MYIASE SOUS-CUTANEE : Hypoderma diana

MYIASE SOUS-CUTANEE : Hypoderma diana

Pharyngomyia picta

Les études concernant Pharyngomyia picta portent essentiellement sur la prévalence de ce parasite en Pologne, en Ecosse et en Espagne. Son hôte principale est le cerf mais aussi le daim, le sika et l’élan. Pharyngomyia picta a aussi déjà été trouvé sur des chevreuils. En Europe centrale, les mouches adultes volent de juin à août, le stade larvaire de premier âge est présent dans les cavités nasales jusqu’en mars, et les deuxième et troisième stades larvaires se trouvent comme les larves de Cephenemyia près du pharynx entre mars et juin (Zumpt, 1965).
Concernant les myiases naso-pharyngées des cerfs, seules les larves trouvées sur les animaux provenant du parc de Chambord ont été caractérisées. Les chasseurs parlent généralement d’œstre pour désigner l’ensemble des agents de ces myiases naso-pharyngées. Etant donné que notre échantillon de cervidés est constitué principalement de chevreuils, notre étude portera principalement sur Cephenemyia stimulator.

Troubles associées aux myiases naso-pharyngées

Selon certains auteurs, Cephenemyia stimulator aurait été à l’origine de 55 % de la mortalité générale des chevreuils en Allemagne (Ullrich, 1936) et selon Covan, une infestation de plus de 30 larves serait mortelle pour un chevreuil (Dudzinski, 1970 b). Une grande majorité d’auteurs s’accordent à dire que ce parasite est à l’origine de toux, de dyspnée, d’inflammation catarrhale, de processus histolytique, de secrétions muco-hémorragiques provenant de l’appareil respiratoire, de tuméfaction du pharynx.
Les larves de Cephenemyia stimulator ou de Pharyngomyia picta affectent surtout l’état général des cervidés par les troubles respiratoires engendrés : dyspnée, toux, inflammation catarrhale (Dudzinski, 1970 b). Les cervidés sont irrités par les mouches adultes qui tentent de déposer les larves dans les naseaux et par les larves elles-mêmes qui blessent la muqueuse des cavités respiratoires avec leurs crochets buccaux (figure 13) et leurs épines. Ceci entraîne une perturbation dans la nutrition et dans l’assimilation de nourriture pendant une période où le pâturage est le
meilleur. Ceci peut même se manifester par de la cachexie (Dudzinski W, 1970 b). Pour Minàr (1982) un haut degré d’infestation par Hypoderma diana et Cephenemyia stimulator peut être fatal chez les jeunes chevreuils. Sur les quatre dissections de chevreuils réalisées le 15 juillet 2000, il apparaît une inflammation du larynx sur les trois animaux parasités par Cephenemyia stimulator avec de nombreuses pétéchies sur les cartilages aryténoïdes et sur l’épiglotte .

Le matériel antigénique de Cephenemyia stimulator

Il n’existe, à notre connaissance, aucune publication concernant le matériel antigénique de Cephenemyia spp et la mise au point d’un test sérologique ELISA recherchant les anticorps dirigés contre les antigènes de Cephenemyia spp. Par contre une étude sérologique a été réalisée pour l’œstrose des moutons en Angleterre en utilisant les antigènes solubles du premier stade d’Oestrus ovis (Goddard et al, 1999). De plus pour G.Tabouret (2001) une protéine de 28kDa, issue des produits de sécrétion et excrétion des larves de deuxième et troisième stade d’Oestrus ovis, est reconnue en Western blot par les anticorps sériques (IgG) de moutons parasités par Oestrus ovis. Nous allons donc nous appuyer sur les travaux réalisés sur Oestrus ovis et sur les hypodermes des bovins ou d’Hypoderma diana pour mettre au point un test ELISA pour la céphénémyiose des cervidés. Tout comme pour les différentes espèces d’hypoderme, il est probable que le matériel antigénique de Cephenemyia stimulator et de Pharyngomyia picta soit très proche.

METHODE DE LUTTE CONTRE LES AGENTS DES MYIASES

Plusieurs molécules existent sur le marché pour lutter contre l’œstrose ovine et contre l’hypodermose bovine. La pharmacocinétique de ces molécules est bien connue chez les ruminants domestiques.

Traitement de l’hypodermose bovine et de l’œstrose ovine

Le contrôle de l’hypodermose bovine est obligatoire depuis plusieurs années dans de nombreux pays d’Europe, et en France notamment (Boulard, 1999).Avant l’arrivée sur le marché de différents produits, les varons étaient extraits manuellement. Maintenant les vétérinaires disposent de plusieurs molécules efficaces pour éliminer l’hypodermose (Losson, et al, 1998). Il existe des molécules dites « endectocides » et des molécules « fasciolicides ». Avant ces molécules, les organophosphorés, introduits durant les années 1950 et 1960, étaient principalement utilisés. La molécule de cette famille toujours utilisée en France est le métrifonate. C’est un produit difficile d’emploi, sans rémanence, très toxique pour l’animal et l’éleveur. En 1981 sont introduits les premières avermectines avec l’ivermectine (Ivomec®). Utilisées à 200 µg/kg, les avermectines ont un spectre d’action large vis à vis des nématodes et des arthropodes. L’efficacité de l’ivermectine est très grande contre le premier stade larvaire des hypodermes, ce qui a permis l’utilisation de microdoses : 0.1 µg/kg à 4 µg/kg (Drummond 1984, Argente et Hillion, 1984). L’ivermectine utilisée à 200 µg/kg est aussi efficace contre tous les stades larvaires d’Oestrus ovis (Dorchies et Ducos de Lahitte, 1986) et des strongyloses pulmonaires (DMV, 2001). Les avermectines sont lentement éliminées, ce qui explique leur efficacité durable contre plusieurs parasites. La doramectine, à la posologie de 200 µg/kg, est active sur les trois stades larvaires d’Oestrus ovis, sur les larves d’hypodermes en migration, sur les nématodes gastro-intestinaux, sur Dictyocaulus viviparus (DMV, 2001). De même la moxidectine (200 µg/ml) est efficace sur les larves d’Hypoderma bovis, d’Hypoderma lineatum et d’Oestrus ovis, sur les nématodes gastro-intestinaux et sur Dictyocaulus filaria (DMV, 2001).D’après une étude réalisée par Benakhla et al en 1993 sur l’hypodermose en Algérie, l’efficacité est de 100 % pour l’ivermectine, 80 % pour le fenthion et 96 % pour le métrifonate. Une autre molécule utilisée est la roténone. Elle est atoxique pour l’homme et les animaux, n’entraîne pas de résidus et peut donc être utilisée en toute sécurité dans les élevages laitiers. Cependant son activité est limitée aux deuxième et troisième stades larvaires (Benakhla et al 1998). Avec la Roténone, l’efficacité varie de 72 % à 100 % (Charbon et Pfister 1993).
Parmi les molécules fasciolicides, le closantel, actif sur Fasciola hepatica à la posologie de 10 mg/kg, l’est aussi sur tous les stades d’Oestrus ovis et sur les stades sous-cutanés d’Hypoderma bovis et d’Hypoderma lineatum. Chez les ovins, le closantel est efficace contre les strongyloses à nématodes hématophages. Le nitroxinil (10 mg/kg), utilisé dans la lutte contre les douves, les strongles gastrointestinaux, est aussi utilisable contre les œstres (DMV, 2001).

Traitement des cervidés

Le traitement des cervidés d’élevage est courant car il permet de lutter contre les pertes économiques dues aux myiases. Sur le renne, l’utilisation d’ivermectine en pour-on (500 µg/kg), per-os (200 µg/kg) ou encore par injection sous-cutanée (200 µg/kg) permet d’éliminer les varons, les oestres et de diminuer la charge de strongles intestinaux (Oksanen et al, 1993). L’ivermectine permet aussi de lutter contre l’onchocercose, autre helminthose des cervidés. L’efficacité de la doramectine a été testée sur des rennes de Norvège, parasités par Hypoderma tarandi et Cephenemyia trompe. Elle est évaluée à 100 % par voie sous-cutanée à la posologie de 200 µg/kg (Oksanen et al,1996). La difficulté pour les cervidés sauvages concerne le mode d’administration du traitement. Des essais concluant ont été réalisés en utilisant de l’ivermectine injectable (IVOMEC ® 1 %) diluée dans de l’eau au 1/20-50 et dont on arrose les granulés. La posologie suggérée est d’administrer 0.3 mg/kg (Kutzer, 1994).

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Table des matières

INTRODUCTION
I- PRESENTATION DES AGENTS DES MYIASES ETUDIEES : Hypoderma diana, Cephenemyia stimulator et Pharyngomyia picta
I.1- MYIASE SOUS-CUTANEE : Hypoderma diana

I.1.1- Définition de l’espèce
I.1.2- Cycle biologique
I.1.3- Troubles associés
I.1.4- Le matériel antigénique des hypodermes
I.1.5- Réactions croisées et sérodiagnostic
I.2- MYIASES NASO-PHARYNGÉES : Cephenemyia stimulator et Pharyngomyia picta
I.2.1- Définition des espèces
I.2.2- Cycle biologique de Cephenemyia stimulator
I.2.3- Pharyngomyia picta
I.2.4- Troubles associés aux myiases naso-pharyngées
I.2.5- Le matériel antigénique de Cephenemyia stimulator
I.3- METHODE DE LUTTE CONTRE LES AGENTS DES MYIASES
I.3.1- Traitement de l’hypodermose bovine et de l’œstrose ovine
I.3.2- Traitement des cervidés
II- ENQUETE GENERALE SUR LE STATUT PARASITAIRE DES DEPARTEMENTS FRANCAIS VIS-A-VIS DE L’HYPODERMOSE ET DE LA CÉPHÉNÉMYIOSE
II.1- MATERIEL ET METHODE
II.2- RESULTATS DE L’ENQUETE GENERALE
II.2.1- Hypodermose
II.2.2- Céphénémyiose
II.2.3- Mouvements d’animaux
II.3- DISCUSSION
II.3.1- Périodes de chasse et cycle parasitaire
II.3.2- Mouvements d’animaux assurés par l’homme
III- DIAGNOSTIC SEROLOGIQUE DE LA CÉPHÉNÉMYIOSE ET DE L’HYPODERMOSE DES CERVIDES
III.1- MATERIEL ET METHODE
III.1.1- Animaux et buvards
III.1.1.1- Protocole de l’enquête
III.1.1.1.1- Départements étudiés
III.1.1.1.2- Prélèvements dans chaque département
III.1.1.2- Technique de prélèvement et protocole
III.1.1.2.1- Chevreuils vivants
III.1.1.2.2- Cervidés issus de la chasse
III.1.1.2.3- Précautions lors du prélèvement
III.1.2- Diagnostic sérologique
III.1.2.1- La technique ELISA
III.1.2.1.1- Objectif
III.1.2.1.2- Principe
III.1.2.1.3- Préparation des pools de sérums de référence et des antigènes
III.1.2.1.3.1- Hypodermose
III.1.2.1.3.2- Oestrose des cervidés
III.1.2.1.3.2.1- sérums de référence pour la sérologie des myiases naso-pharyngées
III.1.2.1.3.2.2- Antigènes de Cephenemyia stimulator
III.1.2.1.3.2.3- Fraction antigénique de Cephenemyia stimulator reconnue par les anticorps des cervidés parasités par Cephenemyia stimulator ou par Pharyngomyia picta
III.1.2.1.4- Mode opératoire des sérologies ELISA
III.1.2.2- Expression des résultats des sérologies et définition du seuil de positivité des test ELISA hypodermose et céphénémyiose
III.1.2.2.1- Définition du seuil de positivité du test ELISA Hypodermose
III.1.2.2.2- Définition du seuil de positivité du test ELISA Céphénémyiose
III.1.3- Caractéristiques de l’échantillon
III.1.3.1- Département de l’Aisne
III.1.3.2- Département de la Marne
III.1.3.3- Département du Cher
III.1.3.4- Département du Loir-et-Cher
III.1.3.5- Département du Loiret
III.1.3.6- Département de l’Indre
III.1.3.7- Département de l’Indre-et-Loire
III.1.3.8- Département de la Charente-Maritime
III.1.3.9- Département du Lot
III.1.3.10- Département de la Dordogne 56
III.2- RESULTATS DE L’ETUDE SEROLOGIQUE
III.2.1- Comparaison réponse de densité optique en fonction de la nature du prélèvement : sérum ou sang imbibé sur un buvard.
III. 2.2 – Antigène de Cephenemyia stimulator
III.2.3- Réactions croisées entre Hypoderma diana et Cephenemyia stimulator
III.2.4- Définition du seuil de positivité du test ELISA Céphénémyiose
III.2.5- Hypodermose
III.2.5.1- Résultats des sérologies Hypodermose par département
III.2.5.2- Cartographie du parasitisme par Hypoderma diana et évolution du pourcentage de densité optique en fonction du mois de prélèvement
III.2.5.2.1- Cartographie des foyers d’hypodermose
III.2.5.2.1.1- Cartographie des résultats Hypodermose dans le Lot
III.2.5.2.1.2- Cartographie des résultats Hypodermose en Charente-Maritime
III.2.5.2.1.3- Cartographie des résultats Hypodermose dans le Che
III.2.5.2.1.4- Cartographie des résultats Hypodermose dans le Loir-et-Cher
III.2.5.2.1.5- Cartographie des résultats Hypodermose dans le Loiret
III.2.5.2.1.6- Cartographie des résultats Hypodermose dans l’Indre
III.2.5.2.1.7- Cartographie des résultats Hypodermose dans l’Indre-et-Loire
III.2.5.2.1.8- Cartographie générale des résultats des sérologies hypodermose de la région Centre
III.2.5.2.2- Evolution des pourcentages de densité optique résultants de la sérologie ELISA Hypodermose, en fonction du mois de prélèvement
III.2.5.2.2.1- Distribution des résultats de l’Aisne et de la Marne
III.2.5.2.2.2- Distribution des résultats de la région Centre
III.2.5.2.2.3- Distribution des résultats du Lot
III.2.5.2.2.4- Distribution des résultats de la Charente-Maritime
III.2.5.2.2.5- Distribution des résultats de la Dordogne
III.2.6- Céphénémyiose
III.2.6.1- Résultats des sérologies Céphénémyiose par département
III.2.6.2- Cartographies du parasitisme par les œstres des cervidés et évolution du pourcentage de densité optique en fonction du mois de prélèvement
III.2.6.2.1- Cartographies des résultats du test ELISA céphénémyiose
III.2.6.2.1.1- Cartographie des résultats dans l’Aisne
III.2.6.2.1.2- Cartographie des résultats dans la Marne
III.2.6.2.1.3- Cartographie des résultats dans le Cher
III.2.6.2.1.4- Cartographie des résultats dans le Loiret
III.2.6.2.1.5- Cartographie des résultats dans le Loir-et-Cher
III.2.6.2.1.6- Cartographie des résultats dans l’Indre
III.2.6.2.1.7- Cartographie des résultats dans l’Indre-et-Loire
III.2.6.2.1.8- Cartographie des résultats dans le Lot
III.2.6.2.1.9- Cartographie des résultats en Charente-Maritime
III.2.6.2.1.10- Cartographie des résultats dans la région Centre
III.2.6.2.2- Evolution des pourcentages de densité optique de la sérologie ELISA céphénémyiose en fonction du mois de prélèvement
III.2.6.2.2.1- Distribution des résultats de l’Aisne et de la Marne
III.2.6.2.2.2- Distribution des résultats de la région Centre
III.2.6.2.2.3- Distribution des résultats du Lot
III.2.6.2.2.4- Distribution des résultats de la Charente-Maritime
III.2.6.2.2.5- Distribution des résultats de la Dordogne
III.3- DISCUSSION
III.3.1- Relations entre les commémoratifs et les résultats des sérologies
III.3.1.1- Hypoderma diana
III.3.1.2- Cephenemyia stimulator et Pharyngomyia picta
III.3.2- Définition du seuil de positivité du test ELISA
III.3.2.1- Définition du seuil de positivité du test ELISA Hypodermose
III.3.2.2- Définition du seuil de positivité du test ELISA Céphénémyiose
III.3.3- Distribution de l’infestation parasitaire par département
III.3.3.1- Hypoderma diana
III.3.3.1.1- L’hypodermose dans le Lot
III.3.3.1.2- L’hypodermose en Charente Maritime
III.3.3.1.3- L’hypodermose dans la région Centre et la Sologne
III.3.3.1.4- Comparaison de la prévalence de l’hypodermose des cervidés avec les prévalences connues dans d’autres pays
III.3.3.2- Comparaison de la prévalence de la céphénémyiose des cervidés avec les prévalences connues de l’œstrose, ou de la prévalence de la céphénémyiose obtenue par diagnostic parasitologique
III.3.4- Cinétique annuelle des anticorps
III.3.4.1- Hypoderma diana
III.3.4.2- Cephenemyia stimulator
III.3.5- Antigènes de Cephenemyia stimulator
III.3.6- Qualité du buvard
III.3.7- Variations d’intensité du parasitisme par Cephenemyia.stimulator Liés à l’âge ou au sexe
III.3.7.1- Variations liées à l’âge
III.3.7.2- Variations liées au sexe
III.3.8- Doit-on traiter la faune sauvage ?
III.3.9- Conséquence de l’introduction d’un animal porteur de varon
CONCLUSION
Bibliographie

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