Les causes infectieuses
Elles sont représentées par les bactéries présentes au sein de la plaque dentaire. Cette dernière est essentiellement constituée par la prolifération de microorganismes, ainsi que par un éparpillement des cellules épithéliales de leucocytes et de macrophages, rassemblées dans une matrice intercellulaire adhérente [38]. L’accumulation de la plaque sur la dent découle d’une succession d’événements bien précis. Ensuite des microorganismes libres provenant de la salive sont détectés dans la cavité buccale. Parmi ces microorganismes, les streptocoques sont les seuls capables d’adhérer directement sur les muqueuses buccales, de même que sur la surface dentaire fraichement nettoyée [24]. Ils permettent l’adhérence des autres microorganismes qui sont incapables de coloniser directement à la surface dentinaire. De nombreuses espèces pullulent dans la même plaque en surface des aérobies. Parmi eux, on trouve en particulier le streptocoque mitis qui représente 50% à 60% du total des aérobies tandis que les lactobacilles constituent seulement 0,07% [24]. En profondeur on retrouve également des streptocoques salivaires qui sont environ 20%, les actinomyces représentent également 20%. Les bactéries sont acidogéniques, surtout les streptocoques, qui délivrent des acides lactiques, pyruviques, proprioniques, acétiques etc. Accumulés dans la plaque, les acides passent dans la salive par diffusion. Dans les plaques, l’élimination se fait lentement (plusieurs heures) et le pH local va favoriser l’action décalcifiante sur l’émail et sur la dentine jusqu’à la dénudation des tubulis dentinaires [11].
Diagnostic positif
Le stimulus, pour confirmer le diagnostic doit déclencher une vive douleur aigüe qui persiste aussi longtemps que persiste le stimulus. Souvent, les personnes ne réagissent pas à tous les types de stimulus, généralement les cliniciens ont recours uniquement à l’air [50]. L’hypersensibilité dentinaire touche rarement une seule dent. Les patients dont les dents sont propres et fréquemment nettoyées sont davantage sujets à l’hypersensibilité dentinaire car la dentine se trouve exposée du fait d’une perte amélaire ou d’un traumatisme gingival [50]. L’hypersensibilité dentinaire est systématiquement liée à une exposition de la dentine et à une perméabilité des tubuli sur toute leur longueur et jusqu’à la pulpe [34]. Par définition [39], l’hypersensibilité dentinaire est un diagnostic d’exclusion. Donc, avant de procéder à la prise en charge et au traitement, il faut éliminer les autres affections qui présentent des symptômes rappelant ceux de l’hypersensibilité dentinaire [27]. Les patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire ressentent habituellement une douleur vive et brève, en réaction au froid (élément déclencheur le plus fréquent), au toucher, à l’air ou à des stimuli osmotiques ou chimiques [28].
Vernis et agents précipitants
D’après les observations, le vernis réduit la douleur liée à l’hypersensibilité dentinaire aussi longtemps qu’il demeure sur et dans les tubuli. Le fluorure de sodium et les oxalates à usage professionnel ont été administrés [22] et leur efficacité est sujet à controverse. D’autres vernis fluorés évalués cliniquement ne se sont pas avérés meilleurs que le vernis témoin [22].
CONCLUSION
Les chirurgiens-dentistes sont de nos jours, fortement confrontés aux situations d’urgence. En effet, en pratique clinique la douleur constitue un problème quotidien soit parce qu’elle est la raison de la consultation, soit parce qu’elle est consécutive au geste du praticien qu’il va falloir alors gérer. Il s’agit d’une notion complexe qui relève tant de la pathologie subie que du vécu du patient. A cet effet l’hypersensibilité dentinaire doit être prise en compte par les praticiens pour les douleurs et l’inconfort qu’elle entraine chez les patients qui en souffrent. Malgré la diversité des produits de désensibilisation, il est rarement possible de soulager durablement les patients. La plupart des études sur l’hypersensibilité dentinaire ses dernières décennies sont essentiellement axée, à travers des essais cliniques, sur l’efficacité de différents agents thérapeutiques. L’objectif de ce travail était de déterminer, le niveau de connaissance et la prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire par les chirurgiens dentistes sénégalais. L’enquête a été menée auprès 164 dentistes sénégalais. L’âge moyen était de 41,99 ± 8,503. La majorité soit 54% exerce dans le secteur libéral, 37% dans le secteur public et 9% dans le secteur parapublic. Seulement 2% sont des parodontologistes et les 92% sont des omnipraticiens. Selon ces chirurgiens dentistes sénégalais la tranche d’âge des patients les plus touchés par l’hypersensibilité dentinaire est celle comprise entre 25 à 50 ans. La recherche systématique de l’hypersensibilité dentinaire n’est effectuée que par 18 % des dentistes sénégalais. La presque totalité soit 99% cite la récession gingivale comme processus pathologique locale associée à l’hypersensibilité dentinaire. Concernant la théorie explicative de cette pathologie, 6 % seulement des dentistes sénégalais ont pu citer le modèle hydrodynamique de Brannström qui est malgré les questions encore ouvertes, la théorie la plus fréquemment acceptée permettant d’expliquer le phénomène de l’hypersensibilité dentinaire. Pour le diagnostic clinique de l’hypersensibilité dentinaire, 68 % des dentistes utilisent des tests mécaniques (jet d’air et /ou sondage). Cependant 56 % ont recours au diagnostic différentiel. Il est primordial de prévenir cette pathologie en informant très tôt le patient sur les facteurs prédisposants liés à l’alimentation et d’une mauvaise technique de brossage. Une élimination des facteurs de risque et un conseil diététique pour la prévention sont proposés par 42% des dentistes sénégalais. Les thérapeutiques mises en œuvre reposent essentiellement sur les restaurations par le scellement des pertes de substance combinées à une application des produits désensibilisants pour 82% des dentistes sénégalais. Les résultats de cette étude montrent certaines lacunes au niveau des connaissances des praticiens et le peu de confiance dans le traitement de cette pathologie. Des études à long terme s’imposent pour mieux guider le choix des praticiens. La formation continue des chirurgiens dentistes devra insister sur le diagnostic, les facteurs de prédisposition, et la prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. La neurophysiologie de la dentine
I.1. La sensibilité dentinaire
I.1.1 Première hypothèse
I.1.2 Deuxième hypothèse
I.1.3 La troisième hypothèse
I.2. La projection de la douleur pulpaire dans le système nerveux central
II. Aspects épidémiologiques
III.FACTEURS ETIOLOGIQUES
III.1. Les causes infectieuses
III.2. Les causes traumatiques
III.2.1 L’abrasion
III.2.2 L’érosion
III.2.3. L’abfraction
III.3. Les causes iatrogènes
IV. La pathogénie
IV.1. La dentine hypersensible
IV.2 Mécanisme de l’hypersensibilité dentinaire
V.DIAGNOSTIC
V.1 Diagnostic positif
V.2. Le diagnostic différentiel
VI.APPROCHE THERAPEUTIQUE
VI.1. Traitement préventif
VI.2. Traitement curatif
VI.2.1. Traitement ambulatoire
VI.2.1.1. Sels de potassium
VI.2.1.2 Sels de strontium
VI.2.1.3 Les composants fluorés
VI.2.2 Traitement professionnel
VI.2.2.1 Par voie chimique
a. Vernis et agents précipitants
b. Matériaux de restauration
VI.2.2.2 Par voie physique
a. Chirurgie parodontale
b. Autres traitements
DEUXIEME PARTIE: NIVEAU DE CONNAISSANCE ET PRISE EN CHARGE DE L’HYPERSENSIBILITE DENTINAIRE PAR LES DENTISTES SENEGALAIS
I. JUSTIFICATION
II. MATERIEL ET METHODE
III. RESULTATS DE L’ENQUETE
III.1. Profil sociodémographique
III.1.1. Le sexe
III.1.2. L’âge
III.1.3. Secteur et localité d’exercice
III.1.4. La spécialité
III.1.5. Définition de l’hypersensibilité dentinaire
III.1.6. Facteur déclenchant de l’hypersensibilité
III.1.7. Facteurs associés au déclenchement de l’hypersensibilité
III.1.8. Le diagnostic
III.1.8.1. Recherche systématique de l’hypersensibilité dentinaire
III.1.8.2. Moyens de diagnostic de l’hypersensibilité dentinaire
III.1.8.3. Diagnostic différentiel
III.1.9. Tranches d’âge des patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire
III.1.10. Théories explicatives de l’hypersensibilité dentinaire
III.1.11. Les traitements.
III.1.11.1. Le traitement préventif
III.1.11.2. Le traitement curatif proposé aux malades
III.1.12. Suivi des malades
IV.DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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