Orientation des producteurs (pêcheurs) et agriculteurs vers l’aquaculture
INTRODUCTION
La réduction de moitié de la pauvreté, avant 2015, est l’un des objectifs du millénaire pour le développement, selon la communauté internationale, par le biais de l’Organisation des Nations Unies. Les pays les plus frappés par cette pauvreté se retrouvent en majorité dans l’hémisphère sud, et plus particulièrement en Afrique. Madagascar n’est pas épargné par ce fléau : la grande île figure parmi la cohorte des pays les moins avancés. Avec un PIB par habitant de 0.97$ 1 par jour, la population malgache vit en dessous du seuil de la pauvreté.
La priorité des priorités reste donc la lutte contre la pauvreté. Dans cette démarche, l’Etat malgache encourage le développement des secteurs ou métiers à forte potentialité de création d’emplois. En effet, la pauvreté est jugée comme conséquence de l’insuffisance de revenu, dont la principale source est l’emploi productif.
L’identification des secteurs potentiels figure parmi les préoccupations de l’OMEF pour remédier à ce problème de manque d’emploi.
Dans le cadre de ses attributions, « L’OBSERVATOIRE MALGACHE DE L’EMPLOI ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE ET ENTREPRENEURIALE » a mené une étude sur les secteurs porteurs d’emplois dans la région ALAOTRA MANGORO.
En effet, cette région possède d’énormes potentialités qui n’attendent qu’à être développées, à travers les différents secteurs et les différentes filières. Dans le cadre de notre formation académique en économie, soucieux de l’avenir de la région, dont nous sommes originaires et voulant apporter notre participation en vue de son développement, nous nous sommes proposés de mener une analyse spécifique, et avons choisi comme thème de notre mémoire:
« CONTRIBUTION DE LA PROMOTION DE LA FILIERE PECHE AU DEVELOPPEMENT REGIONAL: CAS DE L’ALAOTRA ».
Beaucoup d’études ont été faites sur la pêche en tant que filière de valorisation, en vue de la préservation des ressources naturelles.
SECTION II: CONTEXTE PHYSIQUE ET ENVIRONNEMENTAL
Caractéristiques physiques
Dans l’ensemble, la Région Alaotra Mangoro se trouve entre « la falaise de l’Angavo » à l’Ouest et « la falaise Betsimisaraka » à l’Est. Elle se présente ainsi comme une cuvette surmontée par des escarpements de montagnes.
Le relief est caractérisé au Nord par les cuvettes de l’Alaotra, d’Andilamena et de Didy, qui sont de vastes plateaux intermédiaires, situés au milieu des plateaux de la région centrale de Madagascar, avec une altitude moyenne de 700 m. Elles sont remblayées par des sédiments lacustres avec une vaste dépression à fond plat, s’étendant sur une superficie de plus de 1800 km² (long de 70 km et large de 30 km environ). Dans la zone la plus basse se sont formés les marais ou « zetra » et les eaux libres comme le lac Alaotra et le lac Antsomangana. Les bassins versants sont formés par des massifs latéritiques très délicats, là où le phénomène de « lavakisation » est important.
Plus au Sud et au Sud Est, dans la zone de Moramanga et d’AnosibeAn’Ala, nous assistons à un rapprochement des deux falaises, et le relief présente un aspect « polyédrique », avec des dénivellations importantes (50 à 100 m) entre les crêtes et les talwegs. La topographie est homogène, caractérisée par des versants à pente forte >50% en général, et des dépressions marécageuses, occupant du Nord au Sud le revers des escarpements. Ces cuvettes très marécageuses comme celle de Sahamaitso reçoivent de nombreuses rivières s’écoulant difficilement vers l’Est, barrées par des seuils rocheux. La remarquable continuité de l’escarpement est interrompue.
Concernant les bassins versants de l’Alaotra, les études pédologiques effectuées montrent que les sols appartiennent au type ferralitique et caractérisés par la présence en surface d’une couche latéritique ayant des épaisseurs variables (10 à 50 cm selon les endroits). Ces sols sont particulièrement sensibles et favorables à l’érosion hydrique et éolienne, dès que la couche protectrice est décapée.
Vente des poissons
Le problème de commercialisation ne se pose pas pour les poissons d’eau douce, étant donné que la plupart des lacs sont situés sur les Hauts-Plateaux, dans les régions à forte densité de population ou proche des grands centres de consommation. Cette constatation est confirmée, à travers les facteurs suivants, observés dans l’enquête socio-économique 1: pour les grands lacs, tous les pêcheurs affirment ne pas utiliser les techniques de transformation, car toute la production est commercialisée à l’état frais ; l’autoconsommation est en conséquence trois fois plus basse que pour les pêcheurs traditionnels maritimes ; les revendeurs et les détaillants commercialisant les poissons d’eau douce, enquêtés à Antananarivo et à Fianarantsoa font remarquer la faible quantité des produits qu’ils reçoivent. Ce manque de produits est considéré par ces derniers comme le premier facteur limitant l’approvisionnement des villes des Hauts-Plateaux et démontre que la demande en poissons est supérieure à l’offre ; la vente des poissons d’eau douce s’effectue, soit auprès des mareyeurs, soit directement auprès des consommateurs, soit sur les marchés. 44% des pêcheurs de lacs enquêtés indiquent qu’ils vendent les poissons aux mareyeurs, 34% directement aux consommateurs et 21% aux marchés.
LA FILIERE PECHE DANS LE LAC ALAOTRA
L’accroissement de la production dans le monde rural s’est accéléré, grâce aux diverses innovations tels que l’irrigation, l’attelage, la diffusion de nouvelles espèces sur tous les continents, et en plus par la découverte en matière de biogénétique, inauguré par Johan Mendel(1865) 1qui ont permis la création de nouvelles espèces plus productives.
SECTION II -LA PECHE
Organisation sociale des pêcheurs
Il existe 3 catégories de pêcheurs à Alaotra :
– Les professionnels pour lesquels la pêche constitue l’unique moyen de subsistance
– Les semi-professionnels ou sédentaires qui pratiquent l’agriculture, parallèlement à la pêche
– Les occasionnels qui pratiquent la pêche à titre de loisir.
Le nombre de pêcheurs varie selon l’année et la saison. Un recensement des pêcheurs a été effectué en 2002.
IL fait état de l’existence dans l’Alaotra au nombre de 9000 pêcheurs dont 3500 professionnels et 5500 sédentaires1, c’est-à-dire dans le cas général, la pêche n’est pas la seule activité des riverains du Lac. En effet, la plupart d’entre eux sont à la fois pêcheurs et agriculteurs.
La pêche en Alaotra est ouverte du premier Janvier au 31 Octobre de chaque année. Pendant les mois de Novembre et Décembre, seule la pêche à la ligne est autorisée, en vue de subvenir aux besoins familiaux. Pendant la haute saison qui s’étend de Janvier à Mai et de Septembre à Octobre, ils font en moyenne 22 à 23 sortis par mois. Pendant la saison morte : de Juin à Août, ils font en moyenne 5 à 10 sortis par mois. (Enquête Terrain 2008).
Les pêches se font surtout pendant la nuit. Les filets maillant, les nasses, les lignes dormantes sont déposés le soir et sont relevés au matin. Les sorties de jour ne se font que pendant les périodes où les pêcheurs ne travaillent pas dans les champs pour les semi-professionnels et les occasionnels.
Zones de pêche
On trouve dans l’Alaotra. 5 zones de pêches desservies par 30 principaux débarcadères où se confrontent les mareyeurs ou revendeurs, avec les collecteurs, pour l’évacuation des produits vers d’autres marchés.
CONCLUSION
La région Alaotra Mangoro est une région disposant d’une forte potentialité en matière de développement. En effet elle est riche en ressources naturelles, sa population jeune et active on compte plus d’un million d’habitants (1 112 550 en 2004), vivant, pour la grande majorité, dans le milieu rural (85,06 %).
Le lac Alaotra constitue le premier grand plan d’eau intérieur de Madagascar, en termes de superficie. Bien que l’agriculture, et en particulier la riziculture, soit l’activité principale de la population de cette région, la pêche a une importance considérable et joue un grand rôle dans son économie. Les pêcheurs sont avant tout agriculteurs, mais l’activité de pêche demeure une occupation importante pour les villageois riverains du lac, surtout pour les jeunes. Mais malgré son importance et sa contribution au développement de la région, la pratique de la pêche se trouve confrontée à beaucoup de problèmes d’ordre technique, matériel et organisationnel. Seules les embarcations de type monoxyle sans balancier sont utilisées, et comme engins, les filets maillants, les lignes, les sennes à plages et les nasses sont prédominants. La filière pêche est donc actuellement menacée à cause de la dégradation de l’environnement, de l’exploitation agricole et de la présence de la pêche illicite dans cette région. Aussi, les pêcheurs du lac Alaotra rencontrent des problèmes en ce qui concerne l’approvisionnement en matériel de pêche et le prix de vente des produits. Seulement un quart des pêcheurs adhèrent à un groupement, cela est dû au manque de sensibilisation. Nous avons noté que la plupart des engins et techniques de pêche ne ménagent pas l’ensemble du stock du lac. Les mailles des différents types de filets sont en-dessous de la dimension réglementaire, ainsi une forte proportion de capture est composée par des juvéniles. Les techniques sont également destructives pour les zones de frai. Les techniques de traitement du poisson relèvent encore de la pratique traditionnelle, elles ne respectent pas les normes de salubrité. En général, La production varie d’une saison à l’autre, elle oscille autour de 3000 à 4000 tonnes par an ; le débouché de ces produits (frais et séchés) n’est pas saturé, et la demande n’est jamais satisfaite. La conservation par le froid n’est pas appliquée convenablement pour l’acheminement des produits dans d’autres régions ou villes.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : PRESENTATION GENERALE DE LA REGION ET DE LA FILIERE
CHAPITRE I : PRESENTAION GENERALE DE LA REGION
SECTION I: SITUATION GEOGRAPHIQUE
SECTION II: CONTEXTE PHYSIQUE ET ENVIRONNEMENTAL
§/1- Caractéristiques physiques
§/2- Ressources naturelles exploitables
CHAPITRE II : ETUDE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA REGION
SECTION I : CONTEXTE SOCO-ECONOMIQUE ET ORGANISATIONNEL
§/1-Contexte social
A-Démographie
B- Autres contextes sociaux
1-Éducation
2-Santé
3-Sécurité
4-Télécommunication
§/2: Contexte économique et organisationnel
A- Contexte économique national
B- Contexte économique régional
1- Activités de la population (secteurs d’activité)
2- Niveau de revenu (pauvreté)
3-Financement
4- Structures d’emplois
a)Types d’activité
b) Durée de travail
5-Indicateurs clés du marche de travail
a) Indicateur d’Emploi et de sous emploi
i) Taux brut d’activité
ii) Taux net d’activité
iii) Taux d’occupation
iv) Taux d’inactivité
v) Durée de travail
b- Le chômage
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i) Taux de chômage
ii) Taux de chômage des jeunes de 16 à 25 ans
c- Le salaire
§/3.Organisme et programme d’appui au développement
SECTION II: IDENTIFICATION DES SECTEURS POTENTIELLEMENT PORTEUSES ET LES CONTRAINTES MAJEURES
§/1- Ses potentialités
A-Agriculture
B- Elevage
C- Ressources halieutiques
D-Ressources minières
E- Ressources forestières
§/2- Les contraintes majeures
A- Agriculture
B-Elevage
C-Ressources halieutiques
D-Ressources forestières et environnementales
E- Ressources minières
CHAPITRE III : PRESENTATION DE LA FILIERE PECHE
SECTION I : PECHE TRADITIONNELLE CONTINENTALE
§/1- Définition
§/2- Situation générale
§/3- Effectifs de pêche
§/4- Aspects socio-économique
§/5- Production
§/6- Vente des poissons
§/7-Constatations générales
SECTION II: CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DES POPULATIONS RIVERAINES DES QUATRE PREMIERS LACS
§/1- Identification des populations riveraines
A-Age
B-Origine ethnique
§/2- Situation familiale
A-Répartition par activité et par sexe
B-Nombre de personnes à charge
§/3- Situation sociale
A-Niveau d’instruction
B-Etat matrimonial
§/4-Occupations
§/5-Attitude vis-à-vis de la pêche
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§/6-Priorités des investissements
§/7-Professions souhaitées pour les enfants
§/8-La notion de groupements ou coopérative
PARTIE II : PROMOTION DE LA FILIERE PECHE POUR LE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE I : LA FILIERE PECHE DANS LE LAC ALAOTRA
SECTION I: HISTORIQUES DES ESPECES
§/1- Les espèces autochtones du Lac Alaotra
§/2- Les espèces introduites au Lac Alaotra
§/3- Les espèces restantes actuelles
SECTION II – LA PECHE
§/1- Organisation sociale des pêcheurs
§/2- Zones de pêche
§/3- Techniques de capture et traitement des produits
A- Matériel et engins de pêche
1- Les embarcations
2. Les engins de pêche
B- Les principales méthodes de pêche
1- Description des principales méthodes
2- Analyse des coûts et revenus des principales méthodes
a)Le filet maillant
b) Le filet à senne
c) Epervier
C-Traitement des produits
1- Le séchage
2- Le fumage
CHAPITRE II : CONTRIBUTION ECONOMIQUE DE LA FILIERE PECHE
SECTION I : ROLE DU SECTEUR DES PECHES DANS L’ECONOMIE
§/1- Au niveau national
A-Effectifs des employés dans le secteur des pêches à Madagascar
B- Produit Intérieur Brut
C- Contribution des produits de pêches dans l’alimentation de la population
D- Echange extérieur
§/2- Au niveau régional
A- Les intervenants rattachés à la filière pêche en Alaotra
1- Administration de la Pêche
a) Volet pêche
b-Volet aquaculture
2- Assistant de l’administration
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a) Fédération de la pêche
b) Fond Spécial de Solidarité pour le développement du secteur Pêche
3-Autres intervenants dans la pêche
a) Au niveau des constructeurs de matériels de pêche (embarcations et engins)
b) Au niveau du transformateur
c) Au niveau du collecteur
i) Les mareyeurs
ii) Collecteur à vélo (Mpanarangy)
iii) Collecteurs expéditeurs
B- Les différents gains dégagés par la filière pêche en Alaotra.
1- Au niveau de l’Administration
a) Taxe communale
b) La ristourne
2- Au niveau de l’administration de la pêche
a) Pêcheurs
b) Revendeurs locaux
c) Collecteurs expéditeurs
SECTION II : ANALYSE DE LA PRODUCTION, DE LA CONSOMMATION ET DE LA COMMERCIALISATION 83
§/1- Production
§/2- Consommation
A- Généralité sur la consommation nationale
B- Consommations locales
C- Consommation extérieure des produits de l’Alaotra
§/3- La commercialisation des produits
A-Généralité sur la commercialisation des produits halieutiques
à Madagascar
B- Commercialisation en Alaotra
1-Poissons frais
2- Poissons fumés (séchés)
C- L’organisation du marché
1- Les circuits commerciaux
2- La quantité de produits écoulée sur le marché
D- Conditionnement et transport
1-Pour les produits frais
a) Marché local
b) Expédition
2-Pour les produits transformés
E- Formation du prix
1-La saison
2-Lieux de production
3-Taille
4- L’espèce
5- L’état
CHAPITRE III : CONTRAINTES ET RECOMMANDATIONS POUR ASSURER UNE EXPLOITATION DURABLE
SECTION I : CONTRAINTES MAJEURS LIEES A LA PECHE
§/1- Contraintes liées aux engins de pêche
A-Utilisation du filet maillant
B-Utilisation du filet senne
C- Utilisation de l’épervier
D-Utilisation de la ligne dormante
E-Méthode de la pêche « TOSIKA »
§/2- Contraintes liées à l’administration
A- Impacts dûs à l’insuffisance d’agents
B-Inexistence d’agent de répression
C- Absence de système de contrôle et suivi des activités de pêche
§/3- Problèmes d’approvisionnement en matériel de pêche
§/4- Contraintes sociales
A- Vol d’engins
B- Inexistence de groupements des pêcheurs
SECTION II : RECOMMANDATIONS POUR ASSURER UNE EXPLOITATION DURABLE
§/1- Techniques de capture
§/2- Traitement des produits
§/3- Collecte et distribution
§/4-Commercialisation
§/5-Suivi et contrôle des activités de pêche
§/6-Les mesures d’accompagnement
§/7-Autres recommandations
A-Proposition des redevances
1- Pêcheurs
2-Collecteurs
B-Orientation des producteurs (pêcheurs) et agriculteurs vers l’aquaculture
C-Création d’un centre piscicole public en Alaotra
CONCLUSION
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