ORIENTATION DES MENAGES PAR RAPPORT AUX FILIERES DE RENTE

ORIENTATION DES MENAGES PAR RAPPORT AUX FILIERES DE RENTE

Intégration aux marchés et offre agricole des ménages

Dans le courant post-libéral et dans les pays d’Afrique Subsaharienne, la littérature sur l’intégration des ménages au marché a largement exploré et tenté de modéliser les comportements des ménages agricoles dans un contexte de marchés imparfaits afin de répondre aux besoins de réforme des marchés agricoles (Barrett, 2008 ; de Janvry et al., 1991 ; Kherallah et al., 2002). Un des faits fréquemment pris en compte est la spécificité de l’agriculture familiale. L’agriculture familiale a comme principale caractéristique sa multifonctionnalité : en effet, la production agricole joue un rôle dans l’alimentation des producteurs-même, dans leurs conditions de vie, dans leurs impacts (positifs ou négatifs) sur l’environnement. L’arbitrage entre productions vivrières et productions de rente est ainsi une décision qui influe sur les choix de spécialisation agricole ou de diversification de ces ménages. Les auteurs ont développé des méthodes et mené des études empiriques basées sur la « non-séparabilité » de ces deux fonctions pour caractériser et modéliser les comportements et choix de ces exploitations (Singh et al., 1986).

Les facteurs déterminant les choix de production et de niveaux d’intégration des ménages, selon ces auteurs, sont les coûts de transaction (Fafchamps, 1992 ; Key et al., 2000), l’équilibre de la diversité génétique sur l’exploitation (Brush et Meng, 1998 ; van Dusen et Taylor, 2005), les déficiences liées aux marchés des produits de l’agriculture vivrière et de l’agriculture commerciale, des intrants, de l’assurance, du crédit, ou encore de l’emploi (de Janvry et al., 1991 ; Kurosaki et Fafchamps, 2002) ainsi que les caractéristiques propres aux ménages telles que les niveaux de dotation en facteurs de production, la taille de l’exploitation, la technologie agricole, l’autosuffisance alimentaire, les risques associés à l’exploitation (Barrett, 2008 ; Dercon, 1998). Ainsi, les modèles élaborés ont conclu qu’à l’hétérogénéité de la dotation en ressources des ménages et aux coûts de transactions affectés à chaque culture spécifique correspond une hétérogénéité de choix de participation au marché et de modèles de comportements.

Le concept de « qualité »

Les premiers concepts théoriques en matière de qualité industrielle ont vu le jour avec Frederick Taylor vers 1895 en réponse aux besoins de l’industrialisation.Dans ses premières conceptions, la qualité concernait essentiellement la maîtrise des techniques pour assurer l’homogénéité et la conformité de la production industrielle. Ces techniques ont été essentiellement l’oeuvre de Deming, Juran et Feigenbaum (Deming et Edwards, 1982 ; Juran, 1988 ; Feigenbaum, 1951). Par la suite, l’industrie japonaise, avec les travaux d’Ishikawa a considérablement développé le concept en introduisant différentes méthodes de « management » de la qualité (Ishikawa, 1985). Ce n’est que vers les années 80-90, compte tenu de l’effervescence de la concurrence dans la production industrielle que la qualité a commencé à prendre en compte le concept de « satisfaction du client » : elle devient ainsi synonyme de l’aptitude à satisfaire les besoins implicites et latents des clients (Ehigie et McAndrew, 2005 ; Martinez-Lorente et al., 1998).

Cette appropriation internationale du concept de « qualité » a cependant généré un risque de pluralisme entre les définitions, les normes et les méthodes adoptées par les pays et es entreprises. Ce pluralisme peut être problématique dans le fonctionnement des échanges. Ainsi fut créée l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO) chargé de produire des référentiels uniques à travers la conception de séries de normes, autant pour les définitions que les produits et les méthodes. Le secteur agro-alimentaire a toujours constitué l’un des plus vastes champs d’application de la notion de « qualité ». Dans la définition de 1984, la norme ISO 8402 définit la qualité comme l’« Ensemble des caractéristiques d’une entité qui lui confèrent l’aptitude à satisfaire des besoins exprimés et implicites »et plus récemment, elle a encore été plus généralisée en prenant la définition d’ « Aptitude d’un ensemble de caractéristiques intrinsèques à satisfaire des exigences » (International Standards Organization, 2005).

L’expression des besoins du client devient ainsi la référence du producteur, notamment à travers les documents tels que les cahiers de charge qui relatent les critères de qualité commerciale mais également les processus de production, les volumes, etc. Ainsi, contrairement à son acception qui tendrait à se circonscrire à des critères d’ordre qualitatif strict, la « qualité » concerne également des critères liés à la régularité ou encore à la satisfaction de quotas.Des caractéristiques éthiques et des considérations environnementales sont également de plus en plus consignées parmi les signes de qualité des produits (commerce équitable, agriculture biologique, etc.)

Construction de la qualité

La qualité des produits agricoles se construit dès le stade de la plantation (voire dès la sélection variétale) jusqu’à celui du conditionnement final et de la livraison. Aux premiers stades, l’hétérogénéité qualitative peut ainsi être d’ordre : (i) biologique, soit physiologique et génétique (Brush et Meng, 1998 ; Krishnamoorthy et Rema, 1994) ; (ii) biologique, mais corrélée aux conditions agronomiques et environnementales (Thangaselvabai et al., 2010 ; Thankamani et al., 1994). Au-delà de ce stade, l’hétérogénéité est très majoritairement l’effet de conditions technologiques. Aux fins d’élaborer les méthodes d’assurance de la qualité au cours de ces multiples stades, la notion de « point critique » a été introduite comme étant les opérations particulières qui influent le plus sur la qualité finale d’un produit. Ces méthodes se basent notamment sur des systèmes de documentation et de contrôle conformément à des normes spécifiques de qualité et correspondant à chaque agent impliqué dans le processus de fabrication. Pour les produits agricoles, on distingue classiquement la qualité sanitaire et la qualité commerciale.

Ces deux facettes de la qualité revêtent des importances et des niveaux d’exigence contrastés suivant le type de produit et le type de marché. En ce qui concerne les épices et les plantes aromatiques tel que le clou de girofle, la qualité sanitaire est essentiellement assurée par l’exportateur via des mesures de réduction des charges microbiennes et d’élimination des matières étrangères, et l’importateur (transformateur/conditionneur) compte tenu des origines et traitements variés. Les technologies mises en oeuvre concernent le traitement par aspiration, séparation gravitaire, lavage, stérilisation à l’oxyde d’éthylène, tamisage, etc. (Schwab et al., 1982). D’autre part, la qualité commerciale est définie par les critères sur l’aspect, le calibre, la couleur, la propreté, etc. Elle constitue la principale référence pour les transactions au niveau des petits producteurs, puisque les critères sont directement observables. Pour le cas des clous de girofle et des huiles essentielles de feuilles, on se réfère généralement aux normes ISO2004 (International Standards Organization, 2004).

La considération de la « qualité » des produits agricoles : un facteur potentiel de développement Dans les pays en développement, l’appui du tissu rural en sa qualité de premier fournisseur de denrées agricoles et alimentaires est centré sur l’amélioration de la productivité des exploitations et des revenus des ménages producteurs (Pierre-Bernard et al., 2007 ; World Bank, 2003). La promotion de la qualité y est censée contribuer à la stabilisation des revenus monétaires par une meilleure intégration au marché (raffermissement des partenariats entre producteurs et préparateurs/transformateurs) tout en augmentant la valeur ajoutée des produits mis en marché (professionnalisation des producteurs, rémunération de la qualité), concourant de ce fait à l’amélioration de l’économie nationale. L’idée sous-jacente est aussi de viabiliser les structures de production pour perpétuer la technologie et les valeurs qui l’accompagnent. En effet, la reconnaissance de la qualité par des signaux conventionnels constitue un préalable dans l’insertion dans les réseaux commerciaux supranationaux.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
RÉSUMÉ
ABSTRACT
SOMMAIRE
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
LEXIQUE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES PHOTOS
LISTE DES ANNEXES
LISTE DES COMMUNICATIONS ET PUBLICATIONS REALISEES
CHAPITRE I. INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE II. METHODOLOGIE GENERALE
II.1. REVUE DES THEMATIQUES ENVIRONNANT LE SUJET
II.1.1. Intégration aux marchés et offre agricole des ménages
II.1.2. Déterminants de la qualité des produits agricoles
II.1.3. Diversification des activités et vulnérabilité des ménages
II.2. LES FILIERES DE RENTE DANS LE CONTEXTE MALGACHE
II.2.1. Perspectives historiques sur l’évolution des filières de rente
II.2.2. Les défis actuels de la production
II.3. MATERIELS ET METHODES
II.3.1. La problématique et le champ thématique
II.3.2. Zones d’étude
II.3.3. Caractéristiques des ménages agricoles malgaches
II.3.4. Les méthodes de collecte de données
II.3.5. Méthodologie d’analyse de l’arbitrage entre cultures vivrières et cultures de rente
II.3.6. Méthodologie d’analyse des déterminants de la qualité
II.3.7. Méthodologie d’analyse de la vulnérabilité des ménages
II.3.8. Mise en œuvre des analyses de données
CHAPITRE III. RESULTATS ET DISCUSSIONS
III.Stratégies des ménages producteurs de girofle à Madagascar face aux enjeux de qualité
III.1. ORIENTATION DES MENAGES PAR RAPPORT AUX FILIERES DE RENTE
III.1.1. Rappel du contexte et des objectifs
III.1.2. Eléments de décision et d’arbitrage des exploitations agricoles
III.1.3. Orientation des ménages agricoles entre productions vivrières et productions de rente
III.1.4. Discussions
III.1.5. Conclusion partielle
III.2. DETERMINANTS DU CHOIX DE CONSIDERATION DE LA QUALITE PAR LE PRODUCTEUR. CAS DE LA PRODUCTION DES CLOUS DE GIROFLE
III.2.1. Rappel du contexte et des objectifs
III.2.2. La qualité à travers les acteurs
III.2.3. Les sources de variabilité de la qualité des clous de girofle
III.2.4. Proportion de ménages pratiquant le triage selon la qualité
III.2.5. Déterminants de la propension à produire de la qualité
III.2.6. Discussions
III.2.7. Conclusionpartielle
III.3. FONCTIONS DE LA PRODUCTION ARTISANALE D’HUILE ESSENTIELLE DE FEUILLES DE GIROFLIER DANS LA REDUCTION DE LA VULNERABILITE DES MENAGES
III.3.1. Rappel du contexte et des objectifs
III.3.2. La production artisanale d’huiles essentielles de feuilles de giroflier
III.3.3. Le contexte de vulnérabilité
III.3.4. Différenciation de la dynamique de production d’huiles essentielles selon les caractéristiques et les dotationsdes ménages
III.3.5. La production d’huiles essentielles comme stratégie de réduction de la vulnérabilité
III.3.6. Efficacité des stratégies liées à la production d’huiles essentielles sur la réduction de la vulnérabilité
III.3.7. Discussions
III.3.8. Conclusion partielle
CHAPITRE IV. CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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