Les dermatoses ou affections cutanées occupent une place importante en milieu tropical, surtout chez l’enfant et sont souvent négligées faute de structures adéquates. Elles constituent un problème majeur de santé publique malgré les progrès de la médecine et surtout du fait du manque de Dermatologues. Les médecins sont donc interpellés pour participer à une meilleure couverture des soins de la peau surtout chez les enfants qui ont toujours des particularités dans toutes les spécialités médicales. Les pathologies dermatologiques de l’enfant, constituées par des dermatoses infectieuses (bactériennes, parasitaires, mycosiques, virales) allergiques, autonomes, tumorales et les dermatoses associées, deviennent de plus en plus fréquentes à Madagascar et méritent une attention particulière tant sur le plan clinique que paraclinique.
NOTION GENERALE SUR LA PEAU
DEFINITION
La peau ou tégument externe, constitue l’enveloppe de revêtement de l’organisme qu’elle protège du milieu extérieur. Elle se continue par une muqueuse au niveau des orifices naturels. On évalue son poids à environ 3,4kg chez l’adulte, son épaisseur variant de 0,5 à 5mm et sa surface est d’environ 2m². Elle est composée biochimiquement de 64% d’eau, 33% de protéines, 2% de corps gras, 0,5% de sels minéraux et 0,5% d’autres substances (1). La peau est richement vascularisée et innervée (2). L’origine embryologique de la peau est double : la couche la plus superficielle comprenant l’épiderme et ses annexes dérive de l’ectoderme alors que la couche profonde formée par le derme et l’hypoderme dérive du mésoderme. (2). On peut distinguer deux grands types de peau : la peau glabre, totalement dépourvue de follicules pilosébacés et le reste des téguments où se trouvent des follicules de nombre et de taille extrêmement variables (2) (3) (4). La peau reflète l’état de santé de l’être humain.
Elle est formée de quatre couches superposées de la surface vers la profondeur :
– l’épiderme, la couche la plus superficielle,
– la jonction dermo-épidermique
– le derme, sous-jacent, formé par un tissu conjonctif dont le réseau élastique a une individualité histologique propre,
– l’hypoderme, tissu conjonctif lâche plus ou moins infiltré de graisse, qui relie le derme aux structures sous-jacentes.
Les annexes cutanées se partagent avec la peau une origine épiblastique. Elles comportent les follicules pilo-sébacés, les appareils sudoraux (eccrines et apocrines) ainsi que l’ongle. Les annexes élaborant de la kératine (poils et ongles) constituent par définition les phanères.
L’EPIDERME
L’épiderme, couche la plus superficielle de la peau est un épithélium pavimenteux stratifié kératinisé. Il repose sur le derme dont il est séparé par une membrane basale. Il réalise une unité symbiotique où coexistent plusieurs populations cellulaires dont la population majoritaire est constituée par les kératinocytes. Il ne contient aucun vaisseau sanguin ni lymphatique, mais renferme de nombreuses terminaisons nerveuses libres.
ORGANISATION GENERALE
L’épiderme est une structure totalement épithéliale. C’est un plateau cellulaire déprimé à sa face profonde par les digitations du derme superficiel, ce qui permet d’opposer l’épiderme suprapapillaire (mince) à l’épiderme inter-papillaire (d’une épaisseur moyenne de 100mm). La face superficielle de l’épiderme est plane, criblée d’une multitude au ostium pilaire et aux pores sudoraux. Par ailleurs la surface épidermique est parcourue dans les régions palmo-plantaires de sillons et de crêtes correspondant à des dermatoglyphes (dont l’étude est primordiale pour l’identité judiciaire et certaines enquêtes génétiques). L’épaisseur de l’épiderme varie de 50mm au niveau des paupières et des organes génitaux externes et de 1mm au niveau des régions palmo-plantaires.
LES KERATINOCYTES ET LEUR ORGANISATION
Les kératinocytes aboutissent à des cellules biologiquement mortes et fonctionnellement actives : les cellules anucléees du revêtement corné. Ils sont organisés en quatre couches :
– Couche basale ou germinative
Elle est constituée d’une rangée de cellules cubiques ou cylindro-cubiques à disposition pallisadique de 6µm de large perpendiculaire à la ligne de la jonction dermoépidermique, régulièrement interrompues de cellules claires (mélanocytes), avec des espaces intercellulaires et des desmosomes, une activité de division ou régénération cutanée. On trouve de nombreux grains correspondant à la mélanine avec différents aspects en microscopie électronique : prémélanosomes ou mélanosomes, le noyau est gros, dense, ovalaire, très basophile, on note une paire de kératines 5 et 14 et de laminine. Elle assure le renouvellement épidermique : c’est le compartiment de prolifération .
– Couche épineuse ou Stratum spinosum
Elle est formée de cinq à six couches de cellules polyédriques superposées, polygonales, de 10 à 15µm de large, s’aplatissant au fur et à mesure de leur ascension. Les cellules sont séparées par des ponts intercellulaires avec un petit renflement central appélé nodule de Bizzozero correspondant en ultrastructure à des desmosomes. En microscopie électronique, on note une présence dans les couches supérieures de mélanosomes et de kératinosomes de 0,1 à 0,5mm de long avec une alternance de lamelles denses (2nm) et claires (8nm), de nature et de rôle inconnus. Le noyau est pâle, vésiculeux avec deux nucléoles, on note des cytokératines 1, 10 et 11 et de façon moindre des cytokératines 5 et 14. Elle assure la maturation : c’est le compartiment de maturation.
– Couche granuleuse ou Stratum granulosum
Elle est constituée de cinq à six couches de cellules aplaties d’un diamètre de 25µm de large étroitement tassées les unes contre les autres, contenant des grains de kératohyaline, basophiles de 1 à 2mm, dispersés dans le cytoplasme. En microscopie électronique : il y a présence de grains étoilés de kératohyaline tandis que les kératinosomes deviennent périphériques et fusionnés avec la membrane plasmique. Au fur et à mesure de l’ascension, les cellules perdent leurs organites, les noyaux dégénèrent, la membrane plasmique se densifie. On note les cytokératines1, 2, 10 et 11. Elle assure la kératinisation : c’est le compartiment de la différentiation préterminale.
– Couche claire ou brillante ou Stratum lucidum
On trouve une à quelques couches de cellules dans le stratum lucidum. C’est une couche invisible sur les coupes, mais apparaissant nettement dans les zones palmoplantaires. C’est la couche de transition entre les cellules granuleuses et les cornéocytes, constituée de cellules brillantes, très claires et aplaties. Cette couche est éosinophile et homogène. Les cellules contiennent un noyau ou un reste nucléaire picnotique. Pendant la transformation morphologique et biochimique ; la cellule perd une grande partie de son contenu en eau, son noyau et une grande partie des organelles cytoplasmiques. Il y a persistance des filaments de kératine. Les cellules contiennent des granulations lipidiques.
-Couche cornée ou Stratum cornéum
Elle est constituée de cellules étalées hexagonales, lamelleuses de 1 à 3mm sur 20 à 25mm, dont chacune correspond à environ 25 kératinocytes basaux. On distingue trois zones distinctes : zones lucide, zone compacte et zone de desquamation. En microscopie électronique, on observe : des espaces intercellulaires, des fibres de kératine (5 à 10 nm), un épaississement des membranes, le noyau a complètement disparu ainsi que la jonction cellulaire. On note des kératines 1, 2, 10 et 11. Elle assure la protection, la régulation thermique et hydrominérale : c’est le compartiment de différentiation terminale.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
1- NOTION GENERALE SUR LA PEAU
1-1- DEFINITION
1-2- L’EPIDERME
1-2-1- ORGANISATION GENERALE
1-2-1-1- LES KERATINOCYTES ET LEUR ORGANISATION
1-2-1-2- LES CELLULES DENDRITIQUES
1-2-2- HISTOPHYSIOLOGIE DE L’EPIDERME (18)
1-2-2-1- LA KERATINISATION
1-3- LA JONCTION DERMO-EPIDERMIQUE
1-3-1-LES MEMBRANES CYTOPLASMIQUES BASALES DES KERATINOCYTES DE LA COUCHE BASALE (5) (6)
1-3-2- LA MEMBRANE BASALE (5) (6)
1-3-3- LE DERME PAPILLAIRE SUPERFICIEL (sublamina densa) (5) (6)
1-4- LE DERME (2) (4) (7)
1-4-1- LES FIBRES COLLAGENES (19)
1-4-2- LES FIBRES RETICULEES (19)
1-4-3- LES FIBRES ELASTIQUES (19)
1-4-4- LA SUBSTANCE FONDAMENTALE AMORPHE
1-4-5- LES CELLULES DERMIQUES
1-5- L’HYPODERME (2) (4) (5) (19)
1-5-1- LES LOBULES GRAISSEUX (6) (7) (8)
1-5-2- SEPTUMS INTERLOBULAIRES (6) (7) (8)
1-6- LES ANNEXES CUTANEES
1-6-1- LES GLANDES SUDORIPARES (20) (21)
1-6-1-1- LES GLANDES SUDORIPARES ECCRINES (22)
1-6-1-2- LES GLANDES SUDORIPARES APOCRINES (23)
1-6-2- LES FOLLICULES PILO-SEBACES
1-6-2-1- LES POILS (24)
1-6-2-2- LES GLANDES SEBACEES (25)
1-6-2-3- LES ONGLES (26) (27)
2- LA VASCULARISATION (28) (29) (30)
3- L’INNERVATION (28) (29) (30)
4- LES ROLES DE LA PEAU
5- PARTICULARITES DE LA PEAU DE L’ENFANT ET DU NOURRISSON
5.1- FONCTIONS DE LA PEAU
5.2- LA SECRETION
6- LES LESIONS ELEMENTAIRES
6-1- PRIMAIRES
6-2- SECONDAIRES
7- LES PRINCIPALES PATHOLOGIES DERMATOLOGIQUES
7-1- LES DERMATOSES INFECTIEUSES
7-1-1- LES DERMATOSES INFECTIEUSES MYCOSIQUES
7-1-1-1- LES DERMATOPHYTIES (38) (39) (40) (41) (42) (43)
7-1-1-2- LE PITYRIASIS VERSICOLOR (45) (48)
7-1-2- LES DERMATOSES INFECTIEUSES VIRALES
7-1-2-1- LES VERRUES (53)
7-1-2-2- LE MOLLUSCUM CONTAGIOSUM (53)
7.1.2.3- LA VARICELLE ET LE ZONA
7.1.2.4- LA ROUGEOLE
7-1-3- LES DERMATOSES INFECTIEUSES BACTERIENNES
7-1-3-1- L’IMPETIGO
7.1.3.2- LES FOLLICULITES
7.1.3.3- LA TUBERCULOSE CUTANEE
7-1-4- LES DERMATOSES PARASITAIRES
7.1.4.1- LA GALE (60) (61) 25
7.1.4.2- LE LARVA MIGRANS (63) (64) (65)
7-2- LES DERMATOSES ALLERGIQUES
7.2.1- LA DERMATITE ATOPIQUE
7.2.2- L’ECZEMA DE CONTACT
7.2.3- LE PRURIGO (66)
7.2.4- L’URTICAIRE (66)
7-3- LES DERMATOSES AUTONOMES
7.3.1- LA DARTRE
7.3.2- LE VITILIGO (73)
7.3.3- L’ACNE (75)
7.3.4- LE PSORIASIS (77)
7-4- LES DERMATOSES CONGENITALES OU GENODERMATOSES
7.4.1- LE NAEVUS
7.4.2- L’ANGIOME
7.4.3- L’EPILOIA
7.4.4- LA NEUROFIBROMATOSE (81) (82)
7-5- LES DERMATOSES TUMORALES
7.5.1- LE KYSTE SEBACE (83)
7.5.2- LE BOTRYOMYCOME (84)
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE ET RESULTATS
1- PATIENTS ET METHODES
1-1- PATIENTS
1-1-1- RECRUTEMENT DES DOSSIERS
1-1-2- SELECTION DES DOSSIERS
1-1-2-1- LES CRITERES D’INCLUSION
1-1-2-2- LES CRITERES DE NON INCLUSION
1-2- METHODES
1-2-1- METHODES D’ANALYSE DES PARAMETRES
1-2-2- PARAMETRES A EVALUER
1-2-2-1- PARAMETRES EPIDEMIOLOGIQUES
1-2-2-2- PARAMETRES CLINIQUES
1-3- ANALYSES STATISTIQUES
1-3-1- MATERIEL
1-3-2- METHODES
1-3-2-1- STATISTIQUE DESCRIPTIVE
1-3-2-2- STATISTIQUE ANALYTIQUE
2- RESULTATS
2-1- ETUDES DESCRIPTIVES
2-1-1- PARAMETRES EPIDEMIOLOGIQUES
2-1-1-1- L’âge
2-1-1-2- Le sexe
2-1-1-3- L’origine géographique
2-1-1-4- Répartition des malades selon la profession des parents (le revenu salarial)
2-1-1-5- Fréquence annuelle des consultations infantiles
2-1-2- PARAMETRES CLINIQUES
2-1-2-1- Les principales pathologies dermatologiques
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES
I- SUR LE PLAN EPIDEMIOLOGIQUE
II- SUR LE PLAN CLINIQUE
2-1- LES DERMATOSES INFECTIEUSES
2-1-1- LES DERMATOSES MYCOSIQUES
2.1.1.1- LES DERMATOPHYTIES
2.1.1.2- LE PITYRIASIS VERSICOLOR
2.1.1.3- LES MYCOSES PROFONDES
2-1-2- LES DERMATOSES VIRALES
2.1.2.1- LES VERRUES
2.1.2.2- LE MOLLUSCUM CONTAGI0SUM
2.1.2.3- LA VARICELLE ET LE ZONA
2.1.2.4- LA ROUGEOLE
2-1-3- LES DERMATOSES BACTERIENNES
2.1.3.1- L’IMPETIGO
2.1.3.2- LES FOLLICULITES
2.1.3.3- LA TUBERCULOSE CUTANEE
2-1-4- LES DERMATOSES PARASITAIRES
2.1.4.1- LA GALE
2.1.4.2- LE LARVA MIGRANS
2-2- LES DERMATOSES ALLERGIQUES
2.2.1- LA DERMATITE ATOPIQUE
2.2.2- L’ECZEMA DE CONTACT
2.2.3- LE PRURIGO
2.2.4- L’URTICAIRE
2-3- LES DERMATOSES AUTONOMES
2.3.1- LA DARTRE
2.3.2- LE VITILIGO
2.3.3- L’ACNE
2.3.4- LE PSORIASIS
2-4- LES DERMATOSES CONGENITALES
2.4.1- LE NAEVUS
2.4.2- L’ANGIOME
2.4.3- L’EPILOIA
2.4.4- LA NEUROFIBROMATOSE
2-5- LES DERMATOSES ASSOCIEES
2-6- LES DERMATOSES TUMORALES
2.6.1- LE KYSTE SEBACE
2.6.2- LE BOTRYOMYCOME
3- SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE