Niveau d’activité physique chez les femmes enceintes

Facteurs pouvant affecter la pratique d’activité physique prénatale

Les douleurs lombo-pelviennes

La survenue des DLP peut être l’une des raisons qui pourraient expliquer la diminution de la pratique d’AP chez les femmes enceintes. En effet, Evensson et al. ont examiné et ont tenté d’identifier les différents obstacles à la pratique de l’AP chez les femmes enceintes durant leur grossesse. Dans un groupe de discussion des femmes, certaines participantes ont mentionné qu’ elles avaient évité de pratiquer l’AP à cause de problèmes musculo-squelettiques comme les DLP (Evenson, Moos, Carrier, & Siega- Riz, 2009). Aussi, selon l’étude de cohorte longitudinale de Owe et al., dont l’objectif était de décrire le niveau d’exercice avant la grossesse, et à 17 et 30 semames de grossesse auprès de 34,508 femmes enceintes, et d’évaluer les facteurs associés à la pratique d’exercices réguliers (c’est-à-dire la pratique d’activités récréatives au moins trois fois par semaine), les femmes enceintes réduiraient leur pratique d’ AP régulière à cause des DLP (Owe et al., 2009). Le QI est le questionnaire qui a permis d’obtenir des informations sur les caractéristiques maternelles, les problèmes de santé liés à la grossesse (ex: la présence de DLP) et les comportements d’AP, en pré-grossesse et à la 17ème et à la 30ème semaine de grossesse. Quant au Q3, il a récolté des informations sur la santé pendant la grossesse et sur le suivi des questions de Q 1. Les résultats de cette étude ont révélé la diminution de la proportion de femmes régulièrement actives passant de 46,4% en pré-grossesse à 28% à la 17ème semaine de grossesse et à 20,4% à la 30ème semaine de grossesse. Les auteurs ont aussi montré que les femmes qui rapportent des DLP ainsi que des douleurs musculo-squelettiques, surtout à la 30ème semaine de grossesse étaient moins susceptibles de pratiquer une AP de manière régulière (Owe et al., 2009).

Ces mêmes auteurs ont publié en 2015 d’autres résultats issus de la même étude portant sur l’association entre les niveaux d’AP en pré-grossesse (soit 3 mois avant la grossesse) et les DLP durant la grossesse (Owe et al., 2015). Les données concernant les DLP proviennent d’un questionnaire auto rapporté distribué lors de la 30ème semaine de grossesse. Ce dernier questionnaire a interrogé les femmes enceintes sur la présence ou non de DLP et sur la localisation précise de celles-ci (un ou plusieurs sites de douleurs), en cotant les DLP selon leur intensité (soit légère ou sévère). Les analyses réalisées ont mis en évidence que le risque de développer des DLP était associé à plusieurs facteurs :

La présence de DLP était plus élevée chez les femmes d’âge inférieur à 25 ans, qui fumaient, qui présentaient un surpoids ou une obésité, qui avaient également des antécédents de lombalgies et de dépression en prégrossesse. Il y avait une association non linéaire de la pratique d’AP en prégrossesse et du risque de développer des DLP.

Plus précisément, les femmes pratiquant une AP trois à cinq fois par semaine en pré-grossesse avaient une diminution de 14% du risque de développer des DLP pendant la grossesse par rapport aux femmes n’ayant pas fait d’activité physique en pré-grossesse (Owe et al., 2015). La pratique de sport à fort impacts au sol, tels que la course à pied, le jogging, la course d’orientation, les jeux de balle et la danse aérobie avec des sauts étaient associés à un risque moins élevé de développer des DLP pendant la grossesse.

Ainsi, l’inactivité physique pourrait potentiellement augmenter le risque de développer des DLP pendant la grossesse (Owe et al., 2015).

Finalement, les auteurs d’une étude transversale ont mis en évidence que l »inactivité physique était la stratégie préférentielle que les femmes enceintes taiwanaises adoptaient lorsqu’elles souffraient de DLP (Chang, Yang, Jensen, Lee, & Lai, 2011). Les auteurs ont mentionné que l’intensité des DLP était significativement associée au fait que les participantes se mettent au repos ou deviennent totalement inactives (Chang et al., 2011). Selon leur hypothèse, cela pourrait conduire à un déconditionnement physique et un gain de poids maternel supérieur à la moyenne. Malgré tout, cette étude comporte un biais interculturel non négligeable. En effet, le comportement inactif qu’adoptent les femmes enceintes de cette étude peut être expliqué par l’habitude culturelle qui existe en Asie qui est le suivant; les femmes sont censées éviter les activités physiques intenses lorsqu’elles sont enceintes (Chang et al., 2011).

Parallèlement aux études montrant un lien entre les DLP et la pratique d’AP, d’autres études ont une vision centrée sur la prévention des douleurs et s’intéressent aux traitements possibles des DLP par l’AP. Stafne et al., (Stafne, Salvesen, Romundstad, Stuge, & Morkved, 2012), ont réalisé un essai contrôlé randomisé d’un total de 855 femmes enceintes classées selon deux groupes; le groupe d’intervention a reçu un programme d’entraînement respectant des recommandations américaines: The American of Obstetricians and Gynecologists (Artal & O’Toole, 2003). Le groupe témoin a reçu un traitement de soin prénatal standard et les informations habituelles données par les sages-femmes ou médecins. Les deux groupes ont reçu des informations et recommandations sur les exercices du plancher pelvien, l’alimentation et les DLP liées à la grossesse. Le programme d’entraînement reçu par les femmes faisant parties du groupe d’intervention consistait en un programme d’exercices de 12 semaines (entre la 20ème et 36ème semaine de grossesse) comportant des exercices de gymnastique et de renforcement musculaire (en utilisant le poids du corps comme résistance, exercices d’équilibre et étirement musculaire). Chaque séance hebdomadaire a été faite en petit groupe, d’une durée de 60 minutes, et était supervisée par un physiothérapeute.

En plus, du programme d’entraînement, les participantes ont été encouragées à faire des exercices à domicile (d’endurance, de force et d’équilibre) de 45 minutes au moins deux fois par semaine. Ces données ont été recueillies dans un journal de bord. Les données concernant les DLP et les congés de maladie ont été récoltés grâce à des questionnaires auto-rapportés. Les résultats ont démontré que l’ AP pendant la grossesse n’influençait pas la fréquence des DLP, mais que l’ AP permet aux femmes enceintes de mieux les supporter (Stafne et al., 2012). De plus, les femmes enceintes qui avaient bénéficié du programme d’AP avaient diminué leurs demandes de congés maladie dues aux DLP (Stafne et al., 2012).

L’étude de Kihlstrand et al. a également mis en évidence l’intérêt pour les femmes enceintes de pratiquer de l’ AP surtout dans un contexte de DLP et de congés maladie. Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé comptant 129 femmes enceintes randomisées selon deux groupes; le groupe d’intervention a reçu un cours de gymnastique aquatique une fois par semaine à partir de la seconde moitié de la grossesse et le groupe témoin n’a reçu que les informations standards de grossesse délivrées par les sages-femmes et médecins. Au total les participantes du groupe d’intervention ont reçu entre 17 et 20 cours de gymnastique aquatique d’une heure chacun composé de 30 minutes d’exercices adaptés au stade de grossesse et 30 minutes de relaxation dans l’eau. Toutes les participantes ont également rempli à chaque évaluation, soit à la 18ème , 34ème semaine de grossesse et à la première semaine de post-partum, des questionnaires (concernant les DLP antérieures et actuelles, la parité, l’éducation, etc.) et un journal quotidien de cotation des DLP. À la dernière évaluation, le questionnaire renseigne sur les congés maladie durant la grossesse, le gain de poids, l’accouchement, le bébé. Ainsi les auteurs ont conclu que des exercices faits en milieu aquatique pendant la seconde partie de la grossesse permettent de réduire de manière significative l’intensité des DLP chez les femmes enceintes (Kihlstrand, Stenman, Nilsson, & Axelsson, 1999). Comme l’expliquent Gjesland et al. (Gjestland, Bo, Owe, & Eberhard-Gran, 2013), il existe une association entre l’ AP pratiquée de façon modérée une à deux fois par semaine en milieu de grossesse et la faible prévalence des DLP en fin de grossesse.

Selon eux, l’AP provoquerait une diminution de l’inconfort lié aux DLP ressenties par les femmes enceintes, en améliorant l’autosatisfaction, ce qui créerait un phénomène physiologique de sécrétion d’endorphines, de noradrénaline et de sérotonine plus élevée que chez les femmes inactives (Gjestland et al., 2013).

Les incapacités physiques

Avec l’évolution de la grossesse, le corps des femmes enceintes subit des nombreuses modifications physiques comme le gain de poids qui en moyenne est de Il,5 à 16 kilogrammes chez les femmes normo-pondérales et l’élargissement du diamètre abdominal suite à l’expansion de l’utérus (Dumas et al., 1995; Rasmussen et al., 2009).

Avec ces changements corporels, il semble que les femmes enceintes se sentent moins confortables dans leurs corps et elles rapportent des incapacités physiques (Ng et al., 2017). En effet la revue systématique de littérature de Coll et al., dont le but était d’identifier et de résumer les obstacles à la pratique d’AP de loisirs pendant la grossesse, a rapporté que les incapacités physiques étaient fréquemment observées durant le dernier trimestre de grossesse (Coll, Domingues, Goncalves, & Bertoldi, 2017). Les auteurs ont inclus 12 études quantitatives et 14 études qualitatives pour réaliser la revue de littératures. Les incapacités physiques et notamment la croissance du diamètre abdominal, le manque de souffle, les douleurs dorsales et pelviennes ont été décrites comme des obstacles à la pratique d’AP de loisirs chez les femmes enceintes en fin de grossesse (Coll et al., 2017).

Tout comme pour les DLP, les données actuelles montrent une réduction des incapacités physiques chez des femmes enceintes ayant suivi un programme d’exercices pendant leurs grossesses. Sklempe et al., (Sklempe Kokic et al., 2017), ont mené un essai contrôlé randomisé de 45 femmes enceintes réparties en deux groupes. Le groupe expérimental a reçu comme intervention un programme individualisé, supervisé, d’exercices de gymnastique (soit six exercices effectués en trois séries de 10-15 répétitions), de résistance et de stabilisation de la région lombo-pelvienne deux fois par semaine associée à de la marche quotidienne d’une durée minimum de 30 minutes ainsi que les soins prénataux standards. Le groupe contrôle a seulement reçu les soins prénataux standards. Les auteurs ont évalué le niveau d’AP grâce au PPAQ et unjoumal de bord, les incapacités physiques grâce au Roland-Morris Disability Questionnaire (RMDQ) et au PGQ, et l’intensité des DLP avec l’EVA et. Les résultats ont révélé une baisse du pourcentage de femmes rapportant des DLP dans le groupe expérimental par rapport au groupe contrôle. L’intensité des DLP était significativement plus faible chez les femmes du groupe expérimental lors de la dernière évaluation faite à la 36ème semaine de grossesse. Le groupe expérimental présentait aussi des scores plus faibles au PGQ et au RMDQ par rapport aux femmes enceintes du groupe contrôle, suggérant une incapacité physique inférieure et moins de symptômes liés aux incapacités physiques.

Ainsi un tel programme d’exercices pendant la grossesse a eu un effet spécifiquement bénéfique sur la sévérité des DLP, sur les incapacités physiques et par la même occasion sur la qualité de vie des femmes enceintes du groupe expérimental (Sklempe Kokic et al., 2017).

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Table des matières

INTRODUCTION 
1. LES DOULEURS LOMBO-PELVIENNES DURANT LA GROSSESSE 
1.1. Définition des douleurs lombo-pelviennes
1.2. Prévalence des douleurs lombo-pelviennes chez les femmes enceintes
1.3. Outils de mesure des douleurs lombo-pelviennes
1.4. Étiologie et physiopathologie des douleurs lombo-pelviennes
1.5. Conséquences des douleurs lombo-pelviennes
2. LES DOULEURS LOMBO-PELVIENNES EN LIEN AVEC UNE GROSSESSE ISSUE DES TRAITEMENTS DE FERTILITÉ 
2.1. L’infertilité: définition et traitements
2.2. Les traitements de fertilité et les douleurs lombo-pelviennes
2.2.1. Hypothèse hormonale
2.2.2. Hypothèse psychologique
2.2.2.1. Définition de l’anxiété
2.2.2.2. Prévalence de l’anxiété chez les femmes enceintes
2.2.2.3. Outils de mesures de l’anxiété
2.2.2.4. Lien entre l’anxiété et les douleurs lombo-pelviennes chez les femmes enceintes suite à des traitements de fertilité
3. LES DOULEURS LOMBO-PELVIENNES : EFFET SUR LES INCAPACITÉS PHYSIQUES ET L’INACTIVITÉ PHYSIQUE
3.1. Douleurs lombo-pelviennes et les incapacités physiques
3.2. Recommandations d’activité physique prénatale
3.3. Outils de mesures de l’activité physique
3.4. Niveau d’activité physique chez les femmes enceintes
3.5. Facteurs pouvant affecter la pratique d’activité physique prénatale
3.5.1. Les douleurs lombo-pelviennes
3.5.2. Les incapacités physiques
3.5.3. Le type de conception
4. CONTEXTE DE L’ÉTUDE 
4.1. Objectifs
4.2. Hypothèses
5. ARTICLE SCIENTIFIQUE 
6. DISCUSSION
6.1. Rappel des objectifs et des hypothèses
6.2. Synthèse et retour sur les résultats principaux
6.3. Les forces et les faiblesses
6.4. Les perspectives cliniques
CONCLUSION 
RÉFÉRENCES
ANNEXE A – Certificat d’approbation éthique 
ANNEXE B – Lettre du rédacteur pour stipuler du statut de l’article

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