«NADODRZE» répercussions politiques et sociales de l’événement dans la stratégie locale

Breslau sous l’Empire Allemand

Pour la ville, les premières années de l’empire allemand proclamé en janvier 1871 se caractérisèrent par une croissance économique forte. Cela se traduisit par l’arrivée de nouvelles entreprises, notamment de travaux publics avec la construction de beaucoup de voies de chemin de fer. En 1873, la mauvaise gestion de ces voies ferrées fit frissonner les investisseurs et affaiblit la confiance en l’Empire qui connaissait sa première crise. Les phénomènes de ‘’polonisation’’ et de ‘’germanisation’’ apparaissent dès ces années là. Les allemands utilisaient la D.O.V (association  allemande des marches vers l’est créée en 1894) qui avait pour but de promouvoir la culture et les intérêts économiques allemands à l’est. La conscience nationale polonaise était toujours présente et les polonais commencèrent à lutter contre la ‘‘germanisation’’ de leur culture, ils protestèrent entre autre contre l’enseignement reçu par leurs enfants en allemand.
Au même moment, l’empire se sentait menacé par l’alliance franco-russe craignant de devoir un jour se battre sur les deux fronts en même temps. Le moment était venu d’exploiter son potentiel économique afin de lancer un programme d’armement naval et terrestre. Breslau et son industrie lourde récemment développée était directement concernée. En 1906, elle fut choisie pour les manœuvres militaires annuelles de l’armée impériale, défilé dont Churchill commentera : « Je suis très heureux qu’il y ait une mer entre cette armée et l’Angleterre ».
Suivant le plan Schlieffen, le gros des forces allemandes basées à Breslau fut envoyé au front à l’Ouest dans l’espoir d’une victoire rapide sur la France. L’offensive fut un échec et le plan Schlieffen abandonné, plus grave encore la stagnation des forces à l’ouest laissait la Silésie totalement à découvert.
Breslau tremblait car on attendait l’invasion russe, les enfants étaient évacués vers d’autres régions moins menacées et des barrières de barbelés furent dressées. Bien que les russes s’approchèrent jusqu’à 80 km de Breslau, la ville ne fut jamais attaquée grâce aux victoires allemandes sur d’autres fronts.
Elle continua cependant à soutenir l’effort de guerre à l’ouest et environ 10 000 Breslauers moururent pendant la guerre. Le blocus britannique fut meurtrier pour les allemands, la population totale de Breslau tomba de 544 000 à 472 000 habitants entre 1916 et 1917. L’empire perdit la guerre mais surtout le soutient de ses habitants qui se révoltèrent, des mutineries éclatèrent et on annonça la mort de l’empire. Le sentiment d’humiliation était perceptible et les Breslauer rendaient hommage à leurs jeunes tombés à l’ouest. La première guerre mondiale se termina en pratique avec l’Armistice du 11 novembre 1918.
Avant la fin de la guerre, la ville ne connaissait pas une rivalité telle que l’on pourrait l’imaginer entre les polonais et les allemands. Aucune des deux cultures ne semblaient prévaloir l’une sur l’autre et si l’on devait parler d’une identification territoriale, les Breslauers de l’époque auraient sans doute répondu qu’ils étaient Silésiens (et non Allemand ou Polonais).
Le plupart ne parlaient ni l’allemand ou le polonais standard mais plutôt deux dialectes locaux distincts. C’était l’époque ‘’cosmopolite’’ de l’empire de Breslau. Facilité par les nouveaux chemins de fers, les voyageurs étaient plus nombreux et l’on venait de partout pour travailler dans la ville qui devint un véritable « melting pot » . Cependant pour tout individu souhaitant évoluer dans la société, il fallait se former, ce qui impliquait d’apprendre l’allemand, la langue officielle commune à l’empire. Parler allemand était synonyme de pouvoir, de richesse et l’on assistait à une germanisation progressive de la ville dont les universités étaient le meilleur outil. Aussi, alors que le nombre de juifs étrangers augmentaient, les portes des écoles étaient ouvertes. Les jeunes étudiants changeaient souvent de noms pour mieux s’intégrer à la société, voir même de religion. Bien qu’une certaine jalousie envers les postes importants vite occupés par ces nouveaux venus était perceptible, rien ne pouvait à l’époque laisser penser que l’Allemagne serait plus tard responsable de leur génocide tant ils s’étaient intégrés dans la vie de la ville.
C’est durant l’époque impériale que l’urbanisation de Breslau fut la plus rapide et marquante dans l’image de la ville (cf fig7). Elle s’agrandit et annexa des villes voisines, entraînant des travaux de génie civil importants (16 ponts furent construits avant la première guerre mondiale). Les systèmes de tramways d’abord tirés par des chevaux évoluèrent pour s’électrifier, en 1914 le réseau était si bien développé qu’il desservait presque tous les quartiers. Urbanisation rapide ne voulait pas dire architecture négligée, des statues en passant par les synagogues ou encore la halle du centenaire (qui a résisté à toutes les guerres) voyaient le jour, Breslau était devenue une très jolie ville, peu de personnes à l’époqueauraient nié qu’il faisait bon y vivre. Sa rayonnance était internationale, à Londres la ville possédait une rubriquedistincte pour les départs de trains s’effectuant en moyenne en 27 heures. Cependant sa position à l’est de l’Allemagne fut la plus frustrante, elle qui avait su repousser l’ennemi sur la frontière ouest devait quand même assumer le statut de perdante à cause de la défaite à l’est. Pour les habitants qui prévoyaient déjà la victoire, les conséquences psychologiquesfurent terribles.

La seconde guerre mondiale

La guerre ne commença pas comme l’avait prévu Hitler. Sûr de la domination de la race arienne, il ne pensait pas que les polonais déclineraient son offre d’alliance. Aussi il se tourna vers la Russie pour une victoire certaine et rapide sur ses voisins. Les Allemands de Breslau ne voyaient pas d’un bon œil la nouvelle Pologne. Le manque de connaissances de ces derniers leur laissait croire que c’était un pays nouveau, une sorte de copie d’un lointain passé. De par sa position, laville se retrouva en premier front dès le début de la guerre.
Les polonais étaient prêts à en découdre, bien organisés ils repoussèrent d’abord les armées allemandes puis lancèrent des contre-offensives. Cependant l’entrée en guerre de Staline à l’est anéantit tout espoir. La Pologne vaincue allait connaîtrela pire période de son histoire. Les polonais jugés inaptesà la germanisation étaient éliminés de même que tous les juifs. Derrière les fronts, le système répressif nazi était bien organisé, le territoire polonais eut le malheur d’être choisi comme laboratoire pour effectuer les premières expériences ‘’raciales’’.
Après deux ans et demi de guerre, Hitler avait pris possession de la moitié de l’Europe occidentale. Sans doute que sa progression aurait pu n’en jamais finir s’il ne s’était pas retourné contre son plus gros allié. Les soviétiques résistèrent avant de remporter de grandes victoires telle que Stalingrad, leur progression ne s’arrêtera plus jusqu’à Berlin. Beaucoup de travailleurs venant de partout furent déportés à Breslau, de ce fait la ville acquit son triste record de population en 1944 en dépassant le million d’habitants.
La situation de Breslau était particulière, les polonais qui avaient dû quitter la ville en 1939 se voyaient à présent (re)déportés vers la ville en tant que ‘’volontaires’’ , ‘’travailleurs forcés’’ ou ‘’esclaves’’.
La confusion était forte pour les habitants dont certains étaient des ‘’Allemands ethniques’’ c’est à dire des anciens polonais reconnus allemands. Aussi les autorités locales distribuèrent des tracts pour que les habitants n’oublient pas que les déportés leur étaient inférieurs. L’holocauste n’épargna pas Breslau, bien que la ville ne possédait pas de camps de concentration ou d’extermination, tous les juifs furent déportés hors de la ville. En 1943, ‘’l’inspecteur des statistiques SS’’ déclare que la Silésie est « nettoyée des Juifs ». Isolée de l’ouest de l’Europe, la Silésie possédait des prisons de guerre, où beaucoup de prisonniers français furent déportés.
Cette situation en fit un point stratégique de production d’armement, inaccessible même pour les plus fous des alliés.
La région qui avait connu avant la guerre une pénurie d’emplois était à présent en manque de main d’œuvre pour travailler aux usines d’armement, les allemands se plaignaient de devoir travailler avec les prisonniers des camps de concentration. Seuls les plus jeunes et les plus costauds en sortirent vivants.
Breslau était devenue une cible importante pour les alliés qu’ils ne réussirent jamais à atteindre, elle fut épargnée jusqu’à l’arrivée de l’artillerie soviétique.
La vague rouge déferla plus rapidement que ne pouvaient l’imaginer les Breslauers, les soviétiques parcoururent 300 kilomètres en 15 jours. Breslau se retrouva en première ligne pour la première fois depuis 1813. La ville fut évacuée dans les derniers moments, seules 200 000 personnes restaient à Breslau lorsque les Russes refermèrent leur encerclement.
Les allemands déposèrent les armes le 6 mai 1945, 30 minutes avant la capitulation définitive de l’Allemagne. « Breslau avait connu son crépuscule des dieux. La principale victime à long terme serait sa germanité. Breslau allemand, tout comme Breslau juif, avait cessé d’exister.» Wroclaw sous domination soviétique
Si la guerre était finie, la destruction de Breslau ne l’était pas.
L’armée rouge y mit le feu, des quartiers brûlèrent, les maisons étaient pillées. Après guerre on inventa que les dégâts furent engendrés pendant les affrontements du siège de la ville. Les soldats trouvèrent le temps entre deux crimes de célébrer la victoire en défilant sur le champs d’aviation de Pilczyce, qui fut construit par les prisonniers de guerre des allemands en plein centre de la ville, rasant à tout jamais le quartiernommé aujourd’hui Grundwalski . Les violences continuèrent sous d’autres formes avant le départ des soldats russes, ils emportèrent toutes les installations ferroviaires, industrielles ou même tout objet qui les intéressaient vers la Russie. Bien avant qu’une décision ne soit prise pour l’avenir de la ville, Staline avait mis une main dessus en envoyant des polonais comme gardiens de la ville. Avant la conférence de Postdam, aucun Polonais n’avait de prétentions territoriales sur Breslau, le passé polonais de la ville était sorti des mémoires des habitants. Les soviétiques, qui y voyaient un intérêt avaient lancé un campagne de propagande pour que l’idée marque les esprits. L’URSS fut vidé des polonais qui y vivaient, on les appela les ‘’rapatriés’’ de l’est. L’ironie du sort est que ces derniers étaient envoyés en pays étranger à l’époque, vers Breslau l’Allemande dont il faudrait bientôt convaincre les nouveaux habitants de son appartenance polonaise. Après de nombreuses négociations entre les vainqueurs de la guerre, les frontières de la Pologne furent provisoirement déplacées et on annonça que les Allemands devraient être déportés dansle calme et ‘’humainement’’. Après l’accord de Postdam, les autorités polonaises pouvaient agir plus librement sous le regard des militaires soviétiques. On demanda que la ville ne soit plus appelée que sous le nom de Wroclaw. Cependant les territoires recouvrés ne furent officiellement reconnus polonais que 46 ans plus tard. Le retour du clergé polonais ne se fit pas attendre, l’église, qui jouera un rôle important dans la résistance au régime communiste était également de retour comme tambour nationaliste.
Les habitants Allemands de Wroclaw et ceux qui étaient revenus dans l’espoir de retrouver leur vie d’avant guerre vivaient dans de très mauvaises conditions. On constitua des quartiers pour Allemands, qui pouvaient s’apparenter à des ghettos. Certains Juif-Allemands témoignèrent des atrocitéscommises par les milices polonaises ou soviétiques quiétaient de même augure que les actes des nazis. La seule nuance se trouvait dans le fait que les actes nazis étaient gratuits alors que les polonais et soviétiques étaient initiés par la vengeance, le résultat final était le même. Durant l’été 1947, les derniers convois importants d’expulsés Allemands quittèrent Wroclaw. Pendant que ceux-ci partirent, Wroclawse remplissait des «rapatriés» Polonais venant des provincesorientales de la Pologne. A l’est ils fuyaient l’URSS, entre 1944 et 1948 les autorités polonaises auraient accueilli un million et demi d’immigrants selon les statistiques, mais le chiffre était sans doute plus élevé. Parmi eux beaucoup de personnes venaient de Lwow, ancienne métropole polonaise devenue capitale de l’Urkraine dont l’histoire pourrait se comparer à celle du Breslau Allemand. Les ‘’rapatriés’’ de Lwow arrivèrent en groupe ce qui leur permirent de garder un sentiment d’identité. Enfin une dernière catégorie des ‘’rapatriés’’ était ‘’les familles de Katyn’’, familles des 22 000officiers de réserve polonais que Staline avait fait exécuterpendant la guerre.

Wroclaw l’européenne

C’est donc 50 ans après sa reformation que la ville de Wroclaw renoue avec la liberté. Les postes clés du gouvernement local passèrent aux mains de Solidarité, le nouveau président de Wroclaw Bogdan Zdrojewski réélu deux fois par la suite participera activement au redressement de la ville. La sortie du système communiste n’était pas si facile pour les villes polonaises. Wroclaw ne fut pas la plus mal lotie, sa population jeune et qualifiée couplée avec des entreprises modernesen reconversion accélèrent la reprise économique.
Sa proximité transfrontalière joua cette fois ci en sa faveur, les communications étant faciles entre Berlin et Prague qui retrouvaient aussi leur liberté. On assista une nouvelle fois à des changements de noms de rues, cette fois plus dans une idée de rappeler le passé, en remplaçant les noms des dignitaires soviétiques par ceux de héros nationaux. Les monuments commémoratifs réapparurent avec la disparition de la censure communiste, parmi lesquels des plaques à la mémoire des soldats Soviétiques ou communistes polonais qui ne furent pas oubliés. Les Vratislaviens s’intéressèrent de plus près à l’histoire sachant que le récit était totalement contrôlé sous la domination soviétique. La ville accepta son passé multiculturel et commença à réfléchir sur l’héritage des juifs et des allemands dans la ville. En 1990, un plan de réaménagement fut mis en place avec pour but de limiter au mieux les destructions. Les priorités de l’époque étaient de moderniser la voirie et de rénover le vieux centre historique.
Les premiers grands supermarchés ouvrirent leurs portes en périphérie de la ville mais d’un autre côté, beaucoup de licences furent distribuées à de petits magasins qui, encore aujourd’hui, dynamisent la ville.

Les motivations des villes pour la CEC, exemples de Lille et Marseille

Wroclaw est loin d’être la seule ville européenne à se tourner vers ce que l’on pourrait appeler une «politique de l’événement». Ce phénomène ne peut pas être considéré comme récent, dans un contexte ou la concurrence entre les grandes villes mondiales ne cessent de progresser. Wroclaw à travers sa candidature veut s’affirmer dans ce réseau de villes, elle qui fait partie des villes de Pologne ayant le mieux vécu le passage au capitalisme de son économie. Avide de rattraper son retard sur l’ouest de l’Europe, il n’est pas difficile de comprendre que la ville fut attirée par des discours comme ont pu tenir certains chefs d’entreprises : «Ne nous demandez pas d’études, d’analyses, de recherches savantes sur les impacts et sur les retombées de Lille 2004, moi je peux vous dire que Lille 2004 nous a fait gagner dix ans, à nous les chefs d’entreprises, nous les représentants du monde économique, nous les acteurs principaux de la stratégie de développement de la métropole lilloise» (B.Bonduelle président de la Chambre de commerce de Lille) traduisant la fameuse formule du 1 euro investi pour 6 euros de retombée économique. Mais l’attrait n’est pas seulement économique, il en va aussi de la notoriété de la ville comme l’explique le coordinateur général e Lille 2004 Laurent Dréano : « Nous avons gagné quinze ans de notoriété : toute l’Europe sait désormais que Lille est une ville qui compte» et agit comme un excellent «correcteur d’image» selon Martine Aubry.
L’événement ou plutôt le «mega-événement» s’inscrit parmi les outils utilisés pour renforcer une image internationale afin que les villes puissent s’intégrer dans un réseau mondial, s’attirant ainsi touristes et investisseurs : «En accueillant laCapitale européenne de la Culture, Wrocław va augmenter son profil international en indiquant clairement sa place sur la carte de l’Europe. Un programme culturel riche et vibrant va encourager les Européens à visiter Wrocław plus fréquemment à l’avenir**».
Cette dimension économique de l’événement peut paraître gênante vis a vis de la population locale lorsqu’il s’agit au fond d’être une Capitale Européenne de la Culture,label censé être porté sur la culture en premier lieu. Aussi dans la candidature on peut faire la lecture de justifications visant à rassurer et à conforter la culture comme enjeu premier de l’événement : «Tout en étant pleinement conscient des rapports entre l’économie et la culture ainsi que du fait que la culture peut stimuler la croissance économique, nous sommes convaincus que les œuvres d’art et de culture, et les processus créatifs peuvent jouer un rôle stimulant que si elles sont traitées comme des objectifs en eux-mêmes, irréductibles aux autres**».
Cette réflexion traduit un problème souvent évoqué lors de tels évènements, l’instrumentalisation de l’artet de la culture à des fins économiques. Cela peut s’avérer problématique lorsque la population locale ne retrouve pas ses valeurs et sa culture dans la programmation ou dans les actions menées. Afin de comprendre comment la ville de Wroclaw a fait naître cette idée de candidature à la CEC nous nous référerons à deux villes françaises respectivement CEC en 2004 et en 2013, Lille et Marseille.
Comme Wroclaw, Marseille est dans les années 2000, à la recherche de l’internationalisation de son image et candidate pour ce que l’on peut appeler des «méga-évènements».
La Mairie se présente en 2003-2004 pour la Coupe de l’América mais cela fut traduit par un échec. Nicolas Maisetti explique très bien dans la vidéo cité ci-contre comment la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) décide alors de prendre le relais du pouvoir local, qu’elle accuse d’un certain amateurisme, pour porter la candidature de Marseille Provence 2013. Comme avait pu le faire Lille une dizaine d’années auparavant, la CCI convainquit le Maire de Marseille de rallier autour de lui les collectivités alentours afin d’asseoir un large périmètre pour défendre plus facilement la candidature. Cette dernière se structure alors au sein de la CCI avec l’arrivée de son nouveau président Jaques Pfister auteur de l’ambition Top 20, programme visant à offrir une nouvelleimage du territoire pour attirer des investisseurs potentiels.
La candidature prend alors 3 dimensions liées entre elles : proposer le projet d’un nouveau territoire (Marseille Provence) pour appuyer la candidature (et inversement), renforçant ainsi l’attractivité et l’image de la ville afin de pouvoir développer économiquement le territoire. Bernard Latarjet, professionnel de la culture, est recruté pour diriger la structure indépendante de Marseille Provence 2013. La motivation première de la ville est donc bien économique comme on pourrait le supposer pour Wroclaw. Ce processus est similaire au cas Lillois, l’idée de la CEC 2004 est née au sein du Comité Grand Lille lieu d’échanges de vue entre élus politiques de tous bords et élites économiques engagés dans le processus de «métroplisation» de l’aire Lilloise.

L’événement, prétexte à de nouveaux systèmes de gouvernance, des acteurs en réseaux

On en arrive alors à requestionner le terme ”événement”, dont le mot induit une temporalité courte mais dont toutes les villes actuelles cherchent à profiter des impacts sur plusieurs années. Une des résultante la plus importante est la formation de nouveaux systèmes de gouvernance mobilisant des acteurs qui auront eu l’occasion d’expérimenter une collaboration nouvelle durant l’événement. Ces réseaux pourront par la suite être exploités pour d’autres projets et ce durant plusieurs années dans le meilleur des cas. L’événement devient alors un véritable outil de promotion, loin d’être éphémère il est préparé de longue date afin de légitimiser la politique en cours et les acteurs qui l’ont portée le plus longtemps possible. Il peut servir de nouveau point de départ porteur d’une dynamique de projet urbain et justifiant les transformations profondes de la ville, que ce soit dans le discours, l’histoire ou encore dans lestransformations urbaines.
Ainsi bien que les évènements prônent souvent le nom des villes organisatrices comme slogan (Lille 2004, Marseille Provence 2013, Wroclaw 2016), ils masquent un système d’acteurs ou de groupes sociaux bien plus complexes, chacun avec leurs objectifs propres mais réunis autour d’un grand projet. Il peut s’agir de partenaires, de financeurs, de mécènes, d’habitants, de touristes ou encore d’associations. Pousser l’analyse du cas de Lille 2004 de manière plus précise nous permettra de mettre des noms sur ces acteurs. C’est Martine Aubry qui occupe la place la plus importante dans cet exemple, à la fois en temps que Maire de la ville mais aussi comme présidente de ‘’Lille 2004’’, institution indépendante créée sur le modèle du Comité Grand Lille. Au sein de cette association se retrouvent une centaine de personnes dont des élus politiques de tous bords et des décideurs économiques, industriels de la région. L’évènement facilite donc l’expérimentation de nouvelles alliances à différentes échelles, bien que chacun y voit ses intérêts personnels, il est important d’afficher une image d’unité pour rendre la métropole attrayante notamment aux investisseurs et aux touristes. La municipalité occupe un rôle «d’orchestrateur» de tous cesacteurs, mais est au final très dépendante des financeurs des évènements organisés. De fait, Martine Aubry a mis à profit ses réseaux dans le monde patronal s’assurant des financements quand ces derniers s’assuraient une place dans l’image de la ville et dans les futurs projets urbains. «Martine Aubry a aussi largement profité de Lille 2004 pour nouer des relations avec de nombreux acteurs de la société locale, qu’ils soient commerçants, associatifs des quartiers, ambassadeurs».
On peut y ajouter les artistes et les habitants qui font parti du tissu local. L’acteur local doit pouvoir jouer un rôle dans l’événement pour qu’il se sente impliqué et que les actions menées sur le territoire lui semblent légitimes.
Après un tel évènement et une collaboration fructueuse, «l’opération Capitale Européenne de la Culture avait été bénéficiaire de 2 millions d’euros, ce qui ne s’était jamais vu», Lille avait décidé de prolonger l’événement sous une nouvelle institution intervenant tous les 2 ans sous le nom de Lille 3000. En 2006 lors de l’événement, sous le thème de l’Inde, 40% du budget venait du privé, dont «des chefs d’entreprise de la région éprouvant cette notoriété quotidiennement et appréciant que Lille soit sortie de son image grise».
Afin de fédérer toute une région qui se veut comme industrielle et européenne de sa transfrontièralité, des «Maisons folies» avaient été construites dans 7 villes de la métropole Lilloise ainsi que 3 en Belgique, en profitant au passage pour reconvertir du patrimoine industriel. Le résultat est qu’aujourd’hui ces centres culturels sont toujours en activité et perpétuent à l’échelle régionale voir inter-régionale (collaboration avec la Belgique) la dynamique lancée lors de l’événement. «Les Maisons folies» font désormais parti de l’identité d’une grande métropole Lilloise affirmée.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

PARTIE 1 DE WORCLAW A VROTSLOVE, EUROPÉANISATION D’UNE VILLE D’EUROPE CENTRALE
a. Une ville d’Europe centrale à la recherche de son identité
– Breslau sous l’Empire Allemand
– L’entre-deux guerres
– La seconde guerre mondiale
– Wroclaw sous domination soviétique (1945-1990)
– Wroclaw l’européenne
b. Le discours multiculturel, européanisation des candidatures à la CEC
– Introduction, contexte politique
– Mise en récit de l’histoire, identité de la ville
– Intérêt des différents acteurs à différentes échelles à travers deux thèmes, multiculturalisme et identité
– Construction d’un discours, passé, présent, futur
c. Les motivations des villes pour la CEC, exemples de Lille et Marseille
– A qui l’idée ? Exemples de Lille et Marseille
– Le cas de Wroclaw, un Maire entrepreneur
– Trois leviers : politique, économique, culturel pour une intention commune : réunir tous les acteurs derrière un projet commun
d. L’événement, prétexte à de nouveaux systèmes de gouvernance, des acteurs en réseaux
– Temporalité des effets de l’événement, vers un renouvellement de la gouvernance des villes
– Des acteurs en réseaux, du local à l’international
– A la recherche de villes modèles
PARTIE 2 «NADODRZE» RÉPERCUSSIONS POLITIQUES ET SOCIALES DE L’ÉVÉNEMENT DANS LA STRATÉGIE LOCALE
a. L’histoire d’une candidature, stratégie d’un «Maire entrepreneur»
– Un Maire à la recherche de reconnaissance internationale
– Instrumentalisation d’une candidature « participative »
– L’événement, facteur de compromis
b. La participation, nouveau modèle de gouvernance pour Wroclaw ?
– Intégration de la «participation» dans le discours politique
– Incitation à collaborer avec la municipalité pour les «activistes» et ONG influentes
– La participation , nouveau modèle de gouvernance pour la ville ?
c. Nadodrze, territoire «Silésien» d’expérimentation Européenne
– Histoire d’un quartier épargné par la guerre mais délaissé
– URBACT, projet urbain pour de nouvelles collaborations
– Le projet urbain de revitalisation de Nadodrze
– La CEC 2016 , beaucoup d’image mais peu d’action pour les habitants de Nadodrze
– La prise de pouvoir des ONG locales
d. «La revitalisation», masque d’une gentrification maîtrisée
– Le projet de revitalisation, exemple typique d’un quartier « gentrifiable »
– De nouveaux acteurs locaux : artistes, artisans et ONG ambitieuses
– La municipalité, acteur tout puissant
– A la recherche de la gentrification derrière le terme de revitalisation
CONCLUSION
ANNEXES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *