popularisée et poétisée par Lucrèce. L’éclosion de la théorie atomique se situe dans la perspective générale du développement de la philosophie de la nature. Tout commence par la compréhension de la nature. Les premiers philosophes physiciens ont voulu expliquer l’origine et le fonctionnement de la nature. Dans cette démarche la matière s’impose comme réalité concrète, objet de connaissance. Recherchant l’élément ultime qui constitue la matière, le concept d’atome, petite boule infiniment dure, a été forgé pour expliquer le monde.

La théorie atomique ne représente qu’une étape dans la longue et obsédante recherche par les penseurs grecs des substances, ou principes, ou éléments primordiaux. Historiquement, Leucippe est le père de la théorie atomique et Démocrite son continuateur, nous a laissé des écrits substantiels. En ce qui concerne l’essence de son enseignement, Leucippe admet deux principes : le plein et le vide. En d’autres termes, les corpuscules et le vide, compléments réunis indissociablement, sont les deux principes que Leucippe et Démocrite postulent dès la formation de leur théorie atomique.

Le concept d’atome : les corpuscules de matière 

La grande innovation des atomistes d’Abdère, c’est qu’ils se représentent la totalité de l’étant « à la façon d’un tas de pièces d’or séparés »  : car ils ne croient pouvoir rendre compte des apparences empiriques en proclamant l’essentielle discontinuité de l’être. Parménide avait enseigné que l’être est et que le non-être n’est pas ; que l’univers est un, éternel, immobile et illimité. Mais cela n’implique nullement qu’on doive tenir la philosophie de Démocrite pour l’effet d’un simple émiettement du grand Être de Parménide. Quelque temps avant Démocrite, cette tentative l’explication de la diversité du sensible, qui consiste à ramener la réalité empirique à un élément, a suscité les systèmes d’Empédocle et d’Anaxagore. Chez Empédocle, la génération était conçue comme une « composition d’un mur construit en briques et en pierres ». Quand à Anaxagore, il déclarait que « le Tout est composé de corpuscules homéomères » , de même que l’or est formé de ce que l’on nomme des paillettes resserrées entre elles.

De l’atomisme abdéritain, on sait surtout ce qu’en disent Aristote et ses commentateurs. Que des atomes en mouvements, en nombre illimité, par leurs chocs et rencontres forment des agrégats différenciés selon la figure, l’ordre et la position des atomes. Que le monde s’est formé exclusivement à partir de ces agrégats sans causes finales. Selon Leucippe et Démocrite, à en croire la Métaphysique d’Aristote (I, 4, 985 b 4), les différences entre les corps composés dépendent de la forme, de l’ordre et de la position des atomes qui les constituent. Démocrite d’Abdère présentait les atomes comme de petites unités de matières insécables, éternelles, pleines, solides. L’atome fut inventé en réponse à des questions sur le commencement et la fin du cosmos, sur l’unité et la diversité des êtres matériels, la permanence et le changement.

L’atomisme nous est parvenu à travers sa réélaboration dans la période hellénistique par Epicure (342-270 av. J.-C.). Il a transformé la doctrine plutôt idéaliste de Démocrite, en une physique matérialiste qui fonde tout sur la sensation. « Epicure a transformé la doctrine idéaliste de Démocrite en une physique matérialiste qui fonde tout sur la sensation. »  La sensation atteste l’existence des corps. Et parmi les corps, il convient de distinguer, d’une part, ceux qui sont composés et, d’autre part, ceux dont les composés sont faits : les atomes. Il existe des principes insécables qui font la trame de ce qui apparaît. « Que les corps soient, la sensation elle-même l’atteste en toute occasion » . Ces principes, les atomes, ne peuvent aucunement être divisés ni modifiés. Les atomes, ces éléments qui subsistent, ne possèdent rien de la nature changeante, ils sont indissolubles. « Les atomes ne sont pas des points mathématiques sans épaisseur, mais bien des petites masses matérielles qui ont une certaine étendue. » .

Le poème de Lucrèce, divisé en six chants, présente l’atomisme de manière déductive. Des atomes et du vide, ces deux principes posés au chant I suffisent pour expliquer tout ce qui est. Le chant II définit les propriétés des atomes : leurs mouvements, leur figure et leur fonction ; d’où se déduisent une théorie de l’âme (chant III), une théorie de la perception et des idées (IV), une cosmogonie, une histoire de la terre, des êtres vivants et des sociétés humaines (V) et enfin une intervention des météores et des maladies contagieuses (VI). Tous ces phénomènes se produisent sans l’intervention des dieux par des causes naturelles et nécessaires selon les figures, positions, chocs et rencontres des atomes. Tout est formé de petits corps mus et figurés, de même matière, simplement différenciés par leur forme.

L’existence du vide 

L’existence du vide se pose comme le deuxième volet de la théorie atomique antique. Elle permet en particulier de séparer l’espace de la matière. Du point de vue de Leucippe, le vide est essentiellement un élément séparateur. La conception du vide permet de se représenter la totalité de l’étant « à la façon d’un tas de pièces d’or séparées » . L’affirmation de l’existence du vide physique demeure « l’une des innovations majeures de l’atomisme » . L’existence du vide niée par les Eléates rend possible le mouvement et permet à la doctrine de traduire la réalité du monde observable. Du vide, Démocrite dit essentiellement qu’il n’est pas la cause, mais la condition sine que non du mouvement. Il pose « L’impossibilité du mouvement dans un milieu entièrement plein », comme l’argument physique pour justifier l’existence du vide. Il est question d’un raisonnement, d’un schéma logique. Si tout est plein, alors le mouvement sera impossible ; or, nous constatons que le mouvement est réel; par conséquent, l’espace n’est pas plein, mais – au contraire – le vide existe. Il faut remarquer que la thèse relative à la réelle existence du vide est surtout fondée sur des arguments empiriques. Ce schéma logique prend appui – comme ce sera le cas chez Epicure, puis Lucrèce – sur une constatation expérimentale, qui est l’existence effective du mouvement. C’est essentiellement l’argument du mouvement qui, selon Epicure, fonde l’absolue certitude de l’existence du vide.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1RE PARTIE : ORIGINE ET ORIGINALITE DU CORPUSCULARISME NEWTONIEN
CHAPITRE PREMIER : LES ORIGINES DU CORPUSCULARISME NEWTONIEN
I- L’atomisme antique, origine du corpuscuralisme newtonien
1- Le concept d’atome : les corpuscules de matière
2- La pesanteur et les autres causes du mouvement des atomes
3- Fonctions épistémologiques de l’atomisme antique
II- Le contexte cartésien du corpuscularisme newtonien
1- L’étendue
2- Le mouvement
3- Significations philosophiques du matérialisme cartésien
III- Newton : de l’héritage de l’atomisme antique au paradigme mécaniste
CHAPITRE DEUXIEME : ORIGINALITE DE LA CONCEPTION NEWTONIENNE
I- Propriétés de la matière chez Newton
II- L’inertie de la matière chez Newton
III- La notion de masse ou la mathématisation de la matière
1- Masse gravitationnelle
2- Masse inertielle
3- Equivalence entre masse inertielle et masse gravitationnelle
CHAPITRE TROISIEME : L’ATTRACTION UNIVERSELLE CHEZ NEWTON
I- Préliminaires : l’attraction avant Newton
II- La gravitation chez Newton
1- L’incertitude et l’hésitation de Newton au sujet de l’attraction universelle
2- Refus de trouver des causes pour la gravitation
3- L’insatisfaction de Newton au sujet de la gravité
III- L’attraction universelle, clé de compréhension du monde
1- L’attraction d’affinité chimique
2- Le contraste entre la précision des résultats et le peu de fermeté des principes
3- Du mécanisme newtonien au matérialisme
2NDE PARTIE : POSTERITE ET ACTUAITE DU PARADIGME NEWTONIEN
CHAPITRE PREMIER : LA POSTERITE DU PARADIGME NEWTONIEN
I- Fécondité du paradigme newtonien en chimie
1- De l’attraction universelle à l’affinité chimique
2- Tentative d’explication des réactions chimiques
3- De l’apogée à l’évanouissement du rêve newtonien
II- Matière et lumière, dualisme ondes corpuscules
1- Bref historique des théories de la lumière
2- Lumière, corpuscule de matière
3- Lumière, onde de matière
4- Théorie synthétique unissant les conceptions d’onde et de corpuscules
III- Matière et l’éther
CHAPITRE DEUXIEME : CRITIQUE DU CORPUSCULARISME NEWTONIEN
I- Critiques des origines alchimiques de Newton
II- Critiques de Ernst MACH
III- Critiques de Henri POINCARE
IV- Critiques de Gustav KIRCHHOFF
V- Critiques de Henri HERTZ
CHAPITRE TROISIEME : ACTUALITE DU CORPUSCULARISME NEWTONIEN
I- Actualité de la conception newtonienne de la matière
1- La matière chez Newton aujourd’hui
2- L’actualité de la gravitation
3- Matière et réalité
II- Quel réel physique subsiste du corpuscularisme de Newton
1- La dématérialisation de la matière
2- Le réel newtonien
3- L’inaccessibilité de la réalité en soi
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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