Optimisation de la gestion de l’échantillothèque des médicaments expérimentaux

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Le développement pré-clinique du médicament

L’étape suivante correspond aux études de développement pré-cliniques qui sont réalisées par des laboratoires pharmaceutiques ou universitaires. Les molécules sont alors testées sur deux types de modèle. D’abord « in vitro » c’est-à-dire en dehors de l’organisme vivant, sur des cellules mises en culture ou encore sur des organes isolés. Si les résultats sont concluants l’efficacité de la molécule doit être prouvée « in vivo » (sur l’animal) selon les bonnes pratiques de laboratoire qui garantissent, en plus d’un traitement éthique de l’animal de laboratoire, la qualité et l’intégrité des données recueillies. Ces essais in vivo sont indispensables avant l’administration chez l’Homme et toutes les informations recueillies durant ces études seront utilisées pour la demande d’autorisation de mise sur le marché du médicament.
Durant ces essais, on étudie (7) :
– La pharmacologie pour mesurer la ou les activités de la molécule, comprendre et valider le mécanisme d’action lorsque cela est possible. Par ailleurs, les études de pharmacologie de sécurité permettent d’approfondir les connaissances de l’effet du médicament sur les principaux organes (cœur, cerveau, poumon).
– La pharmacocinétique qui renseigne sur le comportement et le devenir de la molécule dans un organisme vivant. Il s’agit plus précisément d’étudier les modalités d’absorption, de distribution, de métabolisme et d’élimination.
– La toxicologie pour établir la NOAEL (No Observed Adverse Effect Level), dose à laquelle on n’observe pas d’effet toxique, et déterminer les organes cibles. Plus exactement, les données étudiées sont la toxicité aigüe, subaiguë, chronique, la repro-toxicologie, le pouvoir cancérigène et mutagène. Ces données, et plus particulièrement la NOAEL, serviront de base pour déterminer la première dose à administrer chez l’Homme (« first in Human »).
L’utilisation des animaux à des fins scientifiques est très encadrée. La directive européenne 2010/63/CE (8) définit les conditions dans lesquelles l’expérimentation animale peut être pratiquée au sein de l’Union européenne. Cette directive soutient la réduction de l’utilisation des animaux de laboratoire à travers le principe éthique des 3R (Réduire, Raffiner, Remplacer) (9). Ce principe des 3R a été élaboré en 1959 et consiste à la réduction du nombre d’animaux utilisés, au remplacement des méthodes par exemple en utilisant des méthodes in vitro ou des modèles numériques (« in silico ») et au raffinement des méthodes pour supprimer ou soulager la douleur ou la détresse des animaux. Pour cela, des procédures non invasives (imagerie) doivent être mises en place ainsi que des soins adéquats et l’utilisation d’anesthésie et d’analgésie. Il faut également réduire la durée de certaines études notamment des études toxicologiques et mettre en place des procédures d’euthanasie appropriées.
Ces principes contribuent au développement de l’utilisation de méthodes alternatives pour remplacer ou diminuer le nombre d’animaux utilisés lors ces essais (10). Pour satisfaire les besoins dans ce domaine, un centre européen pour la validation des méthodes alternatives (CEVMA) a été créé.
En plus de répondre à des principes éthiques, ces méthodes permettent une réduction des coûts et un gain de temps lié au développement du médicament. En effet, l’usage d’animaux requiert beaucoup de travail, nécessite des infrastructures réglementées, un personnel qualifié et formé aux bonnes pratiques de laboratoire et nécessite beaucoup de temps car les études sont souvent plus longues. Les expérimentations chez l’animal de laboratoire requièrent aussi la validation des protocoles par un comité d’éthique.
Si, depuis 2009, l’expérimentation animale est interdite au sein de l’Union Européenne dans le domaine des cosmétiques, cela ne peut pas être le cas dans le domaine pharmaceutique. En effet, les méthodes alternatives ne peuvent pas remplacer totalement la recherche animale car certains éléments sont trop complexes à reproduire, c’est le cas, notamment, pour les études portant sur l’organisme entier.
Les effets toxiques observés lors des études de développement pré-cliniques in vivo d’un médicament permettent d’identifier les organes cibles de la toxicité, mais permettent aussi d’identifier des effets indésirables provoqués par le médicament testé. L’identification de ces effets indésirables constituera une base précoce pour la mise en place de la pharmacovigilance et permettra de mettre en place des suivis particuliers lors des essais cliniques (ex : suivi de la fonction hépatique).
Les essais pré-cliniques in vivo présentent cependant des limites.
La durée d’observation reste limitée et certains effets qui se manifestent chez l’Homme ne se manifestent pas chez l’animal et des différences d’efficacité entre l’Homme et l’animal peuvent survenir du fait de la variabilité inter-espèces. De plus, un effet néfaste peut aussi ne pas être détecté s’il n’est pas recherché et il peut être difficile de simuler une pathologie existante.
C’est pourquoi les essais chez l’Homme sont nécessaires et qu’à l’issue de ces étapes en laboratoire, si les résultats semblent intéressants, il sera ainsi décidé de passer aux essais cliniques. L’ensemble de données non-cliniques et cliniques sont complémentaires et sont indispensables pour l’évaluation du risque lié à l’utilisation du médicament. De plus en parallèle des essais chez l’Homme, des expérimentations sur l’animal continueront de se dérouler (cas des études de toxicologie).

Les essais cliniques

Avant la mise sur le marché d’un médicament, des essais cliniques sont réalisés. Il s’agit d’une recherche biomédicale organisée et pratiquée sur l’Homme en vue du développement des connaissances biologiques ou médicales (11). Ainsi à travers ces essais, de nouveaux types de traitement ou de nouvelles stratégies thérapeutiques sont évalués afin de pouvoir juger de leur efficacité et de leur utilité par rapport aux traitements déjà disponibles sur le marché.
Ces essais sont organisés et pratiqués chez l’Homme sain et malade et poursuivent trois buts qui sont d’établir ou de vérifier, selon les cas, certaines données :
– Pharmacodynamiques (action exercée par le médicament sur l’organisme),
– Thérapeutiques (efficacité et tolérance),
– Pharmacocinétiques (modalités de l’absorption, de la distribution, du métabolisme et de l’excrétion du médicament).
L’essai peut être orienté sur l’étude du médicament ou sur l’étude d’une pathologie auxquels cas le médicament servira alors d’agent réactif.

Recherche clinique : intervenants et rôles

Tout essai clinique implique différents acteurs clés (11).
Le promoteur est défini par les textes de loi comme étant la personne physique ou morale qui est responsable d’une recherche impliquant la personne humaine. Il peut s’agir d’un médecin, d’une association de recherche ou encore d’un laboratoire pharmaceutique par exemple.
Le promoteur ou son représentant légal doit être établi dans l’Union Européenne. Il est garant de la qualité de l’essai et de la sécurité des participants. Il assure la gestion des aspects administratifs et financiers et a obligation de souscrire à une assurance pour les participants. Il est également de sa responsabilité de mettre à disposition les médicaments expérimentaux et il est l’interlocuteur des autorités. Un protocole est rédigé et décrit le déroulement et les détails de l’étude comme le plan expérimental, les examens prévus (signes cliniques, biomarqueurs, pathologies cliniques, etc…), la sélection des personnes participantes (critères d’inclusion ou d’exclusion), le traitement (posologie, fréquence, voie d’administration, forme galénique), l’évaluation de l’efficacité et de la sécurité, le recueil et le traitement des données, la méthode statistique, la description des systèmes de contrôle et d’assurance qualité. Ce protocole est soumis à un comité de protection des personnes (CPP) et à l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) afin d’être évalué et pour autoriser sa mise en œuvre.
Le promoteur désigne des investigateurs pour la réalisation de l’essai clinique.
Un investigateur est une personne physique qui dirige ou surveille la réalisation de l’essai clinique. L’investigateur doit être un médecin ou une personne qualifiée. Lorsque le promoteur confie la réalisation à plusieurs investigateurs sur un même lieu ou sur plusieurs lieux, le promoteur désigne parmi eux un investigateur principal. L’investigateur est notamment responsable de la conduite générale de l’étude, des conditions matérielles de l’essai et de la sécurité pour le patient. Il est également en charge de recueillir le consentement des patients. Il recueille les données et est responsable des décisions d’ordre médical liées à l’essai. De plus, il rédige le rapport final.
Le promoteur nomme également un attaché de recherche clinique qui est chargé du contrôle la qualité et de la conformité de l’essai. Il veille au respect du protocole de l’étude, des bonnes pratiques cliniques (BPC) et des procédures opératoires standards de l’essai. Il est le garant de la qualité des données recueillies.
La commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) est, quant à elle, chargée de surveiller la collecte des données relatives aux participants aux essais cliniques.

Les phases des essais cliniques

Les essais cliniques sont divisés en quatre phases. Les trois premières ont lieu avant la demande d’AMM tandis que la quatrième phase est réalisée a posteriori (12).

Phase 1

Il s’agit de la première administration chez l’Homme. Cette phase est réalisée le plus souvent chez le volontaire sain et chez un faible nombre de participants (quelques dizaines).
Elle porte sur l’innocuité de la molécule et a pour objectif d’évaluer sa tolérance chez l’Homme et d’établir un profil concernant les paramètres pharmacocinétiques. Le but est également de déterminer la dose minimale active. Elle n’a cependant pas pour but d’affirmer l’effet thérapeutique du produit.
Elle peut durer de quelques jours à quelques mois et est réalisée sous strict contrôle, dans des services habilités sous la responsabilité de médecins spécialisés.
Certains traitements peuvent faire exception à cette phase 1, c’est le cas pour les anti cancéreux qui entreront directement en phase 2 puisqu’ils présentent une toxicité trop élevée pour être administrés chez le sujet sain.

Phase 2

L’étude de phase 2 est conduite chez des petits groupes de patients malades et peut durer de quelques mois à deux années. Elle a pour but de mettre en évidence l’efficacité thérapeutique et de déterminer la dose optimale (posologie) du médicament dans l’indication thérapeutique revendiquée. L’objectif est également de mettre en évidence les effets indésirables à court terme.

Phase 3

Cette phase est également appelée phase des essais comparatifs et a pour finalité de démontrer l’efficacité du traitement par comparaison avec un autre médicament ayant la même indication ou un placebo. Un placebo est un traitement en apparence identique mais sans substance active. Cet essai est mené sur une large population de malades (quelques milliers) et peut durer de plusieurs mois à plusieurs années. Il est essentiel que les conditions soient aussi proches que possible des conditions normales d’utilisation afin de déterminer les caractéristiques propres du médicament comme les interactions médicamenteuses ou encore l’influence de l’âge sur les résultats. Elle permet aussi d’évaluer le bilan sécurité/efficacité et d’étudier les effets indésirables les plus fréquents.
Le plus souvent ces essais sont multicentriques nationaux ou internationaux c’est-à-dire que l’étude se déroule simultanément dans différents centres et cela pour éviter les biais liés aux facteurs géographiques, génétiques ou encore ethniques.
De préférence, les essais sont réalisés en double insu (appelé aussi double aveugle). Cela signifie que ni le patient ni les investigateurs ne savent si le patient a reçu le placebo ou le traitement. Pour cela, l’emballage des médicaments portent uniquement des numéros de code qui sont inscrits dans le dossier médical du patient. Ceci permettra, lors de l’analyse des données, de déterminer qui a reçu le médicament et qui a reçu le placebo. Il est nécessaire que les formes galéniques du produit actif et du placebo soient identiques (forme, couleur, aspect général).
Par ailleurs, l’étude est généralement randomisée. La randomisation est l’opération qui répartit les participants de manière aléatoire (tirage au sort) dans le groupe recevant le placebo et le groupe recevant le traitement (un médecin peut avoir tendance à donner aux patients les plus gravement atteints le traitement qu’il estime le plus actif). L’objectif de la randomisation est donc d’assurer l’absence de biais de sélection des patients.
Ainsi grâce à la procédure de double insu et à la randomisation, si des différences de résultats sont observées entre les deux groupes, elles pourront être imputées uniquement à la différence de traitements reçus.
A l’issue de la phase 3, si les résultats recueillis attestent de l’efficacité du médicament, un dossier de demande d’AMM peut être déposé auprès de l’ANSM ou de l’agence européenne du médicament (EMA) dans le cadre des procédures centralisées. Ces agences évaluent la qualité, la sécurité et l’efficacité du nouveau médicament qui doit présenter un rapport bénéfice/risque au moins équivalent à celui des produits déjà commercialisés. En France, l’AMM est accompagnée de deux annexes. Il s’agit en premier du résumé des caractéristiques du produit (RCP) qui précise la dénomination du médicament, la composition qualitative et quantitative, la forme pharmaceutique, les indications thérapeutiques, la posologie, la forme pharmaceutique, les mises en gardes spéciales et précautions d’emploi, les interactions avec d’autres médicaments, les contre-indications, les effets indésirables et la population cible. Ce RCP est destiné aux professionnels de santé.
En second, il s’agit de la notice pour le patient qui reprend ces informations dans un vocabulaire plus accessible.
Après l’obtention de l’AMM, le médicament est commercialisé mais la surveillance des effets indésirables continue à travers la pharmacovigilance. Des essais supplémentaires peuvent également être demandés afin d’élargir l’AMM pour une autre indication ou une autre population cible.

Phase 4 ou surveillance post AMM

On parle de phase 4 lorsque le produit est commercialisé. Cette phase permet de recueillir les effets indésirables. Elle est réalisée sur la population traitée, dans les conditions habituelles d’emploi définies par l’AMM du médicament et donc sur un nombre de patients souvent très important. C’est ce que l’on appelle la pharmacovigilance.
Lors de cette phase, on peut détecter des effets indésirables rares qui n’auraient pas été mis en évidence dans les phases précédentes à cause du faible nombre de participants aux essais cliniques et des critères d’inclusions et d’exclusions stricts, ou encore des complications tardives liées à l’utilisation du médicament.
Cette phase a aussi pour but d’affiner la connaissance du médicament dans les conditions réelles d’utilisation et donc d’optimiser son utilisation sur des aspects tels que la durée d’administration ou encore le rythme de prise.
Depuis 2005, dans le cadre d’une réglementation européenne, l’AMM s’accompagne d’un plan de gestion des risques (PGR) dans le cas d’un médicament contenant une nouvelle substance active (13). Il peut aussi être mis en place après sa commercialisation si des changements importants sont effectués (comme une nouvelle indication, un nouveau dosage, un nouveau procédé de fabrication ou une nouvelle voie d’administration) ou qu’un risque est identifié. Un PGR a pour but de caractériser ou de prévenir un risque lié à un médicament, de compléter les données disponibles au moment de la mise sur le marché et de surveiller les conditions réelles d’utilisation. En cas de besoin, des mesures complémentaires aux activités de routine sont mises en place tel que : un renforcement de la pharmacovigilance sur certains risques mis en évidence par le PGR, des études de sécurité d’emploi post-AMM et/ou des études d’utilisation et des mesures de minimisation du risque passant par des documents d’informations pour les professionnels de santé ou les patients.
Ces mesures de renforcement de la surveillance s’inscrivent dans la prévention des crises et des scandales sanitaires. La France a connu de nombreux scandales sanitaires tels que le scandale de la thalidomide qui a provoqué de graves malformations congénitales durant les années 60 ou plus récemment le scandale du Médiator®, un médicament ayant causé des centaines de morts.
Aussi, selon l’article R5139 du code de la santé publique (CSP) (14), le médicament peut faire l’objet d’une suspension ou d’un arrêt de sa commercialisation. Une suspension d’AMM ne peut pas excéder un an et la décision de retrait ne peut intervenir qu’après que le titulaire de l’autorisation ait été invité à fournir ses explications.
Ces décisions interviennent si (15) :
– Il apparait que la spécialité pharmaceutique est nocive dans les conditions normales d’emploi,
– L’effet thérapeutique fait défaut,
– La spécialité n’a pas la composition qualitative et quantitative déclarée,
– Il apparaît que les renseignements fournis sont erronés,
– Les conditions prévues lors de la demande de mise sur le marché ne sont pas ou plus remplies,
– L’étiquetage ou la notice du médicament ne sont pas conformes aux prescriptions générales ou spécifiques prévues.

Les critères d’évaluation des effets d’un médicament

Afin de mettre en évidence l’effet d’un traitement, il faut définir durant un essai clinique des critères pour mesurer l’efficacité et les effets indésirables.
Dans l’idéal, ces critères doivent être (16) :
– Précis,
– Issus d’un consensus dans la communauté médicale,
– Reproductibles,
– Pertinents, c’est-à-dire significatifs en terme clinique,
– Facilement mesurables,
– Disponibles chez tous les sujets,
– Ethiques.
On privilégie un critère de jugement principal, de préférence un critère clinique (comme par exemple la disparition d’un symptôme, le taux de rémission complète ou encore la survie sans rechute). Ce critère est utilisé pour le calcul du nombre de sujets nécessaires à la mise en évidence de la différence espérée entre les traitements comparés. Seul ce critère permettra de conclure sur l’efficacité ou non du traitement.
En plus de ce critère principal, d’autres critères peuvent être analysés. Ces critères sont considérés comme secondaires et il n’est pas possible de conclure sur ces types de critères (même si son analyse a été prévue d’emblée dans le protocole). Ils sont simplement présents à titre documentaire.
D’une façon générale, il ne faut pas multiplier les critères puisque cela rend l’interprétation des résultats impossibles.

Limites des essais cliniques

Les sujets se prêtant à des essais cliniques peuvent ne pas être totalement représentatifs du type de population qui recevra le médicament en raison des critères d’inclusion et d’exclusion stricts lors des essais. En effet les patients avec des comorbidités ou les sujets à risque peuvent être écartés des essais cliniques. Ces sujets à risque sont par exemple les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes ou les sujets présentant des insuffisances comme par exemple des insuffisances rénales ou hépatiques.
De même lors des essais, les conditions sont différentes de l’après commercialisation puisque les prises se déroulent le plus souvent en milieu hospitalier et sur des durées réduites avec un nombre de sujets limités (17).

Avantages et inconvénients pour un patient

Participer à un essai clinique présente divers avantages à titre individuel pour le patient.
Si le traitement est efficace, le patient le reçoit avant même sa commercialisation. Cela peut être particulièrement intéressant lorsque le patient ne répond pas aux traitements ou présente des effets indésirables sévères aux traitements déjà commercialisés sur le marché.
Le suivi médical est renforcé par rapport à un traitement courant ce qui est un apport non négligeable pour le patient. En effet, le patient est soumis à plus d’examens médicaux et de visites médicales à la fois pendant et après l’essai.
Si les résultats sont positifs, une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) peut être délivrée par l’ANSM à un participant pour qu’il puisse continuer à recevoir le traitement dans l’attente de l’AMM.
Le patient bénéficie également de la gratuité des soins et d’une indemnisation financière. Toutefois, ces essais cliniques présentent aussi des inconvénients. Le patient peut ne pas recevoir le nouveau traitement mais le placebo ou le traitement de référence. Il est également possible que le patient reçoive un traitement expérimental moins efficace que prévu ou entrainant des effets indésirables inattendus. Le patient peut également avoir à se déplacer puisque les études se déroulent le plus souvent en centres spécialisés, ce qui peut engendrer des contraintes pour avoir l’accès à de nouveaux traitements.
Un essai clinique exige du temps car il impose de nombreux examens médicaux.

Réglementation encadrant la recherche clinique

Les recherches sur les personnes humaines sont soumises à un cadre juridique très strict. Les différents textes adoptés définissent le champ d’application de ce type de recherche et permettent la protection des participants.
Les premiers principes fondamentaux d’éthique à l’international ont été établis par le Code de Nuremberg en 1947 qui a constitué une réponse aux expériences médicales nazies lors de la seconde guerre mondiale (18).
Ce code a été complété par la Déclaration d’Helsinki (19) rédigée par l’association médicale mondiale en 1964. Il s’agit d’une déclaration des principes éthiques applicables à la recherche médicale et qui a pour but de fournir des recommandations aux médecins. Une des lignes principales de cette déclaration est que « les intérêts de la science et de la société ne doivent jamais prévaloir sur le bien-être du sujet ». Par ailleurs, elle attache une importance particulière à l’obtention par écrit d’un consentement éclairé. Depuis lors, cette déclaration a été révisée 7 fois, la dernière version datant de 2013.
En France, le premier texte législatif à avoir encadré les essais cliniques est la loi du 20 décembre 1988 relative à la protection des personnes se prêtant à la recherche biomédicale, dite loi Huriet-Sérusclat (20). Cette loi a imposé la création de comités consultatifs de protection des personnes dans la recherche biomédicale pour évaluer chaque projet d’étude et a permis la mise en place de règles d’éthique. En conséquence de cette loi, les essais cliniques ne peuvent être pratiqués sur une personne sans son consentement libre et éclairé. Cela signifie que le participant doit pouvoir à tout moment, et sans encourir aucun préjudice et aucune pression, se retirer de l’essai. Ces essais doivent se dérouler sous la surveillance de médecins qualifiés qui sont tenus de présenter clairement au patient tous les risques d’une conduite thérapeutique.
Cette loi a été renforcée par la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique qui transpose dans le droit français la directive européenne 2001/20/CE (21) dite « essais cliniques médicaments » de 2001. Le but était de mettre en place un cadre légal européen et par conséquent d’harmoniser les pratiques entre les états membres, de mettre à disposition des outils de surveillance et de renforcer les mesures de protection des personnes en particulier les personnes vulnérables. Des comités de protection des personnes ont été créés. Sans l’avis favorable de ce comité, une recherche biomédicale ne peut pas avoir lieu. Cette directive a placé les BPC au centre de la conduite d’essais cliniques de médicaments à usage humain.
La directive européenne 2001/20/CE n’a cependant pas permis une complète harmonisation des pratiques au sein des états de l’Union Européenne. Pour faire face aux difficultés rencontrées par les industriels et les académiques, la commission européenne a élaboré le règlement UE n°536/2014 (22) qui a été publié au journal officiel de l’Union Européenne le 27 mai 2014.
L’entrée en application de ce règlement dans les différents Etats membres de l’Union européenne était initialement prévue en mai 2016 mais ne sera finalement effective qu’après la mise à disposition d’un portail informatique européen et d’une base de données européenne. L’agence européenne du médicament sera responsable de la gestion de ce portail.
Le promoteur déposera sa demande sur ce portail qui regroupera toutes les informations et les données relatives à l’essai et qui sera, pour partie, accessible au public. Par cet accès, l’Union Européenne souhaite accorder une plus grande transparence.
Ce règlement européen devrait abroger la directive 2001/20/CE et s’appliquer sans transposition nécessaire puisqu’il s’agit d’un règlement. Il aura pour but de renforcer l’attractivité de l’Union Européenne et de permettre aux patients un accès à des traitements innovants.
Pour cela les dispositions suivantes seront mises en place :
– Un cadre juridique commun,
– Un niveau élevé de protection des personnes,
– Une évaluation indépendante par des comités d’éthique,
– Un seul dépôt de la demande,
– Un dossier de demande unique,
– Une évaluation scientifique coordonnée entre états membres,
– Des délais fixes de réponse,
– Un régime d’approbation tacite,
– Un seul protocole pour tout l’essai dans l’Union Européenne,
– Une plus grande transparence des essais,
– Un contrôle par l’Union Européenne.
Pour consolider un peu plus la protection des personnes, la loi Jardé (23) a été votée en 2012 et est appliquée depuis 2016 en France. Cette loi modifie la classification des essais en les classant selon le niveau de risque encouru par les personnes se prêtant à la recherche.
Les nouvelles catégories sont les suivantes :
– Recherches interventionnelles dites de catégorie 1 qui comportent une intervention sur la personne non justifiée par sa prise en charge habituelle,
– Recherches interventionnelles à risques et contraintes minimes dites de catégorie 2 qui ne portent pas sur les médicaments et dont des risques et des contraintes figurent parmi une liste fixée par arrêté du ministère chargé de la santé,
– Recherches non interventionnelles dites de catégorie 3 qui ne présentent aucun risque ni contrainte. Il s’agit d’actes pratiqués et de produits utilisés de manière habituelle.
Pour ces trois catégories, il est nécessaire d’obtenir l’avis favorable du CPP auquel doit s’ajouter, pour la première catégorie, l’autorisation de l’ANSM.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Cycle de vie d’un médicament avant sa commercialisation
1 La recherche de nouvelles molécules actives
2 Le développement pré-clinique du médicament
3 Les essais cliniques
3.1 Recherche clinique : intervenants et rôles
3.2 Les phases des essais cliniques
3.2.1 Phase 1
3.2.2 Phase 2
3.2.3 Phase 3
3.2.4 Phase 4 ou surveillance post AMM
3.3 Les critères d’évaluation des effets d’un médicament
3.4 Limites des essais cliniques
3.5 Avantages et inconvénients pour un patient
3.6 Réglementation encadrant la recherche clinique
4 La fabrication des médicaments expérimentaux
4.1 Le contexte réglementaire
4.2 L’annexe 13 et les modifications apportées par le nouveau règlement européen n°536/2014
4.2.1 Gestion de la qualité
4.2.2 Personnel
4.2.3 Locaux et matériel
4.2.4 Documentation
4.2.5 Production
4.2.6 Contrôle de la qualité
4.2.7 Libération des lots
4.2.8 Expédition
4.2.9 Réclamations
4.2.10 Rappels et retours
4.2.11 Destruction
4.2.12 Synthèse et conclusion
Partie 2 : L’échantillothèque des médicaments expérimentaux
1 Rôle de l’échantillothèque dans un contexte pharmaceutique
2 Exigences réglementaires encadrant l’échantillothèque
2.1 Réglementations
2.2 Réglementations spécifiques des médicaments expérimentaux
3 Optimisation de la gestion de l’échantillothèque des médicaments expérimentaux
3.1 Objectif du projet
3.2 Etat des lieux de l’échantillothèque des médicaments expérimentaux
3.2.1 Main d’œuvre
3.2.2 Méthode
3.2.3 Matière
3.2.4 Milieu
3.2.5 Matériel
3.2.6 Diagramme d’Ishikawa récapitulatif
3.2.7 Cartographie du processus existant
3.3 Etablissement d’un plan d’action
3.4 Mise en place des actions
3.4.1 Transfert de responsabilité
3.4.2 Sécurisation
3.4.3 Durée de conservation
3.4.4 Nouveau processus de destruction
3.4.5 Inventaire des échantillons à détruire
3.4.6 Modifications documentaires
3.5 Analyse des résultats et discussion
Conclusion
Annexes

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