Niveau de connaissance et auto-évaluation sur l’halitose

L’halitose est un terme médical, utilisé pour la première fois par la Compagnie Listerine en 1921[55]. Décrivant une mauvaise haleine comme une odeur émanant de la cavité buccale. L’halitose a une étymologie mixte, elle dérive du latin « halitus » (souffle ou haleine) et du suffixe grec « osis » (changement pathologique) [80]. Il s’agit d’un trouble très ancien. En effet des références ont été retrouvées dans la Bible et le Coran mais aussi dans le talmud et la liturgie hébraïque, dont l’origine remonte à plus de 2000 ans, en faisaient clairement mention dans leur contrat de mariage traditionnel, la ketuba qui stipulait qu’un mariage pouvait être légalement rompu si l’un des partenaires dégageait de mauvaises odeurs [40]. La mauvaise haleine est associée à la production des Composés Volatils Sulfurés (comme le Sulfure d’hydrogène, le methylmercaptan et le sulfure de diméthyle) qui sont les produits terminaux de l’activité métabolique des bactéries anaérobies strictes sur des acides aminés soufrés. Ces derniers sont issus de la dégradation de protéines ou de peptides provenant de la salive, du fluide gingival, ou des aliments.

Cependant c’est seulement au cours de ces dernières années que le problème a fortement touché l’intérêt public, et que la communauté scientifique a commencé à s’y intéresser. Il s’agit d’un trouble fréquent, chronique chez 50% de la population adulte et d’origine buccale dans plus de 80% des cas [1]. De plus en plus, l’aspect esthétique de la dentition est une réalité importante dans la vie de tous les jours. L’esthétique ne se limitant pas qu’à l’aspect visuel, la population est également sensibilisée à l’odeur qui se dégage de leur cavité buccale .

Ainsi les chirurgiens dentistes sont directement concernés par la sémiologie de l’halitose. Son analyse correcte est importante car permettra de rassurer les patients qui sont souvent traumatisés par leur odeur buccale, de préciser ou de confirmer une pathologie et de mettre en œuvre une thérapeutique adaptée. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer le niveau de connaissance sur l’halitose des étudiants inscrits pour l’année scolaire 2009-2010 en Odontologie.

CLASSIFICATION DES HALITOSES 

Il existe trois catégories d’halitoses .
– halitose proprement dite,
– pseudohalitose,
– halitophobie.

Halitose proprement dite

Selon la cause, elle est divisée en halitose physiologique et en halitose pathologique.

❖ Halitose physiologique
Appelée aussi halitose « normale », elle est due à la flore bactérienne de la cavité orale. Elle disparaît lorsque des mesures d’hygiène efficaces sont mises en place.
❖ Halitose pathologique
Elle est permanente et ne peut être traitée que par une approche thérapeutique adéquate.

Pseudohalitose
Elle est présente lorsque le patient croit avoir une mauvaise haleine alors que celle-ci est inexistante.

Halitophobie
C’est un état obsessionnel de mauvaise haleine. Le patient continue de se plaindre d’une mauvaise haleine subjective après que celle-ci a été diagnostiquée objectivement et traitée avec succès. Néanmoins, le diagnostic d’halitophobie doit être pris au sérieux car elle peut être confondue avec d’autres maladies comme la triméthylaminurie. Cette dernière est une maladie génétique due à un déficit d’oxydation de la triméthylamine (TMA), composé malodorant en triméthylamine N oxyde (TMAO) composé sans odeur.

ETIOLOGIES DES HALITOSES 

L’halitose peut avoir une origine buccale ou extra buccale. Bien que la fréquence des causes extra buccales se situe entre 7 et 15% selon les étiologies, comparées aux 85% des causes buccales, elles ne doivent pas être négligées dans le cadre du bilan étiologique du patient consultant pour une mauvaise haleine.

CAUSES INTRA-BUCCALES 

LES BACTERIES 

Elles jouent un rôle important dans la production des mauvaises odeurs. Leur présence est nécessaire à la production des composants odorants. Des études utilisant des méthodes in vitro, ont démontré que la production de composants malodorants provenant de salive incubée est corrélée avec une modification de la flore microbienne qui passe d’une prédominance gram-positif à une flore anaérobie à prédominance gram-négatif [41]. Différents auteurs ont étudié la capacité in vitro des différentes bactéries à produire des CSV parmi celles-ci on trouve : Peptostreptococcus, Eubacterium, Selenomonas, Centipeda, Bacteroides et Fusobacterium. Des microorganismes spécifiques tels que Porphyromonas gingivalis, Treponema denticola et Porphyromonas endodontalis sont souvent associés à la parodontite ou aux infections péri apicales et sont rarement trouvés dans une bouche saine. Les espèces malodorantes généralement identifiées sont principalement des anaérobies gram-négatif. Leurs principales sources nutritives sont les protéines, les peptides ou les acides aminés qui, sous des conditions physicochimiques spécifiques, se dégradent en CSV et autres substances odorantes.

Ces bactéries anaérobies gram-négatif peuvent être isolées de la plaque subgingivale dans le cas de gingivite et de parodontite, et du dos de la langue chez les sujets dont le parodonte est sain [40].

L’ALIMENTATION

Le passage de la circulation sanguine vers les poumons de composants volatils malodorants provenant du métabolisme de certains aliments est une étiologie possible de l’halitose. Ainsi, l’abus d’alcool provoque typiquement une odeur d’aldéhyde. Lors de la consommation d’ail, les sulfures d’allyle méthyle sont responsables d’une haleine typique. Il est intéressant de noter que l’odeur n’apparaît que 30 minutes après la consommation d’ail, mais qu’elle persiste pendant une période prolongée, pouvant durer jusqu’à 72 heures [44]. Les habitudes alimentaires typiques de certaines régions géographiques où la consommation d’aliments particuliers comme les oignons ou le café sont également susceptibles de provoquer des altérations de l’haleine. L’halitose peut d’autre part résulter d’un jeûne prolongé. Dans ce cas, ce n’est pas seulement la réduction du flux salivaire qui est responsable de la mauvaise haleine, la valeur du pH intrabuccal vire vers la plage alcaline, ce qui stimule les enzymes favorisant l’apparition d’une halitose [29].

LE TABAGISME

Le tabagisme revêt une importance non négligeable pour deux raisons. D’une part, certains fumeurs essayent de masquer par la fumée de tabac la présence d’une mauvaise haleine existante due à d’autres facteurs étiologiques. Par conséquent, l’association de la fumée de tabac à une condition existante entraîne la formation d’une haleine caractéristique, connue sous le terme de «smokers breath» (haleine du fumeur) [4]. Cette haleine du fumeur se compose, d’une part, de composants de la fumée de tabac résorbés au préalable et qui, après avoir transité par le système de la circulation sanguine, sont acheminés vers les poumons et se retrouvent finalement dans l’air expiré [63]. D’autre part, l’haleine du fumeur contient des composants de la fumée de tabac qui s’étaient temporairement déposés dans les muqueuses des voies respiratoires supérieures et inférieures [68] avant de se retrouver également dans l’air expiré. En raison de concentrations plus élevées de composés soufrés, les fumeurs de cigares et de pipe ont tendance à présenter une haleine du fumeur plus marquée [4]. De même, chez les fumeurs passifs, il est possible de déceler des formes moins prononcées d’haleine du fumeur [63]. Une relation directe entre le tabagisme et la mauvaise haleine n’a pas été établie, en dépit du fait que la fumée de tabac contient elle-même des CSV incriminés dans la pathogenèse de l’halitose [70]. Cependant, le tabagisme entraîne une augmentation de la rétention de plaque, une réduction du flux salivaire et un abaissement du métabolisme gingival [47]. Ces facteurs favorisent la survenue d’une gingivite ou d’une parodontite et par conséquent l’apparition d’une halitose secondaire .

L’ALCOOLISME

L’alcool provoque un dessèchement rapide de la bouche et peut induire une halitose immédiate.

LES STRUCTURES ANATOMIQUES 

La langue
Différentes études ont établi que la langue est un réservoir de bactéries de la cavité buccale. Des estimations indiquent que 60% environ des microorganismes se trouvent sur la langue [21; 89; 14]. Les personnes souffrant de mauvaise haleine présentent en général plus d’accumulations sur la langue que les personnes n’en souffrant pas. Ces accumulations sont constituées de bactéries, de composants sanguins et salivaires. L’enduit lingual est composé des cellules épithéliales, des cellules sanguines et des bactéries. Plus de 100 bactéries peuvent être attachées à une cellule du dos de la langue, alors que seulement environ 25 bactéries le sont à chacune des cellules se trouvant dans d’autres zones de la cavité buccale [86]. La morphologie de la face dorsale de la langue est très irrégulière, comporte des multiples fissures et est hérissée des papilles muqueuses. Ces fissures et cryptes peuvent créer un environnement où les micro-organismes sont bien protégés de l’action d’évacuation de la salive où les niveaux d’oxygène sont faibles, ce qui a pour résultat d’augmenter les bactéries anaérobies [40].

Les dents
Les malpositions dentaires ou les absences de points de contact favorisent la rétention alimentaire et jouent un rôle dans la production de mauvaises odeurs buccales. Les cingulums profonds des incisives créent un environnement où les bactéries sont protégées de l’action nettoyante de la salive et où le taux d’oxygène est bas ; ce qui favorise le développement bactérien. Les espaces inter dentaires, difficiles à nettoyer, peuvent retenir des aliments et engendrer des odeurs.

Les prothèses dentaires
Les éléments prothétiques mal réalisés ou mal entretenus créent des conditions favorables à la rétention des micro-organismes et des débris alimentaires car, leurs bords non polis sont générateurs d’ulcération qui participe également à l’halitose.

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Table des matières

INTTRODUCTION
PREMIERE PARTIE:REVUE DE LA LITTERATURE
I. Classification
I.1. Halitose proprement dite
I.2. Pseudo-halitose
I.3. Halitophobie
II. Etiologies de l’halitose
II.1. Causes intra-buccales
II.1.1. L’origine bactérienne
II.1.2. Les habitudes alimentaires
II.1.3. Le tabagisme
II.1.4. L’alcoolisme
II.1.5. Les structures anatomiques
II.1.6. La salive
II.1.7. Les pathologies bucco-dentaires
II.2. Autres étiologies
II.2.1. Les maladies d’ORL
II.2.2. Les maladies gastriques
II.2.3. Les médicaments
II.2.4. L’origine psychosomatique
III. Le mécanisme de l’halitose
III.1. Les constituants de l’halitose
III.2. Les facteurs impliqués dans la libération des CSV
IV. Diagnostic des halitose
IV.2. Diagnostic positif
Halimètre
Appareils de chromatographie
Nez électronique
V. Traitement des halitoses
V.1 Nettoyage de la langue
V.2. Les solutions de bain de bouche
V.2.1.Le Digluconate de chlorhexidine
V.2.2. Les Fluorures
V.2.3. Les huiles aromatiques
V.2.4 les solutions de sels métalliques
V.2.5. Les autres composés
DEUXIEME PARTIE:ETUDE CLINIQUE
I. Justification
II. Objectif
III. Matériels et méthodes
III.1 Cadre d’étude
III.2 Type d’étude
III.3 Population d’étude
III.4 Critère de sélection
III.5 Collecte des données
IV. L’institut d’odontologie
IV.1. Statut juridique
IV.2. Le programme d’enseignement
V. Résultats
V.1 Caractéristiques de la population
V.2 Niveau de connaissance
V.2.1 Définition
V.2.2 Causes
V.2.3 Diagnostic
V.2.4 Traitement
V.2.5 Niveau de connaissance selon le sexe
V.2.6 Niveau de connaissance selon l’année d’étude
V.3 Auto-évaluation
V.3.1 Présence d’halitose chez les étudiants
V.3.2 Intensité de l’halitose
V.3.3 Fréquence de l’halitose
V.3.4 Survenue de l’halitose
V.3.5 Distance de perception de l’halitose
V.3.6 Influence de l’halitose sur la vie sociale
V.3.7 Etat général
VI. Discussion
VII. Recommandations
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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