Physiologie de la douleur
ย ย ย ย ย ย ย La douleur est vรฉhiculรฉe en premier lieu par les fibres A-delta qui conduisent le message nocicepteur ร une vitesse de 15 ร 30 m/s. Selon les littรฉratures [14,15], le circuit de la douleur est individualisรฉ en :
– voies nociceptives ascendantes, de la pรฉriphรฉrie vers le cortex cรฉrรฉbral en passant par la moelle รฉpiniรจre.
– voies de contrรดles de la sensation nociceptive, partant du cortex cรฉrรฉbral vers la pรฉriphรฉrie.
Leur but est la modulation de la perception de la douleur dans le sens d’une diminution ou aggravation de la sensation douloureuse. Ces voies nociceptives transmettent l’information du stimulus nociceptif grรขce ร des mรฉcanismes รฉlectrobiochimiques faisant intervenir de nombreuses molรฉcules.
๏ La Douleur post-opรฉratoire (DPO) : La DPO est une fonction dโalarme par perturbation physiologique, suite ร une vraie lรฉsion tissulaire. En gรฉnรฉral, trois mรฉcanismes sont mis en jeu [14,15]: lโexcรจs de nociception, le mรฉcanisme neuropathique et enfin le mรฉcanisme psychogรจne. La DPO est de type inflammatoire, par la suite dโune lรฉsion tissulaire vraie qui active 3 groupes de mรฉdiateurs de lโinflammation favorisant la pรฉrennisation du cercle vicieux de la douleur: les ions H+ ; la bradykinine (dans la permรฉabilitรฉ capillaire) ; les prostaglandines (PGE1 et PGE2), lโhistamine (prurit) et la sรฉrotonine (issues de la dรฉgranulation des mastocytes) ; les cytokines pro-inflammatoire ; la substance P (libรฉrรฉe par les nocicepteurs eux-mรชmes dans la fente synaptique et excite le neurone post-synaptique) [14,15]. La DPO associe 2 composantes physiopathologiques : Nociceptive et hyperalgรฉsique. La composante nociceptive รฉtant la consรฉquence de stimulations au niveau du site opรฉratoire dont lโintensitรฉ est au dessus du seuil de la nociception. Puis hyperalgรฉsique qui sโinstalle au bout de quelques minutes et qui contribue ร majorer la sensation douloureuse [15]. Elle admet plusieurs effets adverses tels des rรฉponses physiologiques (respiratoires, cardiovasculaire, gastro-intestinale, endocrinienne et mรฉtaboliqueโฆ), psychologique par augmentation de lโanxiรฉtรฉ [15,16].
Epidรฉmiologie par rapport ร la cรฉsarienne
ย ย ย ย ย ย Pendant notre pรฉriode dโรฉtude, nous avons eu 1639 accouchements dont 391 par voie haute, soit une frรฉquence de cรฉsarienne de 23,95%. Par rapport au site dโรฉtude, ce chiffre rejoint celui de Rasoambola et al. en 2015 [1] au mรชme site avec un taux de cรฉsarienne de 24,38% ; ou celui de Razafindraibe et al. en 2011 avec 20% de cรฉsariennes au CENHOSOA [35], mais lรฉgรจrement infรฉrieure ร celle de Norohasina et al.[32] qui รฉtaient de 28,77 annรฉes. Ce taux est assez รฉlevรฉ par rapport au taux recommandรฉ par lโOMS qui est de 5 ร 15% du total des accouchements. Cette moyenne de taux fixรฉe par lโOMS permettrait de rรฉduire la mortalitรฉ et la morbiditรฉ foeto-maternelle mais aussi de limiter les indications non justifiรฉes de cรฉsarienne ainsi que les complications qui sโen suivraient [36,37]. Notre chiffre รฉlevรฉ sโexpliquerait par le fait que le CHUGOB est le centre de rรฉfรฉrence dans la ville dโAntananarivo et les pรฉriphรฉriques. La majoritรฉ des parturientes sont entrรฉes directement aux urgences. Une grande partie des femmes recrutรฉes รฉtaient rรฉfรฉrรฉes pour รฉchec de tentative dโaccouchement par voie basse. Par ailleurs, ce chiffre a augmentรฉ depuis 2003, avec 10,61% selon Razafindratovo et al.[38] ; 12,56% en 2004 [39], et il รฉtait 22,55% en 2009[40], 24,38% en 2015[1], au mรชme site, cโest dire que lโopรฉration cรฉsarienne a รฉvoluรฉ dans la technique et dans sa pratique dans le CHUGOB. Mais ces chiffres sont bas par rapport aux chiffres aux Etats-Unis (environs de 33%) [41] ou au Mexique (environs de 40%) [42]. Ces diffรฉrences sont logiques si on compare les plateaux techniques, la disponibilitรฉ des consommables nรฉcessaires, du personnel habilitรฉ pour effectuer les cรฉsarienne, lโexistence de systรจme de sรฉcuritรฉ sociale dans le cadre sanitaire pour ces pays. Le niveau de performance technique dโun hรดpital donnรฉ est un รฉlรฉment qui conditionne la qualitรฉ de la prise en charge de la douleur post-cรฉsarienne par rapport aux facteurs favorisants de cette douleur.
CONCLUSION
ย ย ย ย ย ย ย ย Prendre en charge la douleur post-cรฉsarienne nรฉcessite une bonne รฉvaluation premiรจre de sa sรฉvรฉritรฉ, les outils existent ; lโintรฉrรชt des รฉchelles dโรฉvaluations de la douleur est de pouvoir offrir une meilleure satisfaction aux patients. Le choix dโun antalgique repose sur le niveau de la douleur. La douleur post-cรฉsarienne est une douleur aigรผe avec lรฉsion organique rรฉelle. Le nรฉfopam est un antalgique non morphinique de palier I de lโOMS, son efficacitรฉ estย dรฉmontrรฉe dans la littรฉrature. Le nรฉfopam sublingual trouve sa place dans lโarsenal thรฉrapeutique de la pratique hospitaliรจre entre le paracรฉtamol et certains antalgiques dโรฉchelon II. Nous avons rรฉalisรฉ une รฉtude prospective, analytique, comparative sur des femmes post-cรฉsarisรฉes choisies au hasard dans le service de rรฉanimation du CHUGOB. Nous avons comparรฉ la douleur post-cรฉsarienne sur 12 heures, ressentie chez un groupe ayant pris un protocole basique de la rรฉanimation, avec un groupe oรน on a ajoutรฉ du nรฉfopam sublingual. Nous avons trouvรฉ que le nรฉfopam sublingual prenait effet entre la premiรจre et la deuxiรจme heure aprรจs administration ; que lโefficacitรฉ est significative ร partir de la deuxiรจme heure (p=0,01809) et mรชme aux soins(p=0 ,0000) et aux levรฉes (p=0,00001). Cliniquement, la diffรฉrence moyenne des EVA pour les deux groupes dans notre รฉtude รฉtait de 0,92 ยฑ 0,68 avec un maximum de1,63. Nous nโavons pas trouvรฉ dโeffet secondaire majeur amputable ร la molรฉcule. Selon la littรฉrature, la voie sublinguale semble รชtre mieux tolรฉrรฉe que la voie injectable et lui serait une alternative intรฉressante ร condition que la prise orale soit possible. Chaque femme cรฉsarisรฉe est ร considรฉrer au cas par cas, aprรจs un bon interrogatoire, un examen clinique systรฉmatisรฉ et bien conduit. Nous avons proposรฉ un protocole applicable qui sโintรจgre dans cette prise en charge multimodale de la douleur post-cรฉsarienne, basรฉe sur une รฉcoute mutuelle entre la post-cรฉsarisรฉe et le mรฉdecin. Mais malgrรฉ son efficacitรฉ, le nรฉfopam sublingual nโest pas toujours le mรฉdicament idรฉal qui sโadapterait ร chaque situation, ni le moins coรปteux parmi lโarsenal disponible en rรฉanimation. Cette รฉtude est loin de reprรฉsenter tous les cas ร Antananarivo ou ร Madagascar ; les rรฉsultats de nos รฉtudes retrouvent lโinefficience seule du systรจme de santรฉ de reproduction ร Madagascar face aux contextes sociaux rรฉels de la population et des familles, et aussi face ร la libertรฉ sexuelle galopante en train de sโinstaurer dans la sociรฉtรฉ. Enfin, notre รฉtude pourrait reprรฉsenter une enquรชte prรฉliminaire en vue de potentiels essais cliniques randomisรฉs comparant lโefficacitรฉ du nรฉfopam dans la douleur en gynรฉcologie entre la voie sub-linguale et la voie intramusculaire ร Madagascar.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. A propos de lโopรฉration cรฉsarienne
I.1. Dรฉfinition
I.2. Historique
I.3. Indications
I.4. Contre indications
I.5. Technique
II. A propos de la douleur
II.1. Physiologie de la douleur
II.2. Consรฉquences physiopathologiques de la douleur
II.3. Classifications des diffรฉrents types de douleur
II.4. Evaluation de lโintensitรฉ de la douleur
II.5. La prise en charge de la douleur
III. A propos du Nรฉfopam
III.1. Description gรฉnรฉrale
III.2. Utilisation du Nรฉfopam en sublingual
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I – METHODES
I-1. Caractรฉristiques du site dโรฉtude
I.2. Type dโรฉtude
I.3. Durรฉe dโรฉtude
I.4. Pรฉriode dโรฉtude
I.5. Population dโรฉtude
I.6. Mode dโรฉchantillonnage
I.7. Taille dโรฉchantillonnage
I.8. Variables de lโรฉtude
I.9. Mode de collecte des donnรฉes
I.10. Mode dโanalyse de donnรฉes
I.11. Considรฉration รฉthique
I.12. Limites dโรฉtude
II. RESULTATS
II.1. Etude des variables รฉpidรฉmio-cliniques
II.2. Les Effets secondaires
II.3. A propos de la douleur
TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS
I. Caractรฉristiques รฉpidรฉmiologiques et socio-dรฉmographiques
I.1. Epidรฉmiologie par rapport ร la cรฉsarienne
I.2. Epidรฉmiologie statistique par rapport aux รฉtudes sur le nรฉfopam sublingual
I.3. Paramรจtres socio-dรฉmographiques
I.4 Paramรจtres techniques et cliniques
II A propos de lโefficacitรฉ du nรฉfopam sublingual
III. Coรปts
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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