Notion de l’agriculture biologique
Il existe une multitude de définitions portant sur le concept de l’agriculture biologique. Cependant, l’une des définitions les plus communément admises est proposée par la Commission du Codex Alimentarius selon laquelle:
« L’agriculture biologique est un système de gestion holistique de la production qui favorise la santé de l’agrosystème, y compris la biodiversité, les cycles biologiques et l’activité biologique des sols. Elle privilégie les pratiques de gestion plutôt que les facteurs de production d’origine extérieure, en tenant compte du fait que les systèmes locaux doivent s’adapter aux conditions régionales. Dans cette optique, des méthodes culturales, biologiques et mécaniques sont, dans la mesure du possible, utilisées de préférence les extraits biologiques par rapport aux produits de synthèse, pour remplir toutes les fonctions spécifiques du système» (FAO! OMS, 2001).
Selon la Fédération Internationale des Mouvements d’Agriculture Biologique (IFOAM), l’agriculture biologique est un système de production qui maintient et améliore la santé des sols, des écosystèmes et des personnes. Elle s’appuie sur des processus écologiques, la biodiversité et des cycles adaptés aux conditions locales, plutôt que sur l’utilisation d’intrants ayant des effets indésirables. L’agriculture biologique allie tradition, innovation et science au bénéfice de l’environnement commun et promeut des relations justes et une bonne qualité de vie pour tous ceux qui y sont impliqués.
Avènement du coton biologique au Burkina Faso
Le coton biologique est le coton issu de l’agriculture biologique. La production agricole est considérée comme « biologique » lorsqu’elle a été certifiée en tant que telle par des organismes de certification indépendants selon la réglementation qui s’applique dans le pays, la région, ou sur le marché de consommation visé. Selon Dischl et al., (2008) c’est du coton cultivé tout en privilégiant une approche de production durable, plutôt préventive que palliative, qui vise à rétablir un écosystème agricole sain.
L’introduction du coton biologique au Burkina Faso remonte en 2004. L’UNPCB et HELVETAS sont les deux partenaires clés de la mise en œuvre du programme. Ces structures facilitent l’accès aux bios pesticides et aux matériels de traitement, apportent leurs appuis et conseils à travers l’information, la formation, l’éducation et la communication. La finalité du programme coton biologique au Burkina Faso est de « contribuer à promouvoir le coton biologique sur les marchés internationaux, à encourager des pratiques agricoles à la fois durables, rentables et sans dangers pour les productrices et producteurs en zone cotonnière du Burkina, et aussi à améliorer les conditions de vie des populations rurales» (UNPCB et HELVETAS, 2005). A partir de là, le programme a pour objectif de (i) répondre à une demande croissante sur le marché, (ii) intégrer le programme dans une filière verticale et un réseau sous régional, (iii) commercialiser du coton issu d’exploitation agricoles certifiées biologiques, (iv) diversifiées et améliorer la situation économique des producteurs bio (UNPCB et HELVETAS, 2005).
Pour atteindre cet objectif, le programme a évolué en trois phases:
– de 2004 à 2008, le programme s’est consacré à l’ancrage institutionnel avec la mise en place des institutions, des organisations des producteurs du coton biologique et les structures jugées indispensables pour le développement du secteur;
– de 2008 à 20 Il, le programme s’est axé sur l’ancrage de la durabilité du système de production biologique, le renforcement des institutions partenaires et le rehaussement du volume du commerce des produits certifiés;
– de 2013 à 2016, est la phase dite de « consolidation» précédé d’une transition en 2012 qui devrait conduire le programme vers une autonomisation de la sous filière coton biologique et équitable. Cette phase du programme est centrée sur l’amélioration de la production afin de l’orienter vers le marché pour le développement des chaînes de valeur. La consolidation d’un environnement socio-économique et politique favorable pour le développement du secteur biologique.
De nos jours, le programme couvre sept (07) zones de productions biologiques reparties dans les trois régions cotonnières du Burkina (figure 1). Depuis son initiation à nos jours, le programme a connu une forte adhésion des producteurs allant de 72 producteurs dont 21 % de femmes en 2004 à 8382 producteurs dont 49% de femme en 2015 (UNPCB, 2015).
Mode de culture du coton biologique
Le mode de production du coton biologique interdit strictement l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques, de même que l’utilisation des semences de coton génétiquement modifié (Dischl et al., 2008). De ce fait, sa production obéit à certaines règles d’opérations culturales (tableau 1). Les engrais chimiques sont remplacés par des apports de fumure organique, du compost, par le parcage de bœufs sur les parcelles, etc. Quant à la protection du cotonnier biologique, il se fait avec des bio pesticides à base de microorganismes et d’extraits de plantes. C’est le cas par exemple de l’utilisation des graines de neem (Azadirachta indica) mélangées aux huiles de Koby (Carapa procera) et de Npeku (Lannea microcarpa) ainsi que l’utilisation de plantes pièges tel que l’hibiscus esculentus ou le gombo.
Avantages liées à la production du coton biologique
Le mode de production de coton biologique permet aux producteurs de gérer leurs exploitations sans intrants chimiques nuisibles à la santé humaine et animale ainsi qu’à l’environnement. En ce sens qu’elle génère des avantages tels que:
Avantages socio-économiques
Le coton biologique est adapté aux petites exploitations dans des pays comme le Burkina Faso, car permet de réduire les coûts consacrés aux pesticides et l’endettement des producteurs. Sa culture peut donc être perçue comme un moyen de lutte contre la pauvreté en milieu rural car permet de diminuer les coûts de production du fait qu’elle n’utilise que des intrants locaux (Millogo, 2007). Bien que les rendements de la production graine biologique sont faibles le prix au producteur est supérieur au moins 20% à celui du coton conventionnel. Selon Diallo (2008), le coton biologique comporte les coûts de productions les plus faibles, soit 28 740 FCFAlha comparativement aux coton conventionnel et le coton Bt dont les coûts de production sont respectivement de 71 597 FCFAiha et de 75999 FCFAiha. Cela sans valorisation de la main-d’œuvre. Au même titre que la main-d’œuvre est valorisée, les coûts de productions reste toujours faibles pour la production du coton biologique soit 125 836 FCFAlha contre 157 347 FCFA/ha pour le coton conventionnel et 164249fcfalha pour le coton Bt (Diallo, 2008).
Spécifiquement pour les femmes africaines, le PAN (2000) note l’action positive du coton biologique en ce sens qu’elles peuvent travailler sans risques pour leur santé et celle de leurs enfants, et mieux assurer leur indépendance financière relative par la vente du coton qu’elles produisent sur des terres traditionnellement réservées à leur usage. Aussi, par la culture biologique, la rotation des cultures assure la diversification des sources de revenus et l’amélioration de la sécurité alimentaire dont 80% des céréales proviennent d’agriculteurs cotonniers (Ferrigno et al., 2009, UNPCB, 2012).
Avantages environnementaux
La production biologique permet aux producteurs de mIeux s’adapter aux défis liés aux changements climatiques, aux contraintes de l’eau et à la perte de sol (HELVETAS ,2008). Les estimations réalisées par le MECV (20 Il) montrent que le gain environnemental lié au développement de la culture de coton biologique se situe entre 13 000 FCFA à 20000 FCFAlha.
L’adoption des méthodes biologiques tels que: la rotation des cultures, l’utilisation de la fumure organique et d’autres produits naturels, favorise une augmentation de la biodiversité et un équilibre écologique entre les parasites et les animaux utiles (Disch et al., 2008). Ces pratiques réduisent r érosion du sol et la pollution. En outre, selon Laspid (2014), la rotation des cultures dans l’agriculture biologique permet d’oxygéner la terre et d’en préserver sa richesse.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1.1 Notion de l’agriculture biologique
1.1.2 Avènement du coton biologique au Burkina Faso
1.1.3 Mode de culture du coton biologique
1.2 Système de production agricole
1.2.1 Notion de système de production
1.2.2 Caractéristiques d’un système de production
1.3 Fertilité et dégradation des terres
1.3 1. Fertilité
1.3.1.1 Définitions de termes
1.3.1.2 Modes de gestion de la fertilité
1.3.1.2.1 Techniques de CES/DRS
1.3.1.2.2 Mesures physiques
1.3.1.2.3 Mesures biologiques
1.3.1.2.4 Production de la matière organique
1.3.2 Généralités sur la dégradation
1.3.2.1 Notion de dégradation des sols
1.3.2.2 Dégradation chimique
1.3.2.3 Dégradation biologique
1.3.2.4 Dégradation physique
DEUXIEME PARTIE: MATERIEL ET METHODE
2.1 Milieu biophysique
2.1.2 Climat
2.1.3 Re1ief
2.1.5 Végétation
2.2 Méthodologie
2.2.1 Choix de la zone d’étude
2.2.2 Collecte des données
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1. RESULTATS
3.1.1 Principales caractéristiques des exploitations de coton biologique
3.1.1.1 Répartition des exploitants de coton biologique en fonction du groupe d’âge
3.1.1.2 Niveau d’instruction et expérience des producteurs de coton biologique
3.1.1.4 Modes d’acquisition des parcelles de production biologique
3.1.1.5 Niveau d’équipement des producteurs de coton bio10gique
3.1.1.6 Composition des ménages
3.1.1.7 Taille moyenne des ménages des exploitations de producteurs de coton biologique
3.1.1.8 Cheptel
3.1.2 Fonnations des producteurs sur la gestion de la fertilité des sols
3.1.2.1 Nombre de formations reçu par les producteurs au cours des deux (02) dernières années
3.1.2.2 Modules de fonnations dispensés et paquets techniques mis en œuvre en matière de gestion de la fertilité des sols
3.1.3 Description des principaux modes et les techniques de gestion de la fertilité des sols
3.1.3.1 Appréciation générale du niveau de fertilité des sols par les producteurs
3.1.3.1.1 Niveau de fertilité des parcelles sous culture biologique
3.1.3.1.2 Indicateurs de fertilité des sols selon les producteurs
3.1.3.2 Production de matière organique (MO) et mode de conduite du cheptel
3.1.3 .2.1 Production de compost et du fumier
3.1.3.2.2 Modes d’application de la fumure organique (FO) et priorisation des spéculations bénéficiant des fertilisants organiques
3.1.3.2.3 Gestion des résidus de récoltes et parcage des animaux
3.1.3.3 Modes et fréquences de préparation du soL
3.1.4 Systèmes de cultures (SC)
3.1.4.1 Cultures pratiquées dans les exploitations biologiques
3.1.4.2 Caractéristiques des principaux systèmes de cultures
3.1.6 Indicateurs de la production du coton biologique
3.1.7 Quelques contraintes qui entravent la gestion de la fertilité des sols selon les producteurs
3.2 Discussion
3.2.1 Caractéristiques générales des exploitations biologiques
3.2.2 Gestion de la fertilité des sols dans les exploitations biologiques
3.2.3 Caractérisation des systèmes de culture
3.2.4 Production et fertilité
Conclusion et recommandations
BIBLIOGRAPHIE
Annexe
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