ETIOLOGIES DE L’HALITOSE
Bien que la mauvaise haleine soit souvent associée à l’odeur de certains aliments comme l’ail et l’oignon, sa principale source est la microflore buccale. Les processus de maladie buccale, notamment les caries et les parodontopathies influencent également la formation de cette microflore chez tous les patients.
Composés malodorants
Composés sulfurés volatils (CSV)
C’est en 1971 que Tonzetich [86] a démontré que la mauvaise haleine est due essentiellement à des composés volatils sulfurés comme le méthylmercaptan (CH3SH), le sulfure d’hydrogène (H2S) et le sulfure de diméthyle (CH3-S-CH3). Le rôle déterminant des bactéries dans la production de la mauvaise haleine a été mis en évidence par Kleinberg et col. [33] dés 1973. Les CSV sont les produits terminaux de l’activité métabolique des bactéries anaérobies strictes sur des acides aminés soufrés. Ces derniers sont issus de la dégradation de protéines ou de peptides provenant de la salive, du fluide gingival, ou des aliments (figure 1).
Diamines
Certains patients ont une mauvaise haleine objectivable alors que les niveaux de CSV enregistrés par l’halimètre sont faibles (l’halimètre est un moniteur permettant la mesure de composés sulfurés volatils, il est disponible sous forme d’un appareil compact et portable) (figure 3). Cela signifie que d’autres composés modulent la qualité de l’halitose. La cadavérine et la putrescine sont deux amines malodorantes produites par la dégradation bactérienne. La cadavérine est le résultat de la décarboxylation de la lysine et la putrescine est issue de la décarboxylation de l’ornithine ou de la désamination de l’arginine [46]. La cadavérine contribue aux odeurs et ne s’exhale dans l’haleine que lorsque la salive s’assèche sur la surface des muqueuses.
Composés aromatiques
Le métabolisme du tryptophane permet la production de scatole et d’indole qui sont des composés aromatiques. Ils ne seraient pas primordiaux dans l’apparition des mauvaises odeurs buccales [89].
Acides gras volatils
D’après Armstrong [3], de nombreuses espèces bactériennes asaccharolytiques comme Peptostreptococcus, Treponema, Fusobacteriumselenomonas, Eubacteriumpeuvent donner, à partir de la méthionine ou de la cystéine, de courtes chaînes d’acides gras volatils odorants, comme l’acide butyrique, l’acide valérique, l’acide propionique et l’acide acétique.
Autres composés malodorants
Phillips M. [54] en étudiant l’air buccal de patients atteints d’halitose sévère ont noté la présence d’une trentaine de composés organiques volatils malodorants dont la plupart (80%) sont des alcanes ou des dérivés d’alcanes. Si on se base sur la composition gazeuse de l’haleine, il est probable qu’il existe autant de mauvaises haleines différentes que de personnes.
Bactéries anaérobies
La cavité buccale présente environ 600 espèces bactériennes distinctes aux capacités très diverses à utiliser les nutriments disponibles [34]. Tous les paramètres physico-chimiques influençant la croissance des bactéries anaérobies vont favoriser la production d’odeurs fétides. Plus généralement, toutes les niches propices au développement d’un biofilm (face dorsale de la langue, embrasures interdentaires, malpositions, absence de points de contact…) ou les sites présentant une raréfaction de la pression en oxygène permettent l’installation des anaérobies. Un pH basique ou voisin de la neutralité optimise la production de gaz malodorants [86] alors qu’un pH acide inhibe la croissance des bactéries parodonto-pathogénes, ce qui diminue la formation des mauvaises odeurs .
Facteurs anatomiques
Langue
De par sa localisation et sa fonction, la langue est une des structures anatomiques les plus importantes de la cavité buccale. Le chirurgien dentiste doit se sentir directement concerné par la sémiologie linguale puisque l’ORL s’intéresse aux amygdales et aux pharynx, le dermatologue s’arrête aux lèvres et que le gastro-entérologue commence à l’œsophage. 60% des halitoses buccales seraient d’origine linguale [85]. La structure papillaire du dos de la langue représente une niche écologique unique dans la cavité buccale. Elle offre une large surface favorisant l’accumulation de débris et de micro-organismes [92]. Le revêtement de la langue héberge des cellules épithéliales détachées de la muqueuse buccale, des micro organismes et des leucocytes provenant des poches parodontales. La surface dorsopostérieure de la langue est naturellement une zone de rétention et difficilement accessible aux nettoyages mécaniques et physiologiques. Sa rétention est augmentée en cas de langues villeuses, fissurées ou irradiées (Figure 2).
Plus de 100 bactéries sont attachées à une seule cellule épithéliale desquamée de l’enduit lingual, alors que seulement 25 sont attachées à chaque cellule dans les autres sites de la muqueuse orale. La langue est souvent saburrale chez les gros fumeurs, les sujets respirant par la bouche, les patients édentés non appareillés, ou chez les personnes n’absorbant que des aliments ramollis [8]. L’extrémité pointue des papilles filiformes permet l’entassement de débris, de bactéries ou de cellules mortes dans les espaces inter papillaires [8]. La langue constitue donc un site important de fermentation en créant un environnement où les bactéries sont protégées de l’action nettoyante de la salive et où le taux d’oxygène est bas, ce qui favorise le développement des bactéries anaérobies.
Dents
Les malpositions dentaires ou les absences de points de contact favorisent la rétention alimentaire et joue un rôle dans la production de mauvaises odeurs buccales. Les cingulums profonds des incisives créent un environnement où les bactéries sont protégées de l’action nettoyante de la salive et où le taux d’oxygène est bas ce qui favorise le développement bactérien. Les espaces inter dentaires, difficiles à nettoyer, peuvent retenir des aliments et engendrer des odeurs.
Prothèses dentaires
Des prothèses mal nettoyées, mal ajustées, mal polies, devenues poreuses ou rugueuses peuvent dégager une odeur. La résine poreuse absorbe l’eau et les substances odoriférantes en solution. Les bridges et les couronnes mal serties retiennent les aliments si leurs configurations ne sont pas anatomiques. Les pâtes adhésives pour les prothèses favorisent la rétention bactérienne.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : ETIOLOGIES DE L’HALITOSE
1.1 Facteurs intra-buccaux
1.1.1 Composés malodorants
1.1.1.1 Composés sulfurés volatils (CSV)
1.1.1.2 Diamines
1.1.1.3 Composés aromatiques
1.1.1.4 Acides gras volatils
1.1.1.5 Autres composés malodorants
1.1.2 Bactéries anaérobies
1.1.3 Facteurs anatomiques
1.1.3.1 Langue
1.1.3.2 Dents
1.1.4 Prothèses dentaires
1.1.5 Appareils ODF
1.1.6 Poches parodontales
1.1.7 Lésions herpétiques
1.1.8 Habitudes de vie
1.2 Facteurs extra-buccaux
1.2.1 Maladies Oto-rhino-laryngologiques
1.2.1.1 Sinusites chroniques
1.2.1.2 Tonsillites chroniques
1.2.1.3 Angine de Plaut-Vincent
1.2.2 Maladies gastriques
1.2.3 Diabète
1.2.4 Insuffisance rénale
1.2.5 Maladies du foie
1.2.6 Triméthylaminurie
1.2.7 Médicaments
CHAPITRE II: CLASSIFICATION ET EVALUATION DE L’HALITOSE
2.1 Classification de l’halitose
2.2 Evaluation de l’halitose
2.2.1 Méthodes organoleptiques
2.2.2 Méthodes professionnelles
2.2.2.1 Appareils de chromatographie gazeuse
2.2.2.2 Nez électroniques
2.2.2.3 Moniteurs des Composés Sulfurés Volatils
CHAPITRE III : PRISE EN CHARGE
3.1 Interrogatoire
3.2 Examen clinique proprement dit
3.2.1 Examen exo-buccal
3.2.2 Examen endo-buccal
3.3 Examens para-cliniques
3.3.1 Examen radiologique
3.3.2 Autres examens complémentaires
3.4 Traitements
3.4.1 Préventifs
3.4.1.1 Hygiène bucco-dentaire
3.4.1.1.1 Brossage des dents
3.4.1.1.2 Compléments au brossage
3.4.1.2 Hygiène alimentaire
3.4.1.3 Hygiène de vie
3.4.2 Curatifs
3.4.2.1 Restaurations coronaires
3.4.2.2 Parodontie
3.4.2.3 Chirurgie
3.4.2.4 Prothèse
3.4.2.5 Orthodontie
3.4.2.6 Médication
3.4.2.6.1 Traitement des pathologies sources d’halitose
3.4.2.6.2 Traitement direct d’halitose
3.4.3 Palliatifs
3.4.3.1 Homéopathie
3.4.3.2 Phytothérapie
3.4.3.3 Aromathérapie
3.4.3.4 Autres
CONCLUSION