La politique monétaire se voit comme l’ensemble d’actions menées par les autorités monétaires qui consiste à une injection ou à une ponction de liquidité pour le bon fonctionnement et à la croissance de l’économie tout en veillant à la stabilité de la monnaie.
Depuis plusieurs années, les controverses sur la politique monétaire se sont déplacées du problème du choix des objectifs et instruments de cette dernière vers sa nature. Jusqu’en 1977 en effet, la plupart des économistes croyaient à la supériorité de la politique discrétionnaire sur les règles de politique monétaire. Cette supériorité a été mise en cause par la publication d’un article de F.KYDLAND et PRESCOTT qui mettait en évidence la notion d’incohérence temporelle. Cette dernière apparaît lorsqu’une décision de politique économique future qui était optimale du point de vue d’un plan proposé à une date initiale se révèle par la suite sous optimale sans qu’aucune information supplémentaire ait été apportée dans l’intervalle.
Le débat qui s’est instauré dans les années quatre vingt autour de ces questions a montré qu’en situation de rationalité des anticipations, les politiques monétaires basées sur une règle liant les mains des autorités est cohérente d’un point de vue temporel. En revanche, les politiques discrétionnaires ne le sont pas. Ce résultat s’explique par l’existence des contraintes stratégiques que rencontrent les autorités monétaires quand elles mettent en œuvre une politique monétaire. La discussion se porte alors sur la recherche des solutions envers l’autorité monétaire et cela fait naître l’indépendance pour une meilleure application des solutions au biais inflationniste. En effet, presque toutes les Banques Centrales ont désormais connues leurs indépendances. En ce qui concerne la BC de Madagascar, avant 1994, elle a exécuté la politique monétaire définie par les pouvoirs publics mais comme une majorité de pays africains mettant des politiques soutenues financièrement par la FMI, depuis elle élabore et met en œuvre en toute indépendance la politique monétaire pour atteindre son objectif.
Objectifs, portée, efficacité et limites de la politique monétaire
Portée et objectifs
Portée de la politique monétaire
Lorsque la quantité de monnaie en circulation est trop faible, les agents économiques seront obligés de limiter leurs activités économiques. Ainsi, la quantité de monnaie en circulation ne doit pas être de moindre quantité puisque le circuit économique en dépend. A l’inverse, une quantité de monnaie trop abondante met à la disposition des agents le moyen de transaction bien supérieur à la quantité de biens disponibles, ce qui provoquera une trousse de prix. Une fluctuation trop faible ou trop abondante, de la quantité de monnaie pourra influencer le niveau de l’économie.
Les objectifs de la politique monétaire
La politique monétaire a comme objectif principal l’élimination de l’inflation. Mais pour atteindre cet objectif, elle doit assurer d’autres objectifs qui sont des objectifs intermédiaires dont la stabilité interne et la stabilité externe de la monnaie .
La stabilité interne de la monnaie est due à la masse monétaire. Elle est donc basée sur la théorie quantitative de la monnaie. La stabilité externe de la monnaie est quant à elle une recherche de la stabilité du taux de change. Ce dernier résulte de la confrontation d’un offre et d’une demande sur un marché. Pour atteindre son objectif principal, la politique monétaire doit alors passer d’abord par l’une de ces objectifs intermédiaires. Voyons maintenant l’efficacité et les limites de la politique monétaire.
Efficacité et limites
Efficacité de la politique monétaire
La politique monétaire obéit au théorie de J. Tinbergen qu’une politique économique à objectifs fixés doit avoir au moins autant d’instrument que d’objectif et aussi à la règle de R. Mundell, une politique économique à objectifs fixés doit utiliser chaque instrument pour réaliser l’objectif au regard duquel il possède, par rapport aux autres instruments, un avantage comparatif. De son côté, l’exécution de la politique monétaire est centré au sein de la Banque Centrale qui est investie d’une mission publique de supervision, de contrôle et d’assistance. Autrefois, la Banque Centrale exécutait les décisions monétaires que le pouvoir public impose mais actuellement, la formulation et la mise en œuvre de la politique monétaire est désormais seule préoccupation de la Banque Centrale. Elle est donc libre et responsable de tous ses actes. Mais ce degré d’indépendance dans l’élaboration de la politique monétaire dépend à la fois des dispositifs légaux d’une part et de la tradition historique ou pratique d’autre part. Ce qui entraîne ces trois cas où la Banque Centrale a toute autorité, ou le cas où le gouvernement peut jouir certains droits et enfin le cas où le gouvernement conserve les responsabilités principales de formuler la politique monétaire et où le rôle de la Banque Centrale est consultatif.
Les limites de la politique monétaire
Les limites que peuvent être développées ici sont de trois types : celles relevant de la stratégie politique, relevant des mouvements des taux d’intérêts et enfin de l’autonomie de la politique monétaire.
Les limites relevant de la stratégie politique
Il y a quatre problèmes :
– Tout d’abord, l’incertitude :
. Un instrument d’action doit être d’autant moins employé que l’incertitude est grande. C’est l’intervention minimale.
. Un instrument d’action doit être d’autant moins modifié que l’incertitude est grande : c’est l’intervention en douceur
. L’incertitude, loin de décourager les pouvoirs publics doit les inciter à affiner leurs instruments
– Ensuite, celui du cycle électoral. Ici s’opposent encore les keynésiens et les monétaristes. Pour les premiers, l’économie de marché secrèterait l’instabilité économique, d’où les nécessités d’une politique active des pouvoirs publics afin de stabiliser l’économie ; mais pour les monétaristes, l’économie de marché serait foncièrement stable à condition que l’Etat ne vienne pas en bloquer les rouages. Or, dans la réalité, ces deux théories passent sous silence le fait que le cycle électoral peut jouer des tours à la stabilité économique.
– Troisième problème est celui des délais affectant toute politique économique. Il s’agit du temps séparant le moment où il faudrait agir et celui où l’action donne un résultat. Une politique de lutte contre l’inflation, par exemple, risque de produire ses effets au moment où les prix baissent naturellement.
– Enfin une politique économique n’est pas un acte unilatéral, l’économie est faite d’interactions. En fait, les autorités monétaires prennent place dans un système dont elles n’ont pas une maîtrise totale.
Les limites relevant des mouvements des taux d’intérêt
Dans le cadre d’une économie d’endettement où le financement est fait par le crédit bancaire, la demande de crédits en vue d’investir étant faiblement élastique aux taux débiteurs des banques. Ne pouvant jouer sur les taux d’intérêt, la Banque Centrale ne peut pas faire des contrôles sur la liquidité des banques ; de tels contrôles risquant de déstabiliser le système bancaire et de provoquer des faillites de nombreuses entreprises bancaires et non bancaires.
Les limites relevant de l’autonomie de la politique monétaire
L’internationalisation des marchés financiers rend de plus en plus difficile le maintien de divergences entre les taux d’intérêt sur les différentes monnaies, puisque ces divergences impliquent de très forts mouvements de capitaux. En théorie, une Banque Centrale peut offrir des devises en échange de sa propre monnaie lorsque celle-ci perd de sa valeur sur le marché des changes, et investissement, elle peut injecter de sa propre monnaie contre des devises en cas de réévaluation. Pour réunir, un telle politique suppose que la Banque Centrale dispose de réserves en devises suffisantes pour contenir une attaque prolongée de sa monnaie. Dans la pratique, ces réserves sont relativement insuffisantes à cause de l’ampleur des mouvements de capitaux. Dans un tel contexte, le contrôle monétaire constituait de moins en moins un instrument de régulation interne. Ainsi dans une situation de basse conjoncture à la monnaie nationale était attaquée, les autorités pouvaient utiliser le levier monétaire pour atteindre soit l’objectif interne soit l’objectif externe. Dans un environnement international où les marchés financiers sont de plus en plus intégrés, on assiste à la perte d’autonomie des Banques Centrales dans la conduite de leur politique monétaire .
Voyons alors l’indépendance de la Banque Centrale pour sortir de ces limites.
Les solutions au biais inflationnistes
La politique discrétionnaire
Concept :
La politique discrétionnaire est une politique qui révise continuellement l’action qui va être réalisée. On ne connaît pas alors avec certitude sa réalisation dans le futur . La politique discrétionnaire a deux vertus essentiels :
– elle confère tout d’abord à la gestion de la monnaie une flexibilité certaine. Grâce à cette flexibilité, la politique monétaire peut efficacement réagir en présence de perturbations inattendues telles que les chocs affectant l’offre de biens et de services ou encore la demande de monnaie. La flexibilité de la gestion monétaire permet la mise en place et le suivi de stratégies contracycliques, conformément aux préceptes volontaristes qui fondent toute politique économique active ;
– puis, elle s’articule correctement avec les politiques suivies dans d’autres domaines; les finances publiques par exemple. Pour de nombreux Keynésiens, confier la conduite de la politique monétaire à des autorités indépendantes du gouvernement c’est aussi perdre le risque de mettre les deux politiques monétaires et budgétaires en contradiction l’une avec l’autre et donc d’entraver l’action régulatrice de l’Etat.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE
Chapitre I : Objectifs, portée, efficacité et limites de la politique Monétaire
Section I : Portée et objectifs
Section II : Efficacité et limites
Chapitre II : Indépendance de la Banque Centrale
Section I : Les solutions au biais inflationnistes
Section II : Définition et rôle de l’indépendance
Section III : Formes d’indépendance
Chapitre III : Les instruments de la politique monétaire
Section I : les instruments directs
Section II : les instruments indirects sur la liquidité bancaire
PARTIE II : APPROCHE PRATIQUE : La politique monétaire malagasy pendant la période 1994 – 2003
Chapitre I : La BCM de 1994 – 2003
Section I : Les attributions essentielles de la BCM
Section II : Structure et organisation de la BCM
Chapitre II : Les instruments de la politique monétaire malagasy de 1994 – 2003
Section I : La politique monétaire par les taux des marchés monétaires : action sur l’offre de monnaie centrale
Section II : L’action de la demande de monnaie centrale : les réserves obligatoires
SYNTHESE
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE