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ACTIVATION ET SIGNALISATION DES CRYPTOCHROMES
Les mรฉcanismes dโactivation et de signalisation des cryptochromes ont de grandes similaritรฉs mais รฉgalement de nombreuses spรฉcificitรฉs entre espรจces comme nous allons le voir.
Activation du photocycle et rรฉduction de la flavine
Photorรฉduction de la flavine
Le chromophore principal des cryptochromes pour lโactivation el la signalisation, la flavine adรฉnine dinuclรฉotide, est un transporteur de deux รฉlectrons au maximum que lโon peut retrouver dans trois รฉtats redox diffรฉrents : รฉtat oxydรฉ (FAD), รฉtat semi rรฉduit (sous forme anionique FADโข- ou neutre FADHโข) ou รฉtat totalement rรฉduit (anionique FADH- ou neutre FADH2) (Figure 17). Parmi ces diffรฉrentes formes, seules les flavines oxydรฉes et semi-rรฉduites sous forme anionique absorbent une quantitรฉ significative de lumiรจre (400โ500nm). De plus, le spectre dโaction du cryptochrome concernant lโinhibition de lโรฉlongation de lโhypocotyle correspond au spectre dโabsorption de la flavine sous forme oxydรฉe (Ahmad et al, 2002). Ces rรฉsultats sont cohรฉrents avec le fait que la FAD oxydรฉe soit le photopigment actif in vivo pour les cryptochromes. Il a รฉgalement รฉtรฉ proposรฉ que la flavine oxydรฉe puisse correspondre ร lโรฉtat fondamental chez les cryptochromes dโArabidopsis du fait de leur capacitรฉ dโabsorption. Lorsque CRY1 du gรจne Atcry1 est exprimรฉ en cellules dโinsecte pour ensuite รชtre purifiรฉ, la flavine est retrouvรฉe sous forme oxydรฉe (Lin et al, 1995). Sous illumination en lumiรจre bleue, la flavine de CRY1 purifiรฉ peut รชtre converti sous forme neutre semi rรฉduite FADHโข.
Cette nouvelle forme a la caractรฉristique de pouvoir absorber la lumiรจre verte. Puis, si lโon prolonge lโillumination on obtient la forme totalement rรฉduite FADH- ou FADH2 qui reste capable dโabsorber quelques longueurs dโonde du domaine visible.
De faรงon similaire ร CRY1, CRY2 contient รฉgalement une flavine sous forme oxydรฉe qui peut รชtre rรฉduite par lโabsorption de lumiรจre bleue comme lโont montrรฉ des expรฉriences utilisant la rรฉsonance paramagnรฉtique รฉlectronique sur des protรฉines in vitro (Banerjee et al, 2007). Lโaddition de lumiรจre verte, en plus de la lumiรจre bleue, supprime certains effets induits par le cryptochrome comme lโinhibition de lโรฉlongation de lโhypocotyle ou lโaccumulation dโanthocyanines pour CRY1 mais aussi le dรฉclenchement de la floraison pendant les jours courts pour CRY2 ainsi que sa dรฉgradation dรฉpendante de la lumiรจre bleue (Bouly et al, 2007, Banerjee et al, 2007). Lโeffet antagoniste entre lumiรจre bleue et lumiรจre verte a donnรฉ lieu ร lโรฉtablissement dโun nouveau modรจle (Figure 18) permettant dโexpliquer le cycle de photorรฉduction de la flavine.
Rรดle du changement conformationnel pour la liaison aux partenaires
Chez Arabidopsis, les domaines C-terminaux soumis ร un changement conformationnel ont une longueur de 180 et 110 acides aminรฉs respectivement chez CRY1 et CRY2. En lโabsence du domaine PHR, qui permet la photorรฉception, la partie C-terminale est constitutivement active, elle est capable dโintรฉragit avec les partenaires protรฉiques et permet de remplir en permanence les fonctions des cryptochromes en lโabsence de lumiรจre (Yang et al, 2000 ; Yu et al, 2007). Un motif de 80 acides aminรฉs appelรฉ NC80, faisant partie du domaine C-terminal, est dรฉ-rรฉprimรฉ aprรจs un changement conformationnel induit par la lumiรจre bleue (Yang et al, 2016). Des รฉtudes utilisant un laser pulsรฉ sur la protรฉine CRY1 ont confirmรฉ quโun changement conformationnel avait bien lieu mais que celui-ci disparaissait avec une protรฉine CRY1 tronquรฉe de son domaine C-terminal (Kondoh et al, 2011). Selon certains modรจles, la libรฉration de ce motif, qui reste emprisonnรฉ ร lโobscuritรฉ pourrait รชtre due ร la phosphorylation ayant lieu dans la partie C-terminale. Celle-ci est directement corrรฉlรฉe ร lโintensitรฉ et ร la durรฉe dโexposition ร la lumiรจre (Shalitin et al, 2003) et pourrait รชtre lโรฉlรฉment dรฉclencheur du changement conformationnel. La surface protรฉique de CRY1 au niveau du domaine PHR est principalement nรฉgative (Brautigam et al, 2004), il pourrait donc se produire une rรฉpulsion รฉlectrostatique avec les charges nรฉgatives des groupements phosphate. Cependant, le changement conformationnel dรฉtectรฉ pour CRY1 dโA. thaliana survient en quelques millisecondes (Kondoh et al, 2011), ce qui est probablement beaucoup trop rapide pour que la phosphorylation ait lieu avant. De plus, la zone masquรฉe avant le changement de conformation pourrait รชtre nรฉcessaire ร la fixation des kinases. Ce changement conformationnel serait ร lโorigine de la libรฉration du motif NC80 qui correspond ร une rรฉgion terminale permettant la signalisation par la liaison aux partenaires. Ce mรฉcanisme dโactivation a รฉgalement รฉtรฉ identifiรฉ chez CRY2 et pourrait expliquer en partie la rรฉgulation de la floraison par CRY2 (Yu et al, 2007).
Malheureusement aucune information nโa รฉtรฉ obtenue sur la structure 3D du domaine C-terminal car celui-ci semble trรจs difficile ร analyser par cristallographie ou toute autre mรฉthode du fait que sa structure semble trรจs irrรฉguliรจre. De plus sa structure est trรจs difficile ร prรฉdire in silico. Ceci implique que les modรจles de repliement de la partie C-terminale ne sont que thรฉoriques et donc ร prendre avec beaucoup de prรฉcaution (Figure 22). Rรฉcemment des รฉtudes par dichroรฏsme circulaire ont suggรฉrรฉ quโune portion de 50 acides aminรฉs, adjacents ร la cavitรฉ de la flavine, รฉtaient dโune grande importance pour le dรฉploiement de la partie C-terminale en rรฉponse ร la lumiรจre. Ce rรฉsultat indiquerait un lien potentiel de cause ร effet entre rรฉduction de la FAD, restructuration des acides aminรฉs environnants dont lโaspartate 396 et la libรฉration de la partie C-terminale (El-Esawi et al, 2015).
Bien quโil subsiste une incohรฉrence quant au site exact de lโinteraction des cryptochromes avec leurs partenaires, il existe un consensus selon lequel la majoritรฉ dโentre eux se fixent au niveau du N-terminal et que la lumiรจre bleue soit le dรฉclencheur de ce mรฉcanisme par lโinduction de la photorรฉduction et du changement conformationnel en C-terminal (Kondoh et al, 2011 ; Partch et al, 2005).
Chez la drosophile, DmCRY contient lui aussi une queue C-terminale (CTT) en forme dโhรฉlice qui se situe ร la surface de la protรฉine prรจs de la cavitรฉ contenant la flavine. Elle est tout aussi essentielle pour la signalisation que chez les plantes (Vaidya et al, 2013). In vivo, DmCRY est moins stable ร la lumiรจre quโร lโobscuritรฉ et lโest encore moins si on lui retire la CTT (Busza et al, 2004 ; Rosato et al, 2001), celle-ci permettrait donc une bonne stabilitรฉ dans cette rรฉgion. La structure tridimensionnelle de la protรฉine DmCRY est aujourdโhui entiรจrement connue (Figure 21), et on peut remarquer que la CTT est sรฉquestrรฉe par plusieurs structures autour dโelle regroupant diffรฉrents rรฉsidus comme le ยซย C-terminal lidย ยป, le ยซย protrusion motifย ยป ou la ยซย phosphate binding loopย ยป. Les diffรฉrences structurelles entre DmCRY et les photolyases montrent que la reconnaissance de la CTT se fait ร la place de lโADN. Mรฉcaniquement, lors de sa photorรฉduction, la flavine subit une distorsion, ce qui influe directement sur les rรฉsidus voisins dont certains sont directement en contact avec lโhรฉlice de la CTT (Zoltowski et al, 2011). Dans une รฉtude plus rรฉcente, la photorรฉduction a รฉtรฉ directement reliรฉe ร la protonation dโune histidine dans lโenvironnement de la CTT. Cette protonation dรฉclenche une altรฉration des liaisons hydrogรจne environnantes qui induisent lโรฉjection de la CTT de sa cavitรฉ et ce de faรงon trรจs rapide, de lโordre de 25ns (Ganguly et al, 2016). Le temps pendant lequel la protรฉine sera active est quant ร lui beaucoup plus long, de lโordre de quelques minutes. Ces รฉtudes permettent dโexpliquer le lien qui existe entre la photorรฉduction, le changement conformationnel et la signalisation avec les partenaires comme TIM. En effet, lorsque la CTT est relรขchรฉe de sa cavitรฉ en prรฉsence de lumiรจre bleue elle se retrouve davantage exposรฉe ร la protรฉolyse, cela concorde avec le fait que DmCRY interagit avec jetlag, une ubiquitine ligase qui induit lโubiquitination de TIM et DmCRY (Koh et al, 2006 ; Peschel et al, 2009). Toutefois, certaines รฉtudes affirment que DmCRY est polyubiquitinรฉ par un complexe dโubiquitination, et cela notamment grรขce ร la protรฉine BRWD3, car lorsque celle-ci est inactive, la dรฉgradation de DmCRY est fortement rรฉduite (Ozturk et al, 2013). Cette CTT pourrait donc รชtre fortement impliquรฉe dans la liaison aux partenaires. Une รฉtude rรฉcente montre que les modifications globales dans la structure de DmCRY sont parfaitement modรฉlisables par le repositionnement de la CTT en dehors de sa cavitรฉ et que la rรฉgion de DmCRY qui se fixe ร la protรฉine TIM ressemble ร la CTT (Vaidya et al, 2013). Chez dโautres animaux comme le poulet, des changements structurels notamment du cryptochrome 4 ont รฉgalement รฉtรฉ identifiรฉs, et cela en rรฉponse ร la lumiรจre (Watari et al, 2012), ce qui laisse penser que ce mรฉcanisme est hautement conservรฉ dans lโรฉvolution.
Chez les mammifรจres, des mรฉcanismes similaires ont lieu, cependant la lumiรจre nโest pas indispensable ร ce phรฉnomรจne. Chez la souris on retrouve รฉgalement une queue C-terminale dโune centaine dโacides aminรฉs pour mCRY1 et mCRY2. Elle est nรฉcessaire pour la rรฉpression de BMAL1/CLOCK car la dรฉlรฉtion complรจte de la partie C-terminale inhibe lโactivitรฉ du cryptochrome et rend impossible lโinactivation de BMAL1/CLOCK par CRY/PER2 (Chaves et al, 2006 ; Tamanini et al, 2007). La CTT est associรฉe ร une hรฉlice alpha ร la fin du PHR pour former une structure qui permet la liaison directe avec la protรฉine de lโhorloge BMAL1 (Czarna et al, 2011). Il apparait que lโinteraction entre les cryptochromes et BMAL1 a lieu ร la fois au niveau de la queue C-terminale et au niveau dโune poche secondaire du domaine PHR (Rosenweig et al, 2018). Ces รฉtudes pourraient potentiellement รชtre intรฉressantes pour concevoir de nouvelles molรฉcules thรฉrapeutiques capables de rรฉguler lโhorloge circadienne.
Signalisation et liaison aux partenaires
Localisation cellulaire et stabilitรฉ
Lโimmense majoritรฉ des รฉtudes qui ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes chez les plantes et les animaux suggรจraient dรฉjร que l’action du cryptochrome avait lieu dans le noyau. Les principaux arguments en faveur de cette thรฉoriie venaient de leur proximitรฉ structurelle avec les photolyases qui se doivent dโรชtre liรฉes ร lโADN pour sa rรฉparation. Mais ce sont des analyses par fluorescence qui vont dโabord confirmer cette thรฉorie chez Arabidopsis. Elles ont confirmรฉ que CRY1 et CRY2 รฉtaient tous les deux localisรฉes ร la fois dans le cytoplasme et le noyau et que CRY2 est une protรฉine presque exclusivement nuclรฉaire qui de plus possรจde une sรฉquence NLS dans sa partie C-terminale (Guo et al, 1999). La partie C-terminale de CRY2 seule est mรชme suffisante pour cette localisation, et la prรฉsence ou non de lumiรจre ne semble pas affecter lโactivitรฉ de localisation de la sรฉquence NLS. Aucune NLS nโa รฉtรฉ retrouvรฉe chez CRY1, ce qui nโempรชche pas la protรฉine dโรชtre รฉgalement localisรฉe dans le noyau. Lโhomologue de CRY1 est รฉgalement retrouvรฉ dans le cytoplasme et le noyau des cellules chez dโautres plantes comme le riz ou la fougรจre (Matsumoto et al, 2003 ; Imaizumi et al, 2003). Cette prรฉsence de CRY1 dans le cytoplasme pourrait permettre certaines fonctions distinctes des protรฉines CRY1 localisรฉes dans le noyau (Wu & Spalding, 2007).
Concernant les cryptochromes de type I, nos รฉtudes, rรฉalisรฉes chez des cellules dโinsecte Sf21 surexprimant la protรฉine DmCRY, ont mis en รฉvidence une localisation de la protรฉine DmCRY dans le noyau en rรฉponse ร la lumiรจre bleue (Arthaut et al, 2017). Des rรฉsultats similaires avaient dรฉjร mis en รฉvidence un phรฉnomรจne de relocalisation de CRY2 dโA. thaliana en cellules Sf21 en rรฉponse ร la lumiรจre bleue (Jourdan et al, 2015). Une des explications ร ces phรฉnomรจnes pourrait รชtre que le changement conformationnel induit par la lumiรจre faciliterait lโaccessibilitรฉ de la sรฉquence NLS aux transporteurs nuclรฉaires.
En ce qui concerne les cryptochromes animaux de type II, il est maintenant clairement dรฉmontrรฉ quโils sโaccumulent dans le cytoplasme et se fixent aux protรฉines PER chez les mammifรจres. Ces complexes sont ensuite transloquรฉs dans le noyau. Au cours de plusieurs analyses molรฉculaires, une sรฉquence NLS a รฉtรฉ mise en รฉvidence aussi bien chez les protรฉines PER que chez les cryptochromes (Zhu et al, 2003 ; Hirayama et al, 2003). De plus le domaine PHR de mCRY1 possรจde deux sรฉquences NLS. Cependant la relocalisation nuclรฉaire tout comme lโactivitรฉ biologique de la protรฉine mCRY1 par liaison aux partenaires ne nรฉcessite pas la prรฉsence de ces sรฉquences NLS, la liaison seule avec PER2 est en effet suffisante (Tamanini et al, 2007). Rรฉcemment lโimportine nuclรฉaire KPNB1 a รฉtรฉ identifiรฉe comme essentielle ร la relocalisation nuclรฉaire de PER et CRY. La perte de cette protรฉine abolit la rythmicitรฉ des gรจnes de lโhorloge et le comportement cyclique jour/nuit (Lee et al, 2015). Les premiรจres รฉtudes sur les souris ont montrรฉ que mCRY1 รฉtait adressรฉ ร la mitochondrie mais peu prรฉsent ailleurs, alors que mCRY2 รฉtait principalement prรฉsent dans le noyau (Kobayashi et al, 1998).
La plupart des cryptochromes deviennent instables ร la lumiรจre, leur demi-vie dโactivation oscille entre 1 ร deux minutes chez les plantes ร 5 minutes chez la drosophile (Arthaut et al, 2017). Chez Arabidopsis, CRY2 subit une dรฉgradation par le protรฉasome 26S alors que CRY1 est stable (Lin et al, 1998 ; Yu et al, 2009). Chez les cryptochromes de mammifรจres, une dรฉgradation dรฉpendante de la lumiรจre a รฉtรฉ dรฉtectรฉe pour hCRY1 exprimรฉ chez la drosophile (Hoang et al, 2008), de maniรจre similaire ร ce qui a รฉtรฉ observรฉ pour les complexes COP1 / CRY2 et jetlag / CRY.
Liaison ร lโATP et phosphorylation
Bien quโaucune interaction directe entre les cryptochromes et lโADN nโait รฉtรฉ dรฉtectรฉe jusquโร ce jour, il apparait que la molรฉcule dโATP est capable de se fixer au niveau de la poche contenant la flavine et dโinduire une autophosphorylation dรฉpendante de la lumiรจre bleue. Cette observation a รฉtรฉ faite in vivo et in vitro chez des plantules dโArabidopsis aussi bien pour CRY1 que pour CRY2 (Shalitin et al, 2002 ; Shalitin et al, 2003) (Figure 22A). Aucun autre substrat que le domaine N-terminal nโa รฉtรฉ identifiรฉ pour lโactivitรฉ kinase du cryptochrome. De plus aucun rรดle physiologique nโa clairement รฉtรฉ attribuรฉ ร cette autophosphorylation. Nรฉanmoins, il semblerait quโelle permette une stabilisation de la flavine sous sa forme semi rรฉduite FADHโข (Burney et al, 2009). La forme semi rรฉduite de la flavine permettant au cryptochrome dโavoir une activitรฉ biologique, cette autophosphorylation pourrait jouer un rรดle significatif dans la stabilisation de la conformation active du cryptochrome. La disponibilitรฉ en ATP dans la cellule pourrait donc moduler lโactivitรฉ des cryptochromes. En accord avec cette hypothรจse, notre รฉquipe a mis en รฉvidence que lโATP permettait une voie alternative de transfert dโรฉlectrons pour la photorรฉduction (El-Esawi et al, 2015). La liaison ร la poche de la flavine pourrait augmenter la flexibilitรฉ de certains rรฉsidus et/ou permettre un meilleur alignement des rรฉsidus, crรฉant des opportunitรฉs pour le transfert des รฉlectrons (Engelhard et al, 2014).
La phosphorylation de CRY1 pourrait รชtre rรฉalisรฉe par deux mรฉcanismes, une autophosphorylation qui a รฉtรฉ observรฉe in vitro au niveau N-terminal, et une phosphorylation rรฉalisรฉe par des kinases vรฉgรฉtales dans la rรฉgion C-terminale et observable uniquement in vivo (Chaves et al, 2011). Seules quelques unes de ces kinases ont รฉtรฉ identifiรฉes comme PPK123 et PPK124 (Liu et al, 2017). En revanche lโautophosphorylation nโest pas dรฉtectable pour CRY2 (Ozgur & Sancar, 2006) qui ne prรฉsente quโun seul type de phosphorylation rรฉalisรฉe en C-terminal par dโautres kinases vรฉgรฉtales comme CK1.3 et CK1.4 (Tan et al, 2013).
Les spectres dโabsorption montrent que lโajout dโATP permet dโaugmenter la proportion de flavine rรฉduite (Figure 21). Cette phosphorylation, que lโon observe ร la lumiรจre disparait peu ร peu ร lโobscuritรฉ et est absente chez les mutants inactifs pour CRY1 ou CRY2, suggรฉrant que lโactivitรฉ biologique du photorรฉcepteur est directement corrรฉlรฉe ร son รฉtat de phosphorylation, car en effet seul la forme active des cryptochromes est phosphorylable. On peut faire lโhypothรจse que la phosphorylation des cryptochromes stabilise leur forme active semi-rรฉduite. Toutefois, la phosphorylation lumiรจre bleue dรฉpendante de CRY2 dรฉclenche รฉgalement son ubiquitination et sa dรฉgradation (Liu et al, 2017). Cependant la phosphorylation des cryptochromes chez les vรฉgรฉtaux est plus complexe ร apprรฉhender car lโATP est capable de se fixer ร la protรฉine en obscuritรฉ tout en induisant un changement conformationnel. Il semblerait รฉgalement que plusieurs rรฉsidus soient phosphorylables parmi les sรฉrines, thrรฉonines et tyrosines du domaine N-terminal (Shalitin et al, 2003). Bien que la phosphorylation soit maintenant identifiรฉe comme influant sur lโactivitรฉ de CRY1 et de CRY2 (Liu et al, 2017), il est impossible de dire si elle est rรฉellement nรฉcessaire ร lโactivitรฉ biologique in vivo et si oui jusquโร quel point. En effet, en substituant les 13 sรฉrines phosphorylables en C-terminal pour CRY2, seuls des effets mineurs ont รฉtรฉ observรฉs au niveau biologique (Wang et al, 2015). Il reste nรฉanmoins ร dรฉterminer lโimplication de lโautophosphorylation en N-terminal dans lโactivitรฉ biologique de CRY1.
Concernant les cryptochromes de type I, les mรฉcanismes de phosphorylation sont peu connus. La phosphorylation dโune thrรฉonine pour DmCRY a รฉtรฉ nรฉanmoins dรฉtectรฉe par spectromรฉtrie de masse et cristallographie. Celle-ci pourrait jouer un rรดle dans le maintien de la conformation du domaine C-terminal (Zoltowski et al, 2011).
Chez les mammifรจres et plus particuliรจrement chez la souris, la phosphorylation du cryptochrome a รฉtรฉ largement รฉtudiรฉe, et semble mieux comprise que chez les plantes. Au moins cinq kinases diffรฉrentes se sont rรฉvรฉlรฉes รชtre impliquรฉes dans la phosphorylation du cryptochrome et ce de faรงon lumiรจre indรฉpendante (Sanada et al, 2004 ; Kurabayashi et al, 2010; Hirano et al, 2014 ; Liu
& Zhang, 2016). Ces kinases incluent ยซย lโadรฉnosine monophosphate-activated protein kinaseย ยป (AMPK), la ยซย glycogen synthase kinase 3ฮฒ ย ยป (GSK3ฮฒ), la ยซย DNA-dependent protein kinase (DNA-PK)ย ยป
ou encore la ยซย mitogen-activated protein kinaseย ยป (MAPK). Ces รฉtudes ont montrรฉ que la phosphorylation du cryptochrome le dรฉstabilise mais augmente son activitรฉ. Lorsque la phosphorylation est inhibรฉe des distorsions apparaissent concernant la pรฉriode circadienne.
Liaison ร des partenaires et transduction du signal
Chez les cryptochromes de type I, lโactivation par la lumiรจre permet la liaison ร diffรฉrents partenaires qui sont tous des composantes de lโhorloge circadienne ou bien des ubiquitines ligases qui vont entrainer la dรฉgradation du cryptochrome ou de ses partenaires protรฉiques . Chez A. thaliana les partenaires se liant au cryptochrome ainsi que la transduction du signal qui sโen suit sont aujourdโhui รฉtudiรฉs de maniรจre intensive. Il a รฉtรฉ mis en รฉvidence au niveau mรฉcanistique que CRY1 et CRY2 interagissaient tous les deux avec CIB1 et SPA1 (Liu et al, 2011) en rรฉponse ร une exposition ร la lumiรจre bleue. CRY1 et CRY2 sont de plus tous les deux capables de sโhomodimรฉriser; cette fonction se rรฉvรจlant รชtre essentielle pour leurs diffรฉrentes activitรฉs (Sang et al, 2005 ; Yang et al, 2016). Le domaine PHR serait responsable de la formation de ces dimรจres (Figure 23).
SPA1 (suppressor of PHYA-105 1) et ses protรฉines associรฉes SPA2 et SPA4 forment avec COP1 un complexe dโubiquitine ligase qui rรฉprime la photomorphogenรจse en inhibant notamment lโexpression du gรจne HY5, un facteur de transcription de type leucine zipper qui se fixe sur le promoteur de nombreux gรจnes rรฉgulรฉs par la lumiรจre (Osterlund et al. 2000; Lau & Deng 2012). A lโobscuritรฉ, le complexe COP1/SPA1 ubiquitine HY5, provoquant sa dรฉgradation. A la lumiรจre, ce complexe est inactivรฉ par lโintervention de CRY1 et CRY2 qui se fixent sur SPA1, ce qui permet lโaccumulation de HY5 dans le noyau (Liu et al, 2011 ; Zuo et al, 2011) ou de la protรฉine CO pour CRY2, qui induit lโexpression du gรจne FT (Turck et al, 2008). Le mรฉcanisme exact de ces interactions reste cependant ร รฉlucider. Les diffรฉrences dโaffinitรฉ entre CRY1 et CRY2 pour SPA1 pourraient expliquer leurs diffรฉrences en matiรจre dโactivitรฉ (Liu et al, 2015). Les phytochromes en plus de se lier aux cryptochromes (Ahmad et al, 1998) se lient aussi ร SPA1 en prรฉsence de lumiรจre rouge et permettent la dissociation de COP1 et SPA1 (Sheerin et al, 2015). Ces รฉtudes peuvent expliquer les convergences fonctionnelles entre cryptochromes et phytochromes sous des conditions lumineuses variรฉes.
CIB1 (cryptochrome-interacting basic-helix-loop-helix 1) est la premiรจre protรฉine chez les plantes qui a รฉtรฉ identifiรฉe comme se fixant sur CRY2 de faรงon lumiรจre dรฉpendante (Liu et al, 2008). Par son interaction avec CRY2, CIB1 rรฉgule positivement le dรฉclenchement de la floraison en se fixant รฉgalement sur la G-box (CACGTG) du promoteur du gรจne FT qui code pour un rรฉgulateur transcriptionnel qui va permettre, au niveau du mรฉristรจme, la transcription des gรจnes de lโidentitรฉ florale (Corbesier et al, 2006). Nรฉanmoins, il est possible que CIB1 se fixe ร plusieurs autres protรฉines bHLH (CIB3, CIB4, CIB5) in vivo car elle est capable de se fixer ร plusieurs box diffรฉrentes. A lโopposรฉ aucun lien nโa pu รชtre รฉtabli entre CRY1 et CIB1.
Selon le modรจle principal dโactivation du cryptochrome, la rรฉgion N-terminale subit une photorรฉduction qui est convertie en changement conformationnel dans la partie C-terminale, permettant la signalisation. En accord avec ce modรจle, la partie C-terminale de CRY1 se fixe sur COP1 (Yang et al, 2001), de plus CRY1 interagit avec SPA1 par son domaine C-terminal (Lian et al, 2011). En revanche, le site de liaison de CRY2 ร SPA1 ou CIB1 ne se situe pas dans la partie C-terminale de CRY2 mais dans son domaine PHR (Liu et al, 2008 ; Zuo et al, 2011). Le domaine PHR est donc dโune grande importance pour la signalisation. En appui ร ces observations, une รฉtude a rรฉcemment montrรฉ que le PHR de CRY1 fusionnรฉ ร une sรฉquence NLS est capable dโinduire seul, une inhibition de lโรฉlongation de lโhypocotyle. Cette inhibition se produit donc indรฉpendament de toute fixation sur COP1; indiquant par lร un rรดle indรฉpendant de la signalisation COP1. De plus 34% des gรจnes rรฉgulรฉs par CRY1 sont mรชme rรฉgulรฉs par PHRCRY1-NLS (He et al, 2015 ; Liu et al, 2016). La rรฉgulation des gรจnes par le PHR de CRY1 fonctionne de faรงon antagoniste aux phytohormones comme lโauxine ou les gibbรฉrellines, signifiant peut-รชtre un rรดle du PHR dans les voies de signalisation rรฉgulรฉes par ces hormones.
Rรฉcemment, PIF3 et PIF4, deux facteurs de transcription de type bHLH (comme CIB1), ont รฉtรฉ reconnus comme se fixant ร CRY1 et CRY2 dans le noyau. Les cryptochromes rรฉgulent directement lโactivitรฉ de ces deux facteurs de transcription, dรฉjร connus comme interagissant avec les phytochromes. PIF3 et PIF4 rรฉgulent la croissance induite par la lumiรจre bleue, la lumiรจre rouge et la tempรฉrature par leur fixation sur les sรฉquences promotrices E-box (Pedmale et al, 2016). Il est probable que dโautres facteurs de transcription se fixent sur CRY1 et CRY2, ceux-ci restent ร identifier.
NOUVEAUX ROLES DES CRYPTOCHROMES EN LIEN AVEC NOS TRAVAUX
Nos diffรฉrents travaux se sont focalisรฉs sur deux nouveaux champs dโรฉtude des cryptochromes :
– Leur lien avec les ROS, car il est maintenant de plus en plus acceptรฉ que les cryptochromes, par leur photocycle, sont capables dโinduire la synthรจse de certains ROS ; et par consรฉquent de permettre potentiellement une rรฉgulation dโun certain nombre de paramรจtres physiologiques, morphologiques ou comportementaux modulรฉs par la prรฉsence de ces espรจces rรฉactives de lโoxygรจne (Consentino et al, 2015).
– Leur rรดle dans la magnรฉtoreception. En effet il a รฉtรฉ depuis longtemps suggรฉrรฉ que les cryptochromes pouvaient jouer le rรดle de magnรฉtorรฉcepteur sur la base des observations dโoiseaux migrateurs qui utilisent une boussole magnรฉtique nรฉcessitant de courtes longueurs dโonde lumineuses pour pouvoir sโorienter (Ritz et al, 2000).
Les mรฉcanismes molรฉculaires sous-jacents, les fonctions cellulaires rรฉgulรฉes par ces deux composantes ainsi que leur lien รฉtroit avec les cryptochromes sont dรฉcrits, ci-dessous, de faรงon dรฉtaillรฉe.
Rรดle des cryptochromes dans le stress oxydatif
Gรฉnรฉralitรฉs sur les ROS chez les vรฉgรฉtaux et les animaux
Chez les plantes, les ROS ont de multiples fonctions dans lโacclimatation, la germination, le dรฉveloppement et la signalisation de maniรจre gรฉnรฉrale. Les ROS en tant quโoxydants des protรฉines altรจrent leur fonctionnement, et en tant quโoxydant des lipides ils permettent le relargage de composรฉs actifs dans la signalisation (Dietz et al, 2016). Cependant les mรฉcanismes sous-jacents ร leur homรฉostasie sont encore mal connus du fait de leur haute rรฉactivitรฉ, des difficultรฉs ร les dรฉtecter spรฉcifiquement ou de leur implication dans un trรจs grand nombre de processus biologiques.
Homรฉostasie et rรฉgulation dans la cellule
De maniรจre gรฉnรฉrale, les conditions environnementales comme la lumiรจre, la tempรฉrature, la limitation des ressources en eau et en minรฉraux ou bien les attaques dโinsectes ou de pathogรจnes sont par les ROS. Ils sont situรฉs dans de nombreux compartiments cellulaires, et mรชme dans lโenvironnement extracellulaire. Leur localisation spatiale et temporelle associรฉe ร leur spรฉcificitรฉ de rรฉaction leur confรจre des signalisations spรฉcifiques dans la cellule.
Certains de leurs rรดles prennent place dans les chloroplastes, la mitochondrie, les peroxysomes qui sont de puissants gรฉnรฉrateurs de ROS et autres signaux redox lors de processus tels que la photosynthรจse, la photorespiration ou la respiration. Les peroxysomes sont considรฉrรฉs comme une importante source de molรฉcules signaux et ont la capacitรฉ de produire ou piรฉger de grandes quantitรฉs de ROS. Certains de ces organites, qui produisent de lโATP, par un systรจme de transfert dโรฉlectron et dans un environnement riche en oxygรจne, vont conduire ร la formation des principaux ROS : 1O2, O2โขโ ou H2O2. Lโoxygรจne singulet 1O2 est un รฉtat excitรฉ trรจs rรฉactif du dioxygรจne O2 qui peut รชtre formรฉ lors de la rรฉaction entre lโO2 et la chlorophylle dans son รฉtat triplet (Krieger-Liszkay A, 2005). Une autre source de sa production peut venir des mรฉcanismes de dรฉfense contre les pathogรจnes. Durant ce processus, la plante produit des phytoalexines qui vont ร leur tour gรฉnรฉrer du 1O2 (Flors & Nonell, 2006). Contrairement ร O2โขโ et H2O2, la formation dโoxygรจne singulet ne rรฉsulte pas dโun transfert dโรฉlectron ร lโoxygรจne, en revanche un des รฉlectrons est dรฉlocalisรฉ dans une orbitale de plus haute รฉnergie. Sa demi-vie trรจs courte dans la cellule est dโenviron 200ns (Gorman & Rogers, 1992). Le superoxyde est gรฉnรฉrรฉ dans diffรฉrents compartiments ainsi que dans lโapoplasme ou la membrane plasmique, sa source principale de production rรฉsulte de la rรฉduction du dioxygรจne par un รฉlectron issu de la photosynthรจse. Il est รฉgalement produit par certaines oxydases comme les NADPH oxydase (NOX) ou les Respiratory Burst Oxidase Homologs (RBOH) (Jajic et al, 2015), sa demi-vie dans la cellule est de quelques microsecondes (Dat et al, 2000). Le peroxyde dโhydrogรจne est produit de deux maniรจres : soit ร partir du superoxyde soit ร partir dโoxydases comme lโoxalate oxydase (Hu et al, 2003), sa demi-vie in vivo est plus longue, environ 1ms (Quan et al, 2008).
Ces ROS ont une incidence au niveau de lโexpression gรฉnรฉtique des gรฉnomes mitochondriaux, chloroplastiques et nuclรฉaire (Kleine & Leister, 2016). Il reste toutefois ร comprendre comment ces signaux passent dโun organite ร un autre. Les membranes notamment, jouent le rรดle de barriรจres ou de ponts pour rรฉguler le transport des protรฉines ou mรฉtabolites mais รฉgalement les รฉchanges redox. Les antioxydants aussi peuvent รชtre รฉchangรฉs entre compartiments et ils rรฉgulent lโaccumulation des ROS, permettant le maintien de certaines fonctions mรฉtabolique comme lโassimilation de lโazote ou du carbone. Les organelles eux-mรชmes ont une plasticitรฉ morphologique et peuvent dรฉvelopper des extensions comme les stromules, les peroxules ou les matrixules par lesquels des molรฉcules signal comme les ROS peuvent circuler et jouent un rรดle crucial dans la communication entre organelles (Noctor & Foyer, 2016). Lโapoplasme permettrait รฉgalement le stockage des ROS et leur transport entre des cellules potentiellement รฉloignรฉes (Parsons & Fry, 2012). Des avancรฉes significatives ont eu lieu ces derniรจres annรฉes ร propos de lโinterconnexion entre les organelles qui rรฉgulent lโรฉtat redox de la cellule (Dietz et al, 2016).
Certaines enzymes permettent aussi la dรฉtoxification des ROS comme les ascorbate peroxydases (APX) ou les 2-Cys peroxyredoxines qui sont en premiรจre ligne pour รฉliminer le H2O2 des chloroplastes, certaines peroxyredoxines se trouvent รฉgalement dans les mitochondries ou les peroxysomes (Awad et al, 2015). Les catalases se situent principalement dans les peroxysomes (Mhamdi et al, 2012) et permettent la conversion de H2O2 en H2O. Les superoxydes dismutases sont spรฉcialisรฉes dans la dรฉtoxification de lโion superoxyde en catalysant la rรฉduction ou lโoxydation dโO2โขโ en H2O2 ou O2. Ce sont elles qui dรฉterminent la demi-vie du superoxyde. Le superoxyde peut aussi rรฉagir avec lโoxyde nitrique โขNO pour former le peroxynitrite ONOOโ, une espรจce rรฉactive de lโazote qui comme les ROS peut endommager lโADN et les protรฉines. Les substrats nรฉcessaires ร ces peroxydases pour cette dรฉtoxification dans les chloroplastes sont les ferrรฉdoxines, thiorรฉdoxines, le NADPH, le glutathion ou lโascorbate (Foyer & Noctor, 2016). Ces agents antioxydants permettent le contrรดle de lโรฉtat redox dans les cellules et lorsque leur capacitรฉ antioxydante est dรฉpassรฉe par la quantitรฉ de ROS prรฉsente, des dommages aux lipides, aux protรฉines et ร lโADN commencent ร apparaรฎtre.
Ils pourraient mรชme jouer un rรดle dโintermรฉdiaire dans la signalisation par les ROS (Han et al, 2013), mais la redondance fonctionnelle de certaines enzymes est peut รชtre une des raisons pour lesquelles il est si difficile dโรฉtudier sรฉparรฉment les voies rรฉgulรฉes par les ROS. Notre connaissance des mouvements intracellulaire de ces molรฉcules signal reste trรจs incomplรจte. Certains transporteurs membranaires ont รฉtรฉ identifiรฉs pour lโascorbate (Miyaji et al, 2015) mais la plupart sont inconnus pour les autres molรฉcules signal. Certains systรจmes chez les mitochondries et les chloroplastes utilisent des navettes ร travers la double membrane pour rรฉaliser un transport indirect ร partir du NAD(P) vers le malate et lโoxaloacรฉtate (Kinoshita et al, 2011). Certains transporteurs dโeau comme les aquaporines sont รฉgalement capable de faire transiter, dโun organite ร lโautre, des molรฉcules signal dont le H2O2 (Bienert & Chaumont, 2014). Certains ROS comme le superoxyde ou lโoxygรจne singulet ont des durรฉes de vie trrรจs courtes, ce qui laisse supposer quโils seraient incapables de diffuser des chloroplastes ou des mitochondries jusque dans le noyau, et ne pourraient donc pas moduler lโactivitรฉ des protรฉines nuclรฉaires. H2O2 est bien plus stable et sa quantification donne des rรฉsultats bien plus รฉlevรฉs. Les รฉtudes rรฉalisรฉes sur le H2O2 le dรฉsignent aujourdโhui comme un messager cellulaire omniprรฉsent et indispensable au mรชme titre quโune poignรฉe dโautres petites molรฉcules signal comme Ca2+, lโAMPc ou lโIP3.
Quelques effets des ROS au niveau de la cellule ou de lโorganisme
Il est important de garder ร lโesprit que les ROS nโont pas quโun rรดle de destruction de certains composants cellulaires, ร forte concentration ils occasionnent en effet des dommages aux cellules, mais ร des concentrations plus modรฉrรฉes ils jouent des rรดles importants pour la signalisation. Dโoรน la difficultรฉ ร รฉtablir des thรฉrapies ร base dโantioxydants (Stanner et al, 2004)). Les principaux ROS
chez les plantes que sont 1O2, H2O2, O2โขโ ou encore des groupements hydroxyle OHโข permettent en plus le dรฉclenchement de rรฉponses qui permettent ร leur tour de protรฉger la cellule contre le stress oxydatif et de rรฉtablir lโhomรฉostasie redox. Ces derniรจres annรฉes, un nombre croissant dโรฉtudes a mis en รฉvidence une rรฉgulation par les ROS de certains processus biologiques chez les plantes dont voici quelques exemples :
– La rรฉgulation de la disponibilitรฉ en fer est en partie due aux ROS : ZAT12, un facteur de transcription dont lโexpression est stimulรฉe par la prรฉsence des ROS interagit avec le rรฉgulateur central de la dรฉficience en fer FIT en inhibant sa fonction, ce qui inhibe lโabsorption du fer et la formation de radicaux hydroxyles trรจs toxiques. A lโinverse, certaines protรฉines, notamment impliquรฉes dans la photorรฉception, influent sur la quantitรฉ de ROS prรฉsent dans la cellule. La lumiรจre qui permet la photosynthรจse est un des principaux facteurs dรฉclencheurs de la formation des ROS dans les chloroplastes. Cette formation pourrait รชtre modulรฉe par les gรจnes fhy3 et far1 dรฉjร connus comme interagissant avec le phytochrome A en lumiรจre rouge. Ces deux gรจnes contrรดleraient lโexpression des gรจnes photosynthรฉtiques en fonction de la quantitรฉ de lumiรจre disponible car en faible lumiรจre il nโy a plus dโaccumulation de ROS. De plus, ces gรจnes activent lโexpression dโenzymes connues pour rรฉguler lโhomรฉostasie des ROS comme la RBOH (Le et al, 2016).
– Il est รฉgalement connu que les ROS influent sur certaines voies en coopรฉration avec les phytohormones comme lโauxine, les brassinostรฉroรฏdes, les gibbรฉrellines, lโacide abscissique ou lโรฉthylรจne dans le but de rรฉguler la croissance des plantes et leur tolรฉrance aux stress. Beaucoup dโhormones dรฉclenchent elles-mรชmes une accumulation de ROS de maniรจre souvent indirecte, en faisant intervenir dโautres enzymes comme les NOX ou les RBOH qui vont permettre la synthรจse du H2O2. Mais dans la plupart des cas les mรฉcanismes molรฉculaires qui rรฉgulent ces enzymes restent inconnus, dโautres molรฉcules signal pourraient รชtre impliquรฉes comme le calcium Ca2+ ou lโoxyde nitrique NO, tous deux impliquรฉs dans la signalisation par les ROS et les hormones (Xia et al, 2015). Les ROS agissent aussi conjointement aux phytohormones lors de la germination aprรจs lโintรฉgration de multiples facteurs environnementaux. Selon sa concentration, H2O2 rรฉprime ou active la germination (Lariguet et al, 2013).
– Certains messagers secondaires des voies activรฉes par les ROS sont des produits directement oxydรฉs par ces ROS. Lโoxygรจne singulet qui est responsable de lโoxydation des carotรฉnoรฏdes dans les chloroplastes produit un de ses dรฉrivรฉs oxydรฉs : le ฮฒ-cyclocitral qui est probablement un messager secondaire qui induit lโactivation des gรจnes sous le contrรดle de 1O2, qui ร leur tour augmentent la tolรฉrance au stress photooxydatif (Ramel et al, 2012). 1O2 est aussi capable dโinduire une peroxydation des lipides de faรงon non enzymatique, conduisant ร la mort cellulaire (Triantaphylidรจs et al, 2008).
– Il a รฉtรฉ mis en รฉvidence par beaucoup dโรฉtudes que H2O2 a un rรดle double dโactivation ou de protection contre diffรฉrent stress ou fonctions cellulaires comme la sรฉnescence. La senescence peut รชtre dรฉclenchรฉe ou non en fonction de la concentration en H2O2. Lorsque celle-ci augmente certains facteurs de transcription comme ORS1 sont exprimรฉs et vont activer dโautres gรจnes associรฉs ร la senescence pour accรฉlรฉrer le processus (Balazadeh et al, 2011). Mais dโautres gรจnes comme JUB1 sont surexprimรฉs par H2O2 en fonction de sa concentration et vont retarder la sรฉnescence et diminuer lโaccumulation de peroxyde (Wu et al, 2012). Dโautres effets bรฉnรฉfiques ont รฉtรฉ attribuรฉs au peroxyde dโhydrogรจne lorsquโil est appliquรฉ prรฉventivement ร lโexposition ร certains stress abiotiques comme : le stress dรป ร la chaleur (Gao et al, 2010), aux faibles intensitรฉs lumineuses (Jajic et al, 2015), ร la sรฉcheresse (Ishibashi et al, 2011).
– O2โขโ ne peut pas traverser la membrane des chloroplastes contrairement au H2O2, ce qui en fait ร premiรจre vue un candidat peu probable pour la mรฉdiation de certains processus biologiques comme la sรฉnescence ou les stress abiotiques (Jajic et al, 2015). Il est prรฉsent cependant dans dโautres organites y compris le cytosol (Zarepour et al, 2010). Diverses รฉtudes ont montrรฉ que sa concentration augmentait lors de la sรฉnescence, mais il est difficile de lui attribuer un rรดle car sa prรฉsence est accompagnรฉe de celle dโH2O2. Des rรดles dans la signalisation lui ont nรฉanmoins รฉtรฉ attribuรฉs. En effet, lorsque le paraquat, un puissant herbicide gรฉnรฉrateur dโions superoxyde en lumiรจre, est ajoutรฉ chez des plantules, la rรฉgulation dโun grand nombre de gรจnes nuclรฉaires chez A. thaliana est obsevรฉe (Scarpeci et al, 2008). Les gรจnes les plus fortement rรฉgulรฉs interviennent dans les rรฉponses aux stress abiotiques. Le superoxyde serait aussi impliquรฉ dans la rรฉponse aux blessures (Soares et al, 2011), ou encore la rรฉponse au stress causรฉ par les mรฉtaux lourds comme le cadmium (RodriguezโSerrano et al, 2006).
Chez les animaux, les ROS sont รฉgalement des messagers cellulaires essentiels ainsi que des rรฉgulateurs redox. Lorsquโils sont en excรจs, ils ont une profonde implication dans des pathologies comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies neurodรฉgรฉnรฉratives, le diabรจte, lโathรฉrosclรฉroseโฆ (Drรถge et al, 2002). Ils sont, selon la thรฉorie du stress oxydatif par les radicaux libres, des rรฉgulateurs centraux de lโhorloge biologique du vieillissement (Harman D, 2006).
Mรฉcanismes oxydatifs des ROS sur les protรฉines
Chez les eucaryotes, la modification des รฉquilibres redox ou la modification de molรฉcules signal comme le ฮฒ-cyclocitral ne sont pas les seuls mรฉcanismes par lesquels les ROS peuvent rรฉguler les diverses fonctions existant dans la cellule ou lโorganisme.
Pendant de nombreuses annรฉes les modifications oxydatives des groupements thiols des cystรฉines รฉtaient considรฉrรฉes comme des artefacts rรฉsultants des conditions in vitro, mais depuis les annรฉes 2000, de nouveaux dรฉveloppements ont livrรฉ une toute autre vรฉritรฉ (Yu et al, 2005). Il sโavรจre que les modifications redox des groupements thiols sont des outils molรฉculaires qui permettent ร de nombreuses protรฉines de rรฉguler leur activitรฉ (Brandes et al, 2009). Ces rรฉactions sโapparentent ร un nouveau type de modification post-traductionnelle comme la phosphorylation, la mรฉthylation ou lโubiquitination. Ces modifications redox ont lieu en prรฉsence dโun stress oxydatif conduisant ร lโรฉlรฉvation de la concentration en ROS. Certaines modifications redox des thiols sont rรฉversibles. Celles-ci ont รฉtรฉ identifiรฉes sur des protรฉines impliquรฉes dans diverses fonctions parmi lesquelles figurent la transcription, la traduction, le mรฉtabolisme, la transduction de nombreux signaux ou la mort cellulaire. Dโun point de vue logique on pourrait penser que lโรฉtat dโoxydation des cystรฉines par les ROS permettrait de rรฉguler la formation des ponts disulfure et donc la structure tridimensionnelle des protรฉines affectรฉes, ce qui finalement pourrait rรฉguler leur activitรฉ enzymatique ou encore leur aptitude ร se lier ร lโADN ou ร des partenaires pour la signalisation. En effet, plusieurs modifications apportรฉes aux groupements thiol des protรฉines par lโaction du H2O2 ont รฉtรฉ dรฉmontrรฉes (Brandes et al, 2009)
Les cystรฉines, dont le groupement thiol est rรฉduit, peuvent รชtre oxydรฉes par le H2O2 pour former lโacide sulfรฉnique R-SOH ou sulfรฉnate sous forme dรฉprotonรฉe, ces produits dโoxydation sont trรจs frรฉquents mais รฉgalement trรจs rรฉactifs (Salmeen et al, 2003). Cette forte rรฉactivitรฉ fait dโeux de simples intermรฉdiaires capables de subir dโautres modifications plus stables, comme la formation de disulfides R-S-S-R avec une cystรฉine sous forme rรฉduite. Il est important de noter que toutes ces rรฉactions sont entiรจrement rรฉversibles grรขce aux thiorรฉdoxines et aux glutarรฉdoxines qui tirent leur pouvoir rรฉducteur du NADPH. Cโest souvent la rรฉactivitรฉ de ces enzymes qui dรฉterminent la demi-vie des produits dโoxydation au sein des protรฉines.
En temps normal, lorsque les ROS sont abondants, lโรฉquilibre originel de lโรฉtat dโoxydation des groupements thiols est restaurรฉ grรขce ร certaines enzymes comme les thiorรฉdoxines et les glutarรฉdoxines (Holmgren et al, 2005). Une exposition prolongรฉe et/ou intense aux ROS comme H2O2 peut conduire ร une suroxydation des cystรฉines et former lโacide sulfinique R-SO2H ou sulfinate puis enfin lโacide sulfonique R-SO3H ou sulfonate. Ces modifications sont largement considรฉrรฉes comme irrรฉversibles in vivo, bien que certaines acide sulfinique rรฉductases aient รฉtรฉ dรฉcouvertes (Woo et al, 2003). Toutes ces modifications conduisent le plus souvent ร un changement dans la structure de la protรฉine, pouvant causer leur inactivation (comme PTEN et GapDH : Yu et al, 2005 ; Shenton & Grant, 2003) mais aussi leur activation (OxyR ou Hsp33 : Ilbert et al, 2007 ; Paget & Buttner, 2003). Le nombre de protรฉines dรฉcouvertes comme รฉtant rรฉgulรฉes par les ROS augmente dโannรฉe en annรฉe.
Un fort stress oxydatif peut รฉgalement conduire ร un excรจs de groupements disulfides, une mauvaise conformation protรฉique et รฉventuellement la mort cellulaire (Cumming et al, 2004 ; Sitia et al, 2004). La suroxydation des disulfides peut de mรชme occasionner la formation de thiosulfinate R-SO-S-Rโ dont la rรฉaction est rรฉversible, ou bien de thiosulfonate R-SO2-S-Rโ dont lโaccumulation est irrรฉversible. Le type dโoxydation, ainsi que son ampleur, dรฉpendent de la nature de lโoxydant, de sa quantitรฉ, de sa localisation cellulaire et de sa distance avec la protรฉine cible. De faibles changement du niveau de base des ROS peuvent causer des modifications oxydatives ร des protรฉines spรฉcifiquement sensibles ร ces oxydants.
Mรฉthodes pour la dรฉtection des ROS
Lโimagerie in vivo des ROS a grandement contribuรฉ aux avancรฉes rรฉcentes sur leur signalisation. Le principal problรจme qui a รฉtรฉ rencontrรฉ a รฉtรฉ de mettre au point des marqueurs spรฉcifiques, car certains stress gรฉnรจrent ร la fois H2O2, 1O2 et O2โขโ. Dans des conditions normales, le flux de ROS gรฉnรฉrรฉ dans les cellules est maintenu ร un faible niveau par l’action dโenzymes antioxydantes. Dans certains cas, un dรฉsรฉquilibre entre la production de ROS et leur dรฉgradation doit รชtre crรฉรฉ pour quโils soient observรฉs. La production de ROS est donc souvent observรฉe en conditions stressantes pour lโorganisme ou la cellule. Historiquement les marqueurs utilisรฉs pour leur dรฉtection รฉtaient le 3,3โฒ-diaminobenzidine pour le peroxyde dโhydrogรจne H2O2 et le nitroblue tetrazolium pour lโion superoxyde O2โขโ. Leur sensibilitรฉ, leur fiabilitรฉ ainsi que leur caractรจre invasif รฉtaient loin dโรชtre optimum. Aujourdโhui des marqueurs ร base de fluorescรฉine sont utilisรฉs comme le Singlet Oxygen Sensor Green (SOSG) pour lโoxygรจne singulet 1O2 (Koh et al, 2016), le dihydroรฉthidium (DHE) pour O2โขโ ou bien le 2โฒ,7โฒ-dichlorodihydrofluorescein diacรฉtate ou DCFH-DA pour le H2O2 (Evans et al, 2016). Ces rรฉactifs permettent de dรฉterminer la localisation in situ des ROS mais restent difficiles ร utiliser pour certains tissus, leurs mesures sont peu fiables pour รฉtablir une quantification prรฉcise, et leur spรฉcificitรฉ ร lโencontre de certains ROS est toujours contestรฉe (Winterbourn C, 2014). Dโautres rรฉactifs sont utilisรฉs pour une meilleure quantification des ROS dans les tissus comme lโAmplex Red pour le H2O2 par fluorimรฉtrie (Zhou et al, 1997), ou encore le XTT pour O2โขโ par colorimรฉtrie (Frahry & Schopfer, 2001). LโAmplex Red est quelque peu instable, il peut sโautooxyder pour produire H2O2 et O2โขโ, et peut aussi rรฉagir avec dโautres composants redox actifs (Jajic et al, 2015). Ces marqueurs des ROS, de faible poids molรฉculaire, sont plus faciles ร utiliser que certains bio senseurs protรฉiques comme la roGFP ou le HyPer, mais sont moins sensibles et sรฉlectifs que ces derniers. Les marqueurs protรฉiques nรฉcessitent toutefois un contrรดle rigoureux du pH et de lโactivitรฉ antioxydante. La dรฉtection des ROS peut aussi se faire par rรฉsonnance paramagnรฉtique รฉlectronique (RPE) grรขce ร la capacitรฉ de certains รฉlectrons ร absorber et rรฉรฉmettre de lโรฉnergie. Les limites de cette derniรจre mรฉthode sont lโincompatibilitรฉ avec des tissus vivants, la sous-estimation de la quantitรฉ de ROS et le coรปt excessif (Jajic et al, 2015). Une des pistes possibles pour amรฉliorer lโรฉtude des ROS chez les plantes serait de standardiser les procรฉdures pour pouvoir comparer un grand nombre dโรฉtudes.
Implication des cryptochromes dans la signalisation ROS
Dans nos รฉtudes, en cours de rรฉalisation, nous รฉtudions la possibilitรฉ quโune rรฉgulation de certains facteurs de transcription, dont MYC2 et GBF1 chez Arabidopsis ainsi que dFOXO chez la drosophile, par les cryptochromes, impliquent une intervention des ROS synthรฉtisรฉs par leur domaine N-terminal. MYC2 et GBF1 appartiennent ร la classe des bHLH et bZIP et se fixent sur les รฉlรฉments de promoteur G-box en agissant de faรงon antagoniste pour rรฉguler certains processus comme la croissance de lโhypocotyle. Il a รฉtรฉ de plus montrรฉ que ces facteurs de transcription agissent en aval du signal de transduction induit par lโactivitรฉ de CRY1 et CRY2 (Maurya et al, 2015) et ceci en se fixant sur le complexe protรฉique formรฉ par COP1, SPA1, HY5 et HYH (Mallapa et al, 2008 ; Singh et al, 2012). Il a รฉtรฉ mis en รฉvidence que les changements redox autour de lโADN pouvaient moduler la fixation du facteur GBF1 ร lโADN. Lโajout de DTT renforce sa fixation alors que les agents oxydants comme les ROS seraient susceptibles dโinhiber cette interaction (Shaikhali et al, 2012). Les cryptochromes, รฉtant capables dโune synthรจse directe des ROS (Mรผller & Ahmad, 2011), GBF1 est donc un bon candidat pour une rรฉgulation directe dรฉpendante des ROS synthรฉtisรฉs par les cryptochromes dans le noyau pendant leur interaction au sein du complexe protรฉique.
dFOXO est un facteur de transcription appartenant ร la ยซย forkhead box, classe Oย ยป rรฉgulรฉ notamment par la voie insuline/IGF, elle-mรชme connue pour influencer la longรฉvitรฉ. Lโactivitรฉ de dFOXO est inhibรฉe par cette voie, mais lorsque son activitรฉ augmente, la longรฉvitรฉ des drosophiles augmente รฉgalement (Hwangbo et al, 2004). Les facteurs de transcription FOXO sont trรจs rรฉpandus chez les animaux, aussi bien chez la drosophile que chez les mammifรจres. De rรฉcentes รฉtudes ont mis en รฉvidence leur rรฉgulation par les รฉquilibres redox (Klotz et al, 2015). Sous certaines conditions pathologiques qui entrainent une augmentation du stress oxydant, lโactivitรฉ de FOXO est bien plus forte quโen conditions normales. Ceci laisse supposer une activation des protรฉines FOXO par les ROS. Les protรฉines FOXO, lorsquโelles sont activรฉes, induisent lโexpression de certains gรจnes antioxydants, ce qui peut en partie expliquer leur lien avec la longรฉvitรฉ. Dโautres รฉtudes ayant soulignรฉ un rรดle de DmCRY sur lโaugmentation de la longรฉvitรฉ sur les drosophiles (Rakshit & Giebultowicz, 2013). Il serait donc possible que les gรจnes FOXO soient activรฉs par les cryptochromes. Du fait quโils sont impliquรฉs dans des mรชmes fonctions, un lien รฉtroit est par consรฉquent envisageable entre les cryptochromes et le facteur dFOXO par interaction directe ou indirecte. De mรชme, il est possible que les ROS synthรฉtisรฉs par les cryptochromes soient responsables de la rรฉgulation redox de GBF1. En accord avec cette hypothรจse, la synthรจse des ROS par DmCRY a lieu dans le noyau comme nous lโavons montrรฉ dans nos rรฉsultats (Arthaut et al, 2017), oรน les facteurs de transcription GBF1 et dFOXO sont observables.
Mรฉcanismes molรฉculaires de la synthรจse des ROS par les cryptochromes
Cโest en 2011 que les premiรจres hypothรจses reliant les cryptochromes aux ROS ont รฉtรฉ formulรฉes. Celles-ci expliquaient que lors du photocycle, le mรฉcanisme de rรฉoxydation de la FAD ร lโobscuritรฉ chez A. thaliana par lโoxygรจne O2 impliquait la formation dโions superoxyde (Mรผller & Ahmad, 2011). Jusquโalors, aucune attention nโavait รฉtรฉ accordรฉe ร lโรฉtape de rรฉoxydation. Les recherches รฉtaient davantage focalisรฉes sur lโรฉtape de rรฉduction et le mรฉcanisme dโactivation du cryptochrome. Or, cette rรฉoxydation relance le systรจme de photorรฉduction et implique aussi bien FADHโข que FADH-. Lโรฉquilibre homรฉostatique des ROS, produits lors de cette rรฉaction, dรฉpend de lโamplitude de leur accumulation et de leur durรฉe de vie ร lโobscuritรฉ. De ces paramรจtres dรฉpend aussi lโamplitude des rรฉponses biologiques en rรฉponse ร la synthรจse de ces ROS.
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Table des matiรจres
A / INTRODUCTION
1. ASPECTS GENERAUX DES CRYPTOCHROMES
1.1 Prรฉsentation gรฉnรฉrale
1.1.1 La famille des cryptochromes / photolyases
1.1.2 Dรฉcouverte des cryptochromes
1.1.3 Liaison ร des cofacteurs et subdivision N-ter/C-ter
1.2 Les cryptochromes chez les plantes
1.2.1 Rรดles des cryptochromes pour la croissance et le dรฉveloppement.
1.2.2 Rรดles des cryptochromes au niveau physiologique
1.2.3 Rรดles des cryptochromes chez les vรฉgรฉtaux autres quโArabidopsis
1.3 Les cryptochromes chez les animaux
1.3.1 Cryptochromes de type 1
1.3.2 Cryptochromes de type 2
2. CRYPTOCHROMES : ACTIVATION ET SIGNALISATION
2.1 Activation du photocycle et rรฉduction de la flavine
2.1.1 Photorรฉduction de la flavine
2.1.2 Rรดle de la conformation protรฉique pour la photorรฉduction
2.2 Signalisation et liaison ร des partenaires
2.2.1 Localisation cellulaire, stabilitรฉ et sensibilitรฉ
2.2.2 Liaison ร lโATP et phosphorylation
2.2.3 Liaison du cryptochrome aux partenaires
3. NOUVEAUX ROLES DES CRYPTOCHROMES EN LIEN AVEC NOS TRAVAUX
3.1 Rรดle des cryptochromes dans le stress oxydatif
3.1.1 Gรฉnรฉralitรฉs sur les ROS chez les vรฉgรฉtaux et les animaux
3.1.1.1 Homรฉostasie et rรฉgulation dans la cellule
3.1.1.2 Quelques effets des ROS au niveau de la cellule ou de lโorganisme
3.1.1.3 Mรฉcanismes oxydatifs des ROS sur les protรฉines
3.1.1.4 Mรฉthodes pour la dรฉtection des ROS
3.1.2 Implication des cryptochromes dans la signalisation ROS
3.1.2.1 Mรฉcanismes pour la synthรจse des ROS par les cryptochromes
3.1.2.2 Dรฉtection des ROS synthรฉtisรฉs pendant le photocycle
3.2 Cryptochromes et champ magnรฉtique
3.2.1 Gรฉnรฉralitรฉs sur les champs magnรฉtiques
3.2.2 Dรฉcouverte des effets du champ magnรฉtique sur les organismes vivants
3.2.3 Mรฉcanismes Thรฉoriques expliquant les effets du champ magnรฉtique
3.2.4 Implication du cryptochrome dans la sensibilitรฉ au champ magnรฉtique
3.2.4.1 Thรฉories pour la sensibilitรฉ magnรฉtique des cryptochromes
3.2.4.2 Dรฉtรฉction des effets du champ magnรฉtique sur les cryptochromes
3.2.4.3 Lien entre cryptochromes, ROS et champs magnรฉtiques
4. Objectifs et approche expรฉrimentale
B/ RESULTATS
ARTICLE 1
1. Introduction
2. Matรฉriel et mรฉthodes
3. Rรฉsultats
4. Discussion
5. Ma contribution ร lโarticle
6. Version PDF
ARTICLE 2
1. Introduction
2. Matรฉriel et mรฉthodes
3. Rรฉsultats
4. Discussion
5. Ma contribution ร lโarticle
6. Version PDF
ARTICLE 3
1. Introduction
2. Matรฉriel et mรฉthodes
3. Rรฉsultats
4. Discussion
5. Ma contribution ร lโarticle
6. Version PDF
C/ CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Conclusion gรฉnรฉrale
Limites rencontrรฉes
Travaux complรฉmentaires
D/ BIBLIOGRAPHIE
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