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La pisciculture en eau douce
Face à la baisse de la pêche fluviale pendant la sécheresse, et en prévision des incidences négatives liées aux aménagements de l’OMVS, le Sénégal avait initié depuis 1980 différents projets piscicoles dans la Vallée du fleuve.
• Le projet « Peace Corps »
Le projet, mis en œuvre dans la période de 1980 à 1988, a été localisé dans la vallée de Bakel à Dagana. L’espèce ciblée est le tilapia du Nil Oreochromis niloticus. Ce projet a fonctionné de 1980 à 1985 sur financement USAID, puis jusqu’en 1988 sur financement du Catholic Relief Service. Trois partenaires étaient impliqués dans ce projet : la Direction des Eaux et Forêts, la SAED et l’USAID.
La Direction des Eaux et Forêts avec un de leur agent affecté au projet, était chargée de l’implantation et du suivi technique, la SAED par un de leur technicien, s’occupait de la vulgarisation. L’assistance technique était sous la charge des volontaires de Peace Corps (7 volontaires qui avaient le grade de technicien et répartis entre Dagana et Bakel).
• Le projet de rizi-pisciculture de Ndiarème (1988)
Dans le cadre de ce projet, il convient de mentionner une expérience effectuée pendant la dernière année du projet (1988) à Ndiarème dans le périmètre SAED de Dagana, avec l’appui de la SAED, de l’ADRAO, de l’ISRA, des Eaux et Forêts, de la CSS et de la FAO.
L’expérience a été menée en milieu paysan sur une parcelle d’essai cultivée en rizipisciculture et comparée à des parcelles témoins (casiers rizicoles et étangs). Le financement et la main d’œuvre ont été apportés à 100 % par les paysans.
A notre connaissance, il n’y a pas eu de pérennisation de l’une ou l’autre des formes d’aquaculture dans la région de Matam et toutes les unités de production ont cessé leurs activités dès 1992 (Peterson et al. 2006).
• Le projet « pisciculture villageoise » à Richard Toll
Localisation : Richard Toll et alentours (Sénégal)
Période d’activités : 2001 – 2006, Opérateurs : Direction des Eaux et Forêt,
Coopération taïwanaise, DPCA.
La gestion était assurée par :
– un ingénieur des travaux en eaux et forêt (agent de la DPCA)
– un ingénieur en aquaculture taïwanais qui supervisait les travaux et la gestion financière
– 2 gardiens pour assurer la sécurité des infrastructures
– 2 ouvriers pour assurer les travaux à la tâche.
Les structures d’élevage étaient composées d’une station d’alevinage et de 20 fermes (cages et/ou étangs).
La station de Richard Toll, créée en 1980 dans le cadre du projet « Peace Corps » était passée sous l’autorité de la DPCA. Cette station a été réhabilitée dans le cadre d’un projet de renforcement des capacités (2003-2006) en collaboration avec la coopération taïwanaise.
Elle avait pour principale vocation de servir de centre de démonstration et d’expérimentation des techniques piscicoles, d’assurer la formation en pisciculture, d’appuyer techniquement les organisations professionnelles. En plus, elle avait pour objectif d’assurer l’approvisionnement en alevins au niveau local et même national, de développer l’élevage d’espèces à haute valeur économique dans la vallée du fleuve Sénégal et de promouvoir la pisciculture en milieu rural en relation avec les aménagements hydro-agricoles (Rapport TCP/FAO/SEN 3102, 2009).
• Le projet « aquaculture et lutte biologique »
Ce projet a concerné Richard Toll et alentours pendant la période 2001 – 2006, avec comme opérateurs la Coopération Wallonne de Belgique – la CSS – la DPCA.
Ce projet était géré localement par :
– Un coordonnateur du projet de nationalité belge (ingénieur en aquaculture de formation)
– Un ingénieur aquacole sénégalais
– Un technicien en aquaculture qui a subi une formation accélérée en Belgique, et qui a été détaché par la CSS pour assurer les travaux purement techniques
– Deux gardiens et deux ouvriers
Les Structures d’élevage étaient constituées d’une écloserie, d’étangs, de bassins en béton et de canaux d’irrigation. Les espèces cibles étaient constituées de la carpe chinoise (Ctenopharyngodon idella) et du Tilapia zilli (Rapport TCP/FAO/SEN 3102, 2009).
• Le projet de pisciculture aux ICS de Mboro
Suivant un protocole d’accord entre la DPCA et les ICS.
Ce projet était géré par :
– un coordonnateur du projet,
– un agent technique en aquaculture,
– la main d’œuvre était assurée par les villageois bénéficiaires de ce projet.
Les infrastructures étaient composées de deux étangs en terre (un étang de reproduction et un étang de prégrossissement d’alevins), une quinzaine de cages flottantes partagées entre 3 villages environnants.
Ce projet s’est arrêté en 2003 à cause des problèmes financiers des ICS (Rapport TCP/FAO/SEN 3102, 2009).
L’aquaculture marine et en eau saumâtre au Sénégal
L’aquaculture marine souffre d’un manque de statistiques de productions récentes. Toutefois, la fouille de documents relatifs aux études passées, a révélé que les seules exploitations existantes sont localisées en Casamance et dans la région de Sine Saloum à Djifer : essai de grossissement de thiofs (JICA et DPCA).
La Conchyliculture sénégalaise
L’histoire de l’ostréiculture en Casamance a débuté en 1955 à Kassel avec une production de 3000 douzaines d’huîtres. Le projet a pris fin après l’indépendance. Une nouvelle tentative de relance de l’ostréiculture a été faite en 1963 dans les villages de Djivente, Kabrousse et Karabane par la Direction de l’Océanographie et des Pèches Maritimes (DOPM). Cette initiative se termine avec l’importation des huîtres de la France. Entre-temps la culture traditionnelle, continue avec des résultats variables dans les villages de Diogué et de Kabrousse.
Des expériences étaient menées par le CRODT de 1988 à 1991 en Casamance et par la mission technique agricole de Taiwan, 1996-2002 en basse Casamance. La technique consistait à récolter des huîtres fixées sur les racines des palétuviers pour les disposer dans des parcs d’élevage. Des difficultés entre coopératives dues en particulier à des problèmes de croissance et à des ventes insuffisantes ont fait péricliter la production jusqu’à son arrêt.
La dernière tentative pour une relance de l’ostréiculture en Casamance date de 1991 à 1998 et est initiée par l’UICN et le CRDI. Ici les villages de Djivente, Kabrousse, Ourong et Karabane étaient ciblés. Suite aux troubles politiques qui régnaient dans la région pendant ces années, les activités sont arrêtées.
La crevetticulture
Le projet de crevetticulture en Casamance avait concerné la zone de Katakalouss située dans la région de Casamance, Département d’Oussouye. Le site choisi est en bordure de la route le long d’un bolong (chenal de marée) situé à 20 km de l’embouchure du fleuve Casamance. Il convient de rappeler que ce projet était de même nature que celui de Madagascar à Nossy Be. Ces deux projets étaient des pilotes dont les privés nationaux devaient s’approprier lorsque l’étude aura déterminé les données zootechniques appropriées au développement de la crevetticulture.
Ce projet était géré au début par un expatrié français, qui était ingénieur de formation, deux techniciens supérieurs en pêche, des ouvriers et des gardiens qui étaient tous sénégalais.
Ces activités se sont déroulées pendant la période comprise entre 1983 – 1986 avec comme principal opérateur l’AFD. L’espèce cible était constituée de crevettes penéidae.
La station disposait de bassins de grossissement d’une surface totale de 6 Ha, d’une écloserie d’une capacité de quelques millions de post larves par an et d’un laboratoire pour observations de base (Rapport final de synthèse TCP 3102 FAO, 2009.
Le projet consistait à tester les possibilités d’élevage de 7 espèces de crevettes Paenéidés dont deux locales : Penaeus notialis et P. kerathurus et 5 espèces étrangères : P. japonicus, P. indicus, P. vanamei, P. stylirostris, P. monodon (souche Tahiti et souche Taiwan). Les résultats zootechniques devraient être extrapolés à des projets industriels. Ce type de démarche avait été notamment initié dans des conditions relativement similaires à Nossy Be, à Madagascar, à Bouloupari en Nouvelle Calédonie et dans les îles Fidji.
La majeure partie de ces projets énumérés ci-dessus, ont été soldés par des échecs dus, soit à un manque de suivi, soit à un manque d’organisation ou des problèmes d’ordre financier.
Modèle d’organisation de la filière de production aquacole dans certains pays étrangers.
Contrairement au Sénégal, certains pays ont pu développer leur aquaculture grâce à une expertise technique avérée, une bonne organisation de leurs structures de production et une bonne planification de leurs activités aquacoles. Parmi ces pays on peut citer quelques cas :
Cas de l’Égypte : Dans ce pays, il existe une longue tradition en matière d’aquaculture extensive d’espèces dulçaquicoles et d’eaux saumâtres/marines. La production aquacole, en augmentation constante, a été en 1996 de l’ordre de 75 O00 t dont 2 500 t de loup de mer et daurade. Le secteur public, à travers le GAFRD (General Authority for Fish Resources Development), assure environ 10% de la production totale aquacole, marine et continentale confondue (El-Sayed, 1996).
Les techniques de production, uniquement semi-intensives, reposent sur des systèmes d’enclos rudimentaires mais relativement bien adaptés aux conditions socio-économiques locales de production et de marché. II existe une seule écloserie publique, de loup de mer et daurade en activité, créée dans le cadre d’un projet de développement. L‘écloserie produit et vend actuellement des alevins, non sevrés de loup de mer, de daurade et de mulets dans la région d’Alexandrie (El-Sayed, 1996).
La stratégie de développement du secteur de la production aquacole en Egypte est vite passée à une vitesse supérieure, c’est-à-dire celle de favorisant un développement de l’aquaculture marine à travers des initiatives publiques de démonstration et de production. La formation de techniciens et la conduite de programmes de recherche appliquée sont aussi favorisées. Sur le terrain, les cadres et techniciens des services centraux et déconcentrés du GAFRD assurent également l’appui conseil au cas par cas.
Le processus de planification de la production aquacole a favorisé des mécanismes de concertation interministérielle à travers la tenue de réunions (Shehadeh et al., 1996).
La recherche appliquée et la formation en matière de production aquacole sont assurées en partie par les services compétents du GAFRD. Les programmes sont orientés essentiellement dans le domaine de la conduite de l’élevage. Des centres de recherche scientifique ainsi que des universités conduisent aussi des programmes en aquaculture. Les thèmes de recherche portent sur des domaines zootechniques et économiques. Certains d’entre eux participent régulièrement aux réunions de direction du GAFRD et sont donc associés au processus de planification de manière formelle. (Shehadeh et al., 1996).
Cas du Canada : l’aquaculture s’impose comme un choix tout naturel pour le Canada. Non seulement, le Canada possède le plus long littoral du monde mais c’est le pays qui a le plus grand réseau d’eau douce et la plus forte amplitude de marées. Ces caractéristiques naturelles ont permis au secteur aquacole de devenir un apport important à l’économie canadienne (Diane, 2006).
La production aquacole au Canada touche quatre espèces dominantes : le saumon (66,7 %); les moules (15,8 %); les huîtres (8,7 %) et la truite (3,4 %). Parmi les autres espèces faisant l’objet d’une production commerciale figurent l’omble chevalier, le tilapia, la morue, la morue charbonnière. (Lanteigne, 2002).
L’aquaculture offre des débouchés bien rémunérés et procure aux travailleurs des emplois et incite les jeunes à demeurer dans leur milieu rural.
Bien que ce ne soit pas de notoriété publique, le Canada a étendu le champ de l’aquaculture pour y inclure d’autres produits que ceux destinés au marché de l’alimentation, comme les produits destinés aux applications biomédicales et au génie biologique. (Diane, 2006).
Des experts canadiens travaillant dans des centres de recherche, mettent à la disposition des producteurs et du public (secteur privé et association de fermiers), des documents ou des manuels spécifiques à la mise en place ou à la gestion de ferme aquacole.
Acteurs indirects
Les structures d’encadrement et de renforcement des capacités institutionnelles
Les enquêtes effectuées ne se sont pas limitées uniquement au niveau des sites de production. Elles se sont aussi réalisées auprès des structures d’encadrement. On distingue ainsi l’Agence nationale de l’aquaculture (ANA) qui est une structure administrative dont sa mission générale est de favoriser le développement des activités d’aquaculture à travers la conception, l’encadrement et l’évaluation des politiques et programmes définis dans ce domaine ; des structures de formation et de recherche comme l’Institut Universitaire de Pêche et d’Aquaculture (IUPA), le Centre National de Formation des Techniciens des Pêches et de l’Aquaculture (CNFTPA) et le Centre de Recherche Océanographique Dakar Thiaroye (CRODT).
o Cas de L’ANA (État)
L’ANA joue un rôle important dans l’assistance technique conformément à ses missions.
L’ANA appuie régulièrement le secteur de la production aquacole, en finançant entièrement les activités de production d’intrants (alevins et aliment) qu’elle met à la disposition des producteurs. Rappelons qu’à Richard-Toll, l’ANA dispose d’une station d’alevinage qui est gérée par une équipe technique composée d’ingénieurs spécialisés en aquaculture, de techniciens, d’ouvriers et de gardiens. C’est grâce aux activités de production de semences qui sont développées dans cette station que la majeur partie des fermiers (individuels ou communautaires) se ravitaille gratuitement en juvéniles de poissons.
L’ANA intervient directement dans le segment du grossissement. Dans ce segment on distingue :
– les producteurs communautaires dont le coût des investissements et le coût de production sont totalement pris en charge par l’ANA;
– les producteurs privés dont le coût des investissements et une partie du coût de production sont totalement assurés par le promoteur lui-même tandis que le coût des intrants comme l’aliment et les juvéniles sont pris en charge par l’ANA.
Le suivi technique est entièrement assuré par les techniciens des stations de production de semences. Par des contrôles de croissance périodiques, les techniciens de l’ANA élaborent des fiches techniques qu’ils expliquent aux producteurs, qui se chargeront de l’exécution des tâches (nourrissage, vidange, renouvellement de l’eau…).
En plus, l’ANA accompagne dans le choix des sites aquacoles et fournit régulièrement un appui technique et des conseils aux professionnels de l’aquaculture.
D’autre part, L’ANA organise des séances de formation basées sur la demande des producteurs (identifiés lors des diagnostics de terrain) au niveau des zones de production.
Différents instruments de développement (directives techniques, plan stratégique opérationnel, cadres juridique et incitatif et plan d’investissement) ont été élaborés par l’ANA avec l’appui de la FAO pour lever ces contraintes et booster le développement de l’aquaculture au Sénégal de manière durable. Cependant, ces différents instruments de développement restent discrets quant au modèle approprié d’organisation de la structure de production aquacole qui devrait y être défini pendant leur mise en œuvre.
Cas de l’IUPA
L’Institut Universitaire de Pêche et d’Aquaculture (IUPA) assure un rôle important dans le secteur de l’aquaculture plus précisément dans le domaine de la recherche et de la formation de cadres de haut niveau spécialisés en aquaculture, qui sont automatiquement disposés à travailler dans les fermes aquacoles ou dans l’administration qui a en charge ce domaine. Les compétences acquises au cours de leur formation les rendent directement opérationnels.
D’un autre coté, l’IUPA intervient directement dans le secteur aquacole par le biais de la recherche appliquée en soumettant aux bailleurs de fonds des projets axés dans l’optimisation de la production.
Conscient que les efforts consentis en matière de recherche aquacole devraient viser à améliorer les méthodes d’aquaculture, l’IUPA à travers son équipe de recherche, exécute des programmes de recherche-développement. A cet égard, il importe que ces chercheurs s’attachent parfois à mettre au point des systèmes d’exploitation durables et n’oublient pas qu’il est nécessaire d’augmenter les disponibilités alimentaires et de lutter contre la pauvreté.
Dans le cadre des projets de coopération bilatérale, l’IUPA travaille en partenariat avec d’autres universités ou instituts de recherche. Ceci est illustré par le Projet interuniversitaire ciblé (PIC/UCAD). Ce projet a été entièrement financé par la Coopération Universitaire pour le Développement (CUD) de la région Wallonne de Belgique et était géré par les deux universités partenaires (l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Université de Liège).
Les structures de financement
Nos enquêtes indiquent qu’à l’heure actuelle, aucun producteur n’a pu bénéficier de crédit, de la part des mutuelles ou des banques comme la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS), ou d’autres structures de financement. Cependant, certaines structures, bien que ne mettant pas directement de liquidités à la disposition des producteurs, assurent le financement de leurs activités de production aquacole à travers la mise en place de toutes les infrastructures et l’achat des équipements nécessaires. C’est le cas des ONG comme Countpart International et CARITAS. A cela s’ajoute le fond pour l’entreprenariat féminin qui n’a financé qu’un promoteur privé piscicole (ferme de Keur Momar Sarr : Mme Salekh).
Cas de l’ONG Counterpart International (CPI)
Counterpart International est une ONG basée à Ndioum (département de Podor) qui privilégie le partenariat pour la mise en œuvre de ses activités. Elle collabore avec les autorités administratives, les collectivités locales, les autres ONG intervenant dans les mêmes zones, mais aussi et surtout avec les organisations communautaires de base.
Depuis 2004, Counterpart a mis en œuvre un important programme d’amélioration de la sécurité alimentaire appelé « Food For Progress » et dont la première phase s’est achevée en 2007. Ce programme dont l’objectif est d’aider les petits producteurs à passer de l’agriculture de subsistance à l’agriculture de marché. De manière spécifique, le projet vise l’augmentation des revenus des bénéficiaires. Dans le cadre de la mise en œuvre dudit projet, Counterpart International a déjà expérimenté avec les femmes de Gamaji Saré (département de Podor) à sa charge un projet de rizipisciculture en 2005 et un projet de ferme piscicole depuis 2008. Counterpart souhaite faire une extension de cette expérience dans d’autres localités du département de Podor en mettant l’accent sur la pérennisation du projet.
Cas de l’ONG CARITAS
Tout comme l’ONG Counterpart, l’ONG CARITAS Kaolack a financé entièrement la confection de deux cages de 14 m3 chacune au profit des populations de Sokone. Ces cages sont empoissonnées et suivies mensuellement par l’équipe technique de l’ANA.
Force est de constater que l’accès au crédit par les producteurs devient un casse-tête parce qu’aucune ligne n’est présentement disponible pour faciliter le financement de leurs activités. En plus, les institutions de financement sont toujours frileuses quant aux financements des activités aquacoles.
Certains producteurs affirment qu’ils viennent d’être au courant d’une ligne de crédit que le Programme de Modernisation et d’Intensification Agricole (PMIA) a mis à leur disposition par l’intermédiaire des mutuelles d’épargne et de crédit agrées. Le PMIA s’inscrit dans le cadre de l’amélioration de l’environnement économique et des performances du secteur agricole. Grâce au partenariat développé entre l’ANA et PMIA, ce dernier va faciliter l’accès au crédit aux promoteurs des zones rurales et périurbaines (promoteurs individuels, GIE, SARL, SA) pour la réalisation d’investissements aquacoles et l’acquisition de facteurs de production. Le projet injecte ses fonds à travers les banques mais aussi les mutuelles d’épargne et de crédit. Cette approche permet de garantir une distribution efficiente et rationnelle du crédit compte tenu de la spécificité du secteur aquacole. L’effectivité d’une telle ligne va sans doute impulser la production du secteur aquacole.
Acteurs directs
Dans la zone nord (de Saint-Louis à Matam), les enquêtes révèlent que la majeure partie des producteurs enquêtés exercent la pisciculture et non la crevetticulture et l’ostréiculture.
Les résultats issus de l’enquête ont montré aussi qu’une autre classification peut se faire en fonction du type d’exploitation aquacole.
o Les exploitations de type A
C’est les fermes privées dont la motivation première des acteurs reste la recherche d’argent avec une logique de gestion accès sur le profit et non la subsistance.
o Les exploitations de types B
Ce sont des exploitations communautaires dont la majeure partie d’entre eux est constituée de GIE ou d’association regroupant des individus qui en font une activité secondaire de survie. Dans ce type d’exploitation, la logique de gestion est accès sur le social et la subsistance.
Organisation et fonctionnement de la structure de production de la filière aquacole au Sénégal
Les producteurs sont ceux qui, à partir d’une combinaison de facteurs de production (terre, capital, travail), arrivent à mettre sur le marché un extrant appelé produit. On rencontre différents acteurs au niveau des producteurs de produits aquacoles : des paysans, des marabouts, des éleveurs, des commerçants. Ces producteurs sont des promoteurs individuels ou communautaires dont certains ont un statut juridique de G.I.E ou S.A, tandis que d’autres sont sans statut juridique clair.
Main d’œuvre au niveau des fermes de production
Le faire-valoir dans presque toutes les exploitations enquêtées est assuré par des ouvriers saisonniers communément appelés «sourgas». Le système de métayage est la forme de rémunération pour ces derniers. La main d’œuvre occupe une place de choix dans les charges de production.
Les métayers sont de jeunes fils de paysans (âgés de 25 ans en moyenne), originaires de l’intérieur du pays, ou de pays de la sous-région (Mali, Burkina, Guinée Conakry, Guinée Bissau).
Ces derniers émigrant massivement dans la zone où ils pensent trouver du travail, sont embauchés par des propriétaires de la terre (à proximité d’un fleuve, d’un lac, ou d’un point d’eau). Ces braves hommes sont nourris, logés et à l’issue de la récolte, le propriétaire leur verse souvent le tiers du prix de vente (lorsqu’une moto pompe est mobilisée) auquel il a retiré les dépenses liées à l’achat d’intrants.
En dehors de cette force de travail constituée par les « sourgas », les résultats ont révélé l’existence dans les exploitations enquêtées d’une autre main d’œuvre souvent composée de membres de la famille ou d’ouvriers salariés. Le salaire moyen est de 30 000 FCFA sur une durée d’embauche de six à neuf mois
L’Accès aux intrants
o Les alevins
La majeure partie des producteurs s’approvisionnent en alevins au niveau des stations d’alevinage de Richard-Toll.
La station d’alevinage de Richard-Toll produisait à peine 30 000 alevins de tilapias d’eau douce par an, mais depuis 2008 avec l’appui de la FAO et du renforcement de leur personnel technique en place, la production a quintuplé.
Ce qui fait que dans la zone nord, l’insuffisance d’alevins n’est qu’un mauvais souvenir.
La reproduction des tilapias en général, et d’Oreochromis niloticus (tilapia d’eau douce) en particulier, ne pose aucune difficulté.
o L’approvisionnement en aliment
L’aliment constitue la plus grande part (avec plus de 60% des charges de production dans toutes les fermes de production enquêtées).
L’aquaculture moderne requiert une alimentation artificielle de qualité, apte à subvenir aux exigences nutritionnelles des poissons en croissance. De nombreux paramètres doivent être pris en considération, pour garantir la qualité nutritionnelle de l’aliment (taux et qualité des protéines et des lipides, contenu énergétique, proportions de protéines animales et végétales) d’après certains producteurs enquêtés. La granulation et l’appétence, la ration et la fréquence de nourrissage, ainsi que le mode de distribution (manuelle, automatique ou à la demande) sont également très importants.
Dans presque toutes les fermes de production visitées dans le cadre des enquêtes de terrain, l’aliment leur est livré gratuitement par l’ANA qui en assure le suivi technique. Cette méthode de gratuité de l’aliment destiné aux poissons d’élevage reste peu prometteuse et augmente les charges de fonctionnement de l’ANA et ne garantit point la durabilité des activités piscicoles parce que les bénéficiaires n’ont pas été préparés à se prendre en charge à un moment donné.
o L’approvisionnement en équipements et matériel aquacole
Le matériel aquacole qu’utilisent les promoteurs est obtenu à partir des boutiques ou magasins ordinaires, ou grâce à un appui de certaines fermes ciblées par l’ANA.
o L’accès au financement
Les producteurs éprouvent d’énormes difficultés à accéder au crédit du fait d’un manque de garantie auprès des institutions financières.
En effet selon les producteurs, le taux d’intérêt et l’apport personnel sont très élevés auprès des structures financières (mutuelles et banques).
La méfiance des institutions financières s’explique entre autres par le fait que les marchés des produits halieutiques sont très fluctuants, les produits sont périssables, les infrastructures de stockage et de conservation sont insuffisantes.
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Table des matières
LISTE DES ABREVIATIONS
I. INTRODUCTION GENERALE
1.1. PRESENTATION DE L’ETUDE
1.1.1. PROBLEMATIQUE
1.1.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE
1.2. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
II. MATERIEL ET METHODE
II.1 MATERIEL
II.2 METHODE
III. RESULTATS
III.1 ACTEURS INDIRECTS
III.2 ACTEURS DIRECTS
III.3 ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA STRUCTURE DE PRODUCTION DE LA FILIÈRE AQUACOLE AU SÉNÉGAL
IV. DISCUSSION
IV.1 PROPOSITION D’UN MODELE D’ORGANISATION DURABLE D’UNE STRUCTURE DE PRODUCTION AQUACOLE AU SENEGAL : CAS D’UNE ENTREPRISE PISCICOLE.
IV.2 PROPOSITION D’UN SCHEMA DE COORDINATION D’UNE BONNE STRUCTURE DE PRODUCTION AQUACOLE.
V. CONCLUSION
VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
VII.ANNEXES
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