Dรฉfinition
ย ย ย Lโobรฉsitรฉ est dรฉfinie par lโOMS comme รฉtant une accumulation trรจs excessive de graisse dans lโorganisme, pouvant nuire ร la santรฉ gรฉnรฉrale. Elle reprรฉsente une forme รฉvoluรฉe du ยซ surpoids ยป, aussi appelรฉ ยซ surcharge pondรฉrale ยป, stade pour lequel les retentissements nรฉfastes du tissu adipeux sur lโorganisme sont moins importants. Un รฉlรฉment est central pour le diagnostic de lโobรฉsitรฉ. Il sโagit de lโIndice de masse corporelle (ou IMC), calculรฉ en divisant le poids (en kg) par la taille (en m) au carrรฉ. LโOMS considรจre que les personnes dont lโIMC est โฅ 25 et < 30 sont en surpoids, et que celles avec un IMC โฅ 30 sont obรจses. Attention, lโIMC nโest quโune valeur indicative, et doit รชtre corrรฉlรฉ avec dโautres รฉlรฉments. Un argument supplรฉmentaire en faveur dโune obรฉsitรฉ est le tour de taille, qui reflรจte lโaccumulation de graisse au niveau des viscรจres. Selon le site de lโAssurance Maladie, un tour de taille est considรฉrรฉ comme รฉlevรฉ pour une valeur supรฉrieure ร 80 cm chez la femme et ร 94 cm chez lโhomme [27].
Surconsommation et malnutrition
ย ย ย ย En ce qui concerne l’alimentation, plusieurs facteurs sont en jeu: disponibilitรฉ permanente d’aliments, publicitรฉ portant essentiellement sur des aliments sucrรฉs et/ou gras (en particulier auprรจs des enfants), et augmentation de la consommation de sucre et/ou de fructose. Auparavant, des รฉpisodes de disettes et de famines รฉtaient plus rรฉpandus. Cette surabondance de nourriture est attribuable aux moyens industriels de production de nourriture. De trรจs nombreux aliments sont accessibles, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, indรฉpendamment des repas, ce qui peut favoriser un grignotage de produits alimentaires ร fortes charges caloriques. Le grignotage le plus usitรฉ est sans conteste celui ร base de produits sucrรฉs et gras (confiseries, chipsโฆ). Ces produits sont gรฉnรฉralement riches en glucides simples et en lipides. Alors que les apports รฉnergรฉtiques sont largement comblรฉs par ces produits, la sensation de satiรฉtรฉ n’est toujours pas obtenue. Enfin, lors d’un repas, toujours les mรชmes aliments (ce qui รฉtait le cas traditionnellement), la satiรฉtรฉ (perte d’envie de manger) indique qu’un individu a un apport รฉnergรฉtique suffisant ; lorsque les aliments consommรฉs sont inhabituels, cette information est faussรฉe. L’industrie agroalimentaire a transformรฉ nombres d’aliments qui ont vu leur index glycรฉmique augmenter et ce faisant a introduit un biais dans l’unitรฉ de compte que constitue la calorie : les calories apportรฉes par les protรฉines ne sont pas les mรชmes, au niveau bilan global, que celles apportรฉes par les glucides. Rรฉsultat: beaucoup de produits ยซ light ยป, sans graisses mais aussi trรจs pauvres en protรฉines et chargรฉs en รฉdulcorants. Le raffinage et la prรฉsence du goรปt sucrรฉ dans ces nouveaux aliments industriels crรฉe une vรฉritable ยซ toxicodรฉpendance ยป qui, au long des ans, amรจne ร une souffrance physicochimique quand l’organisme obรจse en est privรฉ. La quantitรฉ de sucre consommรฉ n’est pas le seul critรจre, leur qualitรฉ (index glycรฉmique, sucre complet versus raffinรฉ) joue beaucoup ; de mรชme la teneur en graisses n’est pas le seul critรจre, leur qualitรฉ joue รฉgalement un grand rรดle : les huiles de premiรจre pression ร froid sont par exemple beaucoup plus favorables que les huiles raffinรฉes (extraites ร chaud, ce qui รฉlimine une bonne partie des apports bรฉnรฉfiques, antioxydants notamment, et/ou avec des solvants), et plus favorables que les graisses saturรฉes [60]. Il existe une corrรฉlation entre la consommation de fructose et la frรฉquence de l’obรฉsitรฉ. Le fructose, mรชme s’il est ยซ naturel ยป, reste un glucide (un sucre) ร consommer avec mesure. Le fructose n’induit pas ou peu de sรฉcrรฉtion d’insuline, et pas non plus de sรฉcrรฉtion de leptine (du grec, leptos, mince) qui est une hormone intervenant dans la satiรฉtรฉ. L’insuline et la leptine sont deux รฉlรฉments majeurs de la rรฉgulation de la prise alimentaire. Ainsi, ร quantitรฉ รฉgale, le fructose apporte autant de calories que le sucre de cuisine ou le glucose, mais n’induit pas aussi rapidement la satiรฉtรฉ, ce qui aboutit en une consommation plus importante, avec pour consรฉquence une prise de poids qui n’aurait probablement pas eu lieu si le goรปt sucrรฉ avait รฉtรฉ dรป au sucre de cuisine ou au glucose. Le fructose augmente les taux de ghrรฉline, hormone qui stimule l’appรฉtit [61]. Les mรฉcanismes du mรฉtabolisme cellulaire seraient รฉgalement en cause etparticuliรจrement le niveau รฉlevรฉ d’insuline qui favoriserait l’accumulation des graisses dans les adipocytes, et empรชcherait la mobilisation rapide des graisses. Les niveaux รฉlevรฉs d’insuline seraient liรฉs ร l’alimentation plus raffinรฉe qu’historiquement, ainsi qu’ร la multiplication des en-cas, jus et prises alimentaires entre les repas [62-63].
Obรฉsitรฉ et espรฉrance de vie
ย ย ย ย Le Dr Thomas Lung de lโInstitut George pour la santรฉ publique et ses collรจgues ont mis au point un modรจle capable de prรฉdire le nombre dโannรฉes restant ร vivre ร des personnes รขgรฉes de 20 ร 60 ans, en bonne santรฉ, en surpoids, obรจses ou souffrant dโobรฉsitรฉ morbide. En moyenne, les hommes et les femmes ayant un poids normal au cours de leur vingtaine peuvent respectivement sโattendre ร vivre encore 57 et 60 annรฉes supplรฉmentaires. En revanche, pour les personnes obรจses dรจs cet รขge-lร , l’espรฉrance de vie diminue de six ans chez les femmes et de huit ans chez les hommes. Enfin, les personnes sรฉvรจrement obรจses durant leur vingtaine pourraient quant ร elles perdre jusqu’ร huit ans de vie chez les femmes et dix ans chez les hommes [82].
Lors de la phase initiale dโamaigrissement
ย ย ย ย ย LโAP, comparรฉe ร la rรฉduction des apports alimentaires, a un impact modeste sur la perte de poids observรฉe chez les sujets en surpoids ou obรจses. Et lโimpact de lโAP sur la perte de poids diminue lorsque les apports รฉnergรฉtiques sont rรฉduits ร des niveaux infรฉrieurs ou รฉquivalents au mรฉtabolisme au repos. Lors dโun rรฉgime hypocalorique bien รฉquilibrรฉ, induisant une perte de poids rรฉguliรจre, la perte de poids totale sur 6 mois correspond en moyenne2 ร 70 % de masse grasse et 30 % de masse musculaire. Lโadjonction dโune AP rรฉguliรจre au rรฉgime hypocalorique nโa pas dโeffet significatif sur la perte de poids totale, mais limite la perte de masse musculaire associรฉe, qui peut รชtre rรฉduite ร 10 % du poids total avec une AP dโendurance. Ainsi, lors de la phase dโamaigrissement, cโest la combinaison dโune rรฉduction modรฉrรฉe dโapports รฉnergรฉtiques et dโun niveau adรฉquat dโAP qui permet de maximiser la perte de poids, et surtout de limiter la perte de masse musculaire associรฉe. Pour cela il est conseillรฉ dโassocier des AP en endurance, mais aussi des AP en renforcement musculaire (bien que les donnรฉes manquent sur ce sujet). LโAP permet une rรฉduction de la graisse abdominale, et donc du tour de taille.
Facteurs socio-รฉconomiques
ย ย ย ย La grande majoritรฉ des รฉtudes indique que le taux dโobรฉsitรฉ varie selon le statut socio-รฉconomique des individus, รฉvaluรฉ soit par le niveau dโรฉducation, la profession, ou les revenus, soit encore par une combinaison de ces indicateurs. La premiรจre revue de littรฉrature portant sur cette relation a รฉtรฉ rรฉalisรฉe par Sobal et Stunkard en 1989. Cette รฉtude montre que si le statut socio-รฉconomique est nรฉgativement corrรฉlรฉ ร lโobรฉsitรฉ dans les pays occidentaux, cette corrรฉlation nโest en rรฉalitรฉ significative que pour les femmes. Depuis, ces conclusions ont largement รฉtรฉ confirmรฉes par les รฉtudes รฉpidรฉmiologiques [107]. En France, Rolland-Cachera et Bellisle avaient mis en รฉvidence, dรจs 1986, que les enfants des classes sociales populaires รฉtaient plus souvent obรจses que ceux des classes plus riches. Concernant les personnes รขgรฉes, Kaplan et al. (2003) ont montrรฉ quโau Canada, le niveau dโรฉducation comme indicateur de statut socio-รฉconomique est significativement, et nรฉgativement, associรฉ ร ย lโobรฉsitรฉ chez les femmes, mais pas chez les hommes. Les interprรฉtations fournies par la majoritรฉ des รฉpidรฉmiologistes quant ร ce rรฉsultat se focalisent sur les diffรฉrences entre classes sociales concernant le type dโalimentation, la pratique de lโexercice physique et la connaissance des risques liรฉs ร lโobรฉsitรฉ [120]. Ainsi, les individus des classes sociales plus populaires auraient une alimentation moins รฉquilibrรฉe, feraient moins dโexercice physique et connaรฎtraient moins bien les risques liรฉs au poids que les individus des classes plus aisรฉes. Nous conviendrons que ces interprรฉtations, si elles permettent de comprendre la relation entre obรฉsitรฉ et statut socio รฉconomique, รฉchouent dans lโexplication de la diffรฉrence observรฉe entre les genres. Pour lโexpliquer, certains รฉpidรฉmiologistes รฉvoquent alors la plus grande importance accordรฉe par les femmes ร la santรฉ ou les normes sociales : lโhomme se devant dโavoir un bon appรฉtit et les femmes de le contrรดler [109].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. DEFINITION ET ETYMOLOGIE
1. Etymologie
2. Dรฉfinition
II. CLASSIFICATION DE LโOBESITE
1. Selon lโIMC
1. 1. Obรฉsitรฉ modรฉrรฉe
1. 2. Obรฉsitรฉ sรฉvรจre
1. 3. Obรฉsitรฉ morbide ou massive
2. Selon la rรฉpartition de la masse grasse
2. 1. Obรฉsitรฉ androรฏde
2. 2. Obรฉsitรฉ gynoรฏde
III. EPIDEMIOLOGIE DE LโOBESITE
1. Au niveau mondial
2. En Afrique
3. Obรฉsitรฉ au Sรฉnรฉgal
IV. PHYSIOPATHOLOGIE DE LโOBESITE
1. Rรฉgulation par des mรฉdiateurs de lโinflammation
2. Rรฉgulation intestinale et thรฉorie microbienne
3. Rรฉgulation par la leptine
4. Rรฉgulation par les lipides
5. Rรฉgulation รฉnergรฉtique
V. ETIOPATHOGENIE DE LโOBESITE
1. Processus obรฉsogรจnes
2. Surconsommation et malnutrition
3. La sรฉdentaritรฉ
4. Climatisation artificielle
5. Perturbations du sommeil
6. In utero
7. Facteurs environnementaux
8. Perturbateurs endocriniens
9. Environnement pharmaceutique
10. Facteurs hรฉrรฉditaires
10. 1. Apprรฉciation de l’hรฉritabilitรฉ
10. 2. รtudes de jumeaux et d’adoptรฉs
10. 3. Carte gรฉnรฉtique actuelle de l’obรฉsitรฉ
11. Autres causes
11. 1. Tabac et obรฉsitรฉ
11. 2. Une pratique sportive insuffisante ou inexistante
VI. DIAGNOSTIC DE LโOBESITE
1. Donnรฉes cliniques
2. รvaluation du sujet obรจse
2. 1. Interrogatoires
2. 2. Examen physique
2. 3. Examens complรฉmentaires
VII. COMPLICATIONS
1. Complications cardiovasculaires
2. Complications pulmonaires
3. Complications endocriniennes et mรฉtaboliques
3. 1. Le diabรจte
3. 2. Troubles des lipides sanguins
3. 3. Dโautres consรฉquences mรฉtaboliques et endocrines
3. 4. Complications liรฉes ร lโanesthรฉsie
3. 5. Autres complications
4. Obรฉsitรฉ et espรฉrance de vie
VIII. PREVENTION DE LโOBESITE
IX. TRAITEMENTS
1. Rรฉgimes amaigrissants
2. Activitรฉ physique
3. Mรฉdicamenteux
4. Chirurgie bariatrique
4. 1. Indication
4. 2. Types dโinterventions
4. 3. Rรฉsultats
4. 4. Complications
X. FACTEURS DE RISQUES
1. Les facteurs socio-demographiques et culturels
1. 1. Obรฉsitรฉ et รขge
1. 2. Obรฉsitรฉ et genre
1. 3. Obรฉsitรฉ et statut martial
2. Facteurs socio-รฉconomiques
XI. MALADIES ASSOCIEES
1. Le diabรจte
1. 1. Dรฉfinition et prรฉvalence
1. 2 Relation entre obรฉsitรฉ/surpoids et diabรจte
1. 3. Complications sur la santรฉ
1. 4. Prรฉvention
2. Hypertension artรฉrielle
2. 1. Dรฉfinition et prรฉvalence
2. 2. Relation entre obรฉsitรฉ/surpoids et lโhypertension
2. 3. Complication sur la santรฉ
2. 4. Prรฉvention
DEUXIEME PARTIE
I. OBJECTIFS
1. Objectif gรฉnรฉral
2. Objectifs spรฉcifiques
II. PATIENTS ET METHODES
1. Cadre dโรฉtude
2. Type Dโรฉtude
3. Population dโรฉtude
4. Critรจres dโinclusion
5. Critรจres de non inclusion
6. Procรฉdure de collecte des donnรฉes
7. Variables de lโรฉtude
8. Dรฉfinition opรฉrationnelle des donnรฉes
9. Saisie et analyse des donnรฉes
III. RESULTATS
1. Rรฉsultats globaux
1. 1. Population gรฉnรฉrale
1. 1. 1. Lโรขge
1. 1. 2. Sexe
1. 1. 3. Lieu de provenance
1. 1. 4. Situation matrimoniale
1. 1. 5. La profession
1. 2. Etude de la population obรจse
1. 2. 1. Aspects รฉpidรฉmiologiques
1. 2. 1. 1. Prรฉvalence
1. 2. 1. 2. Age
1. 2. 1. 3. Sexe
1. 2. 1. 4. Situation matrimoniale
1. 2. 1. 5. Profession
1 .2. 2. Aspects de lโobรฉsitรฉ
1. 3. Etude des facteurs de risque cardiovasculaire
1. 3. 1. Age
1. 3. 2. Equilibre du diabรจte
1. 3. 2. 1. Glycรฉmie ร jeun supรฉrieure 1,26 g/l
1. 3. 2. 2. Glycรฉmie post prandiale supรฉrieure 2g/l
1. 3. 3. Etude de lโhypertension artรฉrielle (HTA)
1. 3. 4. Dyslipidรฉmie
1. 3. 5. Tabac
1. 3. 6. Alcool
1. 3. 7. Malaise
1. 3. 8. Le nombre de facteur de risque cardiovasculaires
2. Rรฉsultats analytiques
2. 1. Distribution de lโobรฉsitรฉ en fonction de lโhospitalisation
2. 2. Distribution de lโobรฉsitรฉ en fonction pรฉrimรจtre abdominal
2. 3. Distribution de lโobรฉsitรฉ en fonction de la pression artรฉrielle
2. 4. Distribution de lโobรฉsitรฉ en fonction de la glycรฉmie ร jeun
2. 5. Distribution de lโobรฉsitรฉ en fonction de la dyslipidรฉmie
2. 6. Distribution de lโobรฉsitรฉ en fonction du nombre de facteur de risque
2. 7. Distribution de lโIMC en fonction du genre
2. 8. Distribution de FDR en fonction du genre
2. 9. Distribution de la glycรฉmie post prandial supรฉrieur ร 2 en fonction du genre
2. 10. Distribution du pouls supรฉrieur ร 100 et infรฉrieur ร 50 en fonction du genre
2. 11. Les facteurs de risques cardiovasculaires et les facteurs environnementaux en fonction du genre
2. 12. Distribution de la situation matrimoniale en fonction du genre
IV. DISCUSSION
1. Mรฉthodologie
2. Aspects รฉpidรฉmiologiques
2. 1. Prรฉvalence
2. 2. Age
2. 3. Sexe
2. 4. Lieu de provenance
2. 5. Profession
3. Etude des facteurs de risques cardiovasculaires
3. 1. HTA
3. 2. Equilibre du diabรจte
3. 2. 1. Glycรฉmie ร jeun supรฉrieure 1,26
3. 2. 2. Glycรฉmie post prandiale supรฉrieure 2
3. 3. Tabac
3. 4. Alcoolisme
3. 5. Dyslipidรฉmie
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE
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