Origine et histoire de l’évolution de l’abeille

L’Abeille domestique (Apis mellifera) est, depuis les temps les plus reculés, exploitée par l’homme amateur de sa gelée royale, de son miel, de sa cire, voire de son pollen. Non seulement les Abeilles nous procurent les produits de la ruche, mais elles pollinisent aussi une bonne partie de nos récoltes, comme les arbres fruitiers, les semences oléagineuses, les petits fruits et les récoltes fourragères (Winston, 1993).

L’abeille a un impact économique majeur en augmentant la qualité et la quantité des productions agricoles par son activité pollinisatrice lors du butinage. L’influence de l’abeille domestique sur son environnement a fait l’objet de nombreux travaux scientifiques portant sur les mécanismes de coévolution entre les abeilles et les plantes mellifères (Bergström, 1978). La domestication de l’abeille par l’homme a engendré un ensemble d’études portant sur l’amélioration des techniques d’apiculture, comme les méthodes d’élevage, la sélection génétique des abeilles ou la lutte contre les pathologies (Louveaux, 1980 in Decourtye, 2002).

Il existe pour l’instant 11 familles d’abeilles (Michener 1974, Michener et Greenberg 1980) avec environ 700 genres (Malyshev, 1968) et 20.000 espèces vivantes (Michener 1969). Celles ci peuvent être divisées en deux principaux groupes, les abeilles à langue courte utilisant probablement les caractéristiques de fleurs soucoupes des premiers angiospermes et les abeilles avec de plus grandes pièces buccales plus longues lorsque les angiospermes développèrent de plus grandes fleurs tubulaires. Ces adaptations permirent aux abeilles à langue longue de tirer avantage de la complexité croissante des fleurs angiospermes évoluées. Au total 26 races ont été décrites jusqu’à présent sur la base de caractères morphologiques, génétiques, écologiques et comportementaux. En Algérie, 02 races ont été identifiées, la première décrite a été Apis mellifera intermissa (Abeilles telliennes) par Buttel-Reepen (1906) (in Ruttner, 1968) C’est une race du nord de l’Afrique trouvée au nord du Sahara algérien et de la Libye jusqu’au Maroc (Frère Adam, 1953). La deuxième race a été décrite successivement par Baldensperger (1924) et par Haccour (1960) : Apis mellifera sahariensis. On la trouve au sud du Maroc et de l’Algérie.

La biométrie est une science qui mesure les caractères morphologiques afin de définir et de discriminer les races d’abeilles. Plusieurs travaux sur la biométrie ont été réalisés (Vecchi et Giavarini, 1938 et 1950 ; Giavarini, 1954 et 1956 ; Mackensen, 1954 à 1963 ; Goetze, 1940 à 1964 ; DuPraw, 1965 ; Louis et al., 1968 ; Louis et Lefevre, 1971 ; Tomassone et Fresnaye, 1971 ; Grissa et al., 1990 ; Padilla et al., 1992b, 1998, 2001 ; Oldroyd et al., 1995a ; Sheppart et al., 1997 ; Diniz-Filho et al., 1999, 2000 ; Neilsen et al., 1999 ; Hepburn et al., 2000 ; Tilde et al., 2000 ; Kandemir et al., 2000).

Origine et histoire de l’évolution de l’abeille

On pense que l’Abeille a évolué au départ d’une guêpe ancestrale, probablement un sphécide avec des pièces buccales capables d’absorber du nectar, qui commença à récolter du pollen pour nourrir son couvain au lieu de tuer des proies. Bien que l’Abeille ait divergé des guêpes dans beaucoup de caractéristiques (Michener, 1974), les plus grandes différences morphologiques comprennent les spécialisations pour la récolte du pollen. Toutes les Abeilles ont au moins quelques poils plumeux et des pattes postérieures élargies, ces deux adaptations leur permettent de récolter du pollen et le ramener au nid. A cause de leurs structures distinctes de récolte de pollen et leurs habitudes, les Abeilles sont classifiées dans leur propre superfamille, les Apidés, ordre des Hyménoptères (Culliney, 1983) ; alors que Michener avait proposé de retourner à un système plus ancien qui incluait les guêpes sphécides dans la même super famille de l’Abeille (Winston, 1993).

Il a été trouvé une trace des premiers hommes cueilleurs de miel sur une peinture rupestre, dans la grotte de l’araignée (Cueva de la Arana), près de Valence en Espagne. Elle daterait d’environ 10.000 ans avant J.C. Elle représente un homme suspendu à 03 lianes qui récolte du miel entouré de quelques abeilles stylisées.

Les premières abeilles doivent provenir de l’intérieur du xérique du paléocontinent Gondwana, qui est probablement la zone d’origine des plantes angiospermes (Raven et Axelrod, 1974). Bien que les fossiles d’abeilles soient loin d’être complets on pense qu’ils ont divergé des guêpes sphécides vers le milieu de la période du Crétacé, il y a environ 100 millions d’années (Michener, 1974) coïncidant avec l’apparition des angiospermes comme végétation dominante (Winston, 1993). Certaines abeilles de cette époque ont été retrouvées emprisonnées dans des morceaux d’ambre de la Baltique et dans les dépôts de l’ère Eocène datant approximativement de 40 millions d’années et ces antiques Apinés, éteints maintenant, ont été classés dans leur propre genre Electrapis (Manning 1960, Zeuner et Manning 1976, Culliney 1983). L’ambre est de la résine fossilisée. Dans un même morceau d’ambre, 6 individus ont été retrouvé. Ce qui laisse supposer que l’abeille était déjà un insecte social (Winston, 1993).

On pense qu’A. mellifera est originaire des tropiques ou des subtropiques africains dans la période tertiaire, puis migra vers l’Asie de l’ouest et les climats européens plus froids un peu plus tard. Jusqu’aux temps modernes, Apis n’étais pas trouvé n’importe où dans l’hémisphère ouest, l’Australie ou le Pacifique, à l’exception de certaines îles comme le Japon, les Philippines et l’Indonésie (Michener, 1974). Mais les déplacements d’abeilles dans le but d’apiculture, par les colons européens eurent pour résultat qu’Apis mellifera a maintenant une distribution mondiale et quelquesunes des autres espèces furent plus dispersées en Asie.

L’habitat naturel de l’abeille A. mellifera s’étend depuis la pointe sud de l’Afrique à traves la savane, la forêt humide, le désert et le climat doux de la Méditerranée avant d’atteindre la limite de son expansion en Europe du nord et en Scandinavie du sud. Avec telle variété d’habitat, de conditions climatiques et de flores, il n’est pas surprenant de trouver de nombreuses sous-espèces (races) d’abeilles, chacune avec ses caractéristiques adaptées à chaque région (Louveaux, 1966).

Quelques conclusions générales ont surgi à propos des caractéristiques et des lieux d’origine pour beaucoup de races d’abeilles, elles ont été résumés par Ruttner (1975b ; Ruttner, Tassencourt et Louveaux 1978). Il divise les races d’abeilles en trois groupes distincts, les européennes, les orientales (Proche-Orient) et les Africaines. De cette division seraient parties 3 grandes lignées (Cornuet et Garnery, 1991b; Garnery et al., 1992), l’une peuplant l’Europe par le Nord du coté Ouest (de l’Espagne à la Scandinavie) lignée M, l’autre longeant le Nord de la méditerranée (au Centre et au Nord de l’Europe) lignée C et la dernière envahissant l’Afrique (lignée A). La lignée O (en Turquie et dans le Caucase) se serait différenciée ultérieurement.

Dynamique des populations d’abeilles

La colonie d’abeille est composée d’individus qui maintiennent dans le nid une structure permettant la survie indéfinie du groupe alors que les individus n’ont qu’une vie éphémère. Une colonie est composée pendant la saison active de 40 à 60 000 individus. Au printemps, les colonies d’abeilles sortent de leur longue torpeur hivernale et la reine recommence à pondre. Au cours des mois qui suivent, des milliers de jeunes abeilles verront le jour et la force de la colonie ira s’accroissant jusqu’à son point culminant. Puis débute la période de déclin : le taux de mortalité des abeilles s’élève, tandis que le taux de natalité s’abaisse ; la force de la colonie décroit au fil des jours jusqu’à son niveau d’hivernage en automne. Cette évolution cyclique est due d’une part à des prédispositions héréditaires et d’autre part, à des facteurs environnementaux. Comme la plupart des phénomènes biologiques, l’évolution d’une colonie dépend des influences tant intrinsèques qu’extrinsèques à la colonie. Concernant les influences intrinsèques nous trouvons : prédispositions héréditaires, physiologie et comportement. En revanche, les influences extrinsèques sont : le climat, végétation, quantité et qualité de nourriture, maladies, apiculteur.

L’évolution de la colonie se caractérise par des variations antagonistes de population: d’une part, des augmentations, qui ont leur origine dans le nombre d’abeilles naissantes (accroissement) – la croissance est fortement dépendante de l’activité de ponte de la reine – d’autre part, des diminutions, qui sont fonction du nombre d’abeilles cessant d’exister (pertes). La décroissance dépend fortement de la durée de vie des abeilles. En 1976, en plus du couvain ouvert et operculé, Wile et Gerig ont estimé de mai à septembre, parallèlement aux estimations de la force des colonies, le nombre de cellules garnies d’œufs. Il ressort de leurs travaux que toutes les reines ne pondent pas avec la même intensité. Au contraire, chacune d’elle a son rythme, ponctué de phases à forte ou à faible intensité de ponte. Seul point commun, le début de l’activité de ponte en début d’année, déclenché par l’élévation de la température extérieure (Leibig, 1996). Puisque chaque reine a son rythme de ponte, il devient évident que la dynamique de la population diffère sensiblement d’une colonie à l’autre.

Or, selon la période, l’activité de ponte dépendra de la place à disposition de la reine pour la ponte des œufs. Si par exemple tous les cadres contiennent de la nourriture et du miel en excès, elle ne pourra déposer aucun œuf. Il arrive régulièrement que les mauvaises conditions météorologiques au printemps et les basses températures persistantes empêchent les abeilles de récolter du pollen et du nectar. Selon les réserves de pollen encore disponibles, la colonie se trouvera plus ou moins rapidement en situation de manque.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : Partie théorique
1.1. Origine et histoire de l’évolution de l’abeille
1.2. Dynamique des populations d’abeilles
1.3. Morphologie externe de l’abeille
1.4. Biométrie des abeilles
1.5. Comportement complexe des abeilles
1.5.1. Le cycle de vie d’une abeille
1.5.2. La recherche de nourriture chez les abeilles
1.5.3. La recherche des fleurs par les abeilles
1.5.4. La navigation chez les abeilles
1.5.5. La communication chez les abeilles
1.5.6. Le comportement de l’abeille algérienne
CHAPITRE II : Matériels et Méthodes
2.1. Présentation de modèle biologique
2.1.1 Systématique des abeilles
2.2. Présentation de la zone d’étude
2.2.1. Wilaya de Laghouat
2.2.2. Wilaya de Béchar
2.3. Stratégie d’échantillonnage et collecte des données
2.4. Analyse morphomètrique
2.4.1 Critères morphologiques étudiés
2.4.2. Méthode de mensuration
2.5. Analyses statistiques
2.5.1. Analyses statistiques univariées
2.5.2. Analyse statistique bivariée
2.5.3. Analyses statistiques multivariées
2.6. Etude comparative entre les abeilles de Sud et du Nord-est algérien
2.6.1. Stations du Nord-est algérien concernées par l’étude comparative
2.6.2. Critères morphologiques choisis
2.6.3 Analyses statistiques
CHAPITRE III : Résultats
3.1. Résultats biométriques de l’abeille du Sud
3.1.1. Méthodes statistiques univariées
3.1.2. Corrélations simples
3.1.3. Analyses statistiques multivariées
3.2. Résultats biométriques de l’étude comparative
3.2.1. Analyses statistiques univarées
3.2.2. Analyse statistique bivariée
3.2.3. Analyses statistiques multivariées
CHAPITRE IV : Discussion
CONCLUSION
Résumés
Références bibliographiques
Annexes

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