Neuropédagogie et « neurones miroirs »

NEUROPÉDAGOGIE ET NEURONES MIROIRS : VERS UNE COMPRÉHENSION DU PHÉNOMENE DE « COLORATION ÉMOTIONNELLE »

Tout d’abord, nous allons expliquer en détails ce que sont les « neurones miroirs», ainsi que leur fonctionnement et leurs rôles au travers du phénomène de «coloration émotionnelle » (Rizzolati & Sinigaglia, 2011, p.196). Nous verrons l’impact que ces neurones ont sur les interactions sociales entre un professeur et ses élèves en milieu scolaire.

Découverte des « neurones miroirs » 

Depuis l’émergence de la neuropédagogie dans les années 90, de nombreuses études ont été menées pour démontrer l’importance de la prise en compte de certains facteurs relatifs au domaine cognitif dans le cadre scolaire. En effet, les chercheurs n’ont eu de cesse de chercher des réponses scientifiques aux différentes problématiques en lien avec l’enseignement dans le but de parfaire les pratiques pédagogiques des enseignants et de comprendre davantage les processus d’apprentissage des élèves afin de les accompagner de manière plus efficace.

Généralités sur les « neurones miroirs »

L’influence des neurosciences a été particulièrement notable lors de la découverte des « neurones miroirs ». L’expression « neurones miroirs » a été créée par les neuroscientifiques Giacomo Rizzolati et Corrado Sinigaglia dans leur ouvrage du même nom : Les neurones miroirs, paru en 1996. Lors de leurs expérimentations sur des singes, ces deux chercheurs ont démontré l’existence d’une catégorie de neurones qui s’activent lorsqu’un singe est en contact avec un autre de ses congénères. Ces neurones s’activent aussi bien chez le singe agissant que chez celui observant l’action. Cette découverte a permis de démontrer que lors d’interactions sociales, il y a une reproduction du schéma neuronal chez l’individu observant, car il s’imagine lui-même en train de faire l’action ou en train de ressentir l’émotion véhiculée par l’individu agissant. Cette reproduction inconsciente de l’action ou de l’émotion est précisément à l’origine de l’appellation « neurones miroirs » puisqu’ils reflètent l’activation des neurones de la personne avec laquelle un individu interagit, comme le ferait un miroir en reflétant l’image d’une personne s’observant, c’est-à-dire observant une représentation identique d’elle-même. Après avoir mis en évidence l’existence de ces neurones chez les primates, et grâce au développement de l’imagerie cérébrale, les chercheurs ont déterminé l’existence de « neurones miroirs » chez l’être humain. Cette découverte a grandement influencé le domaine de la neuropédagogie.

« Neurones miroirs » : à l’origine de tout apprentissage

Les « neurones miroirs » ont influencé la pédagogie et sont à l’origine de tout apprentissage. L’Homme est un être qui, dans un premier temps, apprend en observant, puis apprend en copiant les gestes et les actions de ses congénères. C’est précisément ce que font les enfants avec leurs parents dans les premières années de leur développement. C’est à force de copier l’action et de reproduire les gestes et les actions des autres que l’apprentissage débute. Ainsi, les individus mémorisent et apprennent des gestes et des actions qui deviennent des ressources cérébrales leur permettant de déchiffrer et d’anticiper les intentions des autres, dans le but de comprendre la vie en société, de pouvoir agir et interagir en respectant les codes sociaux dépendant d’une culture commune. Selon le neuroscientifique Vilayanur S. Ramachandran, les « neurones miroirs » permettent à l’Homme d’apprendre et d’acquérir des capacités grâce à deux processus d’apprentissage distincts : l’imitation et l’émulation, comme il l’a été énoncé en 2009 lors de la conférence intitulée Les neurones qui ont formé la civilisation : L’émergence soudaine, et le développement rapide d’un nombre de compétences uniques aux humains comme l’utilisation d’outils, la maitrise du feu, d’abris et bien sûr, du langage, et la capacité de comprendre ce qu’il y a dans la tête de l’autre et d’interpréter les comportements de cette personne fut l’émergence soudaine d’un système de neurones miroirs sophistiqué, qui nous a permis d’émuler et d’imiter les actions d’autres personnes. (Ramachandran, 2009).

Dans un premier temps, les individus apprennent en observant et en répétant les gestes d’autrui, c’est ce qu’on nomme « imitation » ou « mimétisme ». Comme l’a dit Giacomo Rizzolati dans une interview « Si on ne sait pas imiter, il n’y a pas de culture » et par conséquent s’il n’y a pas de culture il n’y a pas d’apprentissage, car, la culture est « un ensemble des moyens mis en œuvre par l’homme pour augmenter ses connaissances, développer et améliorer les facultés de son esprit, notamment le jugement et le goût. » (TLFI1 ). Cependant, la culture se crée au contact d’autres individus et par reproduction de mêmes actions, de mêmes gestes qui deviennent alors un ensemble de connaissances communes permettant une compréhension réciproque. Le mimétisme est donc indispensable à l’apprentissage. Enfin, le second stade de l’apprentissage est l’« émulation ». L’émulation est, selon Pierre-Joseph Proudhon, un moyen d’inciter au travail : L’émulation a toujours été regardée, avec raison, comme le grand ressort de l’enseignement, et le mobile le plus énergique de la jeunesse (Proudhon, 1843, p.565). Afin d’émuler les individus, un travail de collaboration avec d’autres est indispensable pour encourager le désir d’apprendre. Dans ce cas, les « neurones miroirs » s’activent car l’émulation repose sur l’interaction et l’action d’agir ensemble. Ainsi, par la réalisation de gestes, l’apprentissage se fait.

Que ce soit au travers du processus d’imitation ou d’émulation, les « neurones miroirs » jouent un rôle déterminant dans l’apprentissage des élèves car ils sont à l’origine même de ce dernier. Seulement, l’apprentissage implique également un enseignant qui est lui aussi influencé par ses « neurones miroirs », ce qui a des répercussions sur sa pédagogie.

« Neurones miroirs » : nouveaux alliés de la pédagogie

Le cadre scolaire est un environnement basé sur les interactions sociales entre les élèves et les professeurs, ainsi qu’entre les élèves eux-mêmes. Sachant que les individus interagissant s’influencent grâce aux « neurones miroirs », il est raisonnable de penser que ces derniers jouent un rôle non-négligeable dans la relation professeur-élèves et peuvent, ainsi, devenir un allié de la pédagogie mise en place en classe, afin de favoriser au maximum les conditions d’apprentissage des élèves.

Le phénomène de « coloration émotionnelle » : vers une pédagogie bienveillante et sécurisante

La transmission d’émotions et d’intentions créée par les « neurones miroirs » est à prendre en considération pour mieux comprendre les interactions qui se déroulent dans une salle de classe entre les élèves eux-mêmes et avec le professeur. En gardant à l’esprit que les « neurones miroirs » s’activent inconsciemment lorsque nous interagissons avec nos congénères, il est évident que le professeur peut influencer l’attitude de ses élèves de par sa posture, sa voix, ses mouvements et ses expressions. Cependant, le professeur n’est pas le seul à influencer les autres. Les élèves peuvent eux aussi influencer le professeur. Ce phénomène de « coloration émotionnelle » (Rizzolati & Sinigaglia, 2011, p.196) est donc à prendre en compte pour veiller au bon déroulement d’un cours et pour s’assurer que tous les élèves soient dans un cadre sécurisant. Sachant cela, le phénomène de « coloration émotionnelle » (Rizzolati & Sinigaglia, 2011, p.196) peut être un outil utile dans la mise en place d’une pédagogie bienveillante et sécurisante. Le professeur se doit de faire preuve de congruence lorsqu’il énonce des propos et veiller à ce qu’ils coïncident avec ses actions. En effet, comme l’a énoncé le professeur de neurophysiologie à l’Université de médecine de Paris Ouest, Fawzia Chéliot-Héraut lors d’un symposium, la congruence entre les paroles et les gestes sollicite les « neurones miroirs » et est indispensable à la compréhension des situations sociales. Si les gestes ne correspondent pas aux paroles, alors la compréhension est rompue, ce qui peut être une source de stress et de perte de repères, particulièrement auprès d’un public d’adolescents qui est dans une phase de construction psychologique. Les « neurones miroirs » s’activent lorsqu’un individu perçoit un sourire, et cela crée chez le récepteur un sourire virtuel dans son cerveau. Cette imitation neuronale est un outil indispensable au professeur, car l’imitation qu’il produit chez ses élèves peut influencer le déroulement des évènements dans sa classe. La vue d’un visage exprimant du dégoût ou de la tristesse induirait dans le cerveau de l’observateur une modification dans l’activation de ses cartes corporelles, si bien qu’il percevrait l’émotion d’autrui « comme si » c’était luimême qui l’éprouvait. (Rizzolati & Sinigaglia, 2011, p.198) .

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 – Neuropédagogie et « neurones miroirs » : vers une compréhension du phénomène de « coloration émotionnelle »
1.1. Découverte des « neurones miroirs »
1.1.1. Généralités sur les « neurones miroirs »
1.1.2. « Neurones miroirs » et imitation : à l’origine de tout apprentissage
1.2. « Neurones miroirs » : nouveaux alliés de la pédagogie
1.2.1. Phénomène de « coloration émotionnelle » : vers une pédagogie bienveillante
1.2.2. « Neurones miroirs » : à l’origine d’une compréhension mutuelle
1.3. « Neurones miroirs » et empathie : une faculté étonnante
1.3.1. Empathie : ressemblance et « mécanisme de résonance »
1.3.2. Empathie :conservation de soi-même
PARTIE 2 – La peur de l’erreur chez l’élève : un phénomène de « contagion émotionnelle »
2.1. La peur : une émotion présente à l’École
2.1.1. Apprendre : un acte insécurisant
2.1.2. Qu’est-ce que la peur
2.1.3. Manifestations de la peur en classe
2.2. L’erreur : un enjeu paradoxal pour l’École française
2.2.1. « Erreur » et « faute » : deux termes différents
2.2.2. Négation du droit à l’erreur
2.2.3. Revalorisation de la place de l’erreur dans l’École française
2.3. De la « coloration émotionnelle » à la « contagion émotionnelle » : transmission de la peur en classe
2.3.1. Rôle du terme « contagion»
2.3.2. Épidémiologie mémétique : entre contamination et résistance : sympathie et empathie
PARTIE 3 – « Neurones miroirs » et empathie : des stratégies pédagogiques pour le professeur ?
3.1 Maîtrise de soi : une clé vers une pédagogie sécurisante ?
3.3.1 Trouver un équilibre bienveillant : refus de la sympathie
3.3.2. La théâtralité : une stratégie pédagogique pour maîtriser l’impact des « neurones Mmiroirs » ?
3.2 L’approche dite « actionnelle » : une solution pour un apprentissage diminuant le sentiment de peur de l’erreur
3.2.1. Valorisation des erreurs comme base de travail
3.2.2. Interaction et collaboration sur des projets pédagogiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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