Origine de l’approche participative

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Cas de Madagascar pendant les Programmes d’Ajustement Structurel

A la suite des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, les Européens étaient réticents aux placements des pétrodollars des Arabes dans leurs banques. Subséquemment ces derniers commençaient à orienter leurs placements vers les pays périphériques comme ceux du Tiers-Monde. C’était le début du fameux « investissement à outrance » (COUSSY et HUGON, 1992) devenu par la suite source d’endettement. Ainsi, le pétrodollar était utilisé pour financer les investissements dans les pays périphériques. Et puisque « investir » c’est d’abord dépenser à partir du crédit accordé (Ibid.), la gestion efficace dudit crédit a donc été supposé résoudre le déséquilibre économique des pays en question.
Toutefois, mal géré par les responsables de ces pays, le crédit n’a pas pu atteindre ses fins : persistance du déséquilibre économique et non remboursement des dettes voire surendettement. Du fait de ne pas savoir investir de manière intelligente le crédit accordé, le recours aux institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds Monétaire International (FMI) devenait alors incontournable de façon à rétablir ce déséquilibre et à pouvoir rembourser les dettes envers les pays créanciers. De là se sont apparus les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS). A travers ces programmes, les bailleurs ont décidé de prendre en main les actions à entreprendre et donc de présider la mise en œuvre des projets.
L’expression « ajustement structurel » contient deux mots : ajuster et structure. On fait un ajustement lorsqu’il faut corriger quelque chose. Ici, il s’agit d’ajuster la structure économique en opposition avec la conjoncture. D’après COUSSY et HUGON (1992), l’ajustement structurel vise, à l’aide d’instruments de politique conjoncturelle et de réformes institutionnelles, à permettre une compétitivité extérieure et une ouverture ainsi qu’une croissance économique.
Concrètement, les PAS étaient une politique imaginée et imposée par les bailleurs de fonds pour les pays endettés et présentant une balance des paiements déficitaire surtout ceux du Tiers-Monde ; c’est une politique impliquant plusieurs réformes et lancée en 1985.
Ces programmes avaient pour but de financer les pays endettés afin qu’ils puissent solder leur dettes extérieures et en même temps connaitre un développement économique à long terme. Ainsi les bailleurs de fonds ont décidé d’élaborer les programmes sans la participation des pays intéressés. Les principaux objectifs en sont les suivants : une croissance réelle positive par habitant afin de relever le niveau de vie de la population et de réduire la pauvreté ; la stabilité des prix et des taux de change ; l’augmentation plus significative des recettes fiscales et la maîtrise de l’évolution des dépenses publiques afin de réduire le déficit des opérations financières ; la régulation de la monnaie en circulation en fonction des besoins réels de l’économie ; la restitution des réserves extérieures de change ; le respect des échéances de remboursement des dettes extérieures ; l’apurement progressif des arriérés de paiements intérieurs et extérieurs ( Banque mondiale, 1989).
Puisque Madagascar s’affichait parmi les bénéficiaires de ces programmes. Vu sa vulnérabilité, les bailleurs pensaient que certaines réformes étaient nécessaires. On a alors procédé à des
– Réformes budgétaires : application de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA : 1994-2001) ; renforcement des administrations fiscale et douanière (1997-2001) ; réforme de la fonction publique (1998-2001) ; renforcement du suivi de l’exécution budgétaire (2000).
– Réforme du secteur monétaire et financier : Privatisation des banques publiques (1996-1999) ; indépendance de la Banque Centrale (1994).
– Privatisation des entreprises publiques : Etablissement des bases administratives sur la privatisation (1996) ; libéralisation des télécommunications : licence pour les opérateurs de téléphonie mobile (1996) ; privatisation de la compagnie pétrolière (2000) ; privatisation des entreprises d’Etat (1988-2001).
– Politique de change et de paiement : adoption du taux de change flottant (1994) ; libéralisation des transactions courantes (1996).
– Politique commerciale : libéralisation de la production et de la commercialisation du café, du girofle, de la vanille et du riz (1987-1997) ; abolition du contrôle des prix (1986) ; abolition des taxes sur les exportations (1988) ; élimination des restrictions et des licences sur les importations (1988-2001) ; allègement tarifaire régional (1987-2001).
Bien que leur modalité d’action se limite sur les conseils et assistance techniques, les bailleurs de fonds se sont présentés dans la mise en œuvre des PAS comme les principaux acteurs ; ils pilotaient la majorité des actions. On en déduit en effet l’absence des intéressés.
La population, dans ces activités étaient considérée comme simple bénéficiaire et non acteur au développement. Cette situation a conduit à une certaine incohérence entre la demande du peuple et les actions menées puisque ces dernières étaient concentrées surtout sur des réformes macroéconomiques et non les buts visés de l’Ajustement en question.
Cette incohérence a à son tour présenté un échec au niveau étatique car elle avançait des résultats plus ou moins décevant. Ces résultats plutôt modestes étaient les fruits de l’absence de toute forme de participation des bénéficiaires tant à l’élaboration qu’à la mise en œuvre des actions préconisées par l’Ajustement. Il est donc ici question d’incompatibilité entre la démarche technocratique adoptée par les bailleurs et le besoin du peuple.
Pour le cas de Madagascar, on a pu enregistré quelques résultats positifs des PAS à partir de 1988 avec un taux de croissance annuel moyen de 3,5% pour la période de 1988-1990 et de 4,3% pour celle de 1997-2000 (World Indicators Development, 2002). Il faut noter que pour la période de 1991-1996 les programmes ont été suspendus suite aux troubles sociopolitiques survenus en 1991.
Toutefois, à côté de cette croissance, l’on a constaté la persistance des dettes extérieures qui était à l’origine de la qualification au rang des PPTE ou Pays Pauvres Très Endettés.

Fondement théorique

Comme l’ont affirmé Andriamahefazafy et Froger (2003, pp51-52) : « C’est au cours des années 1990 que la nouvelle philosophie des programmes d’aides…s’appuie sur le recours à la société civile et le développement participatif pour éviter la déresponsabilisation des pays récepteurs de l’aide au développement et donc favoriser l’appropriation des politiques par les gouvernements et les populations ». Le but de cette nouvelle stratégie est donc de responsabiliser la population locale base du développement.
Cette nouvelle approche du développement est une réplique aux échecs enregistrés au cours des projets ayant pour base l’approche « top down ». Andriamahefazafy et Froger (2003, pp66) ont qualifié ceci de rupture : « ce qui marque une rupture avec les pratiques technocratiques antérieures qui définissaient de l’extérieur des politiques que les pays en développement devaient appliquer ». Elle s’set largement développée depuis les années 90 dans plusieurs pays en voie de développement comme Madagascar.
Appliquée surtout dans le domaine du développement rural et de l’environnement, l’approche participative constitue aujourd’hui l’élément clef de l’efficacité des projets à entreprendre puisque, comme nous l’avons mentionné en haut, elle implique tous les acteurs.
D’autres institutions comme les organisations internationales ont mis en relief la finalité de l’approche participative. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) par exemple, « l’approche participative favorise la promotion de l’auto-développement des communautés villageoises et une prise en charge active de leur propre avenir ». Ainsi on peut dire que la démarche participative est devenue l’élément incontournable de l’efficacité du développement particulièrement dans le développement rural.
L’approche participative est de ce fait devenue au premier rang car elle s’est avérée la plus adéquate. Le PLAE ou Programme de Lutte Anti Erosive appuie la nécessité de la participation des acteurs en affirmant que « Participer donne à la personne des Droits dont le droit de prendre la parole, de donner son avis, de formuler des commentaires, le droit de prendre part à la prise de décision, le droit de bénéficier des avantages liés à la réalisation de l’œuvre commune du groupe ».
Le PLAE a aussi ajouté qu’à part les Droits la participation exige en outre des devoirs dont celui de « se comporter en responsable ie actif dans la discussion et solidaire avec le groupe » et de « contribuer aux décisions prises collectivement ».
Vue sous cet angle, cette nouvelle approche qui est qualifiée de « bottom up » ou approche par le bas est devenue de vent en poupe dans les projets de développement car elle montre une efficience au moment de la conception mais aussi pendant l’action proprement dite. Le DSRP ou Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté vérifie cette efficience.

Exemple de programme fondé sur l’approche participative : le DSRP

A partir des années 90, l’application et la mise en œuvre de presque tous les programmes de développement étaient fondées sur la participation des acteurs concernés. Parmi ces programmes figure le DSRP ou Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté, programme le plus récent en matière de lutte contre la pauvreté et focalisé sur la participation des agents. C’est un document qui a permis à Madagascar de bénéficier le premier lot de l’Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) pour promouvoir une croissance économique à base sociale très élargie. Même si son principal objectif est d’alléger les dettes des pays en développement, il est aussi destiné à réduire la pauvreté dans les pays bénéficiaires.
Ainsi la bonne gouvernance, le développement des infrastructures, la santé, l’éducation, l’appui au secteur privé ont été les priorités afin de réaliser un développement rapide et durable au sein du pays (Extrait du DSRP, Mars 2003). Traduisant la nécessité d’une volonté commune, la démarche prenant en compte la responsabilisation de toute la communauté était adoptée.
La réussite du DSRP a été conditionnée par l’adhésion de toute la population dans sa conception et sa mise en œuvre. De ce fait, cet objectif de représentativité de toutes les composantes de la société malgache a permis à la société civile en général et aux pauvres en particulier de prendre part dans toutes les discussions qui ont mené à l’élaboration du document. La prise en compte de leurs opinions et de leurs besoins est indispensable pour réaliser la lutte contre la pauvreté.
Avant le DSRP proprement dit, il y avait d’abord le DSRP intérimaire (DSRP-I) où le gouvernement a créé en 2000 une cellule technique chargée de la préparation de l’orientation et de la coordination du DSRP (Ibid.). Dans cette cellule figuraient de hauts fonctionnaires, d’universitaires, de représentants du secteur privé et de la société civile. C’est elle qui s’est chargée de l’organisation et la participation des Malgaches à la préparation du DSRP.
Dans le cadre de sa mission, des ateliers participatifs ont été organisés par la cellule technique. Des ateliers thématiques ont été tenus pour approfondir les réflexions et ce avec une plus large participation de diverses personnalités provenant de différents coins du pays car il y avait aussi des représentants des six provinces et des ONG. (D’après RAZAFINDRAVONONA, 2003).
La démarche participative comportait plusieurs phases qui ont abouti à la validation du document. Ces phases sont les suivantes :
– Phase thématique comportant une série d’ateliers sur des thèmes à forte connotation sociale ;
– Phase régionale comprenant une deuxième série d’ateliers pour soumettre la stratégie aux partenaires des six provinces ;
– Phase nationale appréhendant une troisième série d’ateliers pour assurer la cohérence
et la validation du document final.
D’après un extrait du DSRP en Mars 2003 (MEFB, 2003), une vingtaine d’ateliers réunissant de 120 à 450 personnes à chaque fois sont tenus dans tous les provinces entre Septembre 2000 et Mars 2003. L’on a constaté la participation de tous les groupes sociaux : administration, élus, journalistes, société civile, secteur privé, associations, etc.
Cette collaboration au niveau des acteurs économiques est l’atout du DSRP dans sa conception. De ce fait, les projets ainsi déterminés étaient des réponses aux demandes du peuple.
L’approche participative a aussi contribué dans le domaine du développement rural de manière à obtenir un résultat plus significatif car depuis les échecs enregistrés après les PAS, la population rurale est devenue moteur du développement en ce sens qu’elle constitue la majorité de la population active et que les activités de base du secteur primaire comme l’agriculture et l’élevage y sont les activités fondamentales. L’approche participative a été donc adoptée pour puiser le fond des blocages dans les milieux ruraux.
Parallèlement au développement rural, la gestion des ressources naturelles a aussi eu une faveur dans l’approche participative. Avec l’avènement de la notion de Développement Durable où l’on procédait au développement de la population actuelle sans compromettre l’avenir des générations futures, cette dernière a pris une place considérable dans le domaine de l’économie. Sur ce plan, son application réside dans le fait de responsabiliser les populations rurales en matière de conservation ou plus précisément de réconcilier les populations avec leur environnement afin d’assurer la pérennité des ressources naturelles.
Dans les deux domaines, la population locale est placée au centre de l’étude c’est-à-dire tout projet doit prendre en compte l’importance de sa participation tant à l’élaboration qu’à la mise en œuvre ainsi que dans la phase de suivi et évaluation.

L’approche participative en milieu rural

Des échecs ont été enregistrés dans certains projets de développement parce que ceux-ci ont été conçus puis menés par les seuls praticiens du développement ou parce que les populations bénéficiaires et au-delà, l’ensemble des acteurs impliqués n’étaient pas suffisamment associés aux différentes étapes du projet. De là découle des inadaptations à certaines réalités culturelle, sociale, économique, environnementale.
Ce disfonctionnement a amené les « développeurs » à élaborer des méthodes permettant de mieux associer les populations et l’ensemble des protagonistes aux projets. Ces différentes méthodes sont regroupées dans l’approche participative. Cette démarche inclut la communauté dans les actions à mener c’est pour cela qu’elle a été appliquée dans le développement rural.
Connue sous plusieurs dénominations comme l’Evaluation Rurale Participative (ERP) ou le Diagnostic Participatif du Milieu (DPM), l’Approche Participative en Milieu Rural a pour principaux buts :
-de faire en sorte que l’ensemble de la population participent à l’élaboration et la réalisation du projet ;
-d’impliquer l’ensemble de la communauté concernée par le projet, y compris ceux qui n’ont pas l’habitude de s’exprimer : femmes, groupes sociaux marginalisés, etc.

L’approche participative en milieu rural

Le diagnostic participatif en milieu rural

D’après JOUVE Ph. Et CLOUET Y. (1984), le diagnostic appliqué en milieu rural est « l’opération qui vise à analyser et juger les modes d’utilisation de l’espace rural, à un moment et à une échelle donnée, en fonction d’objectifs de connaissance et de valorisation de cet espace ».Ils ajoutent aussi que « le diagnostic ne peut constituer une fin en soi, il doit s’intégrer dans une perspective plus générale de transformation des conditions de production ».
Le diagnostic constitue donc une étape préalable à toute action de développement ; il doit conduire à proposer des axes de développement et d’intervention jusqu’à la formulation d’actions précises à entreprendre et les modalités de leur mise en œuvre.
Il est basé sur l’établissement d’un dialogue permanent entre populations et agents techniques, sur le respect mutuel et le principe du partenariat, ainsi que sur la reconnaissance du savoir-faire local. A ce titre, il doit être considéré comme un instrument privilégié d’intervention en milieu rural, qui permet la meilleure mise en œuvre des actions de développement. Ainsi il comporte une série d’étapes :
 identification/connaissance du milieu;
 sensibilisation/prise de conscience par les populations des enjeux économiques et des possibilités d’agir sur le milieu;
 identification des problèmes et recherche de solutions;
 organisation de la prise en charge et programmation des actions à entreprendre;
 formation thématique et vulgarisation;
 évaluation périodique des actions en cours par les populations et
 suivi évaluation du programme et de l’ensemble de la démarche.
Ces étapes, décrites ci-après dans un ordre théorique, seront plus ou moins développées selon le contexte de la région. Certaines d’entre elles, par exemple la formation, peuvent s’avérer moins nécessaires ou moins importantes, selon le type d’action identifié ou la maîtrise réelle de sa réalisation par les populations. Toutefois, il importe de ne jamais négliger l’une de ces étapes et de ne pas en supprimer a priori.
Caractéristiques d’un processus dynamique et organisées en quatre phases, ces différentes étapes se succèdent dans un ordre déterminé comme le montre la figure n°1.

Particularités de l’approche participative en milieu rural.

D’après MORIZE J. et al. (1983), BEDU L. et al. (1987), l’approche participative présente des particularités à savoir :
La mobilisation de la communauté en augmentant la prise de conscience collective de ce qui peut être accompli aussi bien que la façon dont les groupes locaux y compris les groupes des femmes peuvent le faire;
L’utilisation des matériels visuels facilite la compréhension de l’approche car elle fait participer de manière effective les communautés rurales quand les instruments pour la collecte des données sont visuels : tableaux, cartes que les paysans peuvent comprendre afin de pouvoir corriger les données et de faire des remarques ;
L’analyse participative permet d’étudier l’interaction des problèmes ;
Elle donne aux habitants du village la possibilité de ranger les solutions basées sur les priorités locales, la faisabilité, la durabilité écologique et l’étude des coûts et d’efficacité, donc définition des priorités de base ;
Elle facilite l’élaboration d’un plan communautaire d’action mentionnant les contributions des villageois et leur responsabilité respective ;
Elle implique la participation des chefs locaux dans la mise en œuvre et le contrôle des actions définies dans le plan communautaire ;
Enfin, elle entraîne une rapidité de la démarche et amoindrit les coûts.
L’approche participative implique un pilier méthodologique et une maîtrise des instruments de communication permettant de maintenir la mise en œuvre des projets puisque son essence même est de mettre en lien étroit la population locale et les techniciens dans toutes les phases des projets.
Les principaux buts de cette démarche consistent en la maîtrise du lieu d’action. C’est ce qui la différencie de l’approche par le haut dont les modalités d’actions ont pour origine les bailleurs eux-mêmes. Ainsi la connaissance du milieu qui sera sujette du paragraphe suivant s’y avère indispensable.

La connaissance du milieu, facteur clé de la mise en œuvre

L’objectif est ici de mieux comprendre les paysans et leur environnement, ainsi les techniciens de développement doivent avoir une connaissance suffisante des objectifs et de l’environnement des paysans pour les aider à exprimer leurs besoins et motivations face aux nouvelles techniques qui leur seront proposées.

Le milieu physique

Le milieu physique où vit la communauté est un facteur inséparable de celle-ci ; il a donc une influence sur la vie des hommes et directement ou indirectement sur l’évolution ou le développement de la société. Aussi, une analyse du milieu physique ne doit pas être négligée durant la phase d’étude d’un projet de développement. Cette analyse conduit à l’information sur la situation géographique de la zone d’action, le réseau de communication et l’état des infrastructures existantes, l’importance des cours d’eau, des fleuves et des rivières et enfin les conditions climatiques.
Pour obtenir des informations sur le milieu physique, il est impératif de procéder à l’étude des six éléments suivants :
– La délimitation territoriale et administrative (Fokontany, District,…) ;
– Les voies de communication et de services;
– L’hydrographie ;
– Le relief constitué en général par les vallées, voies naturelles de pénétration et de communication et les lignes de crêtes comme les collines, les plateaux.
– Les facteurs climatiques tels que la pluie, la température et le vent et
– L’environnement qui concerne la faune et la flore. b. Le milieu humain
L’analyse du milieu humain permet de voir la répartition de la population suivant les strates d’âges, le sexe afin de pouvoir faire un dénombrement et une classification, puis l’analyse des données démographiques. Il faut donc apprendre comment vit cette population, comment elle s’organise, comment travaillent les hommes, de quels moyens disposent-ils et quels peuvent être leurs besoins prioritaires.
Pour mieux connaître la population, il convient d’étudier son historique (origine du peuplement, les évènements marquants, les pratique socio-économiques) avant d’étudier la population proprement dite où l’on se focalise sur la vie, la composante ethnique, la migration et l’habitat.

Les pratiques socioculturelles

Ces pratiques constituent une caractéristique du milieu rural car elles conditionnent leur vie c’est-à-dire que leurs activités se basent sur leur croyance. Il s’agit donc d’étudier les coutumes, les tabous, castes et religions.

Les infrastructures sociales de base

Les infrastructures scolaires comme les établissements scolaires ; les infrastructures sanitaires dont les hôpitaux, les centres de santé de base et les infrastructures de communication et de loisir  à savoir les chaines de radio, les complexes sportifs.

L’environnement économique

Cet environnement concerne les principales activités économiques : agriculture et élevage. D’autres activités peuvent aussi y figurer : l’artisanat, la pêche, l’exploitation forestière, le commerce, etc. en outre il faut étudier le système d’exploitation et la relation entre les organismes intervenant dans la zone (associations, ONG).
On a vu que la connaissance du milieu est autant utile afin de pouvoir bien choisir les instruments à employer dans la réalisation de l’évaluation participative. Penchons maintenant à l’évaluation proprement dite.
La connaissance du milieu nécessite la participation des villageois et cela contribue à la réussite de l’étude préalable à l’élaboration des projets à mener.
Comme dans cette étape préliminaire, l’étape suivante qui est l’évaluation participative suscite aussi la collaboration de tous. L’évaluation comporte 6 phases à savoir la phase préparatoire, l’étude du milieu, l’identification et l’analyse des problèmes, le choix des actions à entreprendre, la mise en œuvre et le suivi évaluation.
La phase préparatoire est expliquée par les ateliers dans les localités en question afin de mettre la communauté dans le bain du programme.
L’étude du milieu permet de définir la zone cible des actions à entreprendre pendant la phase de mise en œuvre. En effet, il constitue un élément majeur de l’approche du monde rural. Cette étude est composée de trois étapes à savoir : la planification avant la visite sur le terrain, l’étude du milieu sur terrain et le rapportage après descente sur terrain.
Avant la visite sur terrain, il est nécessaire d’avoir un recueil et une analyse des documents ou informations concernant la zone afin d’obtenir des connaissances préalables sur la zone dont la liste des mots-clés à explorer ou à vérifier sur le terrain et la liste des sujets à traiter ou à approfondir. La descente sur terrain consiste en la prise de contact avec les autorités et la population locales dans le but d’établir une confiance mutuelle entre les techniciens et la population. Pour ce faire, il faut avoir des outils comme le croquis du village, le transect, le diagramme des échanges, les discussions de groupes. Le rapportage après descente autorise la formalisation et la valorisation des études menées sur terrain. Il est obtenu en exploitant les données collectées lors de la descente.
Après l’analyse du milieu, il faut identifier et analyser les différents problèmes existants. Cette phase conduit à l’identification des problèmes principaux en procédant à l’analyse des causes et effets. Les principaux outils en sont l’arbre des problèmes, le tableau des problèmes et la grille d’analyse des problèmes. Cette phase est indispensable car si elle comporte une erreur, les actions ultérieurement entreprises ne vont pas coïncider avec les résultats attendus.
La troisième phase, le choix des actions à entreprendre, consiste en la recherche des solutions aux problèmes ainsi identifiés et étudiés dans la phase précédente. Elle conçoit les hypothèses de solutions proposant des variantes et l’ordre de priorité des actions à attaquer. En effet c’est dans cette phase que s’établit la liste des opérations par ordre de priorité.
Phase d’action, la mise en œuvre est la période durant laquelle les actions prédéfinies vont être abordées. Ici une étroite collaboration entre les techniciens et la population est suscitée afin d’obtenir des résultats satisfaisantes. Cette collaboration peut se faire par l’intermédiaire des groupes de paysans (organisations paysannes) ou directement avec les ménages.
Il est à noter qu’au cours de la mise en œuvre, on procède à des formations continues permettant à la population concernée de s’approprier progressivement des techniques appliquées.
Enfin la phase de suivi et évaluation. Cette phase une évaluation globale par les populations – et en concertation avec l’ensemble des partenaires – de l’exécution de la totalité du programme au cours de laquelle le suivi évaluation périodique des actions est réalisé par l’ensemble des partenaires. Des réunions périodiques préparent l’évaluation finale ou globale. A l’aide d’indicateurs simples, l’étape de suivi évaluation du programme a notamment pour objet de comparer la situation de départ (Situation 0, issue du diagnostic initial élaboré lors de l’identification) à celle qui existe après les réalisations et de vérifier la conformité des résultats obtenus par rapport au programme identifié. Elle se base sur une analyse critique et une évaluation concertée par l’ensemble des intervenants du déroulement et des résultats issus des deux premières phases. Cette phase d’évaluation critique vise à mesurer le degré d’efficacité de l’ensemble des actions entreprises ou des innovations. Elle mesure également la participation et l’implication réelle des différents partenaires. Enfin, elle permet une association progressive du processus et de la méthodologie d’approche participative par tous les partenaires, populations et services techniques. Cette phase met en évidence les avantages, les résultats atteints et les problèmes rencontrés. Elle conduit à une évaluation globale de la participation et de la prise en charge des actions de développement, notamment par les populations, tout au long du processus. Elle doit déboucher sur une nouvelle phase de programmation d’actions. Elle prépare la continuité des actions dans le temps, permet de programmer de nouvelles actions de développement et de jeter les bases d’un auto-développement au niveau de la zone d’actions.
Comportant certaines particularités, la démarche participative est la plus efficace en matière de développement rural. De plus, c’est une approche inclusive permettant à tout le monde de prendre sa part de responsabilité dans le processus de développement.

Les outils d’analyse, les atouts et les limites de la démarche

Les outils d’analyse

La pratique de la démarche participative suscite l’utilisation de différents outils afin de la mener à bien. Il est à noter que ces outils ne sont pas exhaustifs et leur utilisation ne doit pas être systématique car les buts d’une part, d’impliquer la population locale en tant que partie prenante dans le processus du développement local, de la familiariser avec le processus d’étude puis de motiver leur participation, et d’autre part, de collecter des informations répondant aux objectifs visés.
Ces outils peuvent être classés en cinq (5) catégories (source: FORMGED- IFIS/SAHA, 2006) :
– Outils de collecte des données secondaires comme la recherche documentaire, la lecture et l’analyse des documents ;
– Outils pour la collecte des données spatiales dont le croquis du village, le transect ;
– Outils pour la collecte des données temporelles dont le profil historique, le calendrier des activités dominantes et les tendances ;
– Outils d’analyse de situation à savoir le diagramme de VENN, le classement par prospérité, l’arbre des problèmes, l’arbre des objectifs, la grille d’analyse des problèmes, le classement par paire et le diagramme des échanges ;
– Outils transversaux comme l’observation directe ou participante et l’ISS ou Interview Semi Structuré (interview individuelle et interview de groupe ou discussion de groupe).
Pour plus d’illustration nous allons donner des détails sur quelques uns de ces outils précédemment cités.

La revue des données secondaires

La revue des données secondaires est une collecte d’informations relatives au sujet ou thème de l’étude à partir des documents, des données déjà existantes et établies par d’autres personnes et présentées sous diverses formes : rapport d’étude, thèse ou mémoire, documents officiels, enquêtes et recensements, cartes, photos aériennes. Cet outil permet d’obtenir des informations de base en complément des données recueillies lors de la lecture du paysage.
Ce qui permet de prendre connaissance des lacunes repérées dans les documents disponibles et d’en tirer au préalable les atouts et contraintes des actions de la communauté. Il aide aussi à établir les points à approfondir ou à vérifier sur terrain comme par exemple les chiffres de la population et de sa répartition suivant les critères d’âges, la description des problèmes généraux de la zone.

Le croquis du village

C’est une représentation schématique permettant de visualiser l’espace et son occupation. Il permet la compréhension des composantes et de l’organisation du village et de celles des terroirs attenants ; le recueil d’une quantité d’informations sur divers domaines (localisation des habitations, des infrastructures), de prendre connaissance des contextes physiques dans lequel évoluent la communauté (mise en évidence des ressources importantes du village).

Le profil historique

Le profil historique montre les évènements importants qui ont marqué la vie de la communauté depuis un certain nombre d’années. Ces évènements peuvent être des installations nouvelles en matière d’infrastructures : barrage, pont, grenier commun villageois ; une introduction de nouvelles techniques culturales par des organismes de développement ; des cataclysmes naturels qui ont frappé durement le village (cyclone) ; des différents projets de développement qui se sont intervenus dans la communauté.
L’objectif du profil historique c’est d’acquérir une perspective de synthèse des évènements historiques clés survenus dans la communauté et de leur importance pour la situation présente. Il permet ainsi de connaître l’histoire de la zone et du degré d’évolution de la communauté face aux innovations dans divers domaines afin de pouvoir envisager par la suite les actions qui contribueront à l’amélioration du niveau de vie de la population.

Le calendrier des évènements/activités dominantes

Ce calendrier représente les différentes séquences temporelles des activités pratiquées par les paysans et les évènements caractéristiques du village durant une année.
Ceci dans le but de connaître les périodes des différentes activités économiques, socioculturelles et physiques importantes dans le village, de repérer la période surchargée et la période libre des paysans, d’organiser et de programmer le travail de techniciens en fonction de la disponibilité des paysans et d’avoir un aperçu sur les temps investis par les paysans pour réaliser des actions et d’en apporter des corrections si nécessaire.

Les tendances

Les tendances sont un ensemble des évolutions des variables caractéristiques de la communauté sur les 10, 20 ou 30 dernières années. Elles sont représentées dans un repère orthonormé dont l’axe des ordonnées indique l’importance de la variable et l’axe des abscisses désigne l’échelle du temps.
Les tendances aident les paysans à pouvoir constater l’évolution des situations dans lesquelles ils vivent.

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Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre I Origine de l’approche participative
Section 1 : L’approche « top down »
I. Fondement théorique
II. Cas de Madagascar pendant les Programmes d’Ajustement Structurel
Section 2 : L’approche participative
I. Fondement théorique
II. Exemple de programme fondé sur l’approche participative : le DSRP
Conclusion du premier chapitre
ChapitreII L’approche participative en milieu rural
Section 1 : L’approche participative en milieu rural
I. Le diagnostic participatif en milieu rural
II. Particularités de l’approche participative en milieu rural
III. La connaissance du milieu, facteur clé de la mise en oeuvre
Section 2 : Les outils d’analyse, les atouts et les limites de la démarche
I. Les outils d’analyse
II. Les limites de l’approche participative
Conclusion du deuxième chapitre
CONCLUSION
LISTE DES FIGURE ET TABLEAUX

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