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LES HABITUDES ALIMENTAIRES DES TOGOLAIS
Le maรฏs est lโune des cรฉrรฉales alimentaires de base des Togolais. Il se cultive dans toutes les rรฉgions du Togo sur environs 48% des surfaces cultivรฉes. Lโutilisation du maรฏs dans lโalimentation humaine se fait en transformant les grains frais comme secs de maniรจre tradi-tionnelle. Aprรจs sรฉchage dans les champs, les grains sont enlevรฉs sรฉchรฉs puis sont prรชts pour dโautres transformations donnant comme produits finis (Annexe 2) (Icard-Verniรจre et al., 2010) :
โข la pรขte fermentรฉe obtenue ร partir du tamisage humide sur toile fine du maรฏs fermentรฉe moulu (ยซย Akpanย ยป) ;
โข la bouillie fermentรฉe comportant des grumeaux obtenue ร partir dโย ยปAkpanย ยป (ยซย Akassanย ยป) ;
โข la pรขte fermentรฉe de maรฏs cuite ร la vapeur (ยซย Khomย ยป) ;
โข la farine fermentรฉe de maรฏs dรฉpelliculรฉ (ยซย Emaย ยป) ;
โข la bouillie fermentรฉe comportant des granules obtenue ร partir dโย ยปEmaย ยป (ยซย Akluiย ยป) ;
โข une biรจre sans alcool ร base de maรฏs (ยซย Lihaย ยป).
Le sorgho est la deuxiรจme cรฉrรฉale la plus cultivรฉe aprรจs le maรฏs. Elle est consommรฉe sous la mรชme forme que le maรฏs. Plus de 70% des rรฉcoltes entrent dans la prรฉparation des biรจres locales traditionnelles, tchakpalo et tchoukoutchou (Balogou et al., 2011 ; Dossou et al., 2011).
Le Manioc (Manihot esculenta Crantz) est couramment consommรฉ. Il est trรจs pรฉris-sable, donc nรฉcessaire de le transformer le plus rapidement possible pour limiter les pertes. On obtient alors la cosette de manioc qui est sa forme sรฉchรฉe et la farine fermentรฉe (ยซย Agbeli-maย ยป) (Kouakou et al., 2015).
MYCOTOXINES
Le terme mycotoxine vient du grec ยซmycosยป et du latin ยซtoxicumยป qui signifient res-pectivement champignon et poison (Yiannikouris et al., 2002). Il a รฉtรฉ inventรฉ en 1962, suite ร une crise vรฉtรฉrinaire due ร la mort de cent mille dindonneaux en Angleterre. Les myco-toxines sont des composรฉes non-protรฉiques, de faible poids molรฉculaire qui proviennent prin-cipalement des acides aminรฉs (Bhatnagar, 2002). Prรจs de 400 types de mycotoxines ont รฉtรฉ dรฉcouvertes mais juste une trentaine de ces molรฉcules seulement ont une vรฉritable importance en termes de santรฉ animale et humaine (Creppy, 2000). Elles sont regroupรฉes en fonction de leurs similitudes structurelles et de leurs principaux effets toxiques (Bennet et al., 2003). Lโingestion des aliments contaminรฉs provoque une intoxication chez le consommateur ร con-dition que leur concentration soit suffisamment รฉlevรฉe pour produire un effet toxique (Quil-lien, 2002).
ECOTOXINOGENE
LES MOISISSURES
Le stockage des aliments conduit ร une dรฉtรฉrioration des aliments par les moisissures (Pitt, 1997). Le dรฉveloppement des moisissures sur les denrรฉes alimentaires peut conduire ร une dรฉprรฉciation de la valeur nutritionnelle ou ร des risques pour le consommateur (mycotoxi-coses). Les moisissures peuvent produire des toxines signifiantes (Tableau 1) (Chapeland-Leclerc et al., 2005). Les champignons majeurs connus comme prรฉcurseurs de lโochratoxine A et de lโaflatoxine qui sont impliquรฉes dans lโalimentation humaine et animale, appartiennent principalement aux genres : Aspergillus et Penicillium (Filali et al., 2001; Lopez de Cerain et al., 2002 ; Delage et al., 2003). Certains รฉchantillons dโorges (82,3%) en Espagne (Medina et al., 2006) et dโautres รฉchantillons de sorgho et de riz (71,7%, et 77,7%) au Togo conte-naient les Aspergillus (Ahanogbรฉ et al., 1994).
MYCOTOXINES EN ALIMENTATION HUMAINE ET ANIMALE
La contamination des aliments ou des graines peut avoir lieu avant ou pendant le stockage. Les champignons toxinogรจnes sont classรฉs en 4 groupes :
โข Pathogรจnes pour la plante (exemple de Fusarium graminareum รฉlaborant la zรฉaralรฉnone) ;
โข Moisissures poussant et produisant les mycotoxines sur des plantes sรฉnes-centes ou stressรฉes (Fusarium moniliforme produisant la fumonisine et Asper-gillus flavus produisant les aflatoxines) ;
โข Champignons colonisant ร lโorigine la plante et prรฉdisposant celle-ci ร la contamination par la mycotoxine lors de la rรฉcolte (Fusarium roseum produi-sant des trichothรฉcรจnes) ;
โข Champignons existant dans le sol et dans le matรฉriel de putrรฉfaction et qui
prolifรจreront lors du stockage (Aspergillus ochraceus et Penicillium viridica-tum รฉlaborant tous deux lโochratoxine A).
Ces moisissures et mycotoxines entraรฎnent des problรจmes รฉconomiques tout au long de la chaรฎne alimentaire ; du producteur de grains, aux รฉleveurs de volailles et de bรฉtail, et aux industries alimentaires fabriquant des produits pour les animaux et pour lโhomme. Elles po-sent aussi des problรจmes de santรฉ pour lโhomme (Creppy et al., 2002b).
Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes intรฉressรฉs plus particuliรจrement ร deux mycotoxines : lโaflatoxine et lโochratoxine A.
LโAFLATOXINE
Lโaflatoxine est un mรฉtabolite secondaire synthรฉtisรฉ par des souches d’Aspergillus flavus, Aspergillus parasiticus et Aspergillus nomius (Blanc, 1982).
โข Structure des aflatoxines
Les travaux de lโรฉquipe de recherche dโAsao, dโIongh et Holzapfel ont permis de connaitre la structure des aflatoxines. Il existe lโaflatoxine B1, B2, G1, G2 et M (figure 2).
โข Propriรฉtรฉs physico-chimiques des aflatoxines
Les aflatoxines sont des molรฉcules de faibles poids molรฉculaires (312 ร 330 g/mol). Elles sont trรจs peu solubles dans lโeau (10 ร 30 ยตg/ml), insolubles dans les solvants non po-laires et trรจs solubles dans les solvants polaires (le chloroforme, le mรฉthanol) (Creppy et al., 2002b). Sous la lumiรจre UV, les aflatoxines B รฉmettent de maniรจre intense une fluorescence bleue, tandis que les aflatoxines G รฉmettent une fluorescence verte (Asao et al., 1965). Les aflatoxines se trouvent instables sous la lumiรจre ultraviolette en prรฉsence dโoxygรจne avec des pH extrรชmes (pH < 3 ou pH > 10). La tempรฉrature minimale de dรฉcomposition sโรฉlรจve ร 237ยฐC. Cette propriรฉtรฉ les rend particuliรจrement rรฉsistantes aux traitements thermiques comme la congรฉlation, la pasteurisation ou encore la stรฉrilisation (Creppy et al., 2002b).
Par oxydation, le cycle lactone des aflatoxines devient sensible ร une hydrolyse alcaline, mais en cas de neutralisation, il peut se reformer. Les aflatoxines sont aussi dรฉgradรฉes par lโammoniaque (NH4OH) et lโhypochlorite de sodium (NaOCl). Ainsi, lors de cette derniรจre rรฉaction, il se forme le 2,3-dichloro-aflatoxine B1 qui est directement gรฉnotoxique (Cole et Cox, 1981).
โข Toxicocinรฉtique de lโaflatoxine
Lโabsorption des aflatoxines est possible par voie orale et trachรฉale (Kumagai et al., 1989). La distribution a lieu principalement au niveau du foie via la veine porte. Elle sโeffectue ร partir du plasma sanguin vers les hรฉpatocytes, par diffusion passive (Mรผller et al., 1988). Le mรฉtabolisme hรฉpatique de lโaflatoxine sโeffectue soit par lโintermรฉdiaire des cytochromes hรฉpatiques P450 et par le devenir de lโaflatoxine B1-8,9-รฉpoxyde (figure 3) (Creppy et al., 2002b). Lโรฉlimination est principalement biliaire. Elle reprรฉsente environ 50
% de la dose excrรฉtรฉe chez la plupart des espรจces animales, tandis que la voie urinaire reprรฉ-sente 15 ร 25 % de la dose ingรฉrรฉe (Wong et al., 1980). Chez certains animaux, il semblerait que les aflatoxines persistent dans le foie et le rein sous forme liรฉe et non mรฉtabolisรฉe (Chen et al., 1984).
โข Effets toxique gรฉnรฉraux des aflatoxines
Les aflatoxines possรจdent des propriรฉtรฉs cancรฉrogรจnes, hรฉpatotoxiques, tรฉratogรจnes et immunotoxiques. Des groupes B et G, lโAFB1 est le composรฉ prรฉsentant le potentiel toxique le plus important. Lโaflatoxine B1 est la seule mycotoxine ayant un rรดle avรฉrรฉ dans lโapparition de certains cancers du foie (Wogan, 2000). Cโest la raison pour laquelle elle a รฉtรฉ dรฉclarรฉe agent cancรฉrogรจne pour lโHomme par le CIRC (groupe 1) (IARC, 1993).
LโOCHRATOXINE A
Lโochratoxine A est produite par des Aspergillus ochraceus dans les rรฉgions chaudes et Penicillium verrucossum dans les climats tempรฉrรฉs. Neuf Ochratoxines ont รฉtรฉ identifiรฉes, mais lโochratoxine A est la plus abondante et la plus toxique (Creppy, 2004).
โข Structure de lโochratoxine A
Lโochratoxine A est une mycotoxine dรฉrivรฉe de la famille des dihydro isocouma-rines. Son nom chimique est ยซLphรฉnylalanine-N-[(5-chloro-3,4-dihydro-8-hydroxy-3-mรฉthyl-1-oxo-1H2-benzopyrane-7yl) carbonyl]-(R)-isocoumarineยป (Ratulo et al., 2004 ) et sa for-mule brute est C20H18ClNO6 (Weidenburner, 2001).
Les structures des autres ochratoxines sont similaires ร celle de lโochratoxine A (Figure 4). Lโochratoxine B est le dรฉrivรฉ non chlorรฉ de lโochratoxine A. Lโochratoxine C est son ester รฉthylique (Creppy et al., 1990 ; Hadidane et al.,1992) .
โข Propriรฉtรฉs physiques et chimique de lโochratoxine A
Lโochratoxine A est un acide organique faible de pKa รฉgal ร 7,1. Cโest un solide blanc ayant une masse molaire de 403,8 g/mol. De structure cristalline variant, elle possรจde une intense fluorescence en lumiรจre UV (El khouri, 2007). Elle est de couleur verte en milieu acide et bleue en milieu alcalin. Cette fluorescence est ร lโorigine des mรฉthodes de dรฉtection et de dosage de lโOchratoxine A. En raison de la stabilitรฉ de sa structure chimique, lโOTA rรฉsiste aisรฉment aux procรฉdรฉs industriels de transformation.
Elle est dรฉgradรฉe partiellement dans des conditions normales de cuisson mais est totalement dรฉtruite par des solutions dโhypochlorite de sodium (Mรผller, 1982).
โข Toxicocinรฉtique de lโochratoxine A
Lโochratoxine A est absorbรฉe au niveau du jรฉjunum par la diffusion passive de la forme non ionisรฉe (Studer-Rohr et al., 2000). La distribution tissulaire de lโochratoxine A suit en gรฉnรฉral lโordre suivant : reins >foie et muscle> graisses. Dans lโorganisme lโOTA est mรฉtabolisรฉe en plusieurs conjuguรฉ pouvant รชtre retrouvรฉs dans le sang ou les urines (figure 5) (Li et al., 1997 ; Creppy et al., 1999 ; Faucet et al., 2006 ). Lโรฉlimination se fait par toutes les voies dโexcrรฉtions (urinaire, fรฉcale et biliaire). Une partie de lโochratoxine A qui se re-trouve dans la bile peut รชtre rรฉabsorbรฉe au niveau de lโintestin (Creppy et al., 1999 ; Pfohl-Leszkowicz et al., 2002 ; Manderville et al., 2006).
ECHANTILLONNAGE
Afin dโobtenir une reprรฉsentativitรฉ des รฉchantillons ร analyser, nous avons effectuรฉ un รฉchantillonnage ร deux degrรฉs.
โข Un รฉchantillonnage en grappe pour le choix des marchรฉs. Ainsi cinq principaux marchรฉs de Lomรฉ ont รฉtรฉ retenus :
๏ผ le marchรฉ de Hรฉdjranawoรฉ ;
๏ผ le marchรฉ dโAkodรฉssรฉwa ;
๏ผ le marchรฉ de Bรจ ;
๏ผ le marchรฉ dโAdidogomรฉ ;
๏ผ le marchรฉ dโAttikpodji.
โข Un second sondage alรฉatoire auprรจs des consommateurs pour sรฉlectionner les aliments qui sont couramment consommรฉs. Ainsi 14 aliments ont รฉtรฉ retenus :
๏ผ Grains de maรฏs (Zea mays) et produits issus de leur transformation (ยซย Emaย ยป, ยซย Aklouiย ยป, ยซย Khomย ยป,ย ยปAkassaย ยป, ยซย Liha ย ยป et ยซย Akpanย ยป) ;
๏ผ Grains de sorgho (Sorghum bicolor) et dรฉrivรฉs (ยซย Tchoukoutchouย ยป et ยซย Tchakpaloย ยป) ;
๏ผ Manioc (Manihot esculenta) et dรฉrivรฉs (cosette de manioc et ยซย Agbelimaย ยป) ;
๏ผ Biรจre industrielle dรฉnommรฉe Pils faite ร base du riz, du malt et du houblon.
TAILLE DE LโECHANTILLON
Au total 210 รฉchantillons pesant environ 200g chacun ont รฉtรฉ prรฉlevรฉs au hasard dans les cinq marchรฉs dans la pรฉriode du 02 Mai au 02 Juin 2018.
TRANSPORT ET CONDITIONNEMENT
Les รฉchantillons prรฉlevรฉs dans les diffรฉrents marchรฉs ont รฉtรฉ conditionnรฉs dans des sa-chets plastiques. Ils ont รฉtรฉ acheminรฉs dans moins de deux heures au laboratoire de lโInstitut Togolais de Recherche Agronomique dans une glaciรจre. Ils ont รฉtรฉ codifiรฉs et conservรฉs dans des congรฉlateurs muni de thermomรจtre de suivi de contrรดle de la tempรฉrature ร -20ยฐC. La taille globale des รฉchantillons est supรฉrieure ร 1 kg (CEC, 2006).
ANALYSE DES ECHANTILLONS
PREPARATION DES ECHANTILLONS
Pour chaque type dโaliment, il a รฉtรฉ effectuรฉ un mรฉlange de cinq รฉchantillons รฉlรฉ-mentaires (100g) pour obtenir trois รฉchantillons composites par type dโaliments.
Pour les produits solides, la prรฉparation a commencรฉ par un broyage de lโรฉchantillon grรขce au broyeur afin de rรฉduire la taille et bien le mรฉlanger. La granulomรฉtrie du broyat a une taille de 0,5 mm.Pour les produits liquides, aprรจs le mรฉlange, lโhomogรฉnรฉisation a รฉtรฉ effectuรฉe grรขce ร un agitateur. Un bon nettoyage du broyeur et des bรฉchers a รฉtรฉ effectuรฉ ร lโaide du tampon de lavage PBS entre deux รฉchantillons pour รฉviter les contaminations croisรฉes.
Les manipulations ont รฉtรฉ effectuรฉes dans les laboratoires de contrรดle qualitรฉ et de normalisa-tion et de biosรฉcuritรฉ et biodiversitรฉ de lโInstitut Togolais de Recherche Agronomique ร Lo-mรฉ.
PARAMETRES PHYSICO-CHIMIQUES
๏ La teneur en eau
La teneur en eau dโun produit est la perte de masse subite par ce produit aprรจs chauf-fage. Elle est dรฉterminรฉe par la mรฉthode de chauffage ร lโรฉtuve. Cette mรฉthode est validรฉe par la norme franรงaise V 03-903 : 1966.
โข Principe : Dessiccation du produit ร une tempรฉrature voisine de 103ยฐC, dans une รฉtuve isotherme, jusquโร รฉlimination complรจte de lโeau. Suivi dโune dรฉter-mination de la perte dโeau.
โข Mode opรฉratoire
– Un creuset vide est chauffรฉ ร lโรฉtuve et refroidit au dessiccateur ;
– Dans le creuset vide, aprรจs lโavoir pesรฉ nous mettons environ 5g de lโรฉchantillon tout en notant la masse totale obtenue ;
– Le creuset contenant la prise dโessai est mis ร lโรฉtuve ร 103ยฐC ;
– Aprรจs 4h, nous enlevons le creuset de lโรฉtuve et nous le mettons dans le dessiccateur ;
– Aprรจs refroidissement, nous pesons le creuset aprรจs รฉtuvage ;
– La manipulation du creuset est faite avec une pince.
โข Expression des rรฉsultats
La teneur en eau est calculรฉe par la formule suivante (รฉquation 1) : Te ( โ )
รquation 1 : formule de calcul de la teneur en eau
Te : Taux dโhumiditรฉ en pourcentage
Mt : masse en gramme de la creusรฉe contenant lโรฉchantillon
m1 : masse en gramme de la creusรฉe contenant lโรฉchantillon aprรจs รฉtuvage
me : masse en gramme de lโรฉchantillon
๏ La teneur en protรฉines
Les protรฉines contiennent de lโazote. Cette propriรฉtรฉ sera exploitรฉe dans la mรฉthode de dรฉtermination de la teneur en protรฉines dans les aliments. Le dosage de lโazote dans les produits se fera par la mรฉthode de KJELDAHL. Pour dรฉterminer la teneur en protรฉines, le taux dโazote sera multipliรฉ par le coefficient de conversion spรฉcifique aux cรฉrรฉales destinรฉes ร lโalimentation humaine.
โข Principe : Minรฉralisation de la matiรจre organique par lโacide sulfurique en prรฉ-sence dโun catalyseur, alcalinisation des produits de la rรฉaction, distillation et ti-trage de lโammoniac libรฉrรฉ.
โข Mode opรฉratoire
– 1g de lโรฉchantillon concernรฉ est introduit dans un matras Kjeldahl ;
– La minรฉralisation de la matiรจre organique (transformation de lโazote protรฉique en ammoniac) se fait en ajoutant 5g de catalyseur (K2SO4 et CuSO4) et 25ml dโacide sulfurique concentrรฉ dans le matras suivi dโun chauffage avec modรฉration (en agitant de temps en temps) pendant 2h de temps.
– Aprรจs refroidissement du matras, la Distillation de lโammoniac (les molรฉcules dโammoniacs libรฉrรฉes sont entrainรฉes par la vapeur et fixรฉes dans une solu-tion dโacide borique) se fait en mettant 250ml dโeau dans le matras pour dissoudre complรจtement les sulfates (les ions ammoniums formรฉs sont transformรฉs en ammoniac ร lโaide dโun excรจs de NaOH et lโacide sulfurique est neutralisรฉ). Le matras est ensuite placรฉ sur le distillateur automatique.
Dans un erlenmeyer, 25ml dโacide borique (2%) et cinq gouttes de lโindicateur de Tas-hiro (mรฉlange de Rouge de Mรฉthyle et de bleu de mรฉthylรจne) sont ajoutรฉs. Il est placรฉ sous le tuyau de rรฉcupรฉration du distillateur automatique de marque Kjeldahl.
Aprรจs ajout de 80ml de solution de soude concentrรฉ dans le matras, lโammoniac est dis-tillรฉ par la vapeur dโeau et piรฉgรฉ dans la solution dโacide borique dans lโerlenmeyer ;
– Titrage : nous avons procรฉdรฉ ร la titration du distillat rรฉcupรฉrรฉ en utili-sant de lโacide sulfurique ร 0, 5 N ;
– Essai ร blanc : Tous les Rรฉactifs sont mis sauf lโรฉchantillon, pour soustraire lโammoniac contenu dans les rรฉactifs de lโammoniac contenu dans lโรฉchantillon.
DOSAGE DE LโOCHRATOXINE A
Il a รฉtรฉ fait ร lโaide de la mรฉthode dรฉveloppรฉe et validรฉe par RIDASCREEN sur les cรฉrรฉales, lโalimentation animale, la biรจre et le sรฉrum de porc (R-BIOPHARM, 2003).
๏ Principe
Le test est basรฉ sur une rรฉaction antigรจne / anticorps. Les puits des barrettes de la mi-croplaque sont recouverts dยดanticorps spรฉcifiques dirigรฉs contre lโochratoxine A. Les solu-tions รฉtalons ou les รฉchantillons et le conjuguรฉ ochratoxine A enzyme sont ajoutรฉs. Lโochratoxine A et son conjuguรฉ enzymatique entrent en compรฉtition pour la liaison aux sites spรฉcifiques de fixation de lโanticorps anti-ochratoxine A (test enzymatique par compรฉtition). Tout conjuguรฉ enzymatique non-fixรฉ est ensuite รฉliminรฉ lors des lavages. Le subs-trat/chromogรจne est ajoutรฉ dans le puits et lโensemble est laissรฉ ร incuber. Le conjuguรฉ enzy-matique fixรฉ transforme le chromogรจne en un produit bleu. Lโaddition de la ยซ solutionยป stop conduit ร un changement de couleur du bleu au jaune. La couleur dรฉveloppรฉe est inversement proportionnelle ร la concentration en ochratoxine A de lโรฉchantillon.
๏ Prรฉparation des รฉchantillons
โข Biรจre
– 2ml dโรฉchantillon filtrรฉ est mis dans un tube ร vis centrifuge ;
– Un volume de 2,5 ml HCl et 4ml CH2Cl2 est ajoutรฉ dans le tube suivi dโune agitation pendant 5min suivi dโune centrifugation pendant 15min/3500g /15ยฐC ;
– Aprรจs centrifugation, la phase aqueuse supรฉrieure est รฉliminรฉe ;
– La phase infรฉrieure CH2Cl2 est filtrรฉe et est rรฉcupรฉrรฉe dans un bรฉcher ;
– 2ml de la phase CH2Cl2 rรฉcupรฉrรฉe et 2ml de NaHCO3 sont ajoutรฉs dans un nouveau tube ร vis centrifuge, suivi dโune agitation pendant 5min et dโune centrifu-gation pendant 5min/3500g /15ยฐC ;
– Aprรจs centrifugation, la phase supรฉrieure NaHCO3 est rรฉcupรฉrรฉe dans un nouveau tube ร vis centrifuge ;
– Nous rรฉpรฉtons lโextraction et la centrifugation de la phase CH2Cl2 rรฉcu-pรฉrรฉe avec 2ml de NaHCO3 suivi dโune agitation pendant 5min et dโune centrifugation pendant 5min/3500g /15ยฐC ;
– Aprรจs centrifugation, la phase supรฉrieure NaHCO3 est rรฉcupรฉrรฉe ;
– Aprรจs mรฉlange des deux phases de NaHCO3, un volume de 0,75ml de HCl et 2ml CH2Cl2 est introduit dans le tube ร vis centrifuge, suivi dโune agitation pen-dant 5min et dโune centrifugation pendant 5min/3500g /15ยฐC ;
– Aprรจs centrifugation, la phase aqueuse supรฉrieure est รฉliminรฉe;
– La phase infรฉrieure CH2Cl2 est รฉvaporรฉe ร 60ยฐC ;
– 1ml de NaHCO3 est ajoutรฉ au Rรฉsidu dans le bouchon ร vis centrifuge ;
– 50 ยตl du mรฉlange (NaHCO3 et Rรฉsidu) est utilisรฉ par puits.
โข Cรฉrรฉales
– 2g de lโรฉchantillon broyรฉ et 5ml de HCl sont introduits dans un tube ร vis cen- trifuge ;
– Aprรจs agitation pendant 5min, un volume de 10ml de CH2Cl2 est ajoutรฉ ;
– Une seconde agitation est faite pendant 15min suivi dโune centrifugation pen-dant 5min/3500g /15ยฐC ;
– Aprรจs centrifugation, ร 3500 g pendant 5 min ร 15+4 ยฐC ou ร tempรฉrature am-biante la phase aqueuse supรฉrieure est รฉliminรฉe;
– Avec un papier filtre, la phase infรฉrieure CH2Cl2 est filtrรฉe et est rรฉcupรฉrรฉe dans un nouveau tube ร vis centrifuge ;
– Un volume รฉquivalent de NaHCO3 est ajoutรฉ ร la phase CH2Cl2 rรฉcupรฉrรฉe, suivi dโune agitation pendant 15min et une centrifugation pendant 15min/3500g /15ยฐC ;
– Aprรจs centrifugation, la phase aqueuse supรฉrieure est rรฉcupรฉrรฉe dans un nou-veau tube ร vis centrifuge ;
– Dans un bรฉcher, un mรฉlange de 100ยตl de la phase aqueuse supรฉrieure et 400 ยตl NaCO3 est effectuรฉ ;
– 50 ยตl du mรฉlange (phase aqueuse supรฉrieur et NaHCO3) est utilisรฉ par puits.
๏ Protocole de dosage
– Un nombre suffisant de puits est installรฉ tout en notant les positions ;
– 50 ยตl de solution รฉtalon ou รฉchantillon (en triple) est ajoutรฉ dans les puits ;
– Ensuite, un volume de 50 ยตl du conjuguรฉ ochratoxine A-Enzyme diluรฉe est in-troduit dans chaque puits ; suivi dโun mรฉlange (tout en faisant un mouvement circulaire de la plaque sur la paillasse) et dโune incubation pendant 30min ;
– Les puits sont vidรฉs, en renversant la plaque dรฉlicatement avec un tapotage contre du papier absorbant ;
– Un double lavage de chaque puits est effectuรฉ avec 250 ยตl de PBS
– Aprรจs le lavage, la plaque est renversรฉe dรฉlicatement et un tapotage contre du papier absorbant ;
– Ensuite, un volume de 100 ยตl de solution substrat /chromogรจne est ajoutรฉ dans chaque puits ;
– Nous mรฉlangeons doucement en faisant un mouvement circulaire de la plaque sur la paillasse et nous lโincubons la plaque pendant 15min ;
– Aprรจs incubation, 100 ยตl de solution stop est ajoutรฉ dans chaque puits accom-pagnรฉ de mouvements circulaires de la plaque sur la paillasse ;
– La Densitรฉ Optique (DO) est mesurรฉe ร 450 nm.
๏ Dรฉtermination des concentrations en ochratoxine A
Elle est faite en trois รฉtapes :
– Calcul du pourcentage dโactivitรฉ (รฉquation 6) :
% Activitรฉ
รquation 6: formule de calcul du pourcentage dโactivitรฉ en ochratoxine A
– Reprรฉsentation sur papier semi-logarithmique des รฉtalons en fonction de la concentration en ppt
– Concentration rรฉelle en ochratoxine A : cโest la concentration lue sur la courbe dโรฉtalonnage (Annexe 3) multipliรฉe par le facteur de dilution suivi dโune conversion en ppb.
DOSAGE DE LโAFLATOXINE
Les aflatoxines ont รฉtรฉ extraites ร lโaide des colonnes immuno-affinitรฉs suivies dโune lecture au fluorimรจtre.
๏ Extraction de lโรฉchantillon :
– 50g de lโรฉchantillon broyรฉ avec 5g de NaCl sont introduits dans un broyeur ;
– Un volume de 100ml du mรฉlange Mรฉthanol : Eau (80:20) est ajoutรฉ dans le broyeur ;
– Aprรจs un broyage, le mรฉlange est filtrรฉ avec du papier filtre,
– Le filtrat est rรฉcupรฉrรฉ dans un bรฉcher.
๏ Dilution de lโextraction
– 10ml du filtrat et 20ml dโeau distillรฉe sont introduits dans un bรฉchersuivi dโun mรฉlange ;
– Aprรจs un broyage, le mรฉlange est filtrรฉ avec du papier filtre,
– Le filtrat est rรฉcupรฉrรฉ dans un nouveau bรฉcher.
๏ Colonne chromatographique
– Les deux bouchons de la colonne dโimmuno-affinitรฉ sont enlevรฉs ;
– La colonne dโimmuno-affinitรฉ est secouรฉe doucement et est fixรฉe au support de pompe VICAM ;
– 1ml du filtrat diluรฉ est ajoutรฉ dans lโespace tรชte de la colonne ;
– Le filtrat sort goutte ร goutte de la colonne ;
– 1 ml dโeau purifiรฉe est ajoutรฉ dans la colonne;
– Aprรจs ,1ml de mรฉthanol est introduit dans lโespace tรชte de la colonne ;
– Lโรฉluant est recueilli dans un petit verre ;
– 1ml de solution afla-test dรฉvelopper est versรฉe sur lโรฉluant ;
– Aprรจs un mรฉlange, le petit verre est placรฉ dans un fluorimรจtre calibrรฉ ;
– La lecture de la concentration dโaflatoxine est suivie.
CONCENTRATION DE LโAFLATOXINE
Lโanalyse de lโaflatoxine est rรฉalisรฉe sur les aliments dont la concentration maximale en Ochratoxine A est supรฉrieure ou รฉgale ร 2 ppb. Les concentrations de lโaflatoxine sont prรฉ-sentรฉes dans le tableau 6. Elles varient de 3ppb ร 90ppb.
La concentration moyenne en aflatoxine dans le manioc, sorgho, maรฏs et dรฉrivรฉes est prรฉsen-tรฉe ร la figure 15. Les produits brutes (sorgho grain, maรฏs grain et manioc cru) ont des concen-trations en aflatoxines plus รฉlevรฉes que les dรฉrivรฉes et ses concentrations sont supรฉrieures ร 30 ppb.Le niveau retrouvรฉ dans le maรฏs est de deux fois ceux retrouvรฉs dans le manioc et le sorgho.Les dรฉrivรฉes du maรฏs tels ยซย Akassanย ยป et ยซย Akpanย ยป ayant le mรชme diagramme de traite-ment technologique ont prรฉsentรฉs des teneurs en aflatoxines (4 ร 5 ppb) plus faibles compa-rรฉes aux autres dรฉrivรฉes issus de la farine fermentรฉe (ยซย Khomย ยป, ยซย Emaย ยป et ยซย Akluiย ยป).
DISCUSSIONS
โข Ochratoxine A
Les rรฉsultats de la prรฉsente รฉtude montrent quโun niveau moyen remarquable de con-tamination en ochratoxine A au-dessus de la norme du Codex Alimentarius est retrouvรฉ dans le ยซย khomย ยป une dรฉrivรฉe de maรฏs fermentรฉe destinรฉe ร la consommation directe. La technique de production nรฉcessite des moyens de dรฉtoxifications (vannage, triage, lavage) et une fermenta-tion traditionnelle non contrรดlรฉe de 5jours. Ainsi la forte contamination de cette dรฉrivรฉe fer-mentรฉe par rapport aux autres dรฉrivรฉes du maรฏs peut sโexpliquer par lโabsence de traitement physique de dรฉcontamination des grains de la matiรจre premiรจre dโune part, ou du niveau รฉlevรฉ de lโochratoxine A dans les grains avant traitement. Wood (1982) et Scudamore (2005) ont montrรฉ quโil yโa un impact positif de la rรฉduction de lโochratoxine A par le nettoyage, le triage et le moulage humide. Le trempage des grains de maรฏs dans lโeau รฉlimine environ 43% de lโochratoxine A.
Ces rรฉsultats sโalignent sur les recherches antรฉrieures effectuรฉes au Ghana et oรน le niveau de contamination varie de 0,6 ppb ร 6,1ppb pour les pรขtes fermentรฉes ร base de maรฏs (Kpodo et al., 1996). A part le ยซย khomย ยป oรน quelques variances sont observรฉes dans la techno-logie de production, tous les autres produits analysรฉs ont un niveau dโochratoxine A conforme / infรฉrieure ร la norme du Codex Alimentarius (infรฉrieure ร 5 ppb).
La technique de fabrication de certaines dรฉrivรฉes de maรฏs passe par un tamisage sur une toile fine et un trempage de la farine tamisรฉe dans lโeau (fermentation). Les mycotoxines prรฉsentent dans le pรฉricarpe, lโalbumen et lโembryon sont plus retenus dans le tamisage. Le processus de fermentation pourrait avoir impactรฉ sur le niveau de contamination (Okeke et al., 2018). Ce processus justifie le niveau en รฉlรฉments nutritifs plus faible des dรฉrivรฉes moins contaminรฉes (ยซย Akpanย ยป et ยซย Akassanย ยป) par rapport ร ยซย khomย ยป (notamment en glucides).
Les cรฉrรฉales brutes (maรฏs et sorgho) sont aussi contaminรฉes par lโochratoxine A et justifient leur prรฉsence dans les dรฉrivรฉes. La valeur maximale de lโochratoxine A du maรฏs est supรฉrieure ร celle rapportรฉe dans des รฉtudes en Cรดte dโivoire (Creppy, 2002a ; Sangare-Tigori et al., 2006), en Angleterre (Scudamore et al., 2000). Cependant des niveaux infรฉ-rieures voire une absence dโochratoxine A sont aussi rapportรฉs de part le monde (Zinedine et al., 2006; Irama et al., 2014; Toffa et al., 2015). Contrairement au maรฏs, le sorgho a prรฉsentรฉ un niveau moyen de 2,72 ppb. La contamination des grains de sorgho a รฉtรฉ rapportรฉe par les รฉtudes de Ghali oรน le niveau varie de 0,11 ng/g ร 33,8 ng/g avec une teneur moyenne de 5,4 ng/g (Ghali et al., 2009b). Alors que Zaied et al (2009) ont montrรฉ que 38% des รฉchantillons de sorgho tunisien sont contaminรฉs par lโOTA avec une concentration moyenne de 117 ng/g. Elbashir et Ali (2013) ont observรฉ une faible incidence dans le sorgho des diffรฉrentes rรฉgions du Soudan. Au Nigรฉria, la contamination variait de 0 ร 29,5 ppb dans les grains de sorgho (Makun et al., 2013). Lโexistence de lโochratoxine A dans les matiรจres premiรจres et leur de-grรฉ de contamination sโexpliquerait par les mauvaises pratiques agricoles, aux conditions en-vironnementales (Ecologie, climat, stress hydrique) et mauvaises modes de conservations.
La prรฉsence des moisissures sur les produits alimentaires dรฉrivรฉs du manioc, comme constatรฉ dans le prรฉsent travail, a รฉtรฉ rapportรฉ par dโautres รฉtudes antรฉrieures (Gnonlonfin et al., 2008). La farine fermentรฉe de manioc (ยซย Agbรฉlimaย ยป) a un taux faible en ochratoxine A. Le caractรจre acide (PH= 4,5) et la faible teneur en protรฉines de la farine fermentรฉe du manioc ne favorisent pas la croissance des moisissures et par consรฉquent lโochratoxine A (Guira ,2013). Dans la cossette de manioc produit sec, la contamination est huit fois supรฉrieure ร celle dโagbรฉlima, la perte dโeau liรฉe au sรฉchage aurait favorisรฉ la concentration dโochratoxine A dans ce produit. Les donnรฉes moyennes du manioc et ses dรฉrivรฉes sont relativement รฉlevรฉes par rapport ร celles retrouvรฉes dans les cossettes du marchรฉ de Kinshasa et RD Congo (Mukandila, 2010).
Fabriquรฉe ร partir de moรปt de cรฉrรฉales, la contamination de la biรจre par lโochratoxine A provient de la contamination des matiรจres premiรจres. Les niveaux de contamination en ochratoxine A les plus faibles sont retrouvรฉs dans les biรจres (0,096 ppb ร 0,232 ppb). Le pro-cessus de fabrication de la biรจre inclus des mรฉthodes (vannage, lavage, sรฉchage, mouture, tamisage, chauffage, dรฉcoction ou infusion, filtration pour rรฉcupรฉrer la drรชche) qui permettent la dรฉtoxification des cรฉrรฉales. Pour la biรจre, le procรฉdรฉ de maltage n’a pas d’influence sur la teneur en OTA et les quantitรฉs en OTA prรฉsentes se retrouvent dans le malt. Une rรฉduction de 80 % et 50 % est observรฉe respectivement lors des procรฉdรฉs de brassage et de fermentation. Au final, c’est bien 30 % ร 40 % de l’ochratoxine A prรฉsente dans l’orge qui se retrouve dans la biรจre (Boivin, 1997). La biรจre industrielle a un taux plus faible que les biรจres tradition-nelles. En industrie, au cours du maltage on procรจde au dรฉgermage des graines et dโautres traitements comme la pasteurisation, la stรฉrilisation, la pascalisation et le conditionnement sont utilisรฉs et contribuent ร rรฉduire ou รฉliminer les toxines dans les biรจres industrielles. Des รฉtudes ont montrรฉ la faible contamination ou lโabsence dโochratoxine A dans les biรจres indus-trielles ou traditionnelles (Filali et al., 2001 ; Abia et al., 2013 ; Ezekiel et al., 2015). Cepen-dant des biรจres produites ร base de produits locaux (sorgho) peuvent prรฉsenter des niveaux de contaminations รฉlevรฉs. En Afrique du sud, Odhav et al., (2002) ont rapportรฉ une contamination allant de 1,5 ร 2340 ยตg/l pour les boissons ร base de sorgho et 2,340 ยตg/kg ร 3 ยตg/kg pour la biรจre industrielle.
โข Aflatoxines
Les รฉchantillons ont montrรฉ aussi une contamination en aflatoxines dans les produits bruts et dรฉrivรฉes (4 ppb โ 80 ppb). Ces rรฉsultats sont en accord avec les prรฉcรฉdentes รฉtudes au Togo qui montraient lโexistence dโaflatoxines ร des niveaux de contaminations dโenviron 100ppb dans les cรฉrรฉales brutes (Hell et al., 2000; Dossou, 2002; Gong et al., 2002; Egal et al., 2005 ; James et al., 2007). Une autre รฉtude au Togo a rรฉvรฉlรฉ la prรฉsence de lโaflatoxine B1 dans le sang et lโurine des tรฉmoins et patients ayant participรฉ ร lโรฉtude (Agbetsivi, 2005).
Comparativement aux grains de maรฏs oรน la teneur en aflatoxines est de 80ppb, le grain sorgho est moins contaminรฉ (32 ppb). Le grain de maรฏs est trรจs frรฉquemment contaminรฉ par des espรจces dโAspergillus aflatoxinogรจnes (Odhiambo et al., 2013; Kachapulula et al., 2017). En Afrique occidentale, les concentrations en aflatoxines dans le sorgho sont substan-tiellement plus faibles que dans le maรฏs (Kane et al., 1991; Bandyopadhyay et al., 2007). Lโhygromรฉtrie et la tempรฉrature constituent des facteurs importants dans le dรฉveloppement des moisissures et la production des toxines. Ainsi, les conditions de tempรฉrature (30ยฐC) et dโhumiditรฉ relative (70%) favoriserait le dรฉveloppement des moisissures toxinogรจnes (Blanc, 1982). Les mauvaises pratiques agricoles ร savoir les rรฉcoltes ร surmaturitรฉ, le sรฉchage retar-dรฉ, les grains endommagรฉs pendant lโรฉgrainage (Wagacha et al., 2008; Ahmed et al., 2009; Akowuah et al., 2015) , les dommages causรฉs par les insectes , le stress dรป ร la sรฉcheresse avant la rรฉcolte ( Hell et al., 2008) sont ร lโorigine de la contamination des cรฉrรฉales par lโaflatoxine. Une autre รฉtude au Togo a rรฉvรฉlรฉ la prรฉsence de lโaflatoxine B1 allant jusquโร 256 ppb dans le maรฏs (Hanvi et al., 2019). La valeur retrouvรฉe dans notre รฉchantillon de maรฏs (80 ppb) est infรฉrieure ร celle retrouvรฉe au Ghana (1400 ยตg/kg) et au Nigรฉria (1200 ยตg/kg) (Perrone, 2014). La contamination allait de 0, 3 ppb ร 395 ppb (Sรฉnรฉgal) et 0ppb ร 609 ppb (Burkina-faso) pour les grains de maรฏs analysรฉs (Probts et al., 2014). La valeur retrouvรฉe dans notre รฉchantillon de sorgho est supรฉrieure ร celle retrouvรฉe dans le sorgho au Nigรฉria (Apey et al., 2016).Warth et al., 2012 ont montrรฉ que les grains de sorgho collectรฉs au Bur-kina-Faso ont une contamination deux fois moins que ceux du maรฏs. Le grain de maรฏs est plus riche en glucides que celui du sorgho. En Afrique de lโouest, le maรฏs reprรฉsente la principale source dโapport calorique dans le rรฉgime alimentaire national de presque tous les pays de la zone (Faostat, 2015). Plusieurs mรฉthodes de traitements rรฉduisent ร peine le niveau de myco-toxines dans le maรฏs contaminรฉ, donc transfรฉrรฉ sur des produits transformรฉs (James et al., 2018). Les dรฉrivรฉes fermentรฉes de maรฏs comme ยซย Khomย ยป (21 ppb), ยซย Akluiย ยป (18 ppb) et ยซย Emaย ยป (15 ppb) ont une concentration supรฉrieure ร celle dโย ยปAkpanย ยป (4 ppb) et dโย ยปAkassanย ยป (5 ppb). Cela est dรป ร la technologie. ยซย Akpanย ยป et ยซย Akassanย ยป ont la mรชme technologie. Dans leur pro-cessus il yโa des รฉtapes qui permettent la dรฉtoxification de la graine comme le tamisage fin de la farine fermentรฉe de maรฏs. Par contre ยซย Akluiย ยป et ยซย Emaย ยป ont le dรฉpรฉlliculage dans leur proces-sus. Les travaux de Fandohan et al en 2003 ont montrรฉ que le dรฉpelliculage a un impact sur les teneurs en mycotoxines. Les taux รฉlevรฉs dโaflatoxine dans ยซย Akluiย ยป et ยซย Emaย ยป peuvent se justifier par la prรฉsence de lโaflatoxine en minoritรฉ sur lโenveloppe mais plutรดt dans lโalbumen et lโembryon. Le ยซย Khomย ยป (dรฉrivรฉe fermentรฉe cuite) prรฉsente une contamination supรฉrieure aux autres dรฉrivรฉes du maรฏs. Une frรฉquente consommation des dรฉrivรฉes fermentรฉes prรฉsente-rait un risque pour la santรฉ. La contamination des dรฉrivรฉes est due ร la prรฉsence de lโaflatoxine dans les grains de maรฏs utilisรฉs. Une รฉtude antรฉrieure a montrรฉ une concentration en aflatoxines allant de 6,1 ppb ร 196 ppb pour les ยซย Khomย ยป analysรฉes au Ghana (Kpodo et al., 1996). Les travaux de Fandohan et al en 2005 ont montrรฉ le traitement traditionnel sur le maรฏs peut considรฉrablement rรฉduire les niveaux dโaflatoxines jusquโร 93 % et la fermentation nโa pas un effet signifiant sur la rรฉduction des mycotoxines. Aucune contamination nโa รฉtรฉ retrouvรฉe pour lโย ยปEmaย ยป. Un taux faible (1,83 ng /g) a รฉtรฉ retrouvรฉ dans lโย ยปAkpanย ยป.
La contamination en aflatoxines des tubercules notamment du manioc a montrรฉ une teneur รฉgale ร 35 ppb. Cette forte contamination du manioc au Togo peut sโexpliquer par la tenneur en eau รฉlรฉvรฉe et le stockage dans le sol ou dans des caisses en bois durant plusieurs mois.Des รฉtudes antรฉrieures ont identifiรฉ la prรฉsence dโAspergillus flavus dans les dรฉrivรฉes du manioc (Gnonlonfin et al., 2007; Mukandila et al., 2010). Au Cameroun et en Tanzanie, la contamination par lโaflatoxine a รฉtรฉ retrouvรฉe dans les chips (Essono et al., 2009; Manjula et al., 2009). Nos rรฉsultats sont en dรฉsaccord avec une รฉtude qui montrait lโabsence de lโaflatoxine dans le manioc frais (Adjovi et al., 2015). De mรชme les travaux effectuรฉs au Ghana, au Nigeria et au Bรฉnin ont รฉgalement montrรฉ que des รฉchantillons de copeaux de ma-nioc entiรจrement transformรฉs nโรฉtaient pas contaminรฉ par des aflatoxines (Wareing et al., 2001 ; Jimoh et al., 2008 ; Gnonlonfin et al., 2008; Gnonlonfin et al., 2012). Un faible ni-veau dโaflatoxine (0,3 ppb โ 4,4 ppb) a รฉtรฉ retrouvรฉ dans les chips, farine et copeaux de ma-nioc en Tanzanie, au Congo et au Nigรฉria (Manjula et al., 2009 ; Abass, 2017) . Une autre รฉtude au Bรฉnin a prouvรฉ lโexistence de propriรฉtรฉs anti-aflatoxines dans le manioc (Adjovi et al., 2013).
Une co-occurrence entre lโochratoxine A et lโaflatoxine existe dans les รฉchantillons analysรฉs destinรฉs ร la consommation. La concentration de lโaflatoxine est supรฉrieure ร celle de lโochratoxine A. Nos rรฉsultats sont en accord avec les travaux de Carvalho qui a retrouvรฉ une frรฉquence de 77,7 % pour lโaflatoxine et 33,3 % pour lโochratoxine A dans les รฉchantillons quโil a analysรฉ (Carvalho et al., 2016). Les moisissures produisant l’OTA, peuvent รฉgalement produire d’autres toxines ou cohabiter avec d’autres moisissures produisant des toxines diffรฉ-rentes ou des aflatoxines produites par Aspergillus flavus (Steyn, 1993). Dโautres รฉtudes ont rapportรฉ la co-occurrence de diffรฉrentes mycotoxines dans les cรฉrรฉales et produits cรฉrรฉaliers (Ghali et al., 2008 ; Zinedine et al., 2009). La co-contamination de mycotoxines entrainent des effets additifs et synergiques sur la santรฉ (Salem et al., 2010).
Au TOGO, il nโexiste pas de lรฉgislations nationales pour les mycotoxines dans les denrรฉes alimentaires. Ce sont donc les limites du Codex Alimentarius qui sont utilisรฉes (Ecowax, 2015). La valeur fixรฉe par le Codex Alimentarius pour lโaflatoxine totale est de 10 ppb et 5ppb pour lโochratoxine A (Codex, 1995a). Par contre certains pays de la CEDEAO ont รฉtablis des limites nationales pour lโaflatoxine. Au Bรฉnin et au Nigรฉria, la limite maximale pour lโaflatoxine est de 4 ppb alors quโelle est de 15 ppb pour le Ghana et 20 ppb pour le Bur-kina-Faso (Ecowax, 2015). Sur le plan rรฉgional, la limite maximale europรฉnne est de 4 ppb pour lโaflatoxine et 3 ppb pour lโochratoxine A. En Amรฉrique, elle est de 20ppb pour lโaflatoxine (FAO, 2004).
Seul, un รฉchantillon a une valeur en ochratoxine A qui dรฉpasse la limite du Codex Alimenta-rius et la limite europรฉenne. Pour lโaflatoxine, certaines valeurs retrouvรฉes dรฉpassent large-ment les diffรฉrentes limites รฉtablies. Les causes possibles sont les conditions climatiques (chaudes et humides), la composition chimique du substrat, le stress subit par la plante et dommages causรฉes par les insectes qui attaquent la surface et facilite lโaccรจs des moisissures, lโignorance des paysans sur la prรฉsence des mycotoxines, les mauvaises pratiques agricoles, le stockage pour la plupart dans les greniers et dans les silos, lโabsence des mรฉthodes de dรฉcon-tamination (surtout le tri et le lavage) avant les procรฉdรฉs de transformations. Les pratiques agricoles en Afrique visent lโautosuffisance alimentaire sans se prรฉoccuper de la prรฉsence de mycotoxines dans les aliments. La pauvretรฉ et surtout lโinsรฉcuritรฉ alimentaire reprรฉsente la principale barriรจre ร la mise en place de certaines mรฉthodes de lutte telle que le tri (Fandohan et al., 2008). La lutte contre les mycotoxines manque de volontรฉ politique dans la quasi-totalitรฉ des pays africains. De ce fait les programmes de lutte contre ce flรฉau ne sont pas intรฉ-grรฉs dans les chaines de valeurs cรฉrรฉaliรจres. La prรฉvention et le contrรดle des mycotoxines en Afrique ne concernent que les cรฉrรฉales destinรฉes ร lโexportation (Dieme et al. 2016).
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Table des matiรจres
Sigles et abreviations
Introduction
premiรจre partie : gรฉnรฉralitรฉs
I. Prรฉsentation du milieu dโetude
1. Prรฉsentation du pays
2. Les habitudes alimentaires des togolais
II. Mycotoxines
1. Ecotoxinogรจne
1.1 Les moisissures
1.2 Toxinogรฉnรจse dans les denrรฉes alimentaires
2. Biosynthรจse des mycotoxines
3. Mycotoxines en alimentation humaine et animale
3.1 Lโaflatoxine
3.2 Lโochratoxine A
4. Mรฉthodes de dรฉtection des mycotoxines
5. Toxicitรฉ des mycotoxines
6. Rรฉgulation et lรฉgislation des mycotoxines dans le monde
III. Objectifs du travail
deuxiรจme partie: mรฉthodologie
I. Pรฉriode et cadre d’รฉtude
II. Echantillonnage
III. Taille de lโรฉchantillon
IV. Transport et conditionnement
V. Matรฉriel de travail
VI. Analyse des รฉchantillons
1. Prรฉparation des รฉchantillons
2. Paramรจtres physico-chimiques
3. Dosage de lโochratoxine A
4. Dosage de lโaflatoxine
VII. Analyse statistique
troisiรจme partie : rรฉsultats et discussion
I. Rรฉsultats
1. Concentration de lโochratoxine A
2. Concentration de lโaflatoxine
3. Qualitรฉ des produits
II. Discussions
Conclusions et recommandations
Bibliographie
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