NOTION DE BANQUE DE GRAINE DU SOL OU BANQUE DE SEMENCES DU SOLย
Dรฉfinition de la banque des graines du sol
La banque de graines du sol reprรฉsente les stocks de graines viables et dormantes dans le sol (Bigwood et Inouye , 1988). D’autres auteurs la dรฉfinissent comme reprรฉsentant toutes les graines viables prรฉsentes ร la surface du sol et dans le sol, ou en association avec la litiรจre du sol (Leck et al., 1989). Elle est la plus importante source de recrutement de semis aprรจs les perturbations et peut รชtre dรฉsignรฉe comme les rรฉserves naturelles de graines capables de germer ร diffรฉrentes profondeurs du sol (Baskin et Baskin, 1998). Elle se forme ร partir de la pluie de graines provenant des communautรฉs vรฉgรฉtales locales, voisines ou รฉloignรฉes.
Historique de la banque des graines du solย
L’รฉtude de la banque de graines du sol semble avoir commencรฉ en 1859 quand Charles Darwin a observรฉ l’รฉmergence de jeunes plants dans les sรฉdiments extraits du fond d’un lac (Leck et al., 1989 ;Thompson et al., 1997). Le premier article scientifique sur le sujet date de 1882 et porte sur l’apparition de graines dans des รฉchantillons de sol prรฉlevรฉs ร diffรฉrentes profondeurs (Christoffoleti et Caetano, 1998). La plupart des รฉtudes effectuรฉes sur les banques de graines du sol sont rรฉalisรฉes en laboratoire, aprรจs prรฉlรจvement d’รฉchantillons de sol et mise en culture. Elles permettent de dรฉtecter les espรจces les plus frรฉquentes et donnent une vision de la banque de graines (Thompson et al., 1997). Quelques รฉtudes ont aussi comparรฉ la banque de graines du sol obtenue en laboratoire et la reconstitution en nature, notamment Bisteau et Mahy (2005). Ainsi que Von Blanckenhagen et Poschlod (2005).
Production de semences et dispersion
Lโune des propriรฉtรฉs exclusives les plus รฉtonnantes des รชtres vivants est leur capacitรฉ ร se reproduire. Chez les vรฉgรฉtaux, on distingue deux types de reproduction : la reproduction sexuรฉe et la reproduction asexuรฉe. La plupart des espรจces savanicoles utilisent ร la fois ces deux types de reproduction comme stratรฉgies d’adaptation aux effets des perturbations telles que le feu el la coupe sรฉlective de bois (Bellefontaine et al., 2000 ; Bationo et al., 2001 ; Luoga et al., 2004; Zida et al.,2007) sur la production des graines. Pour les vรฉgรฉtaux, la reproduction sexuรฉe aboutit ร la formation d’une graine ร l’origine d’un nouvel individu. La graine constitue รฉgalement un organe de dissรฉmination et de pรฉrennitรฉ. Par l’intermรฉdiaire des graines, les plantes sont capables de compenser leur immobilitรฉ et de coloniser de nouveaux territoires. Une fois que les graines sont mรขtures, elles sont dissรฉminรฉes dans la nature de plusieurs faรงons. Les modes de dissรฉmination des graines utilisent les agents de dispersion suivants : la plante elle-mรชme (autochorie): la gravitรฉ (barochorie); les animaux (zoochorie : mammifรจres, oiseaux, insectes, etc.); l’homme (anthropochorie) ou la culture (hรฉmรฉrochorie) (Fenner, 2000). En plus d’รชtre spatiale (voie vรฉgรฉtative ou diaspores propagรฉes par des agents de dispersion), la dispersion peut รชtre temporelle via la banque de graines du sol (Leck. et al., 1989 ; Duliรจre et al., 2001). Cette dispersion est favorisรฉe par la sรฉlection naturelle et elle permet :
(i) Dโatteindre des habitats propices et favorables au dรฉveloppement des futures pousses
(ii) De diminuer la compรฉtition entre individus en les dissรฉminant sur un plus large territoire
(iii) D’รฉchanger des individus entre populations et de favoriser ainsi le brassage gรฉnรฉtique dans ces populations vรฉgรฉtales
(iv) De crรฉer de nouvelles populations en colonisant de nouveaux milieux.
En somme, les dispositifs de dissรฉmination prรฉsentent un avantage sรฉlectif, puisqu’ils favorisent la perpรฉtuation de l’espรจce. De faรงon gรฉnรฉrale, la structure de chaque type de graine est adaptรฉe ร son mode de transport. Ainsi, les graines transportรฉes par le vent sont souvent garnies d’appendices en forme d’ailes ou de parachute ; les petites graines sont dispersรฉes par le vent (Van der Pijl, 1969) ; celles qui sont dissรฉminรฉes par les animaux sont souvent sucrรฉes, odorantes, dotรฉes de couleurs voyantes, qui attirent les oiseaux et/ou les mammifรจres : enfin, celles qui sont dispersรฉes par un milieu aquatique ont la capacitรฉ de flotter. En fonction des modes de dispersion, les graines peuvent ainsi parcourir des distances considรฉrables et germer ร des milliers de kilomรจtres de leur habitat d’origine (Fenner, 2000).
DORMANCE DES GRAINES ET LA FORMATION DE LA BANQUES DE SEMENCE DU SOLย
La dormance est considรฉrรฉe comme un systรจme rรฉgulateur de la germination. Elle caractรฉrise l’รฉtat physiologique d’une graine qui, placรฉe dans les conditions favorables ร la germination, est inapte ร germer. Le phรฉnomรจne de dormance empรชche ou retarde une germination soutenue, homogรจne et rapide (Bellefontaine J, 1993). C’est aussi un moyen complรฉmentaire auquel ont recours certaines plantes pour assurer leur survie. Ainsi, elle dรฉsigne un stade au cours duquel la germination est irrรฉalisable ou trรจs peu probable. Le mรชme auteur distingue les types de dormances suivantes :
– la dormance primaire oรน la graine est dormante au moment de la dispersion ;
– la dormance secondaire ou induite au cours de laquelle la graine est capable de germer au moment de la dispersion, mais divers facteurs lโen empรชchent reconduisant ainsi ร un รฉtat de dormance.
Dans la pratique, il est souvent question de dormance exogรจne (ou tรฉgumentaire) due aux enveloppes sรฉminales, de dormance endogรจne (ou embryonnaire) rรฉsultant d’une inaptitude de l’embryon ร germer, et de dormance combinรฉe. Cette derniรจre rรฉsulte ร la fois de dormance endogรจne et exogรจne (Bellefontaine, 1993). Baskin et Baskin (1998) de leur cรดtรฉ trouvent comme types de dormance : la dormance physiologique, morphologique. morphophysiologique, physique, chimique et mรฉcanique. La dormance physiologique est due ร des inhibiteurs biochimiques. La dormance morphologique apparaรฎt dans les graines prรฉsentant un embryon immature. La dormance physique est causรฉe par la rรฉsistance de l’enveloppe de la graine ou du fruit, ce qui empรชche surtout l’absorption de l’eau et de gaz nรฉcessaires au dรฉmarrage de l’activitรฉ biologique conduisant ร la germination. Dans le cas de la dormance chimique, la germination de la graine est inhibรฉe par des substances chimiques.
La dormance des graines peut รชtre levรฉe en les soumettant ร l’action des agents climatiques tels que la chaleur, le froid, l’humiditรฉ, la sรฉcheresse, et/ou de maniรจre artificielle en pratiquant la scarification chimique et/ou mรฉcanique (digestion, putrรฉfaction) ou physique (Bellefontaine ,1997). La chaleur par exemple, permet de lever la dormance physique de certaines semences (Baskin et Baskin , 1998 ; Zida et al., 2007) ร travers ses effets physiques sur la structure de la coque (craquage de la coque) et/ou ses effets physiologiques sur l’embryon. La banque de graines du sol se compose de graines viables, non germรฉes stockรฉes dans le sol (Bigwood et Inouye, 1988). Ces graines entrent dans la banque de graines du sol car elles sont produites par les plantes locales, et tombรฉes sur le sol ou dispersรฉes dans une rรฉgion (Harper, 1995). D’autres auteurs estiment que la banque de graines du sol se compose des transitoires et des persistantes (Thompson et Grime, 1979). La banque de graines transitoire est celle contenant des graines qui restent viables pendant moins d’une annรฉe, alors que celle qui est persistante se compose de graines restant viables dans le sol durant plus d’une annรฉe. La banque de graines persistante contient des graines ayant une durรฉe de vie de 1-5 ans (le court terme) et celles vivant pendant plus de 5 ans (le long terme) (Thompson, 1993). La composition en espรจces de la banque de graines du sol dรฉpend d’une part de la richesse spรฉcifique de la zone considรฉrรฉe et d’autre part de l’historique de l’usage des terres de cette zone (Leckie et al.. 2000).
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Table des matiรจres
INRODUCTION
CHAPITRE I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. NOTION DE BANQUE DE GRAINE DU SOL OU BANQUE DE SEMENCES DU SOL
I.1.1. Dรฉfinition de la banque des graines du sol
I.1.2. Historique de la banque des graines du sol
I.1.3. Production de semences et dispersion
I.2 DORMANCE DES GRAINES ET LA FORMATION DE LA BANQUES DE SEMENCE DU SOL
I.3. LONGEVITES DES GRAINES DANS LE SOL : LES STRATEGIES DE SURVIE
I.4. FONCTION ECOLOGIQUE DE LA BANQUE DES GRAINES DU SOL : RELATION ENTRE LA BANQUE DES GRAINES DU SOL ET LA VEGETATION ENVIRONNANTE
I.5. PERTURBATION ET BANQUE DE GRAINE DU SOL
I.5.1 Feu et banque de graine du sol
I.5.2. Pรขturage et banque de graine du sol
I.6. METHODES DโETUDES DE LA BANQUE DE GRAINES DU SOL
II.1. PRESENTATION DE LA ZONE DโETUDE
II.1.1. Climat
II.1.2. Le relief
II.1.3. La vรฉgรฉtation
II. 2. MATERIEL UTILISE
II.3. STATIONS DโETUDE
II.4. CRITERE DE CHOIX DES STATIONS
II.5.CHOIX DES ESPECES LIGNEUSES
II.6. METHODE DโETUDE DE LA BANQUE DE SEMENCE DU SOL
II.6.1 Lโรฉchantillonnage
II.6.2. Prรฉparation et sรฉchage des รฉchantillons de sol
II.7. CARACTERISATION DE LA BANQUE DE GRAINE DU SOL
II.7.1. Mise en place du dispositif expรฉrimentale
II.8. ANALYSES DES DONNEES
CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSIONS
III.1. COMPOSITION DE LA BANQUE DE GRAINE DU SOL
III. 2. INFLUENCE DES PARAMETTRES ETUDIES SUR LA RICHESSE DE LA BANQUE DE SEMENCE DU SOL
III.3. INFLUENCE DES PARAMETTRE ETUDIES SUR LA QUANTITE DE SEMIS DU SOL
DISCUSSION
CONCLUSION
BLIOGRAPHIE
ANNEXES