NÉGALITÉS DE GENRE, SEXUALITÉ ET PROSTITUTION
Rapports sociaux entre les hommes et des femmes
Le discours des hommes interrogés révèle que les rapports de genre s’inscrivent à l’intérieur de rôles sociaux traditionnels où la femme s’occuperait du ménage et l’homme serait le chef du foyer: « le rôle d’une femme au Burkina Faso c’est le foyer, c’est tout, c’est-à-dire procréer, s’occuper des enfants et du mari. C’est ça une femme au Burkina Faso » (Entrevue 14), ou encore : « dans la société mossie, il [l’homme] est le fondateur du foyer, le maître de la maison. Les femmes sont soumises aux ordres de l’homme c’est la soumission totale. C’est l’homme qui porte la culotte » (Entrevue 32).Ces extraits témoignent de rapports inégaux entre les hommes et les femmes et de l’importance de la famille dans la définition des rôles sociaux. La femme et l’homme gagneraient en reconnaissance sociale dans l’accomplissement de leurs rôles parentaux au sein de la famille mais, le cas échéant, ils pourraient en perdre : « quand tu veux rester un homme digne, bon, il faut chercher à te marier, avoir des enfants » (Entrevue 20) ou encore : « chez nous, nous supportons mal une femme qui n’est pas en mesure d’enfanter. Elle a deux cent pour cent de chances d’avoir une co-épouse » (Entrevue 1).De plus, ces rapports inégaux se traduiraient par des droits différents dans le mariage. Selon le discours des participants, la femme perdrait sa liberté en se mariant contrairement à l’homme: « [pour une femme] si tu es mariée, tu n’es plus libre hein […] l’homme est toujours libre même s’il est marié » (Entrevue 23), ou encore : « moi je suis un Africain, j’ai le droit de me marier à sept femmes si je veux mais elle n’a pas le droit d’avoir deux maris. Même si moi je vais et que j’ai une copine, c’est mon droit. Je peux même marier une et venir ajouter mais elle n’a pas le droit d’avoir deux maris comme elle ne peut pas avoir un copain » (Entrevue 1).
Sur le plan social, l’homme jouirait d’un statut plus élevé et d’un plus grand respect que la femme du fait de sa force physique et de ses réalisations en dehors du foyer : « on voit que l’homme est plus fort que la femme, l’homme au début bon, l’homme s’est accaparé de beaucoup de choses ce qui fait que l’homme est supérieur à la femme au Burkina Faso » (Entrevue 30). Dans ce contexte, la situation sociale de la femme serait considérée par les participants comme étant pire que celle de l’homme : « si tu es au pays, tu vois comment la femme porte l’eau, le bois, est en train de travailler partout, c’est la souffrance totale, on ne les respecte même pas. C’est comme ça, la femme c’est comme ça » (Entrevue 5).
Ces inégalités de genre prendraient leur source à l’intérieur des coutumes traditionnelles communiquées durant l’enfance par les parents: « c’est une histoire de descendance surtout dans le royaume mossi » (Entrevue 16) ou encore, « […] dans les villages, la femme est appelée à la soumission depuis le bas âge. Prenons l’exemple des enfants, les garçons passent leur temps à jouer au foot alors que la petite fille apprend à faire les travaux de la femme de ménage, cela pour la succession de la soumission que les femmes observent dans les ménages » (Entrevue 32). D’ailleurs, l’expression « on est né trouvé ça » (Entrevue 30) que plusieurs hommes interrogés ont employé dans leur entretien pour tenter d’expliquer ces inégalités, sous-entend que les rôles respectifs des hommes et des femmes seraient ancrés dans la culture traditionnelle et incontestables. Notons que de façon générale en Afrique, une coutume ancestrale ne doit pas être discutée et que s’y opposer peut, dans certains cas, engendrer une exclusion de la communauté.
Par ailleurs, si on y regarde de plus près, il semblerait que tous les rapports ne soient pas les mêmes. Un homme explique que d’une certaine manière, la femme aussi dirigerait l’homme : « dans les couples, naturellement c’est le mari qui dirige la cours, mais en arrière plan, et je dirais même en avant plan, c’est la femme qui dirige l’homme. Ce que la femme dit, c’est ce que l’homme fait, ce que la femme veut c’est ce que l’homme fait » (Entrevue 14). Ce même participant ajoute un peu plus loin que les femmes auraient aussi plus de responsabilités que les gens aiment le dire : « extérieurement c’est l’homme qui est responsable et intérieurement c’est la femme qui est responsable […] ça veut dire que l’homme il a sa femme dedans, dehors, c’est lui qui doit en principe s’occuper de sa femme, mais dans les faits réels, il ne s’occupe même pas d’elle. La femme doit s’occuper d’elle-même, de un, de ses enfants, de deux » (Entrevue 14). Ces propos montrent que la femme aurait possiblement plus de pouvoir et de responsabilités que l’image véhiculée par la société mais que le partage des tâches ne suivrait pas nécessairement. La femme écoperait ainsi d’une double tâche. Dans la même veine, certains participants reconnaîtraient l’importance du travail des femmes dans la société burkinabé : « […] la femme burkinabé a le courage, a la volonté de faire le travail, a la bravoure également, la femme burkinabé… […] les 90% des femmes s’occupent de leur famille mieux que les hommes au Burkina ici. Dans le secteur informel par exemple, le commerce, le riz, autour du grand marché pour amener les fruits aller vendre, se promener vendre des arachides donc je ne fais que féliciter les femmes du Burkina » (Entrevue 19).
Sexualité des hommes et des femmes
Les participants ont été interrogés sur la représentation qu’ils se font de la sexualité de façon générale et sur la manière dont se vit cette sexualité en tant qu’homme et en tant que femme au Burkina Faso.
Représentation de la sexualité
Pour l’ensemble des participants, la sexualité se rapporterait essentiellement au rapport sexuel entre un homme et une femme : « […] c’est quand un homme et une femme font des rapports, pour moi c’est ce que je comprends » (Entrevue 23). Elle proviendrait d’un « besoin physiologique » (Entrevue 19) propre à chacun et serait considérée, par certains hommes interrogés, comme un aspect essentiel de l’individu : « la sexualité c’est quelque hose de fondamental, chaque être humain, des gens normaux ont besoin de ça aussi pour s’épanouir » (Entrevue 17). En faisant référence au rapport sexuel, un participant précise que les hommes le feraient dans le but d’avoir des enfants ou encore par simple plaisir : « […] y’a des gens qui disent que quand je fais [ils font] des rapports avec une femme, j’ai [ils ont] envie de faire parce que je veux [ils veulent] un enfant […] mais y’a des gens qui font des rapports parce qu’ils veulent voir si c’est doux ou bien c’est quoi » (Entrevue 2). Ces deux finalités ne sembleraient pas toujours être réunies : « dans les foyers, sincèrement, c’est à cause des enfants, dans les foyers c’est à cause des enfants, c’est pas par exemple j’ai envie de plaisir, on se lève, on se satisfait et puis on s’assoit » (Entrevue 15).
La sexualité signifierait aussi pour quelques participants, un échange d’amour : « c’est l’amour entre un homme et une femme, je crois, oui, pour moi…c’est ça la sexualité » (Entrevue 6), ou encore : « c’est aimer et être aimé » (Entrevue 14). Dans le couple, la sexualité permettrait de consolider l’union des partenaires : « c’est ça qui fortifie un peu plus la relation entre l’homme et la femme […] s’il n’y a pas de sexualité il n’y a pas de mariage » (Entrevue 3).
Sexualité des hommes et des femmes
besoin, désir, contrôle et responsabilité Le discours des participants a fait ressortir les particularités de la sexualité masculine et féminine au Burkina Faso. Si quelques participants évoquent les similitudes entre les hommes et les femmes en matière de sexualité, le discours dominant souligne davantage les différences.De nombreux participants affirment que les hommes burkinabé auraient plus de besoins sexuels que les femmes et seraient plus vifs et actifs sexuellement qu’elles. Ils auraient également plus de pouvoir sur elles :L’homme burkinabé est un homme qui ne reste pas sur place. […] sexuellement parlant il aime trop faire l’amour, ça je le reconnais aux Burkinabé. Mais la femme elle est plus calme dans son coin, elle n’a rien à dire, même si elle a envie, elle a peur de dire à son mari, « vraiment j’ai envie de toi aujourd’hui » […] elle se dit : « il va me prendre pour une qui ne réfléchit pas […]. Parce que selon la mentalité des hommes burkinabé, c’est l’homme qui prime sur tout, donc c’est l’homme qui décide de tout, même en matière de sexualité c’est lui qui dit : « bon, j’ai envie de ça, je n’ai pas envie de ça (Entrevue 10).
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Table des matières
RÉSUMÉ
ABSTRACT
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE À L’ÉTUDE
1.1 LE BURKINA FASO : APERÇU DU CONTEXTE SOCIAL, POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE
1.2 ASPECT ÉPIDÉMIOLOGIQUE DU VIH/SIDA
1.2.1 Quelques tendances générales mondiales et situation au Burkina Faso
1.2.2 Les travailleuses du sexe et leurs partenaires sexuels : des groupes plus touchés par le VIH/sida
1.3 PHÉNOMÈNE DE LA PROSTITUTION EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
1.3.1 Des contextes qui favorisent l’émergence du phénomène de la prostitution
1.3.2 Le phénomène de la prostitution : des milieux et des acteurs
1.4 CONTEXTE DU VIH/SIDA DANS LES MILIEUX PROSTITUTIONNELS AU BURKINA FASO ET AILLEURS EN AFRIQUE DE L’OUEST
1.4.1 Les milieux prostitutionnels face au sida: bref exposé sur l’état de la situation au Burkina Faso
1.4.2 La prévention du VIH/sida en milieu prostitutionnel : quelques interventions en Afrique sub-saharienne et d’autres pays en développement
1.4.3 Déterminants environnementaux et comportementaux du VIH/sida en milieux prostitutionnels en Afrique sub-saharienne
1.4.4 Connaissances portant sur des hommes qui fréquentent les travailleuses du sexe en Afrique sub-saharienne
CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL
2.1 CONCEPT DE GENRE
2.1.1 Bref historique
2.1.2 Définition et caractéristiques
2.2 LE CONCEPT DE SEXUALITÉ
2.2.1 Bref historique
2.2.2 La sexualité : entre le biologique et le social
2.3 GENRE ET SEXUALITÉ : DES CONCEPTS INTIMEMENT LIÉS
2.4 RAPPORTS DE GENRE, SEXUALITÉ ET COMPORTEMENT À RISQUE AU VIH/SIDA
2.5 MODÈLE INTÉGRATEUR, QUESTIONS DE RECHERCHE ET OBJECTIFS
CHAPITRE 3 : MÉTHODE
3.1 MISE EN CONTEXTE ET PRÉPARATION À LA COLLECTE DE DONNÉES
3.2 VOLET 1 : COLLECTE DE DONNÉES QUALITATIVES
3.2.1 Population à l’étude
3.2.2 Outils de collecte de données
3.2.3 Échantillonnage
3.2.4 Déroulement de la collecte de données
3.2.5 Analyse des données qualitatives
3.3 VOLET 2 : COLLECTE DES DONNÉES QUANTITATIVES
3.3.1 Population à l’étude
3.3.2 Outil de collecte de données
3.3.3 Échantillonnage et déroulement de la collecte de données
3.3.4 Analyses statistiques
3.4 RÉFLEXION ÉTHIQUE
3.4.1 Contrer les biais possibles au cours de la collecte de données
3.4.2 Questions déontologiques
3.4.3 Indépendance intellectuelle et réponse aux attentes du milieu
3.4.4 Réflexion sur la portée de l’étude
CHAPITRE 4 : RÉSULTATS
4.1. RÉSULTATS QUALITATIFS
4.1.1 Rapports sociaux entre les hommes et des femmes
4.1.2 Sexualité des hommes et des femmes
4.1.3 Phénomène de la prostitution
4.1.4 Comportement sexuel : le recours au condom
4.2. RÉSULTATS QUANTITATIFS
CHAPITRE 5 : DISCUSSION
5.1 INÉGALITÉS DE GENRE, SEXUALITÉ ET PROSTITUTION
5.1.1 Les inégalités de genre au cœur de la sexualité et du phénomène de la prostitution
5.1.2 Contexte de précarité socioéconomique : un facteur d’explication des rapports de genre, de la sexualité et du phénomène de la prostitution
5.2 COMPORTEMENT SEXUEL : ÉLÉMENTS DE RECOURS ET DE NON RECOURS AU CONDOM
5.3 PRÉCARITÉ SOCIOÉCONOMIQUE ET INÉGALITÉS DE GENRE : UN CONTEXTE DE VULNÉRABILITÉ AU VIH/SIDA
5.3.1 Vulnérabilité féminine au VIH/sida
5.3.2 Vulnérabilité masculine au VIH/sida
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
ANNEXE 1 : CANEVAS D’ENTREVUE QUALITATIVE
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE QUANTITATIF
ANNEXE 3 : GUIDE DE TRADUCTION FRANÇAIS-MOORÉ
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