Visite des sites
Dans un premier, quatre sites pilotes ayant des problématiques spécifiques à l’égard de la gestion de leurs déchets ont été choisis. Le premier, à Reuilly, est le site le plus vaste et celui produisant les plus gros volumes de déchets. Le moulin de Caen est également l’un des plus gros, disposant de peu d’espace, et dont les déchets organiques ne font à ce jour pas l’objet d’une valorisation. C’est également le cas du site de Gallardon qui produit en majeure partie des déchets organiques, avec une plus faible production tournée essentiellement vers le vrac. Enfin, le moulin de Semblançay est quant à lui un petit site mais faisant face à un faible effectif et manquant d’organisation dans la gestion des déchets. Pendant plusieurs semaines, j’ai donc effectué des déplacements sur les 4 sites pilotes et à Maure-deBretagne en vue de recenser l’ensemble des déchets produits sur chacun d’entre eux. Les différentes typologie de déchets présentes sur l’ensemble des sites sont : le carton, le papier, le plastique, le bois, la ferraille, la farine destinée à l’alimentation animale, les biodéchets, les déchets dangereux, les déchets industriels banals et pour certains les big-bags. Le papier, le carton et le plastique sont principalement issus du conditionnement des farines. Il s’agit de déchets non dangereux, légers mais volumineux, généralement triés ensemble. En centre de tri, le papier et le carton sont mis en balles grâce à des compacteurs, elles mêmes envoyées en centre de de traitement. Le carton est transformé en FCR (Fibres Cellulosiques de Recyclage) et peut ensuite être revendu aux papetiers pour la fabrication de cartons, journal, essuie-tout, etc (Paprec, Comm. Pers.). Si jusqu’il y a peu le papier et le carton avaient une valeur marchande, le durcissement des conditions d’importation des déchets en Chine associé à la situation de surcapacité de l’Europe et à l’augmentation de l’utilisation d’emballages cartons ont entraîné une augmentation du coût de traitement de ces matières (Veolia, Comm. Pers.). Ensuite, le bois et la ferraille sont deux flux plutôt ponctuels, issus pour le premier de palettes cassées, pour le deuxième de travaux de maintenance, et pouvant faire l’objet d’un rachat par des filières locales. Les déchets de farine et les biodéchets constituent le tonnage le plus important puisqu’ils représentent 50% de la masse totale de déchets. Ils sont issus du nettoyage des blés mais aussi des accidents qui peuvent survenir sur le site (engorgement du moulin, fuite, sac percé ou déchiré, sac périmé). Il s’agit de déchets organiques avec une valeur marchande puisque la farine non souillée peut être revendue pour l’alimentation animale, et les biodéchets peuvent fournir de l’énergie via la méthanisation et le compostage. En effet, avec l’augmentation de la valeur du biogaz et la recherche de nouvelles sources de revenus, de plus en plus d’agriculteurs investissent dans des projets d’unités de méthanisation. De plus, la biomasse constitue l’une des sources d’énergie renouvelable et l’Etat encourage son développement puisqu’il a pour objectif d’atteindre le nombre de 1000 méthaniseurs sur le territoire à l’horizon 2020 (Rédaction Paysan Breton, 2017).
Recherche de filières
Suite à mes visites, il est apparu que la gestion des déchets organiques représentait des coûts économiques et environnementaux importants pour une majorité de sites. Les déchets organiques identifiés proviennent du nettoyage des blés (paille, grains), de fuites ou d’engorgement du moulin, de retour des clients, de sacs entamés au fournil et au laboratoire, ou encore de sacs déchirés, percés ou pollués par des animaux sur le site. En termes de pollution, la méthanisation d’une tonne de biodéchets permet d’éviter l’émission de 77kg de CO2e. De plus, les déchets de farine représentent un manque à gagner important pour les moulins. En effet, une tonne de farine coûte environ 260 € à produire, et est revendue aux alentours de 300€. Lorsque cette farine entre en contact avec le sol, est souillée par des nuisibles ou périme, elle ne peut plus être commercialisée pour l’alimentation humaine. Si elle ne présente pas de risques sanitaires,elle peut être revendue pour l’alimentation animale environ 40€ la tonne. Si ce n’est pas le cas, elle est au mieux valorisée énergétiquement (méthanisation/compostage) mais pas forcément financièrement, et au pire finit avec les déchets ultimes. On va alors privilégier les solutions qui génèrent le moins de pertes financières. C’est pourquoi il était important de valoriser les biodéchets jetés en DIB. Sur trois des huit moulins, aucune filière de valorisation n’avait été mise en place. Pour les autres sites, la gestion des déchets organiques par des filières déjà mises en place représentait un coût particulièrement élevé. Celui-ci comprenant le prix de location d’une benne, le coût de l’enlèvement et du transport de la benne, ainsi que le coût à la tonne du traitement des biodéchets. Or les biodéchets représentent aujourd’hui une ressource importante puisqu’ils permettent de produire de l’énergie (chaleur ou électricité) grâce à la méthanisation, ou de fabriquer du compost. Ma première mission a donc été de rechercher des filières de valorisation des biodéchets à faibles coûts voire rémunératrices, mais aussi locales, pour éviter les fortes émissions de CO2 et les coûts liés au transport en poids-lourds. Seuls 2 sites (Vivonne et La Jarrie) bénéficiaient déjà des services d’agriculteurs locaux leur reprenant gratuitement leurs déchets organiques pour de la méthanisation. J’ai ainsi pris contact avec de multiples organismes possédant une unité de méthanisation à proximité des sites afin d’obtenir différentes propositions commerciales et de choisir la plus pertinente et la plus avantageuse. Faisant partie du groupe Axereal, nous avons également contacté les personnes en charge de la gestion des issues et biodéchets à l’échelle du groupe afin d’envisager une mutualisation des solutions. L’objectif de cette recherche de filière était à la fois de valoriser nos déchets de farine, et de réduire les pertes financières. En outre, certains types de déchets peuvent faire l’objet d’un rachat et être source de rémunération. Il s’agit notamment des issues et des farines basses, de la ferraille ou encore du bois. En effet, l’objectif du programme étant d’aboutir à un coût de gestion des déchets nul, il était impératif de trouver des filières rémunératrices permettant de compenser les pertes financières. Si des filières étaient déjà mises en place pour ce type de déchets sur la plupart des sites, d’autres n’en bénéficiaient pas. Pour les farines basses, les sites bénéficiaient presque tous d’un contrat de groupe avec le prestataire LBTA qui rachète la farine non souillée pour de l’alimentation animale. Pour la ferraille et le bois, certains sites les faisaient enlever par leur prestataire carton/papier et DIB, d’autres contactaient des ferrailleurs et des repreneurs de palettes cassées locaux. Seulement, les faibles volumes de ces matières rendent difficile le rachat puisque sont déduits les frais de transport.
Résultats
Actuellement, je me trouve à mi-chemin de ma période de stage, soit dans la 2ème phase du programme, c’est pourquoi des résultats concrets faisant suite à la mise en œuvre du programme ne peuvent à ce jour pas être observés. Cependant, les objectifs fixés pour cette période ont pu être remplis, notamment l’état des lieux des sites pilotes, la recherche de filières et l’élaboration des plans d’actions. A ce jour, des filières de méthanisation ont été trouvées pour les sites de Caen, Maure-de-Bretagne, Vincelles, Gallardon et Semblançay mais leur mise en place nécessite une étude de l’organisation à mettre en place, puis l’accord des responsables QSE de chaque site, de ma tutrice et du directeur des opérations, suite à quoi des contrats pourront être établis. Malheureusement pour le site de Reuilly, aucune solution n’a pu être trouvée pour réduire le coût engendré par la gestion des biodéchets. La filière actuellement en place est la plus proche du site, mais les coûts de transport restent importants à cause de la manipulation du type de benne utilisé (ampliroll). Cependant, des pistes sont étudiées : premièrement, une unité de méthanisation capable de déconditionner va être inaugurée à quelques kilomètres du site au mois de juillet, une étude des coûts pourra alors être faite. Ensuite, un groupe d’agriculteurs s’est lancé dans un projet de construction d’unité de méthanisation à quelques kilomètres, projet qui devrait voir le jour dans quelques années. Prochainement, la mise en œuvre de mesures concrètes devrait pouvoir commencer sur les sites pilotes. En revanche, ce processus prend plus de temps que prévu, à cause notamment d’un délai de réponse assez long des collaborateurs, qui peut s’expliquer par le contexte particulier dans lequel se trouve l’entreprise. Celle-ci fait face à un plan social entraînant la fermeture de moulins, la délocalisation des activités ou encore la diminution des effectifs, c’est pourquoi certains processus peuvent prendre plus de temps selon la disponibilité des collaborateurs. En plus de cela, chaque site présente ses problématiques de place, d’organisation, dont il est important de discuter avec les responsables, ce qui peut également allonger les délais. Néanmoins, il est possible d’anticiper certains résultats. En effet, les plans d’actions prévus devraient permettre de diminuer significativement le volume de DIB sur certains sites, notamment Caen et Gallardon, grâce à la mise en place de filières de valorisation des biodéchets. Ensuite, la sensibilisation du personnel vis-à-vis des enjeux du tri et du recyclage devrait permettre d’améliorer les pratiques de tri et d’augmenter le pourcentage de matériaux valorisés. Ces deux axes sont les plus importants puisqu’ils devraient avoir l’impact le plus significatif sur la production de déchets ultimes. Pour le reste, il s’agit d’un ensemble de plus petites mesures spécifiques à chaque moulin mais qui devraient, mises bout à bout, avoir un impact conséquent. Il s’agit notamment de la recherche de filière rémunératrices pour le bois et la ferraille, de la suppression des gobelets plastique jetables sur les sites ou encore de la recherche d’une filière de recyclage des big-bags. Je pense également que d’ici fin août, des solutions n’auront pu être mises en place pour l’ensemble des problématiques, mais des pistes auront cependant été étudiées et les recherches pourront être poursuivies. J’espère cependant pouvoir réellement avancer sur ce sujet et fournir des pistes d’exploration concrètes pour la suite. Afin d’observer l’impact du programme, il sera intéressant de comparer la synthèse 2018-2019 à celle de 2019-2020, le programme ayant été mis en place principalement au début de la période 2019-2020.
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Table des matières
Introduction
I. Présentation de la structure
II. Déroulement du stage
1. Dimensionnement du projet
2. Etat des lieux
a. Visite des sites
b. Analyse des données et outil de gestion de gestion des déchets
3. Plan d’actions
a. Recherche de filières
b. Mise en œuvre des mesures sur les sites
III. Résultats
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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